Au pied des mythiques Mythen
DIDIER HEUMANN, ANDREAS PAPASAVVAS

Nous avons divisé l’itinéraire en plusieurs sections, pour faciliter la visibilité. Pour chaque tronçon, les cartes donnent l’itinéraire, les pentes trouvées sur l’itinéraire et l’état du GR65. Les itinéraires ont été conçus sur la plateforme “Wikilocs”. Aujourd’hui, il n’est plus nécessaire d’avoir des cartes détaillées dans votre poche ou votre sac. Si vous avez un téléphone mobile ou une tablette, vous pouvez facilement suivre l’itinéraire en direct.
Pour ce parcours, voici le lien:
https://fr.wikiloc.com/itineraires-randonnee/de-einsiedeln-a-brunnen-par-la-via-jacobi-4-32021330
Ce n’est évidemment pas le cas pour tous les pèlerins d’être à l’aise avec la lecture des GPS et des cheminements sur un portable, et il y a encore de nombreux endroits sans connexion Internet. De ce fait, vous pouvez trouver sur Amazon plusieurs livres relatifs au parcours majeur de la Via Jacobi 4, passant par la Suisse primitive et le col du Brünig. Le premier guide les pèlerins dans la Suisse allemande jusqu’à Fribourg. Le second les accompagne jusqu’à Genève à travers la Suisse francophone. Mais, nous avons aussi fusionné ces deux livres en une version compacte, plus légère et résolument pratique. Bien que les descriptions soient légèrement abrégées, elles restent suffisamment précises pour vous orienter pas à pas sur le parcours. Conscient de l’importance de voyager léger, ce denier ouvrage a été conçu pour fournir l’essentiel : des informations claires et utiles, étape par étape, kilomètre par kilomètre. Les étapes ont été soigneusement ajustées pour être accessibles et adaptées aux opportunités de logement disponibles. Ces ouvrages vont au-delà des simples conseils pratiques. Il vous guident kilomètre par kilomètre, dévoilant tous les aspects cruciaux pour une planification sans embûches. Ainsi, aucune surprise inattendue ne viendra entacher votre expérience. Mais ces livre sont bien plus qu’un simple guide pratique. C’est une immersion totale dans l’atmosphère enchanteresse du Chemin. Préparez-vous à vivre le Chemin de Compostelle comme une expérience unique d’une vie. Munissez-vous d’une bonne paire de chaussures et le chemin s’ouvre à vous. |

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Si vous ne voulez que consulter les logements de l’étape, allez directement au bas de la page.
Aujourd’hui, votre périple vous guide à travers les méandres des montagnes vers le sublime Lac des Quatre Cantons, joyau niché au cœur de la Suisse originelle. Ses eaux, telles des veines nourricières, s’étirent entre les cantons d’Uri, de Schwyz, d’Unterwald et de Lucerne, formant des bras qui rappellent les majestueux fjords. C’est ici, dans ce berceau de la nation suisse, que s’ancrent les racines de son histoire, tissée de récits légendaires et de héros emblématiques tels que Guillaume Tell et Arnold Winkelried, figures légendaires qui, qu’ils fussent réels ou imaginaires, ont traversé ces terres imprégnées de mythes. L’écho du serment du Grütli de 1291 résonne encore dans les vallées, témoignage immuable d’une époque où des hommes bravant l’incertitude s’engagèrent pour l’avenir de leur patrie naissante. Malgré les vents changeants de l’histoire qui parfois soufflent sur ces récits, l’âme de la Suisse centrale demeure le phare historique et touristique de la confédération helvétique, avec le Lac des Quatre Cantons comme épicentre, miroir des siècles écoulés.
Ici, les contours de l’histoire se dessinent au fil des eaux tranquilles ou au détour des sentiers abrupts des montagnes qui surplombent le lac. Avant d’admirer les élégants vapeurs glissant sur ses flots, il faut traverser les sommets escarpés des Mythen, sentinelles majestueuses dressées depuis Einsiedeln. Pour le voyageur, novice ou habitué, chaque pas révèle un paysage enchanteur, pétri de charme et de patrimoine, où chaque bosquet cache des trésors et chaque bourgade raconte une histoire.
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Difficulté du parcours : Le périple s’annonce comme une danse avec les dénivelés, avec des descentes vertigineuses et des montées ardentes (+595 mètres/-1031 mètres), révélant toute la splendeur des reliefs du canton de Schwyz. Si le début du parcours semble être une douce promenade le long de la vallée où murmure l’Alp, l’ascension exigeante à travers la forêt jusqu’aux alpages de Hagenegg, aux pieds des deux Mythen, impose son rythme. Puis, la descente, abrupte et interminable, conduit d’abord à Schwyz, capitale cantonale, avant de rejoindre sans encombre Brunnen, havre de paix aux rives du Lac des Quatre Cantons.
État de la Via Jacobi : Dans cette étape, la majeure partie du trajet se déroule sur des sentiers forestiers, où chaque pas résonne comme une invitation à découvrir la nature dans toute sa splendeur:
- Goudron : 9.0 km
- Chemins : 14.8 km
Parfois, pour des raisons de logistique ou de possibilités de logement, ces étapes mélangent des parcours opérés des jours différents, ayant passé plusieurs fois sur ces parcours. Dès lors, les ciels, la pluie, ou les saisons peuvent varier. Mais, généralement ce n’est pas le cas, et en fait cela ne change rien à la description du parcours.
Il est très difficile de spécifier avec certitude les pentes des itinéraires, quel que soit le système que vous utilisez.
Pour les vrais dénivelés, relisez la notice sur le kilométrage sur la page d’accueil.

