03: Delémont à Moutier

Très haut sur la montagne, dans un canton qui se cherche encore

 

DIDIER HEUMANN, ANDREAS PAPASAVVAS

Nous avons divisé l’itinéraire en plusieurs sections, pour faciliter la visibilité. Pour chaque tronçon, les cartes donnent l’itinéraire, les pentes trouvées sur l’itinéraire et l’état du GR65. Les itinéraires ont été conçus sur la plateforme “Wikilocs”. Aujourd’hui, il n’est plus nécessaire d’avoir des cartes détaillées dans votre poche ou votre sac. Si vous avez un téléphone mobile ou une tablette, vous pouvez facilement suivre l’itinéraire en direct. Pour ce chemin, voici le lien:

https://fr.wikiloc.com/itineraires-randonnee/de-delemont-a-moutier-par-la-via-jura-34710927

Si vous ne voulez que consulter les logements de l’étape, allez directement au bas de la page.

A Delémont, nous avons laissé nos jurassiens en 1815, quand, au Congrès de Vienne, on les avait donnés aux bernois. Mais voilà ! En Suisse, les alémaniques et les francophones se tolèrent, tout juste. Et puis, Berne est riche, la région du Jura beaucoup moins. Alors, on voit progressivement se dessiner un divorce chez les jurassiens francophones, ceux du Nord rêvant à l‘indépendance, ceux du Sud préférant les largesses bernoises. Cela prendra du temps. Au cours du XIXème siècle, le nord ne réussit qu’à créer une société pour conserver la langue et la culture française chez eux. Les tensions augmentent progressivement entre les deux camps, mais on sent le vent se lever, et en 1917, un Comité se crée pour la création d’un canton indépendant et autonome. Arrive 1947, une date assez déterminante. Berne refuse de reconnaître un francophone jurassien à la tête du département des Travaux Publics du canton. Ce monsieur ne parle pas allemand. Alors se crée le Mouvement séparatiste jurassien (MSJ), à Moutier. Se succède alors une escalade de mouvements séparatistes, certains plus offensifs que d’autres, dont le groupe Bélier, qui va jusqu’à utiliser la violence.

La lutte aboutit à l’organisation d’un plébiscite. Le 23 juin 1974, un référendum sur la création du canton du Jura recueille 52 % de oui, mais seuls trois districts sur sept votent favorablement. Étranges paradoxes, car ainsi va la démocratie. 52%, ce n’est que la moitié des gens et le district de Moutier, à l’origine de l’affaire, préfère rester bernois. En 1975, le canton de Berne demande alors leur avis aux trois districts du sud restés attachés au canton de Berne, ainsi qu’au Laufonnais, hésitant entre Berne et Bâle-Campagne. Ces derniers redisent leur attachement à Berne. En 1976, on élabore une constitution pour le canton en devenir. Mais en Suisse, c’est toujours le peuple qui a le dernier mot. On demande alors l’avis des Appenzellois, des Genevois et de tous les autres pour un pays où nombre d’entre eux n’est jamais allé. Le 24 septembre 1978, le canton du Jura est accepté par les Suisses et devient le dernier né des cantons suisses.

Vous croyez que cette affaire est terminée. Absolument pas. En 2013, on demande aux ennemis jurés cantonaux s’ils veulent oui ou non se réunir. La réponse est claire. Dans le sud, on restera bernois, jusqu’à ce que mort s’en suive, dans le nord, jurassien de tout cœur. Mais, maintenant, dans la région, les communes peuvent décider de leur appartenance ou de leur non appartenance au nouveau canton, indépendamment du fait d’avoir une frontière commune avec le nouveau canton. Quand nous sommes passés ici début 2017, les drapeaux séparatistes flottaient à Moutier. La ville était toute en sueur, partagée entre les partisans de l’appartenance au canton du Jura, et les adversaires pro-bernois. A l’issue d’un long suspense, les citoyens de Moutier décident de rejoindre le canton du Jura à quelques voix près, 2067 contre 1930, soit 51-72%. Ce n’est tout de même pas l’enthousiasme, mais c’est la démocratie. Mais il y eut des recours, et on suspendit la décision. Mais aujourd’hui, le nœud est apparemment définitivement tranché. Depuis les dernière votations de2021, Moutier est maintenant jurassien. Moutier deviendra donc jurassien. Mais, à la même époque, Sorvilier et Belprahon ont dit définitivement non au canton du Jura. Vive le canton de Berne ! Alors, retenez bien ce fait. Quand vous passerez à Belprahon, à deux pas de Moutier, rappelez-vous que vous êtes bernois, et que juste après, par magie, vous redeviendrez jurassien. Mais, l’histoire n’est pas finie. Sûr que le canton n’est pas encore définitif !

