10a: Morat à Avenches par les hauts

Vers un joyau de l’époque romaine vu d’en haut

Le parcours qui s’étend depuis Morat, bien qu’il ne soit pas officiellement recensé par la Via Jacobi de Compostelle, ne présente aucune ambiguïté pour les marcheurs attentifs. Un balisage minutieux guide les pas de ceux qui souhaitent emprunter cet itinéraire. On devine sans mal la préférence des Amis de Compostelle pour la Via Jacobi 4, ce chemin principal traversant la Suisse primitive, reliant le Lac de Constance à Genève. Pourtant, pour de nombreux pèlerins venant d’Allemagne ou des pays de l’Est, la route les conduit d’abord à Bâle. De là, ils suivent la Via Jura 80, avant de bifurquer vers la Voie des 3 Lacs qui les mène à Morat. Pour rejoindre ensuite la Via Jacobi 4 à Moudon, il est nécessaire de passer par Avenches et Payerne. Ainsi, pour plus de clarté, nous maintiendrons l’appellation « Voie des 3 Lacs » pour ce segment reliant Morat à Moudon.

Mais qu’en est-il des pèlerins qui, jadis, se recueillaient à Payerne ? Les traces de leur passage semblent perdues dans les méandres du temps. Aucun historien ne saurait affirmer avec certitude par où passaient ces voyageurs de foi. Pourtant, la cathédrale de Payerne, tout comme celle d’Einsiedeln, était un lieu de pèlerinage d’importance en Suisse. À l’inverse, le majestueux monastère de Romainmôtier, dans le Jura, bien qu’imposant, ne figure sur aucun chemin répertorié vers Compostelle. Il est néanmoins traversé par la Via Francigena, cheminant de la Franche-Comté vers Rome. Ainsi, les Amis de Compostelle en Suisse ont dû trouver une solution pour guider ces pèlerins, arrivant à Morat, vers Payerne, bien qu’aucun itinéraire officiel de la Via Jacobi ne desserve cette route. C’est ainsi qu’ils ont conçu un parcours traversant les hauteurs, menant d’abord à Avenches, puis à Payerne. Ce chemin, bien que balisé, ne porte pas la marque sacrée des coquilles de Compostelle. Il existe cependant une alternative : longer simplement le lac pour rejoindre Avenches. Pourquoi ce tracé n’a-t-il pas été privilégié ? Le mystère demeure entier. Peut-être ont-ils voulu offrir aux pèlerins la perspective saisissante d’Aventicum, la cité antique à leurs pieds, lorsqu’ils atteignent la Porte de l’Est depuis les hauteurs. Mais il est tout aussi possible, en suivant le chemin longeant le lac, d’arriver à Avenches et de visiter ce lieu chargé d’histoire.

Quoi qu’il en soit, nous suivrons ici la voie suggérée par les Amis de Compostelle, tout en évoquant dans une étape annexe la variante lacustre. Libre à chacun de faire son propre choix, selon l’appel de la route et des paysages.

Nous avons divisé l’itinéraire en plusieurs sections, pour faciliter la visibilité. Pour chaque tronçon, les cartes donnent l’itinéraire, les pentes trouvées sur l’itinéraire et l’état du GR65. Les itinéraires ont été conçus sur la plateforme “Wikilocs”. Aujourd’hui, il n’est plus nécessaire d’avoir des cartes détaillées dans votre poche ou votre sac. Si vous avez un téléphone mobile ou une tablette, vous pouvez facilement suivre l’itinéraire en direct.

Pour ce chemin, voici le lien :

https://fr.wikiloc.com/itineraires-randonnee/de-morat-a-avenches-par-les-hauts-99940505

Dfficulté du parcours : Les dénivelés aujourd’hui (+112 mètres/-75 mètres) sont faibles, et il n’y a aucune difficulté particulière à signaler.

État de la Voie des 3 Lacs : Aujourd’hui encore, le goudron a la primeur :

  • Goudron : 7. 4 km
  • Chemins : 5. 1 km

Ce n’est évidemment pas le cas pour tous les pèlerins d’être à l’aise avec la lecture des GPS et des cheminements sur un portable, et il y a encore de nombreux endroits sans connexion Internet. De ce fait, vous trouvez sur Amazon un livre qui traite de ce parcours.

