Une très belle étape pour traverser le pays des “Bernois“
DIDIER HEUMANN, ANDREAS PAPASAVVAS

Nous avons divisé l’itinéraire en plusieurs sections, pour faciliter la visibilité. Pour chaque tronçon, les cartes donnent l’itinéraire, les pentes trouvées sur l’itinéraire et l’état du GR65. Les itinéraires ont été conçus sur la plateforme “Wikilocs”. Aujourd’hui, il n’est plus nécessaire d’avoir des cartes détaillées dans votre poche ou votre sac. Si vous avez un téléphone mobile ou une tablette, vous pouvez facilement suivre l’itinéraire en direct.
Pour ce parcours, voici le lien:
https://fr.wikiloc.com/itineraires-randonnee/de-moutier-a-sornetan-par-la-via-jura-91-189357184
Ce n’est évidemment pas le cas pour tous les pèlerins d’être à l’aise avec la lecture des GPS et des cheminements sur un portable, et il y a encore de nombreux endroits sans connexion Internet. De ce fait, vous pouvez trouver sur Amazon un livre qui traite de ce parcours.
Si vous ne voulez que consulter les logements de l’étape, allez directement au bas de la page. |

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Vous voici aujourd’hui dans le cœur du Jura bernois francophone, cette région, qui comme on le dit dans Astérix, résiste encore farouchement aux envahisseurs. Ces derniers parlent français et habitent le Jura voisin. Pourtant, ce sont tous des frères et des cousins, anciens germanisants du canton de Berne. A l’origine, les familles ne sont toutes pas de la région. Quand le Jura bernois a connu le grand essor du siècle passé, avec la montée en puissance des industries horlogères, le pays a été colonisé par des populations entières de ressortissants d’autres cantons, venant notamment des pays plus pauvres du Valais ou de Fribourg, pour la Suisse romande. Dans le Jura, les gens votent avec le cœur plus qu’avec la raison. En fait, la question jurassienne a toujours été quelque chose de profondément émotionnel. Si vous interrogez les gens d’ici, les pro-bernois vous diront à coup sûr qu’il serait idiot de quitter un canton, qui “a tant fait pour eux“. La raison prend en compte l’hôpital, le nombre de fonctionnaires, toutes ces choses qui ont leur poids dans la société, et qui sont sans commune mesure d’un canton riche comme Berne à un canton pauvre, comme Le Jura. A Moutier, le point névralgique de la cause jurassienne, il y a eu de tous temps des bistros pro- et anti-bernois. Aujourd’hui que Moutier est apparemment rattaché au canton de Jura, les pro-bernois entrent-ils encore dans un magasin anti-bernois ? Sans doute, mais les vieux, ce n’est pas si sûr que cela. Pour les anti-Bernois, ce n’est en fait qu’un sens plus aigu de la liberté, de la germanophobie exacerbée. Comment on sortira un jour de l’impasse, nul ne le sait. Certes, parmi toutes les variables qui permettent de comprendre la Question jurassienne, la langue joue un rôle important. Moutier est la région la plus francophone du Jura bernois. Elle a dit oui au Jura. Mais Champoz, par exemple, juste en dessous, où passe la Via Jura 80 compte plus de germanophones. Pour elle, le message est nein. Une autre variable est la religion. En 1815, ce sont avant tout des catholiques que l’on a transplantés dans un canton protestant, le canton de Berne. Au départ de l’histoire, ce sont des catholiques. Puis, le nombre de catholiques s’est multiplié avec l’arrivée des ouvriers des horlogeries, en provenance surtout de cantons catholiques. Sans doute que les catholiques sont plutôt pro-jura que pro-bernois. Mais est-ce si sûr aujourd’hui, où les églises traditionnelles se vident à une vitesse supersonique ? D’ailleurs, un nouveau phénomène religieux apparaît dans la région. Ici fleurit une bonne dizaine de communautés “non officielles“, ce qui en fait l’une des régions d’Europe à la plus forte concentration d’églises évangéliques. A Tramelan, à deux pas de Tavannes, sur la même rue se regroupent la paroisse réformée traditionnelle, l’église évangélique baptiste, l’église évangélique et l’église catholique. Mais, on trouve aussi quatre autres communautés évangéliques, telles l’Armée du Salut, l’église pour Christ, l’église mennonite et les darbystes. Tout cela va permettre de mieux répondre la Question jurassienne, non ?