Difficulté du parcours : Dans l’esprit de nombreux Suisses, le Jura ce n’est pas les Alpes, ce ne sont que de gentilles collines. Alors passez-ici pour vérifier votre jugement. Les dénivelés sont importants aujourd’hui (+971 mètres/-872 mètres). En fait, il n’y a qu’une bosse, mais quelle bosse ! Après une balade dans la plaine de Delémont dans la campagne ou à la limite des sous-bois, à partir de Vicques, il faut monter sur le haut plateau du Raimeux de Grandval, et redescendre de l’autre côté, au milieu des forêts sur des pentes très prononcées. Le haut plateau fait frontière entre le canton du Jura et le canton de Berne.

C’est encore une journée à passer d’abord sur les chemins :

  • Goudron : 9.0 km
  • Chemins : 16.7 km

Parfois, pour des raisons de logistique ou de possibilités de logement, ces étapes mélangent des parcours opérés des jours différents, ayant passé plusieurs fois sur sur ces parcours. Dès lors, les ciels, la pluie, ou les saisons peuvent varier. Mais, généralement ce n’est pas le cas, et en fait cela ne change rien à la description du parcours.

Il est très difficile de spécifier avec certitude les pentes des itinéraires, quel que soit le système que vous utilisez.

Pour les “vrais dénivelés”, relisez la notice sur le kilométrage en début de site.

Section 1 : Douces ondulations dans la plaine.

 

Aperçu général des difficultés du parcours : parcours sans difficulté.

Quand on cherche des directions dans une ville, la meilleure solution est toujours de partir de la gare. Que vous partiez de la gare ou du centre-ville, il faut prendre la direction de Soyhières. Si vous avez fait l’étape la veille qui arrive à Delémont, vous n’aurez aucun problème. Il suffit de retourner à la sortie de la ville, en empruntant le même chemin jusqu’au Pont sur la Birse. Pour ceux qui partiraient directement d’ici, refaisons le parcours.
En suivant la rue qui remonte de la gare, le parcours retrouve rapidement le collège de Delémont.
Un agréable chemin goudronné longe alors la Sorne le long des villas et des bâtiments de service.
Plus loin, on se retrouve sur la route cantonale, à la périphérie de la ville, près de la roue dentée, symbole industriel de la ville de jadis.
Au niveau d’une jardinerie, au lieudit Auberge de Jeunesse, le parcours quitte la route cantonale et s’en va vers la Birse.
Il traverse la voie de chemin de fer pour passer sur la rivière.
La Birse est aujourd’hui assez sombre sous les feuillus. C’est aussi ici que la Sorne se jette dans la Birse.

On rejoint alors ici la Via jura 80 où nous sommes arrivés la veille.

On vous annonce ici le site du Colliard, un site protégé et naturel, riche en oiseaux et batraciens. C’est comme toujours dans ces parcs, où on vous annonce de grandes choses.
Vous avez beau aiguiser votre œil, il n’y a rien que des chênes et des hêtres où poser son regard.
La route part alors en direction de Courroux dont on voit rapidement poindre le clocher de l’église. Un panneau rapporte l’importance qu’a eu le fer ici, en fait depuis l’ère de bronze. Mais c’est surtout aux XVIIème et XIXème siècles que la région a connu la prospérité grâce à l’extraction du fer. Courroux tire son nom de Curtis rufus (domaine en terre rouge), en raison de l’abondance du minerai de fer que l’on trouve sur son territoire.
La route rejoint bientôt les premières maisons de Courroux. Dans ces villages, où les paysans n’ont pas encore vendu toutes leurs terres à l’industrie, comme ici à Courroux, où la zone industrielle gagne du terrain tous les jours, la fierté reste dans les insignes gagnés dans les concours de bétail. Dans le canton du Jura, le cheval a plus de suffrages que la vache.
Dans le village, aux maisons assez modestes, coule la rivière de Scheulte.
La route traverse le village. Ici, même s’il n’y a aucune mention de la Via Jura 80, il faut suivre la direction de Corcelon/Vicques.
La Via Jura ressort de Courroux en retraversant la Scheulte, une rivière plutôt boueuse qui se perd dans les buissons.
Aussitôt, un chemin part à travers prés le long du sous-bois longeant la rivière.
Un peu plus loin, le chemin rejoint une petite route cimentée qui s’en va dans les champs. Quand en Suisse, on dit “route cimentée”, on voit toujours des subsides généreux distribués aux paysans. Tant mieux pour eux et leurs tracteurs, qui ne s’enlisent pas tous les dix mètres.