Section 1 : En remontant l’Alp, qui coule doucement dans la vallée

Aperçu général des difficultés du parcours : parcours sans difficulté.

Le périple commence à Einsiedeln, où le monastère, tel un vaisseau de pierre, semble voguer sur les hauteurs de la cité, dominant de son imposante silhouette les toits en contrebas. Ce haut lieu de pèlerinage, où résonnent encore les prières des siècles passés, marque le point de départ d’un voyage où chaque pas s’ancre dans l’histoire. Le parcours s’ouvre devant vous, tantôt drapé de l’asphalte contemporain, tantôt vêtue de la terre battue, assouplie par le passage innombrable des pèlerins d’hier et d’aujourd’hui.
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Dès les premiers pas, le parcours se fait caresse et s’étire au cœur d’un parc paisible, le long des demeures opulentes, témoins d’un faste révolu, qui se dressent dans une immobilité presque altière. Elles semblent veiller sur le voyageur, à l’image d’une noble dame observant d’un œil mélancolique le ballet des passants sous les frondaisons. |
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Peu à peu, le parcours, tel un fil d’Ariane, glisse sur la route vers la périphérie, s’enroulant autour des quartiers résidentiels où règne une quiétude domestique. |
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Comme un fleuve qui épouse les courbes du relief, la Via Jacobi s’unit ensuite à la route de l’Alpthal, suivant ses méandres avec une fidélité presque dévotionnelle. Il ne s’en détourne que pour mieux s’élever, à la croisée des chemins, vers le cloître d’Au, où le temps semble suspendu. |
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Là, une route étroite, bordée de haies sauvages et baignée par le murmure de la rivière, guide le voyageur jusqu’au sanctuaire de Au. Niché dans un écrin de verdure, ce cloître, fondé au XIVe siècle, a vu naître et s’épanouir la ferveur bénédictine au fil des âges. Ses murs, patinés par le souffle des siècles, portent encore l’empreinte de ces vies vouées à la prière et au silence. Aujourd’hui, seules quelques sœurs en perpétuent l’héritage, gardiennes d’un passé qui, loin de s’effacer, semble s’ancrer toujours plus profondément dans la pierre. |
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Depuis le cloître, une modeste route de terre s’étire comme un ruban délié, serpentant entre champs et prairies. À ses côtés, le ruisseau Aubach chuchote ses confidences aux marcheurs solitaires, tandis qu’à l’horizon, les montagnes veillent, immuables sentinelles drapées de lumière et d’ombre. |
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Les pâturages s’ouvrent à perte de vue, vastes tapis de verdure où paissent les robustes bovins de la Suisse orientale. La race brune y règne en maîtresse, imposante et sereine, tandis que quelques Simmental, épars, apportent des éclats fauves à cette toile pastorale. Plus rares encore, les Holstein, ces silhouettes noires et blanches, tentent de s’imposer, mais la générosité des prairies assure à chacun une place. Sur cette longue étendue, où la nature déroule son souffle ancestral, se dressent, comme des veilleurs discrets, des édicules de dévotion : un oratoire, une croix, autant de balises qui ponctuent le voyage et rappellent à l’âme errante que chaque chemin mène quelque part. |
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Puis, au détour d’un virage, une invitation se dessine : l’itinéraire propose une échappée vers les hauteurs, offrant aux plus téméraires l’ascension vers Haggenegg par Trachslau. Mais la Via Jacobi, fidèle à sa destinée, poursuit sa route avec constance, droite et résolue, vers l’inconnu qui l’attend.