 

 

 

  

Si vous ne voulez que consulter les logements de l’étape, allez directement au bas de la page.

Parfois, pour des raisons de logistique ou de possibilités de logement, ces étapes mélangent des parcours opérés des jours différents, ayant passé plusieurs fois sur sur ces parcours. Dès lors, les ciels, la pluie, ou les saisons peuvent varier. Mais, généralement ce n’est pas le cas, et en fait cela ne change rien à la description du parcours.

Il est très difficile de spécifier avec certitude les pentes des itinéraires, quel que soit le système que vous utilisez.

Pour les “vrais dénivelés ”et pour les passionnés de véritables défis altimétriques, consultez attentivement les informations sur le kilométrage au début du guide.

Section 1 : Balade presque au bord du lac

Aperçu général des difficultés du parcours : parcours sans aucune difficulté.

La Voie des 3 Lacs, nommée ainsi pour la beauté tranquille qu’elle offre à chaque pas, s’éveille doucement à Morat, en contrebas de la citadelle, là où le quartier du Ryf borde les rives du lac. À l’aube, le calme règne en maître, comme si la ville retenait encore son souffle avant l’agitation des touristes endormis dans leur hôtel. C’est une heure rare, celle où le paysage appartient encore aux premiers marcheurs.

La route s’élève légèrement, longeant le Ryf sous les imposantes murailles nord de la cité. La pente est douce, presque imperceptible, permettant aux pèlerins de savourer chaque pierre, chaque fragment de la forteresse qui veille sur Morat depuis des siècles.

En chemin, le Musée de Morat se révèle aux regards, discret et pourtant empreint d’une histoire dense. Niché dans l’ancien moulin municipal depuis 1978, il témoigne des récits gravés dans cette terre. Ce lieu est le gardien de la mémoire de la célèbre bataille de 1476, où les troupes suisses repoussèrent Charles le Téméraire, duc de Bourgogne. Le moulin, pièce maîtresse de ce musée, n’a rien perdu de sa grandeur : sa roue majestueuse tourne encore, comme pour rappeler que le temps n’efface jamais complètement les vestiges du passé.

Continuant sur cette route aux mille histoires, l’ombre imposante de l’Église Française vient saluer les marcheurs. Édifice gothique datant de la fin du XVe siècle, elle veille depuis des siècles sur ceux qui s’aventurent sur ces pavés anciens.

Le sommet du Ryf atteint, la route s’incline à nouveau. Elle dévale doucement vers la sortie de la cité, suivant la Route de Lausanne. Un passage presque symbolique, comme un dernier regard jeté à cette ville imprégnée d’histoire avant de s’engager dans l’inconnu de l’étape suivante.

En contrebas, la route traverse Meyriez, quartier périphérique de Morat, où les maisons s’espacent, laissant entrevoir le lac scintillant à travers les branches des arbres. Le voyage commence à s’étirer, tandis que Morat s’efface peu à peu derrière les marcheurs.

Il convient de redoubler de vigilance en arrivant à Meyriez, à hauteur du Vieux Manoir, un point clé où le parcours abandonne la route principale pour se faufiler en contrebas, longeant les rives du lac à travers un complexe hôtelier. Ce lieu n’est autre que l’un des fleurons de Morat, un hôtel au charme luxueux, à l’élégance discrète et au style rappelant l’architecture « old English ». Un lieu où le raffinement se mêle à l’histoire, véritable havre de paix pour les voyageurs en quête de confort.  

Le parcours traverse ensuite les vastes jardins et dépendances de cet établissement prestigieux, offrant aux pèlerins une parenthèse paisible dans ce cadre verdoyant. Les haies parfaitement taillées, les allées fleuries et les vieux bâtiments aux pierres patinées par le temps composent une atmosphère presque irréelle, où l’histoire côtoie la sérénité.