Aujourd’hui, le choix est large pour traverser une grande partie du Jura bernois. Sornetan est le point névralgique de l’étape.
- La Via Jura 80, que nous suivons depuis Bâle, suit au début la Birse, franchit les Gorges de Court. A Court, elle quitte la rivière et remonte le long de la Forêt du Droit, vers Champoz. Elle continue de monter pour rejoindre la Via Jura 91, au lieudit Prés du Haut de la Charrière, à 1075 mètres d’altitude. Puis, c’est la longue montée vers la Tour de Moron, qui culmine à 1340 mètres d’altitude. De là, elle redescend entre pâturages et bosquets sur la Montagne de Saules, à 1054 mètres d’altitude. Puis, elle continue sa descente pour arriver à Sornetan.
- La via Jura 91, appelé aussi “Chemin du Jura Bernois“ va de Moutier à la Chaux-de-Fonds. Elle est commune à la Via Jura 80, à la sortie de Moutier. Elle s’en sépare, lorsque la Via Jura 80 part pour Court. La via Jura 91 part un instant sur la route de Perrefitte, puis quitte la route pour les sous-bois et les pâturages, où elle rejoint la via Jura 80 au lieudit Prés du Haut de la Charrière, à 1075 mètres d’altitude. Depuis ce point, la Via Jura 91 et la Via Jura 80 sont communes, passant par la Tour de Moron, Sornetan, jusqu’un peu avant le Fuet. A ce moment-là, la Via Jura 80 descend sur Tavannes, la Via Jura 91 vers Tramelan.
- Ce que nous nommerons “la Variante Perrefitte“ ne porte pas de nom de code. Elle est commune avec la Via Jura 91 jusqu’à l’entrée de Perrefitte. Puis, elle s’en va, passant par Souboz et Sornetan. A de nombreux points, on peut rejoindre la Tour de Moron. Cette voie a l’avantage de monter moins haut dans la montagne, ne dépassant pas les 1’000 mètres d’altitude. Elle passe par les très belles gorges de la Chalière.
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Difficulté du parcours : Les dénivelés sont encore conséquents aujourd’hui, avec une montée de 806 mètres et une descente de 478 mètres. On peut donc qualifier cette étape de relativement éprouvante. Jusqu’à Perrefitte, le parcours ne présente aucune difficulté particulière, la montée est douce et régulière. Cependant, dès que vous rejoignez la Via Jura 91, le ton change : la montée devient sévère, parfois rude, jusqu’à atteindre la Tour de Moron. Plus on progresse, plus la pente s’adoucit, ponctuée de quelques replats bienvenus. De l’autre côté de la montagne, la descente se fait également par paliers, avec des déclivités en moyenne plus modérées qu’à la montée, bien qu’il existe de nombreuses exceptions.
État de la Via Jura : Le parcours, aujourd’hui encore, est à l’avantage des chemins :
- Goudron : 4.5 km
- Chemins : 12.4 km
Parfois, pour des raisons de logistique ou de possibilités de logement, ces étapes mélangent des parcours opérés des jours différents, ayant passé plusieurs fois sur ces parcours. Dès lors, les ciels, la pluie, ou les saisons peuvent varier. Mais, généralement ce n’est pas le cas, et en fait cela ne change rien à la description du parcours.
Il est très difficile de spécifier avec certitude les pentes des itinéraires, quel que soit le système que vous utilisez.
Pour les vrais dénivelés, relisez la notice sur le kilométrage sur la page d’accueil.

Section 1 : Pour choisir le bon parcours

Aperçu général des difficultés du parcours : parcours sans difficulté jusqu’à Perrefitte, puis cela se corse rapidement.