Section 2 : Montagnes russes légères entre prés et sous-bois.

 

 

Aperçu général des difficultés du parcours : encore quelques vacances avant la “guerre”.

Chemin faisant, la route traverse un champ de tir. En Suisse, chaque citoyen mâle est soldat et effectue ses tirs obligatoires chaque année. Les tirs, non militaires, ont tendance à s’estomper. Tant mieux aussi ! Ici, c’est la morne plaine, sans intérêt pour le randonneur.
Dans les prés et les cultures, la route arrive à Courcelon.
Courcelon signifie, en dialecte, “petit lieu où l’on cache quelque chose”. Y va-t-il vraiment quelque chose à cacher ici ? On trouve néanmoins à se loger ici. Le village est un mélange d’anciennes fermes et de demeures plus récentes, sans doute habitées en grande partie par les gens travaillant à Delémont.
Le village possède une assez belle et discrète chapelle, bâtie au début du XIXème siècle. Ici, il faut suivre la Via Jura 80, direction Recolaine.
A la sortie du village, un large chemin de terre s’en va dans les prés vers les sous-bois.
Il contourne une maison perdue derrière les grilles et continue dans l’herbe.
Peu après, le chemin sort alors des prés pour gagner le sous-bois.
Le passage en sous-bois où court un ruisselet est court et le chemin retrouve vite l’air libre.
La Via Jura rejoint bientôt une petite route cimentée. Ici, les routes ont une caractéristique majeure. Une bande de terre et d’herbe permet de marcher au milieu de la route. Selon son choix !

Devant vous se dessine le village de Vicques et à l’horizon la montagne du Raimeux qui vous attend.

La route traverse longuement la campagne entre prés, avoine et maïs. Disons-le franchement, sans vouloir heurter les gens de la région, cette traversée du Jura, de Delémont à Vicques, n’est pas exaltante. Sur le Chemin de Compostelle, il y a souvent des trajets de ce genre, où le seul espoir est de s’accrocher à un miracle qui pourrait advenir au coin du chemin. Mais, il n’y en a peu.
Alors, quand la route se rapproche de la forêt on regarde les arbres. Ceux-ci ne mentent guère. Ils sont toujours là, magnifiques au bord du chemin. Ici, la végétation est mixte. Si les feuillus, surtout des hêtres et des chênes dominent, les conifères, dont les épicéas, ou quelques rares sapins blancs ou les pins ne sont pas rares.
Peu après, on retrouve la terre battue et le chemin hésite entre les sous-bois, les prés et les cultures.
Il n’y a pas l’ombre d’une ferme ni d’une habitation ici dans cet espace qui se suffit à lui-même.

Section 3 : Le début de la très longue montée du Raimeux de Grandval.

 

 

Aperçu général des difficultés du parcours : dès Vicques, les pentes deviennent difficiles, de 10% à 30%, avec une petit replat au milieu à Rebeuvelier pour reprendre son souffle. Ici, ce n’est que la première partie de la montée, seulement 200 mètres d’ascension.

Non, vous n’êtes pas perdu. Les signalisations jaunes sont toujours présentes, le viatique des marcheurs et des pèlerins.

Plus loin, l’espace s’ouvre un peu plus, à quelques encablures de Vicques.