Après cette incursion dans l’univers feutré du manoir, une petite route plate longe désormais le lac. Cependant, malgré sa proximité, le lac reste inaccessible, caché par une rangée de villas somptueuses, dont les jardins semblent s’étendre jusqu’aux roseaux qui bordent les eaux. Ces demeures, isolées dans leur opulence, ferment la voie aux curieux, préservant le calme absolu des rives.

La route change d’aspect lorsqu’elle s’enfonce dans un sous-bois de feuillus. Les arbres créent un tunnel naturel de verdure, propice à la contemplation. Le bitume cède la place à un chemin de terre battue, large et doux sous les pieds, invitant à ralentir le pas pour mieux s’imprégner de la quiétude des lieux.

Peu après, le chemin passe à proximité de l’Obélisque de Meyriez. Cette colonne, bien que d’une esthétique contestable, incarne une mémoire sombre. Érigée par le canton de Fribourg en 1798, elle marque l’emplacement où fut démoli un ossuaire contenant les restes des soldats bourguignons tombés lors de la bataille de Morat. Monument austère, il rappelle néanmoins la violence des affrontements qui ont marqué ces terres paisibles.

À ce stade de l’étape, vous suivez des portions de chemins partagés avec la Via Jacobi 81, qui relie Morat à Fribourg. Les deux parcours se croisent, offrant aux pèlerins la possibilité de s’égarer dans les méandres de l’histoire et de la nature helvétique.

À partir de ce point, vous entamez une longue promenade à travers une large route de terre battue, serpentant au cœur du bois de la Pointe de Greng. Ce vaste espace boisé, à la fois dense et mystérieux, semble hors du temps, comme un sanctuaire dédié à la nature. 

Dans ce parc, un effort particulier a été fait pour guider les promeneurs curieux, en leur offrant des noms à mettre sur les arbres. Certains ont été plantés ici dans le cadre d’un projet botanique, laissant place à une véritable galerie végétale. Les protagonistes principaux de ce décor sont les hêtres et les chênes, des géants qui dominent fièrement, leurs troncs entrelacés de lierre montant à l’assaut du ciel. Plus discrets, des pins, tilleuls et ifs se glissent çà et là, formant une mosaïque de verdure. Quant aux petits arbustes, ils se trouvent à l’étroit, éclipsés par la majesté des grands arbres. 

Ce tronçon de la Voie des 3 Lacs, bien qu’apaisant, impose tout de même ses règles : en Suisse alémanique, les chiens doivent rester en laisse, limitant ainsi leurs ébats joyeux. Par moments, le chemin s’ouvre sur des clairières, où de gigantesques troncs, abattus par la main de l’homme, reposent en bordure de route, témoins silencieux de la domination du chêne dans cette forêt. Le bois coupé s’amoncelle en grandes piles, attendant son tour pour être transformé. 

À la lisière de ce bois, la route croise le ruisseau de Dybach, un filet d’eau limpide qui se fraie un chemin au milieu des arbres, apportant une touche de fraîcheur bienvenue.

Peu après cette rencontre avec le Dybach, la douce terre battue cède la place à l’asphalte alors que le chemin s’enfonce dans le quartier résidentiel d’Unter Greng. Ici, des villas cossues se dressent, fières et élégantes, certaines s’aventurant jusqu’à tremper leurs fondations dans l’eau du lac ou les roseaux qui l’entourent. Une tranquillité presque palpable règne en ces lieux, où l’on imagine que seuls les murmures de la nature viennent troubler le silence.

Si vous ressentez la fatigue s’installer, il vous est possible de rejoindre Avenches par un chemin longeant le lac, une option que nous décrirons plus en détail dans la prochaine étape. Cependant, pour les plus courageux, la Voie des 3 Lacs invite à grimper encore un peu, à gagner en altitude et à passer par Chandossel. Une heure de marche supplémentaire, et un léger effort physique, mais n’est-ce pas là une bagatelle pour ceux en quête d’aventure ? Ce segment partage également une partie de son tracé avec la Via Jacobi 81, un chemin qui ne se laisse jamais vraiment oublier ici. 

