Nous l’avons dit plus haut, lorsque le parcours arrive à Neuhaus, c’est une région plus peuplée, où les villages se touchent presque jusqu’à Rapperswil. La densité n’est pas si forte, mais le bassin de Rapperswil est assez peuplé, étant donné la proximité de Zürich. Une bonne solution est d’oublier la voie qui va directement vers Rapperswil, et de descendre sur le lac de Zürich. Toutefois, ici à Schmerikon, une autre option s’offre à l’âme vagabonde. Vous pouvez choisir de faire fi de Rapperswil et de tracer directement votre chemin vers Einsiedeln. Car en vérité, contrairement à l’opinion répandue, la Via Jacobi 4 ne transite pas par Rapperswil, ce qui, à notre avis, est un tort.
Cette étape s’étire sur une distance respectable de 30 kilomètres à pied, ponctuée par deux phases distinctes et saisissantes. La première moitié se déroule essentiellement dans la plaine, ourlée de bourgs animés. C’est là que l’autoroute A3, filant de Zürich aux Grisons, trône majestueusement. Quant à la seconde portion, elle dévoile l’un des panoramas les plus enchanteurs du Chemin de Compostelle en Suisse, s’étirant à travers alpages et forêts qui surplombent le lac. Si le terrain s’élève parfois abruptement, sa beauté n’a d’égal que sa grandeur. Ainsi se dresse devant vous le dilemme cornélien entre deux étapes exquises, chacune rivalisant de beauté et de charme, mais seulement en partie. Les maîtres d’œuvre de Schweiz Mobil auraient pu sans doute orchestrer une union plus harmonieuse entre ces deux joyaux du chemin, car la traversée du pont sur le lac à Rapperswil reste gravée à jamais dans les mémoires. En revanche, sur cette portion de la Via Jacobi 4, plus de 16 kilomètres de marche s’étendent sans relief majeur dans la plaine, offrant un tableau dépourvu de l’éclat enivrant des sommets et des panoramas alpins. On vous laisse le choix.
Nous avons divisé l’itinéraire en plusieurs sections, pour faciliter la visibilité. Pour chaque tronçon, les cartes donnent l’itinéraire, les pentes trouvées sur l’itinéraire et l’état du parcours (routes ou chemins). Les itinéraires ont été conçus sur la plateforme “Wikilocs”. Aujourd’hui, il n’est plus nécessaire d’avoir des cartes détaillées dans votre poche ou votre sac. Si vous avez un téléphone mobile ou une tablette, vous pouvez facilement suivre l’itinéraire en direct.
Degré de difficulté : Sur cette donne de la Via Jacobi 4, cette entreprise n’est pas dénuée de dénivelés significatifs (+790 mètres/-298 mètres), bien que la longueur de l’étape atténue quelque peu leur impact. En vérité, l’ascension jusqu’au col d’Etzel réclame un effort supérieur à celle depuis Rapperswil, marquée par une légère montée après Tuggen. Le début du parcours, hormis cette élévation à Tuggen, se déroule sans heurts sur près de 16 kilomètres, jusqu’à ce que Hüsteten se profile à l’horizon. À partir de là, c’est une ascension ardente de plus de 7 kilomètres, grimpant presque 500 mètres en altitude, qui attend les voyageurs jusqu’au col d’Etzel. Une fois le col franchi, vous connaissez la suite de l’étape précédente.
État du parcours : Le bitume revêt une prédominance indéniable, un regrettable contraste avec la splendeur du parcours qui s’offre à nos pas :
Goudron : 22.1 km
Chemins : 7.9 km
Ce n’est évidemment pas le cas pour tous les pèlerins d’être à l’aise avec la lecture des GPS et des cheminements sur un portable, et il y a encore de nombreux endroits sans connexion Internet. De ce fait, vous trouvez sur Amazon un livre qui traite de ce parcours.
Si vous ne voulez que consulter les logements de l’étape, allez directement au bas de la page.