Bientôt, le chemin frôle la gravière de Trachslau, baignée par les eaux douces de l’Alp. Ici, la nature reprend son souffle et s’abandonne à une harmonie parfaite : le chant des oiseaux s’entrelace au clapotis de la rivière. Des signes sacrés jalonnent encore le parcours : une chapelle, une croix, humblement dressées sous la voûte du ciel, comme pour rappeler que, dans la vastitude du monde, l’invisible veille. |
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Section 2 : On va bientôt quitter la plaine de l’Alp

Aperçu général des difficultés du parcours : parcours sans difficulté.

Le large chemin s’étire avec une inclination si douce qu’elle semble n’être qu’une illusion. À Trachslau, il flirte un instant avec la route de la vallée avant de s’en détourner, après avoir longé, avec une bienveillance silencieuse, les ateliers où les artistes du bois et les ébénistes sculptent les songes dans la matière vivante. |
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Pourtant, la Via Jacobi ne s’attarde pas au cœur du bourg. Fidèle à sa discrétion, elle s’efface dans un chemin plus secret, sinuant en parallèle de l’artère carrossable. Une large route de terre battue prend alors le relais, invitant à une progression paisible, sans heurts, jusqu’à Alpthal, berceau de la vallée. |
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Plus loin, elle suit la route en silence, tandis que sur son flanc gauche, l’Alp glisse avec la patience millénaire des rivières alpines. Puis, à l’horizon, surgissent les Mythen. Leur silhouette acérée s’impose dans le paysage, promesse de sommets à conquérir, d’épreuves à venir, d’un ailleurs à toucher du regard. |
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La route, bien que sans issue, connaît une respiration rythmée par le passage fugace de quelques véhicules, rares visiteurs du week-end se dirigeant vers les alpages. Ils disparaissent bientôt, ne laissant derrière eux que l’écho assourdi de leur passage. Plus loin, le chemin bascule sur l’autre rive, comme si, après tout, l’autre côté valait mieux. |
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Désormais, la Via Jacobi épouse le cours capricieux de la rivière. Elle effleure des bosquets de hêtres et d’érables, où la nature semble s’éloigner de son éclat premier, se faisant plus secrète, plus indomptable. Ici, la forêt se resserre, et l’air se charge d’une senteur plus âpre, comme si la terre elle-même murmurait à l’oreille du voyageur un langage ancien, oublié des hommes pressés. |
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Soudain, la vallée s’ouvre à nouveau, et la route, s’élançant à travers les prairies, dévoile pleinement la majesté des deux Mythen. Comme des gardiens pétrifiés, ils dominent l’horizon, défiant le ciel et ses caprices. |
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Au lieu-dit Kleinschnülimatt, deux ruisseaux s’échappent des hauteurs et traversent le chemin avec vivacité, bondissant entre les pierres comme s’ils célébraient leur propre liberté. Ce sont là les veines vibrantes de la montagne, battant au rythme des saisons et des pluies passagères.
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Aux confins du village d’Alpthal, la rivière reprend ses droits, se creusant un lit chaotique entre les pierres titanesques qu’elle a arrachées aux sommets. Des cascades modestes y murmurent leurs chants de fraîcheur, tandis que les parois rocheuses qui l’encerclent lui confèrent l’allure d’un canyon miniature, sculpté par la patience infinie de l’eau.
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Le chemin s’efface alors sous un couvert plus dense, s’enfonçant dans l’intimité de la végétation. Enfin, après huit kilomètres d’une progression presque insoupçonnée, voici Alpthal. À peine cent mètres d’ascension, et pourtant, quelle plénitude alpestre, quelle immersion dans cette vallée où le temps semble suspendu. |
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En périphérie du village, la Via Jacobi retrouve le fil de la rivière, tressant un ultime dialogue entre la quiétude des prairies et la force douce du courant. Ici, la nature s’exprime dans un équilibre parfait, oscillant entre repos et mouvement, silence et bruissements. |
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Mais déjà, le regard se détache du chemin. Il est irrémédiablement attiré vers l’horizon. Les Mythen, veilleurs solennels, appellent. Ils ne sont plus seulement un décor, ils deviennent une promesse. Une destination inéluctable.