Partons de la gare de Moutier, où vous avez posé vos sacs la veille. La gare, tel un témoin silencieux des voyages passés, se dresse comme un portail vers l’inconnu. Une douce promenade vous attend, la Promenade Max-Robert, qui s’étire le long des rives de la Birse, cette rivière qui serpente comme une veine nourrissant le cœur de la ville.
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Le parcours balisé, habilement tracé, évite le centre-ville et choisit plutôt d’épouser le cours paisible de la rivière. Sur la rive opposée, la ville déploie ses larges artères, témoignant d’une urbanité sans âme, un agglomérat de constructions anciennes et modernes qui semblent s’ennuyer de leur propre existence. Chemin faisant, sur votre droite, se dresse au loin la collégiale de Saint Germain, telle une sentinelle gardant les vestiges d’un passé révolu. Moutier, que l’on nomme Münster en allemand, évoque le terme “monastère”. L’ancienne abbaye, fondée au Moyen Âge, est le berceau d’une évangélisation qui a marqué le Jura. Elle fut détruite lors de la Réforme, laissant place à la collégiale de Saint Germain, érigée en 1860 sur les fondations de l’ancienne abbaye, comme un hommage à l’histoire. Dans cette région, une multitude de chapelles témoignent de la pluralité des confessions. Bien que le canton de Berne soit majoritairement protestant, les habitants du Jura bernois, francophones, ont longtemps été ancrés dans la foi catholique. Mais les temps changent. Sur certains balcons, flottent encore le drapeau du canton de Berne, vestiges d’une nostalgie tenace, échos d’un passé qui ne s’efface pas facilement. |
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Au bout de la Promenade Max-Robert, le parcours se glisse sous la voie ferrée, comme une truite frémissante cherchant à échapper à l’emprise du flot. Vous empruntez alors la Rue du Midi, qui danse au gré des caprices de la rivière et des trains filant au loin, une chorégraphie improvisée entre le murmure des eaux et le fracas des locomotives.
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Cette rue, telle une impasse aux mille histoires, se termine abruptement, puis, dans un dernier élan, vous entraîne sous un tunnel qui se faufile sous la voie ferrée. Émergeant de l’ombre, vous voilà face à la vieille ville de Moutier, discrète et empreinte de sérénité, où se dresse le clocher de l’église, point de repère intemporel qui veille sur les âmes qui s’y rassemblent. |
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Le parcours demeure confiné dans la partie paisible de Moutier, à l’abri des fracas urbains, où la nature et la tranquillité se marient en une harmonie discrète. |
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Moutier, s’étirant comme un serpent paresseux, est une ville longiligne où la traversée des boulevards périphériques peut sembler interminable, un dédale d’asphalte qui vous fait passer d’un paysage à l’autre sans véritable éclat… |
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… jusqu’à ce que vous atteigniez la Birse, à l’extrémité de la ville, où ses eaux scintillantes vous accueillent comme un miroir réfléchissant les cieux. |
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Ici, au rond-point, le parcours abandonne l’axe principal qui s’éloigne de la ville pour bifurquer en direction de Perrefitte. Une promesse se dessine à l’horizon : la Tour de Moron, un monument incontournable pour les habitants, qui attire les curieux comme un phare dans la nuit. |
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La route s’élève doucement vers la Chapelle de Chalière, un joyau restauré au XXe siècle, dont les origines remontent au XIe siècle, ayant jadis appartenu au chapitre de l’abbaye. Lors de sa rénovation, des fresques datant de l’an 1000 furent mises au jour, parmi les plus anciennes de Suisse, témoins d’un temps où l’art et la foi s’entrelacent dans un même élan. Aujourd’hui, elle se dresse, élégante, en tant que chapelle de cimetière, veillant sur ceux qui reposent en paix.