Parfois, pour des raisons de logistique ou de possibilités de logement, ces étapes mélangent des parcours opérés des jours différents, ayant passé plusieurs fois sur sur ces parcours. Dès lors, les ciels, la pluie, ou les saisons peuvent varier. Mais, généralement ce n’est pas le cas, et en fait cela ne change rien à la description du parcours.
Il est très difficile de spécifier avec certitude les pentes des itinéraires, quel que soit le système que vous utilisez.
Pour les “vrais dénivelés ”et pour les passionnés de véritables défis altimétriques, consultez attentivement les informations sur le kilométrage au début du guide.
Section 1 : Le long des canaux et des rivières
Aperçu général des difficultés du parcours : parcours sans aucune difficulté.
La Via Jacobi s’éloigne prestement de Schmerikon, s’orientant vers la rade et les vastes terrains de jeu.
Là, elle se déroule le long de l’Aabach sur un sentier de gravier généreusement large, parfois suggérant une certaine propension au marécage. La scène évoque par moments une toile où les reflets de l’eau semblent se mêler à la végétation, créant une atmosphère à la fois mystérieuse et captivante.
Peu après, elle franchit la rivière sur un pont de bois aux allures rétro, héritage du début du XXème siècle, témoignage palpable du passage du temps et de l’histoire qui s’est tissée le long de ces rives.
Un peu plus loin, une modeste chaussée goudronnée s’étend, se fondant harmonieusement dans les prés où s’épanouissent de majestueux chênes et des érables au port altier. C’est là un chemin qui semble s’offrir au voyageur, l’invitant à s’immerger dans la splendeur de la nature environnante.
Le trajet sur cette voie bitumée est bref, et bientôt, la Voie Jacobi découvre un pont métallique s’élançant au-dessus des eaux sombres du Steinenbach, affluant parallèle à la Linth. Là, l’acier se courbe gracieusement, telle une danse avec les éléments, offrant au marcheur un passage sûr et solide au-dessus des flots.
La Linth, sœur jumelle du Steinenbach, s’offre alors au regard des marcheurs, témoignant d’une histoire où les éléments naturels se sont courbés à la volonté humaine, canalisés dans leurs méandres par des mains habiles. Le sentier de gravier s’étire paisiblement entre ces deux cours d’eau, offrant au marcheur un spectacle où la poésie des méandres fluviaux se mêle à la quiétude des berges.
Ici, ces deux rivières, bien que naguère impétueuses, ont été domptées, canalisées, comme pour mieux souligner la main de l’homme dans le paysage. Et alors que le canton de Saint-Gall frôle la frontière, il n’est guère rare de croiser le long du chemin des baraquements militaires, qui ne sont pas des rappels muets de temps anciens et de conflits oubliés, mais souvent des dépôts d’armes ou de munitions. La Suisse reste un une nation très armée encore aujourd’hui.
L’imposante silhouette de la tour de Grynau se profile soudain, énigmatique gardienne d’un passé trouble, érigée sans date précise mais chargée de légendes et d’incertitudes. Longtemps considérée comme une sentinelle romaine, elle demeure pourtant étrangement dénuée d’artefacts de cette époque. Témoin des âges, elle fut tour à tour bastion des Habsbourg puis demeure des comtes de Toggenburg au Moyen Âge. De demeure fortifiée à repaire stratégique, elle a traversé les siècles, gardienne silencieuse des vicissitudes de l’histoire.
La région a revêtu une importance stratégique indéniable, témoignant des luttes acharnées entre Autrichiens, Suisses et Français. Des batailles épiques ont ensanglanté ces terres disputées, où les rivalités locales entre Schwyz, Saint-Gall et Zurich ont souvent été exacerbées par la possession du château de Grynau. Jadis poste douanier, la tour surplombait la Linth avant sa rectification, contrôlant ainsi le flux des marchandises et des hommes, incarnant la frontière mouvante entre les cantons. Le récit embrasse l’évolution du temps, où les frontières s’effacent, où les douanes disparaissent, et où la tour, jadis témoignage de pouvoir et de domination, se métamorphose en havre paisible, abritant désormais les activités d’un restaurant voisin. Telle un phénix renaissant de ses cendres, la tour de Grynau survécut à l’incendie dévastateur de 1906 pour reprendre sa place dans le paysage, symbole d’une résilience qui transcende les épreuves.