La route de terre battue se rapproche alors en pente douce de Vicques et les cultures se font plus présentes.
Le goudron prend ses marques avant le haut du village.
La route descend le long des villas récentes.
Un petit escalier permet de rejoindre la plaine au milieu du village.
Vicques vient du latin vicus signifiant domaine dont il reste quelques vestiges dans le village. Dans cette région, les clochetons ne sont pas l’apanage des églises, mais plutôt des écoles. Dans le village, coule encore la Scheulte.
Au centre du village se dresse l’église Notre-Dame du Rosaire, une église moderne en béton. On trouve à se restaurer au village. Ici, le chemin prend la direction de Rebeuvelier sur la Via Jura 80.
La Via Jura passe plus loin près du massif bâtiment administratif et quitte le village.
Une route cimentée monte alors entre céréales et prés vers la forêt, de manière assez soutenue.

En bas, en se retournant, à l’horizon, derrière les blés on voit encore bien Delémont et son château, bien que nous ayons marché près de 10 kilomètres.

Devant vous se dressent bentôt les premiers contreforts du Raimeux de Grandval. Plus haut, vous vous arrêterez peut-être pour faire une petite pause avant l’effort.
La route prend alors la direction du lieudit Pré Godat.
Et la pente se fait rude, à plus de 15% dans les derniers prés et cultures avant la forêt.
Plus haut, la route pénètre alors dans la forêt au niveau de Pré Godat.

La route arrive jusqu’ici, à une place de pique-nique aménagée, qui doit être très courue par les locaux.

A partir d’ici, votre vie va changer. Un large chemin de terre monte alors, au début de manière assez raisonnable, suivi bientôt par un petit sentier forestier.
Mais à mesure que l’on gagne de l’altitude dans la forêt de Rosé, les épicéas et les sapins prennent le dessus sur les feuillus, qui restent encore très présents.
Un peu plus haut, nous rejoignons un chemin plus large. Le bétail doit venir de temps à autre par ici, étant donné la présence de barrières de constriction.

Il faut toujours suivre la direction de Rebeuvelier sur la Via Jura 80. Jusqu’ici, il n’y a pas de problème, car il n’y a qu’une direction.

 

A partir d’ici, un chemin très pierreux et couvert de feuilles monte de manière raide (des pentes à près de 20%), atténué parfois par quelques virages, sur le flanc d’un petit vallon encaissé.
Plus haut, le chemin s’élargit dans la nature sauvage, près d’une petite falaise, dans la profusion des hêtres, de quelques chênes et épicéas.
La pente s’adoucit lorsque le chemin trouve un petit ruisseau au fond du vallon. Le ruisseau qui se jette dans la Schultze ne doit être en eau que par temps très arrosé.

La fin de la montée sur Rebeuvelier est plus douce. Le hameau est niché sur un petit haut plateau. Ici nous sommes à 670 mètres d’altitude et il faudra monter à près de 1300 mètres au sommet de la montagne.

Section 4 : La montée du Raimeux de Grandval se fait plus ardue.

 

 

Aperçu général des difficultés du parcours : consultez le profil de la section, et vous comprendrez de quoi il en retourne.

La Via Jura traverse le hameau. A la sortie, une route cimentée part derrière le camping pour monter dans les prés. L’herbe est d’un vert soutenu et c’est plat un peu de temps.
Au bout du plateau, la route arrive à un carrefour de chemins. Depuis ce côté de la montagne, il y a apparemment plusieurs manières, en tout cas deux, de monter au Raimeux de Grandval. Notre chemin suit la Via Jura 80, direction Château de Raymontpierre.
La route prend la direction du petit hameau de Champs La Derrière mais n’y va pas. Elle préfère monter vers la forêt.
Plus haut, cela devient raide, à plus de 15% de pente. On retrouve presque à chaque coup une bande d’herbe et de terre au milieu de la route cimentée. Les suisses trouvent toujours de l’argent pour cimenter leurs routes de campagne et de montagne, surtout quand la pente devient difficile. L’hiver doit être rude ici.
A l’approche de la forêt, on se retrouve sur la terre battue. A l’horizon, on voit des collines, une sorte de cul-de-sac où la route ne passe pas. Qui sait où vont ces chemins ? Dans le canton de Soleure, dans le canton de Berne ? En France voisine ? Seuls les forestiers et les ramasseurs de champignons doivent s’aventurer dans ces coins.
Le chemin monte vers la lisière de la forêt de manière très soutenue. On devine vite qu’on se dirige vers un lieu solitaire, au milieu de nulle part, au coeur d’une forêt profonde.
Plus haut, sur une pente qui se mérite, le chemin entre dans la forêt.
Au début, la montée s’effectue sur des chemins forestiers, souvent assez caillouteux, dans un bocage très mixte.