Sur un trottoir ombragé, le parcours suit le murmure apaisant du ruisseau de la Chalière, serpentant paisiblement le long du cimetière, où le silence est ponctué par le chant des oiseaux. |
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La route vers Perrefitte se prolonge alors, serpentant dans la périphérie de Moutier, bordée de petites villas qui se dressent comme des sentinelles, gardant les souvenirs des vies qui s’y sont épanouies. |
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Vous arriverez bientôt à un premier carrefour stratégique, un carrefour où il convient d’être vigilant, car une erreur d’aiguillage pourrait ajouter des kilomètres à votre périple et compliquer l’étape. Vous devrez ignorer la Via Jura 80, qui descend en direction de Court en suivant la Birse, avant de monter à la Tour de Moron, où elle rejoindra plus tard la Via Jura 91. |
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La route s’élève en pente douce, frôlant les maisons et les usines qui se dressent entre Moutier et Perrefitte, tandis que l’annonce du village se profile à l’horizon, bien qu’il semble encore lointain. |
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La route semble interminable, s’étirant jusqu’à ce que les premières maisons du village émergent lentement, comme des mirages dans le brouillard. |
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Soyez attentif sur ce parcours, car plusieurs chemins se dirigent vers la Tour de Moron. Ne cédez pas à la tentation de prendre la première variante ; continuez encore quelques dizaines de mètres pour découvrir la véritable bifurcation de la Via Jura 91, celle qui vous mènera à la destination tant convoitée. Ici, le risque de se perdre est réel. C’est à ce point que s’élève la Via Jura 91, qui conduit également à la Tour de Moron, incontournable pour les aventuriers du coin. Et si vous passez par Perrefitte, un peu plus loin, une montée vous permettra également d’atteindre la tour. |
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Cependant, la montée vers la Tour de Moron ne se présente pas sous les meilleurs auspices. Devant vous se dresse une série d’escaliers, taillés dans la pente, défiant les marcheurs d’un pas audacieux. |
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C’est un chemin étroit et indiscipliné qui se fraye un passage dans une végétation fruste, s’enchevêtrant dans les herbes folles et les broussailles, grimpant avec audace au-dessus de la route, sur une pente vertigineuse avoisinant les 40 %. |
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Dans ce fouillis végétal, le chemin se révèle à peine, souvent embourbé par les pluies capricieuses. Après un parcours laborieux, vous découvrirez un portail de métal, une porte discrète s’ouvrant sur le sous-bois au-dessus, comme un passage secret vers l’inconnu, où l’effort se mêle à l’aventure. |
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L’inclinaison reste constante, soutenue et éprouvante, dans l’ombre des hêtres majestueux et des érables aux feuillages denses, créant un cocon de fraîcheur, mais aussi d’effort. |
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À mesure que vous progressez, le chemin s’élargit dans la verdeur luxuriante des grands prés du Pâturage de Moron, où la nature respire et exhale des parfums de terre et d’herbe. |
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Cependant, ici, la présence du bétail qui paît en toute liberté transforme le sol en un tableau de désordre : les sabots des vaches labourent le terrain, le rendant souvent marécageux et difficile à traverser. |
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Pour éviter de vous enliser dans cette terre battue, vous pourriez tenter de grimper dans l’herbe et la mousse, bien que celle-ci soit elle aussi capricieuse et parfois aussi chaotique que le chemin lui-même. |
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La montée se révèle longue, avec une inclinaison frôlant les 15 % et parfois même davantage, au cœur d’une nature vibrante, où le chant des oiseaux se mêle au souffle des vaches paissant paisiblement. En contrebas, les dernières maisons de Perrefitte se dessinent, silhouettes discrètes dans le paysage. |
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La pente demeure soutenue tout au long de l’alpage, rythmée par des barrières de métal qui jalonnent le chemin, qu’il faut ouvrir et refermer avec soin pour le passage du bétail, un geste quotidien qui rappelle le lien étroit entre l’homme et la nature. |
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Section 2 : Entre éblouissants alpages et forêt compacte

Aperçu général des difficultés du parcours : parcours pénible avec de très fortes pentes.

Même si la pente est raide, tranchante comme le fil d’un couteau, et qu’elle ne laisse guère de répit pour reprendre son souffle, la nature se révèle sous un jour radieux, un véritable hymne à la beauté. C’est la paix des alpages, où les hêtres majestueux et les épicéas élancés semblent s’enlacer, prenant de l’ampleur à mesure que le chemin serpente à travers les prairies verdoyantes, où l’herbe danse au gré du vent.
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Après avoir affronté cette première longue montée, le chemin vous conduit près d’une barrière de contention, à la croisée d’une modeste route de terre battue qui serpente vers une grange d’alpage. Ici, le panorama s’étend à perte de vue, offrant une plongée vertigineuse sur Moutier, qui scintille au loin comme un bijou dans l’écrin de la nature. C’est l’endroit idéal pour une pause salutaire, où l’on peut savourer la fraîcheur de l’air tout en reprenant son souffle sur la placette de pique-nique. |
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Le chemin reprend son ascension dans l’alpage, s’élevant avec détermination sur une pente soutenue, frôlant les 15%, la plupart du temps tapissé d’herbe luxuriante. De petites assises de pierres calcaires ponctuent le paysage, comme des souvenirs figés dans le temps, conférant à ce décor une douce mélancolie. Chaque pas résonne de poésie, chaque regard se perd dans un panorama délicat, empreint de sérénité. |
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Peu après, un panneau indicateur apparaît, promesse d’une autre aventure : la tour de Moron, suggérant aux cavaliers une alternative tout en les guidant vers des contrées encore inexplorées. |
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À mesure que vous grimpez, un petit chalet de pierre aux murs éclatants se dévoile, émergeant comme un trésor caché. |
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En cet endroit enchanteur, l’envie de vous poser sur un banc ou d’ouvrir votre sac pour un pique-nique réconfortant devient irrésistible. Ce lieu ressemble à un havre pour les habitants, un chalet d’alpage accessible par une route de terre battue qui s’étire de l’autre côté de la montagne, comme une promesse d’accueil et de convivialité. |
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Le panneau, toujours vigilant, continue de vous orienter vers la Tour de Moron sur la Via Jura 91, comme un phare dans ce paysage montagnard, vous invitant à poursuivre votre voyage à travers ces merveilles naturelles.