Quoiqu’il en soit, aujourd’hui, ici on traverse la Linth et on quitte le canton de St Gall pour le canton de Schwyz.
Et c’est ainsi qu’un étroit sentier serpente le long de la route, à travers champs et sous-bois de hêtres.
Section 2 : Une petite bosse, juste pour s’échauffer
Aperçu général des difficultés du parcours : à plat, puis montée sans grand problème.
Peu après, tel un voyageur solitaire en quête d’authenticité, la Via Jacobi se détourne des sentiers battus pour s’élever avec une douce inclinaison vers un bois touffu de feuillus, où les majestueux chênes règnent en maîtres. Jadis, cette contrée tout entière était engloutie sous les eaux d’un vaste marécage, dont le souvenir s’est estompé au fil du temps, emporté par les méandres de la Linth canalisée.
Dans le canton de Schwyz, bastion de tradition catholique immuable malgré les vents de la Réforme, le chemin serpente paisiblement à travers les frondaisons, contemplant le long calvaire qui ponctue le paysage.
Le chemin franchit ensuite le seuil de la Chapelle de la Sainte Trinité Linthbord, érigée à la fin du XVIème siècle, au sein d’un écrin de verdure, témoignant d’une époque révolue où les miracles semblaient inscrits dans les pierres. Cette merveille gothique, initialement dédiée à la mémoire d’Anneli, celle qui retrouva le don de la marche par une grâce céleste, a récemment bénéficié d’une restauration salvatrice au cours du siècle écoulé. Une source limpide jaillit à ses pieds, offrant son eau salvatrice aux voyageurs assoiffés.
Plus loin un large chemin se déroule en direction de la banlieue champêtre de Tuggen, où l’activité agricole rythme la vie des habitants.
Après avoir traversé les modestes zones industrielles, la Via Jacobi s’engouffre dans le cœur battant du bourg, où résident quelque 3’500 âmes. Ces paisibles bourgades, nichées aux abords des autoroutes, accueillent en leur sein une population de pendulaires, épris du calme campagnard, tout en entretenant des liens étroits avec les métropoles bruyantes telles que Zurich et St. Gall. Des lotissements flambant neufs ponctuent le paysage, témoignant de l’essor démographique qui transforme ces contrées jadis endormies.
L’observateur attentif ne manquera pas de remarquer, au détour des ruelles, la symbiose entre les vieilles demeures chargées d’histoire et les résidences modernes aux lignes épurées. Autrefois, les échos des industries du bois et du textile résonnaient dans ces vallées, mais aujourd’hui, ces activités ont cédé le pas à l’ère moderne, laissant derrière elles des vestiges enfouis sous le poids des ans.
L’ascension se poursuit, la route gravissant avec détermination les flancs de la colline qui domine le bourg.
Au sommet du bourg, le paysage s’ouvre sur une campagne authentique, où les fermes ancestrales se dressent fièrement, imprégnant l’air d’une odeur enivrante de foin et de terre labourée.
Dans cette contrée, les fermes, moins opulentes que celles du voisin canton de St. Gall récemment quitté, arborent des toits où les bardeaux ont disparu, tandis que les géraniums et autres nains semblent s’être évanouis dans les brumes du passé. Seuls demeurent les amas de bois soigneusement agencés, où chaque bûche trouve sa place dans une harmonie bien ordonnée.
Plus loin, la route serpente à travers les vergers verdoyants, délaissant les cultures au profit d’une nature sauvage et préservée
Au loin, se profilent les silhouettes élégantes des fermes traditionnelles, cependant, dans cette région, la préférence semble aller aux hangars fonctionnels, symboles d’une modernité pragmatique.
Plus haut encore, au lieu-dit Röschli, la pente se fait plus douce, laissant place à un ruban d’asphalte qui se fond dans le paysage verdoyant des pâturages alentour.
C’est là, au sommet de la colline, que s’étendent de vastes prairies où les vaches paissent paisiblement, parmi lesquelles se distinguent les robustes BraunVieh, les Holstein brunes et les imposantes Simmental.