Vous vous sentez perdu, parti on ne sait où. Que nenni ! Le bétail folâtre à la lisière de la forêt. Une barrière apparaît devant soi. Dans la région, les vaches vivent en liberté dans des pâturages clos aux extrémités par ces barrières.

Ici, la pente s’accentue vraiment, avec parfois des inclinaisons supérieures à 30%, sur un étroit chemin qui serpente en épingles dans la forêt. Sur ce chemin étroit, raide et sinueux, dans la nature touffue, c’est particulièrement éprouvant.
Un peu plus haut, la pente se fait un peu moins sévère, mais si peu. Dans les lacets, plus on monte, plus les épicéas prennent d’espace. C’est la loi de la nature des Alpes.

Ici, maintenant la nature chante et nous avons laissé le côté austère de la forêt en-dessous.

Encore un petit passage dans les arbres, et un peu plus haut, le chemin arrive près d’une petite clairière. Cela fait toujours un grand plaisir d’apercevoir un tout petit bout de plat, un grand moment de répit dans l’effort.

Cela permet de reprendre son souffle. Nous sommes passés de 660 mètres d’altitude à Rebeuvelier à ici, 991 mètres. La nature est belle ici.

A l’horizon, on voit juste en dessous la ville de Delémont, distante de 9 kilomètres à vol d’oiseau. Nous avons marché quasi le double de la distance pour arriver jusqu’ici.

Ici un chemin permet de rejoindre, juste en dessous, le château de Raymontpierre, construit au XVIème siècle par un châtelain de Delémont. Quelle idée d’avoir été nicher un château dans un coin si perdu ! Mais notre chemin continue à monter vers la forêt.
Le chemin se remet à monter sur les petits cailloux de calcaire dans une forêt plus clairsemée. La pente est toujours aussi sévère, souvent nettement supérieure à 15%.
En dessous, on voit toujours le plateau de Rebeuvelier et, plus bas, la plaine delémontaise.
Plus loin, le chemin passe alors par une intersection qui permet de rejoindre Rebeuvelier par un autre axe.
Malgré l’altitude, la forêt est encore grandement composée de feuillus et d’herbes folles, au milieu des épicéas. Le chemin arrive alors dans une clairière où se dresse un petit refuge. Une occasion pour reprendre un peu son souffle. Nous avons atteint la cote 1112 mètres. Ouf ! Il ne reste plus que 200 mètres d’ascension.

Section 5 : Un passage au Raimeux de Grandval, avant une descente aussi pénible que la montée.

 

Aperçu général des difficultés du parcours : des pentes difficiles, de 10% à 40%, autant en montée qu’en descente.

A partir d’ici, l’horizon s’ouvre, respire. Il devient un peu comme cet extraordinaire panorama que l’on rencontre dans les Alpes au pied des montagnes, celui des alpages. 1300 mètres, ce n’est pas très haut. Alors les mélèzes et les arolles font défaut ici. Le chemin progresse le plus souvent dans l’herbe des pâturages, en lisière de forêt. Mais la pente demeure aussi importante. Ici, les épicéas ont pris nettement le dessus.
Un peu plus haut, un large chemin très caillouteux repart pour quelques instants en forêt. C’est le dernier lacet à gravir avant de trouver le sommet de la montagne. Si les épicéas dominent dans les pâturages, à l’intérieur de la forêt la végétation demeure grandement mixte, avec de nombreux érables ici.
Il y a des barrières de contention pour le bétail.
C’est la beauté vierge des pâturages qui éclabousse le regard, et on oublie alors la pente.

Encore un petit effort et voilà le sommet de Raimeux de Grandval et sa tour panoramique, culminant à 1302 mètres, qui se dresse au-dessus de vous.

Raimeux de Grandval n’est pas un sommet mais un haut plateau entre le canton du Jura et le canton de Berne, dans sa partie francophone. Certains prétendent que le Raimeux est une “haute montagne”, à savoir une montagne sacrée chez les Celtes.