Ici débute le tronçon le plus ardu de la montée vers la Tour de Moron, un véritable défi qui abandonne rapidement la route de terre pour s’enfoncer dans un sentier étroit, déterminé à conquérir la montagne. |
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Ce chemin vous offre un mélange intense de sensations, une pente parfois vertigineuse flirtant avec les 40%, s’étirant sur près d’un demi-kilomètre. C’est une épreuve qui requiert un cœur bien accroché, un courage à toute épreuve, pour affronter cette difficulté enivrante. |
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Heureusement, la nature se fait protectrice. Les hêtres joufflus, les érables discrets, et les épicéas à la stature élancée vous enveloppent de leur ombre bienveillante. En automne, chaque pas résonne sur un tapis de feuilles croustillantes qui adoucit la marche, bien qu’il faille parfois composer avec de petits cailloux acérés qui viennent érafler les semelles. |
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Au sommet de ce supplice—ou de ce plaisir, selon votre point de vue—le chemin émerge enfin des bois pour s’offrir à l’air libre. |
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C’est alors qu’une clairière divine se dévoile, baignée de lumière et de poésie. Vous retrouvez l’alpage, la forêt restant désormais derrière vous, comme un souvenir lointain. |
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Le paysage s’ouvre sur le retour des barrières, ces fidèles gardiennes du bétail, dans des alpages où la pente se fait plus douce, tombant sous les 15% et révélant des prairies verdoyantes. Ici, dans cette vaste étendue, les vaches gambadent librement, incarnant la riche diversité des races que l’on peut admirer à travers la Suisse, une palette de couleurs et de formes qui compose un tableau pastoral vivant. |
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Peu après, le chemin croise une première ferme au coin du bois, une première lueur de civilisation depuis la bifurcation de Perrefitte. Le paysan, avec un sourire chaleureux, nous confie que la majorité des alpages de la région sont privés, dans un paysage où les lotissements communaux se font presque invisibles. Son domaine s’étend tout de même sur 100 hectares, où paissent une cinquantaine de vaches, véritable témoignage d’un mode de vie enraciné dans la terre et la tradition. |
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Le chemin s’élève gracieusement dans l’herbe jusqu’à la barrière d’entrée du domaine, marquant ainsi une transition significative. |
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À partir de cet instant, le paysage se métamorphose, abandonne son caractère sauvage pour se teinter d’humanité, se révélant au passage des hommes. Une large route serpente à travers les prés dépouillés, montant vers un petit haut plateau, comme une promesse d’émerveillement. |
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Vous avancez alors avec légèreté le long des chalets bien entretenus des Prés du Haut de la Charrière. À première vue, ce havre semble être le refuge de locaux, souvent des retraités, qui trouvent ici un cadre de vie apaisant. Il est difficile de déterminer s’ils résident à l’année dans ces contrées, mais la région respire le tourisme local, une atmosphère chaleureuse et accueillante. |
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C’est ici qu’une route remonte de la vallée, où la Via Jacobi 80 et la Via Jura 91 se rejoignent à nouveau, formant un fil d’Ariane qui vous mène jusqu’à Sornetan, et même au-delà, unissant les histoires et les chemins des voyageurs.

Cependant, ne vous laissez pas tromper par cette douce illusion de vacances tranquilles. Une route goudronnée, à la pente résolue, continue de s’élever vers la montagne, entourée de chalets, dissimulés aux regards curieux dans les sous-bois. |
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Plus haut, la pente s’adoucit considérablement, la route s’étirant lentement à travers les prés, croisant même quelques rares cultures, mais l’ascension demeure. |
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Ici, la marche devient un véritable plaisir sur cette petite route goudronnée, où les vaches paissent tranquillement, côtoyant les chalets et les petites fermes qui ponctuent le plateau. Vous vous dirigez tranquillement vers La Neuve Bergerie, un nom qui évoque la promesse d’une halte réconfortante. |
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Section 3 : En passant par la Tour de Moron

Aperçu général des difficultés du parcours : parcours avec des pentes plus raisonnables.