Au lieu-dit Schillig, la route amorce sa descente vers la plaine, tel un coursier qui regagne l’écurie après une longue chevauchée.
Section 3 : Une longue traversée de la plaine vers Siebnen
Aperçu général des difficultés du parcours : parcours sans aucune difficulté.
La route s’engage sur une pente suffisamment prononcée pour amorcer une descente vers les étendues verdoyantes des prés et des fermes, où s’étirent en une vaste vallée les imposants bourgs voisins de Siebnen et de Wangen.
Cette descente, brève mais pittoresque, se déroule parfois entre des arbres fruitiers côtoyant majestueusement les feuillus imposants et les noyers séculaires, ajoutant ainsi une touche bucolique à l’environnement.
Sur la colline, une ancienne demeure se dresse, ses bardeaux patinés par le temps, semblant presque figée dans une éternité ambiguë, où la frontière entre passé et présent s’efface. Est-elle toujours habitée, ou n’est-elle que le témoin silencieux d’un autre temps révolu ?
À la jonction de la descente, la Via Jacobi se fond harmonieusement dans une modeste route régionale. Bien que le trafic soit sporadique, la marche le long de cette voie exige néanmoins une certaine persévérance. Dans cette région où règnent les paysans, les troupeaux paisibles et les vergers de pommiers fertiles, chaque pas semble être une plongée dans l’authentique vie rurale.
Au carrefour de Wissenstein, la Via Jacobi dévie de son chemin vers Wangen pour s’orienter en direction de l’autoroute menant à Siebnen.
La petite route s’étendant à travers la campagne franchit alors l’obstacle imposant de l’autoroute A3, l’artère principale reliant Zurich à Coire, traversant majestueusement le canton de Schwyz.
À proximité, dans une discrétion presque timide, se dresse la LoretoKapelle, son toit coloré offrant un contraste subtil avec le paysage environnant. Sa porte, sans doute, reste rarement ouverte, gardant jalousement ses mystères.
Le long de cette interminable ligne droite s’étirent des exploitations agricoles, imposantes par leur taille dans ces contrées. Pour la première fois, le maïs se dévoile timidement, témoignant de la diversité agricole de la région. Toutefois, même ici, en dépit de l’abondance des pâturages, l’hiver exige un apport supplémentaire pour le bétail, une réalité à laquelle les fermiers doivent faire face.
À la fin de cette ligne droite, la petite route se faufile sous les voies ferrées, offrant un passage humble mais indispensable.
Le trajet prend alors un virage, accompagnant désormais les rails jusqu’à la gare de Siebnen, où la Via Jacobi semble finalement trouver momentanément son terme campagnard.
Depuis la gare, la Via Jacobi entame sa progression vers le cœur même de ce bourg paisible. Siebnen, avec ses 5’200 âmes, ne constitue pas une entité communale autonome, mais se trouve en lisière des trois bourgades voisines de Schübelbach, Galgenen et Wangen, plus modestes en taille. Les frontières s’entrecroisent au cœur de la cité, ajoutant une complexité singulière à sa gestion administrative.
Il est même possible, ici, d’acquérir des cloches, un détail qui ne surprend guère en terre suisse-allemande, mais pourrait étonner dans les rues animées de Zurich.
Au détour de la rue principale se dévoile la Nikolauskapelle, un véritable joyau caché à proximité de l’église paroissiale. Si l’extérieur de cette chapelle impressionne, c’est à l’intérieur que se révèlent toute sa splendeur et sa richesse, avec son autel sculpté et ses fresques murales dépeignant la vie de Saint-Nicolas de Myre. Les parties les plus anciennes de l’édifice remontent au XIIIe siècle, témoignant ainsi de la pérennité de la foi dans ces contrées.