On y pratique l’élevage et la race dominante est la Holstein noire, qui a perdu ses cornes, et qui n’a plus qu’à présenter comme argument ses mamelles pendantes. C’est la race dominante de la Suisse romande. Nous sommes très loin des belles Simmental ou des vaches brunes de Suisse allemande.

Encore un petit effort, et voilà le sommet. Qui osera nier la satisfaction qu’on éprouve en arrivant là-haut, en étant parti de 416 mètres d’altitude à Delémont ? Bien évidemment, de tels dénivelés ne posent aucun problème pour des randonneurs aguerris, mais sur le Chemin de Compostelle, tous les retraités, qui font nombre sur le chemin, ne sont pas des marathoniens. Loin de là !

Évidemment, il y a une petite auberge de campagne, où on peut arriver en voiture depuis Moutier, ce qui est toujours une pilule dure à avaler pour les marcheurs. Ici, on est dans un univers de vol delta et de parapente. Le relief jurassien offre en effet de nombreux sites de décollage. Partout, des panneaux engagent les amateurs à une certaine régulation.

Ici, il y a deux manières de rejoindre Moutier. Notre itinéraire est celui de la Via Jura 80, qui passe à la combe des Geais.

Une petite route goudronnée, celle-là même qui permet d’atteindre la montagne depuis Moutier ou le canton de Berne (il n’y a pas de route côté Jura), permet de traverser le plateau.
Rapidement, un chemin descend dans l’herbe dans le domaine des amateurs de vol libre, qui sont légion ici.

Le chemin est peu visible dans le pâturage. Il faut se repérer par rapport aux marques du chemin que vous retrouverez sur les hêtres au début de la forêt en-dessous du pâturage. Il vaut mieux ne pas trop se perdre ici. Il y a des falaises en dessous.

Sitôt le pâturage franchi, le chemin arrive près des falaises.

Le chemin, ici très bien délimité, ne présente aucun danger. C’est une longue descente à travers les bandes rocheuses de la falaise, nommée Les Rochers du Droit, dans la Forêt du même nom. Cela ne doit pas être une affaire de juristes ici, mais plutôt de varappeurs ou de parapentistes.
Le sentier chemine au ras de la falaise, et la descente s’avère aussi tourmentée que la montée, on dira “très physique”. On baigne dans le blanc, l’ocre et le gris des blocs calcaires des rochers de la falaise qui tranchent sur le vert des frondaisons, où les pins font bon ménage avec les hêtres et les épicéas. C’est juste magnifique par ici.
La descente sur un chemin assez caillouteux est raide jusqu’à rejoindre la vallée, avec des pentes très voisines de 15 à 25%, parfois plus encore. Sur le Chemin de Compostelle, de très nombreux pèlerins retraités préfèrent souvent les montées aux descentes. Les articulations des genoux faiblissent avec l’âge !
Le chemin souvent s’écarte de l’abrupte falaise qui plonge dans la vallée en dessous, rejoint la combe des Geais, à 1038 mètres d’altitude. Nous sommes déjà descendus de près de 300 mètres.

Section 6 : En descente exigeante jusqu’à Grandval.

 

Aperçu général des difficultés du parcours : encore 400 mètres de dénivelé à descendre.

Le chemin descend longtemps, parfois adossé aux bancs de calcaire de la falaise, parfois dans des combes. La descente, même si elle est pénible, est belle, il faut le dire, sur ce large chemin caillouteux qui serpente en grands lacets. Parfois, on aperçoit la vallée de Moutier dans la plaine.
Partout, le calcaire gris et jaune affleure, sur les falaises, comme sur les pierres du chemin. Parfois, le chemin touche et caresse le gris- bleu lustré des falaises.
De virage en virage, sur une pente constante qui varie entre 10% et 20%, le chemin descend toujours dans la forêt.
Comme de l’autre côté de la montagne, la végétation est mixte. Les pins et les épicéas du haut ont tendance à s’estomper au profit des feuillus, surtout de magnifiques hêtres, à mesure que l’on descend.
Bien plus bas, on aperçoit le village de Grandval dans la vallée.
Alors le chemin quitte la forêt pour les sous-bois et les clairières, sous la falaise, passant une barrière qui prévient les possibles intrépides automobilistes qui voudraient remonter le chemin.
Mais la descente n’est pas terminée pour autant. Le chemin s’élargit et la pente se fait plus douce sous les arbres qui se raréfient.
Encore une barrière et le chemin arrive sur le goudron dans les hauts de Grandval.