A deux pas se dresse la Nouvelle Bergerie, la ferme au bout de la route goudronnée, en cul-de-sac.
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À partir de cet endroit, le règne de la nature sauvage se réinstalle avec force. Une large route de terre battue serpente à travers les prés, gravissant avec détermination les flancs de la montagne. Les premiers lacets se montrent impérieux, s’élevant avec une pente supérieure à 15%, invitant le marcheur à redoubler d’efforts, comme si la nature elle-même mettait à l’épreuve son endurance. |
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Cependant, la rigueur de la montée s’adoucit progressivement, laissant place à une inclinaison de 10%. Le rythme s’apaise alors, et le souffle se libère des entraves de l’effort. Ici, la nature s’épanouit dans toute sa splendeur. Les épicéas, majestueux et résilients, prennent le pas sur les feuillus, dressant leurs cimes vers le ciel azuré. |
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Le chemin, désormais plus caillouteux, ne décourage pas les fervents ramasseurs de champignons, qui, à l’automne, garent leurs véhicules en bordure de la route, prêts à cueillir leurs trésors de la terre. De nombreux cyclistes arpentent cette voie, filant comme l’éclair, habitués à respecter les horaires serrés de leurs sorties. |
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Un peu plus haut, le chemin se transforme en Chemin des Bouvreuils, où un chœur de cyclistes, cavaliers et randonneurs s’unissent dans leur quête commune vers la Tour de Moron.

Avant d’aborder la montée finale vers la tour, une dernière ferme émerge de la nature dépouillée, témoin d’un monde rural encore vibrant. |
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À cet instant, le chemin se fait plus calme, comme pour exprimer sa gratitude envers ceux qui ont persévéré, alors qu’il s’élève à près de 10% de pente. Dans ce paysage abandonné du monde, le randonneur se sent en communion totale avec la nature. |
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Peu après, la cabane du Club alpin suisse apparaît sur le talus, accueillant les randonneurs épuisés mais ravis. |
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Et là-haut, sur la butte, se dresse comme un mirage la Tour de Moron, tant attendue, véritable chef-d’œuvre d’architecture. Il devient évident pourquoi tant de randonneurs se donnent la peine de grimper jusqu’ici, à 1350 mètres d’altitude, après un dénivelé de 800 mètres. Dans ce décor sublime, dépouillé, une oasis d’enchantement se dévoile, incarnant la beauté brute de la nature sauvage.

Au pied de la chaîne montagneuse de Moron, un particulier avait autrefois érigé une tour en métal, un belvédère où les passants pouvaient s’élever pour admirer la vue imprenable sur les Alpes suisses jusqu’à la Forêt Noire. Cependant, cette construction fut jugée dangereuse et condamnée. C’est alors qu’une nouvelle tour, façonnée par l’illustre architecte Mario Botta, vit le jour. Cette œuvre exceptionnelle, dédiée à la formation professionnelle, fut bâtie avec la contribution de 700 apprentis maçons venus des quatre coins de la Suisse romande et de Sursee, en Suisse allemande. Achevée en 2004, elle symbolise l’union du savoir-faire et de la créativité. Malheureusement, en 2022, une quarantaine de marches sur les 209 de l’escalier s’écroulèrent, entraînant la fermeture de la tour. Les spéculations vont bon train quant à l’origine de cet incident : un défaut de construction ou une autre cause… L’affaire demeure ouverte, à suivre avec intérêt. |
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Depuis la majestueuse Tour de Moron, le chemin s’engage rapidement dans les pâturages, dévalant doucement les pentes verdoyantes où se dressent, tels des sentinelles, des îlots d’épicéas. Le paysage qui s’étend à perte de vue est d’une beauté troublante, un véritable ravissement pour les âmes en quête de sérénité et de grandeur. |
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En contrebas, une barrière en bois délimite à nouveau le pâturage, tandis que le chemin nous mène vers une maison isolée, une charmante demeure de pierres soigneusement taillées. Peut-être s’agit-il d’une ferme rustique ou d’une maison de vacances, à en juger par les volets soigneusement clos, qui semblent garder leurs secrets. |
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À cet endroit, le chemin opère un virage à angle droit, se perdant dans une majestueuse allée de terre battue qui descend en pente douce, presque rectiligne, tel un serpent paresseux qui s’étire au soleil. |
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C’est alors que s’ouvre devant nous un long passage au sein d’un pâturage sublime, où le large chemin caillouteux nous invite à une déambulation contemplative. Les murmures de la nature semblent nous guider dans cette douce errance. |
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Sur ce flanc de montagne, les pâturages s’étendent, parsemés de magnifiques épicéas isolés, offrant une image différente de l’autre versant, que vous avez traversé précédemment, où de vastes forêts denses dominent le paysage. |
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Bientôt, se dévoile devant vous le complexe fermier de la Bergerie de Loveresse, un lieu isolé, presque perdu dans cette nature enchanteresse qui enveloppe tout de sa magie. |
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Section 4 : En descente marquée vers Sornetan