Section 3 : En route pour les alpages

Aperçu général des difficultés du parcours : à 15%, et souvent bien au-dessus, avec quelques replats pour reprendre son souffle. Parcours très exigeant.

Le périple s’entrelace encore harmonieusement avec le cours de la rivière, glissant d’une rive à l’autre avant de se fondre dans l’horizon, tout là-bas vers Brunni, un village cul-de-sac à mi-pente dans le vallon, que la Via Jacobi dédaigne, car elle a un autre programme tout aussi affriolant pour vous. |
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Émergeant désormais au lieu-dit Malosen, les vacances s’effacent, laissant place à l’ardente symphonie du labeur qui s’apprête à débuter.

Tel un joyau ciselé par le temps, le Chemin de Compostelle en Suisse se pare de la plus exquise des éminences. Un large chemin rocailleux s’élève, défiant par moments des pentes vertigineuses de plus de 30%. Sur plus d’un kilomètre, il escalade les hauteurs boisées, amorçant son envol avec une vigueur saisissante, enveloppée par l’ombre furtive des conifères. |
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Les pierres anguleuses malmènent vos pieds, tandis que les épicéas, les hêtres et les sapins, offrant une ombre avare, accompagnent le chemin qui s’étend largement devant vous. |
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Aux confins de la forêt, la déclivité se réduit légèrement, demeurant toutefois abrupte, inflexible. Par intermittence, les fourrés tentent de s’approprier l’espace, mais en Suisse, les chemins sont soignés. |
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L’étreinte de la forêt se relâche alors, laissant émerger une clairière ceinte de barrières, réservée aux pas des hommes, interdisant l’accès au bétail. |
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Désormais se dressent, majestueux, les deux Mythens, offrant leur splendeur à contempler. Certes, ils n’ont pas la stature du Cervin, mais leur charme presque humain est indéniable. À leurs pieds, se blottissent les modestes chalets d’alpage, jalonnant le chemin. Les Mythen, modestes géants, s’élèvent à moins de 2000 mètres d’altitude.

Plus avant, le chemin se rétrécit, et un sentier forestier fort pentu, virevolte entre praires et bosquets. C’est l’unique passage un peu étroit de la montée, qui se pratique surtout sur de larges chemins, le plus souvent caillouteux. Le chemin se dirige alors d’un humble oratoire, où quelques prières pourraient s’élever dans l’espoir d’atténuer la pente. Mais les implorations resteront vaines. L’eau fraîche jaillit de la fontaine, tandis que l’ascension implacable se poursuit au cœur des alpages. |
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Les épicéas, seuls ou en petits groupes, s’agrippent aux flancs escarpés de la montagne, égayés par la présence de multiples chalets. Sont-ils des refuges d’alpage ou de simples résidences secondaires ? La réponse se perd dans la brume alpine, mais le confort qui s’en dégage éloigne toute notion de disette. |
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Un large chemin rejoint enfin un premier chalet d’alpage, près du lieudit Bruust. Celui-ci incarne à lui seul l’authenticité des pâturages helvétiques. Mais à cette saison, les vaches ont déjà regagné les vallées. L’ascension abrupte s’achève ici, laissant place à une pente plus douce, bien que non timide. Au loin, serpentent de modestes routes goudronnées, au service des éleveurs et des curieux. |
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De nombreux ruisseaux, souvent asséchés, dévalent les pentes, emprisonnés par les cailloux, tels de petits canyons. |
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À nouveau, la pente se fait plus sévère sur les éboulis, et le chemin atteint le lieu-dit Bogenfang, où l’animation est plus palpable.
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En effet, une étroite route serpente depuis Brunni, tandis qu’un espace de pique-nique, semblable à tant d’autres dans la contrée, s’offre aux habitants. Un tel geste d’hospitalité nécessiterait-il une réservation préalable ? L’accès en voiture est possible, bien que la route soit cahoteuse.