Autrefois, lorsque la chapelle Saint-Nicolas rythmait la vie des fidèles par ses offices sporadiques, les paroissiens devaient entreprendre de longs périples jusqu’aux églises respectives de Schübelbach, Galgenen et Wangen, une tâche ardue surtout pour les plus jeunes et les plus âgés, particulièrement en saison hivernale. Il fallut attendre l’année 1925, avec l’accroissement de la population et des activités, pour que Siebnen se dote enfin de son église, l’église du Sacré-Cœur, un témoin de la croissance et de l’évolution de la commune.
En son centre, le bourg est traversé par le Wägitaleraa, la rivière ouvrant les portes de la vallée pittoresque du Wägital, prisée des touristes en quête d’authenticité. Jadis source de nombreux tracas, la rivière a depuis été canalisée, mais la Via Jacobi choisit de contourner cette vallée, laissant aux voyageurs le choix de l’explorer ou non.
Section 4 : D’un bourg à l’autre
Aperçu général des difficultés du parcours : parcours sans aucune difficulté.
La Via Jacobi s’éloigne des ruelles du bourg vers les lotissements contemporains. À cette sortie, une charmante échoppe bio ravit les marcheurs assoiffés d’authenticité et de produits locaux.
Cependant, peut-on réellement parler de sorties de bourgs dans cette région ? Les agglomérations semblent se fondre les unes dans les autres, se succédant sans répit.
Pourtant, une fine lisière d’herbe persiste parfois entre Siebnen et Galgenen, tandis que les majestueuses fermes s’effacent progressivement du paysage. Sont-elles destinées à disparaître un jour des terres du canton de Schwyz ?
La route se fraye alors un chemin à travers un territoire densément peuplé, mêlant vieilles bâtisses rustiques et lotissements modernes.
Mais subsiste-t-il encore cette réputation de canton rustique et reculé ? Car ici, dans ces contrées, une diversité de peuples et de cultures s’entremêle, travaillant et vivant côte à côte.
Galgenen se dresse alors sur le chemin, avec ses 5 200 âmes et son étendue bourgeoise. Mais la Via Jacobi, elle, préfère suivre le cours sinueux de la rivière Fisibach, délaissant le cœur même de la cité.
L’habitat ici se pare d’un étrange mélange, où fermes séculaires, vieilles demeures et nouveaux lotissements se côtoient en une harmonie singulière. Mais ce qui surprend, c’est la proximité, l’intégration des constructions modernes au sein même du patrimoine ancien, une particularité rare, surtout en Suisse romande.
Plus loin, la route croise la chapelle Saint-Jost, édifiée à la fin du XVIᵉ siècle et remodelée au cours du siècle suivant. Les fresques gothiques qui ornent ses murs narrent avec éloquence les épisodes de la vie de Saint Nicolas de Flüe. Autant de chapelles ponctuent le canton de Schwyz que celui de Saint-Gall.
À la sortie de Galgenen, la route s’étire à nouveau à travers une campagne plus ouverte.
Ici les vergers de poiriers et de pommiers s’étendent sous de vastes filets protecteurs.
Plus loin, le paysage se fait plus éclectique, accueillant également quelques modestes installations industrielles.
La route franchit ensuite le Spreitenbach, une rivière plus imposante bondissant sur les pierres, tandis que le trajet demeure enchevêtré dans des zones urbanisées.
Section 5 : Vers une longue montée du Col d’Etzel
Aperçu général des difficultés du parcours : Les vacances sont bientôt terminées. Cela va monter très sérieusement.
La route serpente gracieusement à travers les vastes étendues champêtres, où quelques vaches BraunVieh paisiblement mâchonnent l’herbe tendre sous le ciel généreux. Dressée fièrement devant vous, la silhouette imposante de la colline de St Johannesburg se profile, annonçant le passage imminent du parcours sur la colline. .
Quel contraste frappant entre le Schwyz d’antan et celui d’aujourd’hui ! Dans le vaste bassin de Lachen et d’Altendorf, où près de 15’000 âmes s’animent au bord du lac et le long de l’autoroute, les industries prospèrent, fleurissant telles des oasis dans ce désert de modernité.
La route s’engage alors en direction du grand Uzbek Business Center, aux portes d’Altendorf. L’emblème national suisse fièrement arboré sur le panneau indique sans équivoque que les Uzbeks n’ont point assujetti ces terres. Un soupir de soulagement s’échappe alors, comme une brise légère caressant les esprits helvètes.