Aperçu général des difficultés du parcours : parcours avec des pentes conséquentes, avec des moyennes de 10-15%, avec quelques passages plus pentus.

Le chemin fait halte à la Bergerie de Loveresse, un havre pastoral où s’ébattent en toute liberté des vaches, des chevaux, et des chèvres, déambulant paisiblement au sein des pâturages verdoyants. Ce tableau bucolique évoque un monde perdu, comme un coin de paradis isolé au bout du monde, bercé par le doux rythme du bétail qui pâture en paix. Bien que vous ayez descendu 150 mètres de dénivelé depuis la Tour de Moron, un long chemin vous attend encore, jalonné d’efforts et de découvertes.
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Un chemin raide, semé de pierres, s’ouvre sous la ferme, serpentant à travers des pâturages enchanteurs, où le temps semble s’être arrêté, figé depuis des siècles.
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Plus bas, le sentier s’enfonce dans un sous-bois clairsemé, où se côtoient les mêmes espèces familières qui habitent cette montagne : des épicéas en abondance, tandis que, du côté des feuillus, un charmant mélange de hêtres et d’érables s’impose, les autres essences étant de rares exceptions. |
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La nature se dévoile, d’une beauté à en pleurer, dans cet espace semi-ouvert, hésitant entre le sous-bois ombragé et le pâturage ensoleillé. La pente, bien que marquée et constante, n’excède cependant pas les 15 % d’inclinaison, offrant ainsi un défi modéré aux promeneurs. |
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En contrebas, au niveau d’une grange solitaire qui salue votre passage de son ombre bienveillante, le chemin commence à quitter progressivement le pâturage sauvage. |
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C’est alors que le chemin, devenant plus caillouteux, plonge avec une sévérité délicieuse vers la petite plaine qui s’étend en contrebas, nous invitant à poursuivre votre exploration de cette nature sauvage et préservée. |
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Le chemin débouche alors sur le lieudit La Montagne de Saules, où se nichent avec charme de nombreuses fermes en activité, véritables témoins d’un mode de vie rustique et authentique. Ici, l’air embaume les fragrances délicates de la campagne, une invitation à la plénitude. À l’horizon, les cimes plus élevées du Jura se dessinent, majestueuses et éloignées. Sornetan demeure votre port d’attache pour aujourd’hui, mais vous pourriez aussi gagner d’ici Le Fuet, où vous passerez demain. Vous êtes descendu 300 mètres depuis la Tour de Moron. |
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Une route de terre émerge progressivement du hameau, serpentant derrière les fermes, en direction d’une longue plaine qui semble s’étendre à l’infini. |
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C’est une ligne droite, s’étirant à travers les prés, qui évoquent encore des alpages verdoyants, témoins d’un passé agraire. Toute cette montagne est véritablement une montagne à vaches, où la culture de la terre s’estompe au profit d’un élevage pastoral. |
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Peu après, un large chemin longe la lisière de la forêt, tandis que dans les prés environnants, les vaches se déplacent avec une grâce tranquille, ajoutant une touche vivante à ce tableau pastoral. |
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Le chemin s’enfonce alors dans la forêt, où la pente se fait plus prononcée, un défi que vous relèverez avec détermination. En automne, il n’est pas rare d’y croiser des chasseurs à l’affût du chevreuil, dont la présence est assurée, affirment-ils, dans cette région. |
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Ici, un sentier traverse un coin de pâturage discret avant de gagner une route de terre battue qui s’étend en contrebas. Ce passage est bref, mais souvent chaotique, ponctué de pierres traîtresses et de racines enchevêtrées qui requièrent votre attention. |
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Un large chemin descend alors, s’étirant avec une continuité paisible à l’ombre des arbres, dans un bois dense où la lumière peine à s’infiltrer. La fraîcheur de l’ombre vous enveloppe, créant une atmosphère presque mystique. |
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Au bas de cette descente, le chemin rejoint une route goudronnée qui grimpe de Sornetan vers les fermes qui se dressent au-dessus. |
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Juste en dessous, près d’un banc usé par le temps, se trouve une bifurcation marquée pour la Via Jura 80. Elle emprunte la route de gauche, qui s’enfonce dans un chemin souvent escarpé et chaotique, rejoignant plus bas la route principale. À ce carrefour, n’hésitez pas : prenez plutôt la route carrossable de droite, plus accueillante. |
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Certes, cette route est longue et en pente, tout comme le chemin que vous pourriez suivre. Cependant, la marche s’y fait aisément, sans heurts, bercée par le chant des oiseaux et la douce brise, à l’ombre apaisante des arbres. . |
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Plus bas, entre les troncs des arbres, apparaît le village de Saubraz, suspendu sur la colline voisine, un lieu pittoresque où vous ferez halte si vous choisissez la variante de Perrefitte en provenance de Moutier.