Le lieu est pris d’assaut, et une pause déjeuner semble compromise. Puis le chemin grimpe sur les éboulis. Si près des Mythen, on pourrait presque les toucher du bout des doigts. L’apparente sauvagerie des sommets se tempère par la présence d’épicéas jusqu’à leurs plus hautes cimes. Les sommets, revêtus de leurs manteaux d’épicéas, semblent même apprivoisés par la main de l’homme. |
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Puis, le chemin s’apaise quelque peu dans les alpages, où les ruisseaux du Lümpenenbach chantent doucement leur mélodie cristalline. |
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Mais l’ascension n’est pas terminée, et les pentes abruptes des prairies reprennent leur diktat implacable. |
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Aux frimas de l’hiver, les pentes accueillent les skieurs, à l’ombre des Mythen.

Presque au sommet, l’ascension s’adoucit quelque peu dans l’alpage. Mais la relativité de la douceur n’est qu’illusion. |
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Peu après, l’horizon s’ouvre sur les alpages de Gummen et leurs petits chalets, prélude à une félicité annoncée. |
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Un modeste chalet se dresse ici, offrant fromages d’alpage, fromages de chèvre, yogourts et beurre à qui saura apprécier ces délices. La langue allemande devient alors le passeport pour la découverte de saveurs authentiques. |
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Un dernier effort, et voici le col de Hagenegg, point culminant du Chemin de Compostelle en Suisse, surpassant même le col du Brünig, unique en son genre. De 885 mètres à Einsiedeln, vous avez atteint ici les 1404 mètres d’altitude. Si les pèlerins regrettent parfois la présence de véhicules, les aubergistes, eux, accueillent ce flot de visiteurs avec empressement. Une route sinueuse accueille d’ailleurs les touristes et les skieurs de l’autre côté de la vallée, animant régulièrement ce lieu prisé. |
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La descente s’amorce sous le regard bienveillant des clients assis sur la terrasse du restaurant du col de Hagenegg. |
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Section 4 : Un tremplin pour la vallée

Aperçu général des difficultés du parcours : à 15%, et souvent bien au-dessus, avec quelques replats pour reprendre son souffle. Parcours très exigeant, un des plus sévères du chemin de Compostelle en Suisse.

La descente du col, tant attendue après l’ascension triomphante, réserve son lot de défis. Un périple où chaque pas est un ballet entre le délice et l’étreinte, une symphonie orchestrée par les murmures des feuillages. Que d’émerveillement en perspective ! Cependant, cette descente, redoutée par bien des marcheurs, réclame davantage encore que l’ascension elle-même. Près de 1000 mètres de dénivelé jusqu’au lac, avec des pentes parfois vertigineuses, en moyenne au-dessus de 15%. Les genoux fléchissent, les chevilles soupirent, tandis que les ischio-jambiers appellent au secours !
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Dès les premiers pas, un mauvais sentier se dérobe, se fondant dans l’exubérance des buissons et des herbes folles. Entre les arbres, la pénombre s’épaissit, déployant ses voiles de mystère, tandis que le sol, tapissé de mousse moelleuse, invite au recueillement. Entre les frondaisons, le sentier dévale, se faufilant avec grâce entre les feuillus, mêlant les rejets de hêtres, les épicéas et les herbes folles, de part et d’autre des imposants Mythens. Il danse avec malice aux côtés des minuscules affluents du Nietenbach, badineries aquatiques qui s’amusent à traverser le chemin, jaillissant de l’ombre pour mieux se dissoudre dans le néant. Cette épreuve implacable s’étire sur près de deux kilomètres, oscillant entre plaisir et supplice, selon votre endurance et l’état de vos articulations. |
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Plus bas, le sentier se métamorphose, s’élargit, se déployant dans une forêt qui prend vie, où les arbres murmurent des secrets. |
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Au-dessus, les Mythen se drapent dans les brumes, gardiens silencieux des mystères de l’âme, leurs sommets effleurant les nuages dans une étreinte céleste.