Mais la Via Jura ne va pas à Grandval. Elle se dirige vers Belprahon.

Une petite route goudronnée remonte alors doucement vers la falaise.
Plus haut, à la hauteur du premier sous-bois, un large chemin de terre remplace le goudron.

Section 7 : En route chez les “bernois” ou les “jurassiens”, c’est selon.

 

Aperçu général des difficultés du parcours : encore une descente raide avant Moutier, juste pour le plaisir.

La route de terre se traîne alors dans la campagne avant de rejoindre le village de Belprahon sur le goudron.
Comme nous l’avons dit en introduction, ici à Belprahon, nous sommes dans le canton de Berne. Pour combien de temps encore? Sans doute jusqu’à la prochaine consultation populaire, qui aura sans doute encore lieu dans le futur? Nous sommes en 2021. Moutier est devenue jurassienne, mais Belprahon pour l’instant veut toujours rester bernoise.
Nous l’avons répété souvent, en Suisse, surtout dans les cantons protestants, les clochetons ne sont pas des signes religieux. Dans la région, les clochetons signalent le plus souvent les écoles ou les administrations. Ici, nous sommes à 30 minutes de Moutier.
Un large chemin de terre quitte Belprahon, un chemin qui passe entre campagne et sous-bois. Les vaches sont omniprésentes sur le parcours.
En contrebas l’autoroute transjuranne passe d’un tunnel à l’autre dans ce pays si tourmenté. Elle passe en tunnel depuis Delémont, bien en dessous du Raimeux de Grandval et continue en tunnel vers Bienne.
La Via Jura traverse alors le flanc de la colline d’un bouquet d’arbres à l’autre.
Plus loin, à l’approche d’un sous-bois plus dense, le chemin commence à descendre sur Moutier.
Comme pour nous faire encore mieux apprécier les difficultés de l’étape, la descente est raide.
Au bas de la descente, une petite route passe sous la voie de chemin de fer et traverse le Raus.
La gare est à deux pas. Il suffit d’emprunter le passage sous voie pour se retrouver à la place de la gare, à deux pas du centre-ville.

Moutier (en allemand Münster) compte aujourd’hui près de 8’000 habitants. Jadis, c’était la ville francophone la plus importante du Jura bernois. Elle est maintenant jurassienne, comme le témoigne le drapeau jurassien qui est resté, des années durant, rivé sur le rocher à l’entrée de la ville. Mais, pour combien de temps encore, Qui sait ? Le canton du Jura est loin d’avoir achevé son adolescence.

Logements sur la Via Jura

 
Courecelon
Chambre d’hôte, petit déj. Hôtel-gîte rural, Rue du Stand 4, Courcelon 032 422 32 85
Rebeuvelier/Raimeux
Camping Camping du Raimeux, Rebeuvelier 032 435 57 17
Gîte Chalet Raimieux, Raimieux de Grandval 032 493 47 97
Moutier
Dortoir Cabane des Gorges, CAS, Rue de Gorges 30, Moutier 032 493 32 70
Chambre d’hôte, petit déj. B&B Prévôtoit, Derrière les Crêts 15, Moutier 079 304 92 20
Hôtel, petit déj. Hôtel Café boutique Oasis, Rue des Oeuches 10, Moutier 032 495 20 20
Hôtel***, repas, petit déj. Hôtel Restaurant de la Gare, Avenue de la Gare 19, Moutier 032 493 10 31
Hôtel***, repas, petit déj. Hôtel du Cheval Blanc, Rue Centrale 52, Moutier 032 493 10 44

Les logements ne sont pas légion sur la Via Jura 80. Ici, il n’y a pas de problème, si vous faites étape à Moutier. Réservez tout de même.

N’hésitez pas à ajouter des commentaires. C’est souvent ainsi que l’on monte dans la hiérarchie de Google, et que de plus nombreux pèlerins auront accès au site.
Etape suivante: Etape 4:  De Moutier à Tavannes
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