Plus bas encore, Sornetan émerge enfin, dévoilant son clocheton qui se dessine élégamment en contrebas du talus herbeux qui surplombe la route. L’instant est chargé d’une douce nostalgie, une invitation à la contemplation. |
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Peu après, la Via Jura, que vous auriez pu emprunter en suivant le chemin à travers la forêt, rejoint la route, fusionnant ainsi les destins de ces deux parcours. |
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Le parcours quitte alors la route pour s’engager sur un chemin très raide, souvent glissant en raison du manque de soleil, qui descend avec prudence à travers les prés, se faufilant entre les herbes hautes |
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Au bas de la descente, la pente se normalise, offrant un répit sous les majestueux érables qui étendent leurs têtes vers le ciel et leurs bras vers vous en signe de bienvenue. |
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Le chemin, foulant les prés verdoyants, vous conduit en périphérie de Sornetan, chaque pas résonnant dans l’harmonie tranquille de ce paysage pastoral. |
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La Via Jura, cependant, ne pénètre pas directement dans le village ; elle s’oriente vers la gauche, en direction de Bellelay, comme une promesse de nouvelles découvertes.

La route, quant à elle, s’ouvre rapidement sur le village, un havre où la vie s’éveille au rythme des saisons. |
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Sornetan n’est pas un grand village. On ne compte que 150 habitants. Depuis 2015, le village appartient dorénavant, par votation populaire, à la commune de Petit Val, regroupé avec les villages d’alentour, dont Souboz. Ici, nous sommes en monde protestant. Le temple de Sornetan, un bijou de style gothique campagnard, datant de 1708, restauré en 1965, se dresse au milieu du village.
En face de l’église se dresse le centre de Sornetan, un centre de confession protestante, un lieu de rencontre et de formation, s’adressant à tous publics dans les domaines, éthique, théologique et culturel. On peut y séjourner. |
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Logements sur la Via Jura
- Camping de Sornetan, Le Maupas 30A, Sornetan; 032 484 92 46 ; Camping, repas, petit déj.
- B&B Nora et Heinz Gyger-Amstutz, La Combe, Sornetan ; 032 484 92 77 ; Chambre d’hôte, repas, petit déj.
- Centre de Sornetan, Les Rondez 2, Sornetan ; 032 484 95 35 ; Hôtel, repas, petit déj.
Le Jura demeure une destination prisée avant tout par les touristes locaux. En conséquence, les hébergements se font plus discrets, à l’exception des Airbnb, pour lesquels nous ne disposons pas des adresses. Dans cette étape, il y aucune possibilité de se restaurer ou de se loger avant d’arriver à Sornetan, où le logement est maigre. Renseignez-vous à l’avance sur l’ouverture des logements, selon les saisons. Réservez à tout prix.
N’hésitez pas à ajouter des commentaires. C’est souvent ainsi que l’on monte dans la hiérarchie de Google, et que de plus nombreux pèlerins auront accès au site.
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Etape suivante : Etape 5b: De Moutier à Sornetan par la Variante de Perrefitte |
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