La descente, véritable dégringolade vers la civilisation, s’étire sur l’horizon, sinueuse et capricieuse. Le chemin, tour à tour étroit puis plus large, s’amuse à épouser les méandres du paysage, sur plus de 4 kilomètres, caressant du regard les arbres dénudés, droits comme des soldats en parade. |
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Plus bas, la pente s’adoucit et le Nietenbach s’enorgueillit de plus d’eau, dansant avec élégance entre les pierres moussues. La nature, dans toute sa splendeur sauvage, dévoile ses secrets les plus intimes à ceux qui osent s’aventurer dans ses profondeurs mystérieuses. |
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Beaucoup plus bas, au lieudit Brändli, un oratoire se dresse, humble sentinelle, où les prières des pèlerins peuvent s’élever, soit pour implorer le ciel de suspendre la pluie ou de remercier les cieux pour le don précieux de l’éclaircie. |
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Ici, la Via Jacobi retrouve la route. Elle hésite, entre clairières et forêts, égrenant ses doutes dans le murmure des arbres. Chaque virage révèle une nouvelle surprise, une nouvelle énigme à résoudre pour les voyageurs intrépides. |
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Plus bas, la civilisation réapparaît, timide et discrète, au détour de la route. Les signes de la vie se dessinent à travers les arbres, annonçant le retour à la réalité après un voyage éprouvant dans les méandres de la nature sauvage. Alors, la forêt cède la place aux prairies, mais la pente persiste, insoumise. |
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À l’horizon, émerge comme un mirage dans le désert l’un des bras du Lac des Quatre Cantons, l’éclat bleuté du lac promettant un sourire de bonheur. Puis, la route s’enfonce à nouveau dans un dédale de sous-bois, avant de rejoindre le carrefour menant au paisible hameau de Stoffels. |
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Section 5 : Un petit coup de canif chez Victorinox, entre Schwyz et Imbach

Aperçu général des difficultés du parcours : cela descend encore, avec quelques jolies pentes, mais on en voit la fin.

La route s’engage alors sur une déclivité douce, contournant les secrets d’un sous-bois où murmure le Nietenbach, devenu ruisseau alerte dans ce vallon enjôleur. Telle une chorégraphie naturelle, l’eau s’égare en arabesques, esquissant des lignes aussi fines que les dents d’un peigne.
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Dans cette fraîcheur enchanteresse, la cascade déploie ses charmes, un tableau vivant où chaque gouttelette compose une mélodie éphémère.

La route, fière de sa raideur, conduit inlassablement vers la plaine, refusant de s’apaiser malgré une pente qui défie les lois de l’apesanteur, oscillant à plus de 15%. Et là, telle une scène peinte par les mains d’un artiste céleste, se dessine le panorama, Brunnen, gemme scintillante posée au bord du lac. |
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Au détour de cette route impétueuse, se profile le village de Ried, un souffle de vie éphémère dans le ballet incessant des paysages.
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Si l’on ose lever les yeux, on devine les Mythen, ces sentinelles immémoriales veillant sur la vallée, leur silhouette majestueuse se découpant sur la toile azurée du ciel.

Puis, dans un ultime soubresaut, la route caresse une dernière fois le Nietenbach, ce compagnon de descente avec qui s’amusaient les jeux innocents du cache-cache, avant de s’évanouir dans les hauteurs de Schwyz. |
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Une citadelle imposante se dresse, témoin du temps qui s’étire, où se niche un vénérable établissement éducatif, érigé par les Jésuites au crépuscule du XIXe siècle. Aujourd’hui, l’école et les couloirs de l’administration cantonale y murmurent leurs secrets. Les Jésuites, on les a vite oubliés en Suisse. Présents depuis le XVIe siècle, où ils ont œuvré pour l’éducation dans les cantons catholiques, ils furent longtemps pourchassés, puis bannis suite à la guerre du Sonderbund en 1847, une interdiction inscrite dans la constitution. On élimina le texte en 1970, à une faible majorité (56% des votants). Aujourd’hui, ils sont une centaine dans le pays. |
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Là, la Via Jacobi, comme mue par un souffle divin, s’arrime au cœur même de la cité. Schwyz, berceau de 14’500 âmes, bat au rythme du canton qui lui prête son nom. |
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Une statue, fière sentinelle, trône en son centre, éveillant les âmes à la gloire passée, tandis que les méandres des agences touristiques exaltent la grandeur de la place, cœur vibrant de Schwyz. Illusion éphémère, car en vérité, la place n’est qu’un îlot enserré par le flot incessant des voitures. |
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Cependant, l’hôtel de ville baroque, joyau du XVIIe siècle, brûla jadis sous les flammes du chaos, pour renaître tel un phénix, paré de fresques contant la guerre de Morgarten. Témoignage des temps anciens, abritant les secrets des débats, l’équité pesée sur ses balances, et les ombres des fauteurs de trouble dans ses geôles. Hélas, son écrin s’assombrit par la laideur environnante, balafre d’un temps révolu.