Ici, se présente un dilemme. On peut choisir de rejoindre Einsiedeln en empruntant la Via Jacobi 3, un parcours souvent plus ardu, mais aussi plus pittoresque, prolongeant ainsi le périple de quelques kilomètres supplémentaires à travers les montagnes. Cependant, tous les pèlerins optent pour la Via Jacobi 4, sachant que bientôt, même pour eux, l’ascension se fera sentir.
Un peu plus loin, la route atteint Rorwis, à proximité immédiate de l’autoroute et du lac, enjambant le paisible ruisseau de Chälenbach.
Le parcours a jusqu’ici vagabondé sur près de 16 kilomètres, sauf aux abords de Tuggen. Un dernier tournant dans la plaine, et déjà la rigueur montagnarde impose sa loi.
L’ascension se révèle abrupte pour rejoindre la colline de Sankt Johann. Il faut avouer que c’est la première fois que nous avons l’occasion d’apercevoir des vignobles dans le canton de Schwyz.
C’est un spectacle véritablement remarquable que cette chapelle de Sankt Johann, érigée au XVème siècle, se dressant majestueusement sur la colline, tel un gardien silencieux des temps passés.
Du sommet de la colline, certains pèlerins ne pourront s’empêcher de regretter de ne pas avoir dévié légèrement de leur route pour visiter dans la plaine la célèbre chocolaterie Lindt, fleuron de l’industrie suisse.
À quelques pas de là, un restaurant attire souvent les affamés, pris d’assaut par les voyageurs en quête de repos et de réconfort.
Il faut dire que la vue sur le haut-lac de Zürich est tout simplement remarquable depuis cet endroit. Des deux rives, celle de Schwyz et celle de St. Gall, émerge la splendeur des paysages, tandis que Rapperswil se dessine au loin, tel un mirage.
La petite route musarde ensuite un instant dans les prés avant d’atteindre le lieu-dit Schlipf. Ici, un réseau de petites routes, certaines sans issue, tisse sa toile à travers les montagnes, reliant le lac aux alpages. On devine à peine la présence de chalets disséminés ici et là. Des résidences secondaires ? Sans doute pas, l’empreinte des paysans semble encore indélébile.
Plus loin, la Via Jacobi s’attarde encore sur la route avant de s’en éloigner pour s’enfoncer dans l’herbe fraîche.
Le sentier franchit alors le ruisseau de Chessibach, dont les douces cascades murmurent à travers les rochers tapissés de mousse et les petits érables.
À mesure que l’on s’élève, le chemin s’enfonce dans les sous-bois de feuillus. Principalement des hêtres, soigneusement alignés en tas de bois, témoignant d’une organisation millimétrée. Par moments, on pourrait croire que ce bois n’est là que pour le plaisir des yeux, tant il semble décoratif, épargné parfois par l’usage domestique.
Plus haut, la Via Jacobi rejoint la Blistenstrasse, une étroite route qui serpente depuis la plaine jusqu’à un restaurant d’altitude, à la lisière des alpages, fréquenté aussi bien par les randonneurs que par les habitants des environs, particulièrement nombreux sur ces versants. Aujourd’hui, les pommiers sont à l’honneur.
À cet endroit, les compagnons à quatre pattes sont pris en charge.
La route entame ici quelques virages, tandis que la pente se fait de nouveau plus rude.
Plus haut, la Via Jacobi abandonne la route au profit d’un raccourci à travers les sous-bois.
La montée devient alors particulièrement abrupte dans les prés, parmi les chênes, les hêtres, les érables et les charmilles.
Le sentier s’amuse alors à suivre les méandres du ruisseau de Summerholzbach, escaladant la pente avec une impétuosité sauvage. Heureusement, des panneaux de signalisation veillent à ce que nul ne se perde dans cette nature exubérante.
La pente se fait de plus en plus rude sur le sol sombre et les débris de hêtres. Des escaliers, solidement ancrés à la paroi, se révèlent d’une aide précieuse.
