Les chemins de Compostelle en Suisse
Pour de nombreux pèlerins de Compostelle, la Suisse est hors contexte. Pour eux, le Chemin part du Puy-en-Velay, le plus souvent, et va jusqu’à Santiago en Galicie. Un point c’est tout. Ils oublient simplement que le Chemin de Compostelle en Suisse est sans doute un des plus beaux de tous les chemins qui vont vers Compostelle. Le parcours suisse est juste un plaisir renouvelé chaque jour, passant d’une vallée verdoyante pour une autre plus belle et plus verte encore. Les paysages ressemblent à des cartes postales, et ce n’est pas un cliché que de le dire. Il ne manque que les cors des Alpes pour donner vie musicale. Des fermes et des maisons au charme indéniable montrent la voie au milieu des forêts et des pâturages. Vous resterez bouche bée à admirer les pâturages vallonnés et les vaches grises ou les Simmental qui se succèdent à perte de vue, avec ici et là, une ferme isolée. Les villages et les petites villes, surtout en Suisse alémanique, sont de vrais bijoux, avec leurs pignons typiques, leurs façades de pierre ou de bois, et leurs encorbellements en bois peints ou sculptés. Oui, la Suisse est à elle seule un musée vernaculaire à ciel ouvert. Le parcours traverse toute la Suisse d’est en ouest, du lac de Constance au lac Léman, au pied des Alpes, au milieu des chapelles, des églises et de hauts lieux qui ont fait l’histoire de la Suisse d’origine.
Même si le pays est très montagneux, tout le monde le sait, le parcours se pratique sur des dénivelés non insurmontables. Le point culminant n’est qu’à 1400 mètres d’altitude. Et puis, il y a les lacs de la Suisse centrale, et pas seulement Lucerne et Interlaken, qui attirent les touristes du monde entier avec frénésie. L’herbe et les vaches jalonnent le parcours, si ce n’est qu’il faut tout de même passer par les grandes villes, tant le pays est petit. Mais les villes, souvent avec un cœur médiéval, sont toutes plus belles les unes que les autres. En partant du lac de Constance, à la frontière austro-allemande, vous passerez successivement par St Gall, Rapperswil, les petites villes de la Suisse primitive, puis Fribourg, Lausanne et Genève. Les parcours vous permettent aussi de faire aussi un crochet à Bâle, Lucerne ou Berne. En traversant le pays, vous aurez sans doute l’occasion, si vous êtes étranger, de vous faire une idée plus vraie de la Suisse, où il n’y a pas que des banques. Le pays est avant tout de nature agricole, en dehors des grandes agglomérations. Certes, le franc suisse est fort, avec un taux de change parfois difficile pour le pauvre citoyen de la zone Euro. Mais, les accueils jacquaires, où on peut choisir son écot à verser, abondent sur le trajet.
L’histoire des Chemins de Compostelle en Suisse est une histoire récente. Certes, un faisceau de chemins jacquaires traversait le pays depuis le moyen-âge. De tous temps, la collégiale d’Einsiedeln a représenté un must dans les pèlerinages. Mais, il fallut attendre 1989 pour que les Amis du Chemin de Compostelle et la Fédération suisse de tourisme pédestre (FSTP) accordent leurs violons pour tenter de baliser des chemins possibles à travers le pays. Ainsi sont nées les voies partant de la vallée du Rhin par Bâle, de la Souabe allemande par Schaffhouse et Constance, de la Bavière allemande et de l’Autriche par Rorschach et Feldkirch, et même le Tyrol italien par les Grisons par Coire. En Suisse, ceci se traduit par le vocable de Via Jacobi (Jacobsweg). La Via Jacobi offre la possibilité de choisir entre 33 diverses variantes à travers le pays. Les différents chemins suisses convergent vers Genève, là en fait où part GR 65 vers Le Puy-en-Velay.
Voici les trois modalités de parcours que nous décrirons pour le Chemin de Compostelle en Suisse :
Qui utilise la Via Jacobi en Suisse ? Ces voies sont principalement dédiées aux randonneurs locaux. Cependant, les pèlerins en provenance des pays germaniques et des pays de l’Est transitent par la Suisse pour gagner Le Puy-en-Velay via Genève. Les pèlerins suisses, eux, se branchent usuellement sur le chemin à partir de leur lieu de résidence. Que vous soyez étranger ou suisse désireux de débuter le chemin de Compostelle à la frontière, le départ principal est au niveau du lac de Constance, le Bodensee. Il y a deux portes d’entrée principales : Kreuzlingen (CH) qui jouxte Konstanz (D) ou Rorschach (CH). Le point de départ, surtout pour les étrangers, est fonction du parcours des pèlerins en Allemagne ou en Autriche. Pour la plus grande partie, ils arrivent à Konstanz. D’autres arrivent à Bregenz, à Lindau, à Bâle ou à Feldkirch. Ceux qui arrivent vers le lac de Constance peuvent commencer la via Jacobi soit à Konstanz, soit à Rohrschach. Le bateau permet aisément de naviguer d’un point à l’autre sur le lac.
Quel chemin choisir pour gagner Rapperswil ? Celui de Konstanz ou celui de Rorschach ? En distance, ils sont assez équivalents. Si vous avez le choix, préférez la voie de Rorschach, car elle permet de passer à St Gall, de visiter le merveilleux centre-ville de la cité, ses maisons bourgeoises, construites du XIVème au XVIIIème siècle, avec leurs façades colorées, et par-dessus tout le domaine collégial, inscrit au Patrimoine mondial de l’UNESCO, avec sa cathédrale baroque du milieu du XVIIIème siècle. C’est ici que vous pouvez pénétrer dans la bibliothèque bénédictine du couvent et ses 170’000 livres. La Via Jacobi est tout de même un chemin qui fait plus de 450 kilomètres. Cela représente souvent plus de 20 kilomètres de marche par jour, avec souvent des dénivelés qui ne sont pas insignifiants.
Pour naviguer dans le site, vous pouvez choisir le parcours de votre choix. Il vous suffit d’entrer dans le site sur le parcours que vous désirez suivre, selon votre lieu d’entrée dans le pays.
- La Voie de Rohrschach (Via Jacobi 4)
- L’alternative de la Via Jacobi 4 par Lucerne et Berne
- La Voie de Bâle par la Via Jura, puis retour à la Via Jacobi 4 à Moudon