Les passionnés d’histoire, tels des pèlerins suisses avides de connaissances, arpentent la Banhofstrasse jusqu’au musée des chartes fédérales, ultime sanctuaire du pacte de 1291, qui vit éclore la confédération helvétique. Tout près, se dresse le Hofstatt Ital Reding, édifice du XVIIe siècle, véritable ode à la poésie architecturale, éclatant d’une beauté intemporelle. L’église St Martin, témoin des siècles écoulés, émerge des cendres du passé, parée de ses atours baroques, symbole de résilience et de foi. |
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Puis, la Via Jacobi s’éloigne de Schwyz, telle une vagabonde suivant les méandres de la RN8. Chapelles et églises essaiment ici, énigmes de piété dissimulées derrière des façades austères. Car Schwyz, terre de tradition catholique, voit fleurir ses lieux de culte, témoins silencieux d’une foi ancestrale, alors que seuls 10% osent se tourner vers la réforme. |
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Plus bas, Ibach s’étend, patrie du couteau suisse Victorinox, symbole d’une ingéniosité helvète façonnée dans le monde entier. Ici, les flots de la prospérité se mêlent aux bâtiments modernes, témoins d’une industrie florissante, où chaque jour, 25 000 outils rouges prennent vie. |
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Il y a de l‘argent ici à voir le centre commercial qui borde la nationale.

Pourtant, Victorinox, dans l’ombre de son succès, s’entoure de bâtisses moins flamboyantes, témoins discrets de son labeur quotidien, là où la Via Jacobi délaisse la RN8. |
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Derrière les murailles de l’entreprise, elle poursuit sa quête, croisant le Tolbach, effleurant les murs d’une chapelle modeste, avant de suivre le chant doux du ruisseau. |
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Peu après, elle effleure l’église de St Anton, avant de se fondre dans le cœur d’Imbach. Chapelles et églises, piliers de la piété locale, se fondent dans le paysage, échos d’une foi enracinée. |
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Là, la Via Jacobi croise la Muota, cours d’eau majestueux, fidèle complice de la nature, se jetant dans le lac, là où Brunnen attend, paisible et accueillant. |
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Une petite route s’échappe d’Ibach près d’une chapelle rénovée, fière gardienne des siècles passés. |
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Puis, un sentier serpente délicatement au cœur des prairies, offrant le spectacle des fermes, véritables havres d’ordre et de propreté. |
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Ici, la vie respire dans chaque recoin, jamais une parcelle de terre ne dépasse, témoignant de l’harmonie entre l’homme et la nature. Il n’y a jamais un tas de fumier qui dépasse. |
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Un oratoire, tel un joyau oublié, se dresse au milieu des prés, offrande humble à la grâce divine, perdu dans l’immensité des champs verdoyants. Les églises et les chapelles ne se comptent plus dans la région. |
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Section 6 : La Via Jacobi arrive au Lac des 4 Cantons

Aperçu général des difficultés du parcours : parcours sans aucune difficulté.