Bientôt, la pente dépasse les 20 % lorsque le sentier ténébreux rejoint la Blistenstrasse en surplomb.
Traversant le principal cours d’eau du ruisseau de Summerholzbach, la route aboutit sur une sorte de petit plateau surplombant le lac.
Peu après, la route arrive alors à Blisten, à 692 mètres d’altitude. Ici, nous sommes à 1h 15 du col d’Etzel et à plus de 3 heures de Einsideln.
Section 6 : Une longue montée vers le Col d’Etzel
Aperçu général des difficultés du parcours : de belles pentes en perspective.
A Blisten, s’érige, tel un mirage dans le désert, un établissement dont l’activité s’avère mystérieuse. Un restaurant, peut-être ? Précautionneusement, quiconque envisage de s’y attarder devrait s’informer au préalable de son ouverture.
À ce carrefour de la civilisation, l’asphalte cède la place à un sentier terrestre qui serpente avec grâce à travers les prairies avoisinantes.
Là-dessous, s’étend majestueusement le miroir azuré du lac, reflétant le ciel dans toute sa splendeur. Plus loin, le sentier se fraye un chemin à travers l’herbe, rencontrant le mince ruisseau de Lüsibach, une humble veine d’eau. Dans les montagnes, ces petits ruisseaux pullulent tel un réseau veineux vivifiant la terre.
Le chemin s’entrelace alors gracieusement au milieu des fermes paisibles et du bétail nonchalant.
Peu après, le sentier herbeux se fond dans une petite route qui émerge des plaines. Vous voici à Schwändi, perché à 694 mètres d’altitude, à seulement 50 minutes du col d’Etzel, qui s’élève à 928 mètres au-dessus du niveau de la mer.
La transformation du revêtement en asphalte en gravier se fait sentir rapidement, tandis que la pente s’accentue à travers les prairies vallonnées. À partir de cet instant, la Via Jacobi s’engage résolument dans une ascension sur le Chemin des Pèlerins, le Pilgerweg.
Plus haut, la route se termine en cul-de-sac et la Via Jacobi part vers les bois sur l’herbe.
Dans cette parenthèse forestière, les premiers sapins se dressent fièrement au milieu d’une mer de feuillus.
À une altitude plus élevée, le chemin émerge de la canopée pour passer par Oberschwändi, où les pommiers persistent à croître, défiant les altitudes à 768 mètres. Vous n’avez gravi que moins de 100 mètres depuis Schwändi.
Le chemin traverse ensuite de vastes clairières, telles des alpages enserrés par les conifères.
S’approchant des bois, il franchit le tumultueux ruisseau de Giessenbach, l’un des cours d’eau les plus imposants de la montagne.
À quelques pas d’ici, les deux voies vont bientôt se rejoindre. Étudiant les cartes détaillées de la Via Jacobi, on découvre que le chemin provenant de Rapperswil se désigne sous le nom de Via Jacobi 84. Pourtant, c’est la voie principale du Chemin de Compostelle, celle de Siebnen, la Via Jacobi 4, qui mérite toute votre attention, bien que la majorité des pèlerins s’aventurent par Rapperswil.
L’ascension vers le col se révèle ardue mais exaltante, offrant à chaque détour un panorama d’une beauté sauvage, oscillant entre clairières baignées de lumière et lisières forestières, où se mêlent hêtres majestueux, épicéas altiers et sapins argentés.
À l’approche du col, des vestiges de guerre, sous forme de défenses anti-char, bordent le chemin. En Suisse, ces barrages sont familièrement nommés « toblerones », en référence aux chocolats du même nom, bien que l’on s’interroge sur l’ennemi qui aurait pu menacer ces sommets avec des chars de combat.
Bientôt, au détour du sentier, apparaît majestueusement St Meinrad, perché sur les hauteurs du col d’Etzel.
Réjouissez-vous, la délivrance est à portée de main, mais c’est à cet instant que la montée se fait la plus abrupte.
À partir de St Meinrad, suivez l’étape 4a jusqu’à Ensiedeln.
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