Le chemin s’élève gracieusement sur la colline, serpentant à travers les fermes qui parsèment le paysage. Au-delà, les cerisiers émaillent le chemin, témoignant de la renommée du canton en tant que producteur de kirch. Dans l’ensemble, les demeures agricoles revêtent une modestie nouvelle, contrastant avec l’opulence d’antan dans le canton de St. Gall. Longtemps négligé, Schwyz tente de se refaire une beauté.
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Plus loin, la Via Jacobi converge avec une route, offrant passage au charmant hameau d’Unterschönenbuch, où se dresse majestueusement la chapelle baroque de Katrinakapelle. Érigée au XVIe siècle, elle a traversé les âges, restaurée avec soin au siècle précédent.
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Une petite route dévale alors vers Brunnen, s’arrêtant devant un amas de bois qui incarne à lui seul l’essence du pays : l’ordre et un raffinement que l’on pourrait qualifier de baroque. |
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Le parcours longe bientôt une modeste zone industrielle, passe sous l’ombre de l’autoroute.
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Par la suite, la Via Jacobi entame une ascension, d’abord par un sentier sinueux, puis le long de la route qui mène aux hauteurs de Brunnen. |
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Le périple conduit à Ingelbohl, sur la colline de Brunnen, où se dresse fièrement un vaste cloître. Fondé au XIXe siècle par les capucins, cet édifice sacré abrite désormais l’ordre des Sœurs de Charité de la Croix, avec 3’200 sœurs réparties dans 17 pays. On y trouve également une école privée ainsi qu’un internat pour jeunes filles, le Theresianum, une véritable institution dans le pays. |
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Du cloître, un escalier dévale vers la plaine, à proximité d’une ferme offrant gîte dans sa paille. De là, la gare ou le lac sont aisément accessibles. |
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Bien que juridiquement rattachée à la commune d’Ingelbohl, Brunnen attire les foules en raison de son port pittoresque et de ses rives lacustres. Vous êtes aux abords du Lac des Quatre Cantons, où les cantons d’Uri, de Schwyz, d’Unterwald et de Lucerne se mirent. Le spectacle est tout simplement magistral, avec les montagnes qui se reflètent dans les eaux paisibles du lac et les embarcations qui glissent le long de ses berges. |
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Non loin du port, un discret canal murmure paisiblement. Les restaurants et hôtels alentour débordent de charme et d’authenticité. |
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Après le serment solennel prêté en 1291 sur la prairie du Rütli par les trois cantons fondateurs d’Uri, de Schwyz et d’Unterwald, l’alliance fut renouvelée en 1315 à Brunnen, scellant ainsi leur destin commun face aux oppresseurs étrangers. La chapelle de Brunnen, également appelée chapelle confédérale, se dresse sur le lieu présumé de ce serment historique. |
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À mesure que le crépuscule enveloppe le Lac des Quatre Cantons, son charme magique s’intensifie. |
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Logements sur la Via Jacobi
- Martin Kälin, Tracslauertrasse 4a, Trachslau; 055 412 10 44 ; d’hôte, petit déj.
- B&B Schuler-Marty, Dorfstrasse 54, Alpthal ; 055 412 15 61 ; Ch. d’hôte, petit déj.
- B&B Mythenstube, Dorfstrasse 50, Alpthal ; 055 556 83 89 ; Ch. d’hôte, petit déj.
- Gasthaus Alpschloss zum Pfauen, Dorfstrasse 33, Alpthal ; 055 412 28 18/079 505 51 58 ; Ch. d’hôte, petit déj.
- Berggasthaus Hagenegg, Hagenegg; 041 811 17 74 ; Hôtel, repas, petit déj.
- Steinstöckli, Rickenbachstrasse 33, Schwyz; 041 810 10 51 ; Ch. d’hôte, cuisine
- Hirschen Backpacker Hotel, Hinterdorfstrasse 14, Schwyz; 041 811 12 76 ; Hôtel**, repas, petit déj.
- Wysses Rössli, Am Hauptplatz, Schwyz ; 041 811 19 22 ; Hôtel****, repas, petit déj.
- Cheng Chuan Hotel Post, Schmiedgasse 92, Ibach ; 041 811 16 53 ; Hôtel, repas, petit déj.
- Diti Nisi Restaurant, Schmiedgasse 92, Ibach; 041 810 18 41 ; Hôtel, repas, petit déj.
- Kloster Ingebohl, Schönenbuchstrasse 2, Ingebohl, Brunnen ; 041 825 24 50 ; d’hôte, petit déj.
- Schlafen im Stroh, Famile Bucheli, Schulstrasse 26, Brunnen ; 041 820 06 70 ; d’hôte (paille), repas, petit déj.
- Gasthaus Rosengarten, Bahnhofstrasse 33, Brunnen ; 041 820 17 23 ; Hôtel, repas, petit déj.
- Gasthaus Ochsen, Bahnhofstrasse 18, Brunnen ; 041 820 55 66 ; Hôtel***, repas, petit déj.
- Brunnerhof, Gersauerstrasse 3, Brunnen; 041 820 17 56 ; Hôtel***, repas, petit déj.
- Weisses Rössli, Bahnhofstrasse 8, Brunnen; 041 825 13 00 ; Hôtel***, repas, petit déj.
- City-Hotel, Gersauerstrasse 21, Brunnen; 041 825 10 10 ; Hôtel****, repas, petit déj.
- Seehotel Waldstätterhof, Waldstätterquai 6, Brunnen; 041 825 06 06 ; Hôtel****, repas, petit déj.
Il n’y a pas de grandes difficultés de trouver un logement sur cette étape. Vous êtes en fin d’étape en ville, avec tous les commerces. Réservez tout de même par sécurité.
N’hésitez pas à ajouter des commentaires. C’est souvent ainsi que l’on monte dans la hiérarchie de Google, et que de plus nombreux pèlerins auront accès au site.
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Etape suivante : Etape 6: De Brunnen à Stans |
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