La Voie des 3 Lacs poursuit son chemin en direction de la RN1, la route cantonale, en longeant les rails du chemin de fer. Ce tronçon, marqué par la présence mécanique du train, contraste avec la tranquillité naturelle qui dominait jusqu’alors.

Un peu plus loin, le parcours passe sous la RN1 avant de grimper sur la route menant à Ober Greng Dorf. C’est ici que la nature commence à s’effacer pour laisser place à une atmosphère plus résidentielle. 

Sur la gauche, dissimulé dans un lotissement de maisons cossues, se trouve un château privé, presque invisible depuis la route. Tout ce que l’on aperçoit, ce sont quelques dépendances, vestiges de cette demeure bâtie en 1785. Cette bâtisse chargée d’histoire a accueilli diverses personnalités illustres, parmi lesquelles Madame de Staël et Benjamin Constant. Ce coin de la Suisse, et plus particulièrement Morat, figure parmi les communes les plus riches du pays, ce qui explique peut-être l’isolement et la discrétion de ce château.

En remontant la route longeant le ruisseau Dyrbach, il ne nous reste plus qu’à observer de loin les fermes de Greng, ces silhouettes rurales qui parsèment le paysage. Leur simplicité contraste avec la richesse des environs, mais elles témoignent d’une autre forme de vie, plus modeste et authentique.

Ober Greng Dorf, le village que vous atteignez bientôt, est loin d’être vaste. À première vue, il est clair que la population locale est bien différente de celle que l’on trouve à Unter Greng ou près du château. Ici, l’atmosphère est résolument plus rurale, le village étant avant tout peuplé de paysans. 

Rapidement, la route s’éloigne de ce petit havre agricole pour se perdre à nouveau dans la campagne, où les horizons s’élargissent, et où le voyageur retrouve le souffle apaisant des grands espaces.

Section 2 : Dans les collines au-dessus du lac

Aperçu général des difficultés du parcours : parcours sans grande difficulté, avec quelques pentes légères.

Peu après, la route arrive à un carrefour, où l’absence d’une indication claire pourrait troubler les plus distraits. C’est ici que la Via Jacobi 81 bifurque vers la gauche, en direction de Courgevaux, tandis que notre itinéraire, la Voie des 3 Lacs, poursuit sa route vers Clavaleyres. Rassurez-vous, comme mentionné dans l’introduction, le parcours est bien fléché, et le risque de s’égarer est minime.

En prenant la direction de Clavaleyres, la route longe bientôt l’autoroute A1, cette immense artère qui traverse la Suisse de Zurich à Genève. Le contraste est frappant : d’un côté, le calme rural, de l’autre, le flux incessant de la modernité, symbolisé par le va-et-vient des véhicules qui filent vers les grandes villes.

La route traverse ensuite l’autoroute, laissant derrière lui ce ruban de béton pour s’approcher tranquillement du village de Clavaleyres.

La route commence à s’élever, mais la pente reste douce, presque aimable, alors qu’elle mène vers le cimetière, où le silence règne en maître, offrant un moment de recueillement involontaire aux pèlerins de passage.

Traversant Clavaleyres, un village dont la singularité réside dans son statut d’enclave bernoise au sein du canton de Fribourg, vous vous trouvez dans une région où les frontières cantonales semblent se mêler et se chevaucher. Il est souvent difficile de savoir si l’on marche dans le canton de Fribourg, de Berne ou même de Vaud. Cette particularité géographique ajoute une touche d’insolite au parcours. La route s’oriente ensuite vers Chandossel, poursuivant son chemin à travers ces terres aux identités multiples. 

Ici, on respire à pleins poumons la vie des champs, cet air vif et pur qui émane des grandes étendues agricoles. Chaque pas semble imprégné de la simplicité et de la tranquillité de la campagne.

À la sortie du village, la route débouche sur un carrefour dépourvu d’indications claires. Bien que vous sachiez que votre itinéraire passe par Chandossel, il ne faut pas suivre la route goudronnée directe qui y mène. En effet, les Amis du Chemin de Compostelle recommandent de prendre à gauche, vers Unterer Hubel, un choix sans doute plus pittoresque et fidèle à l’esprit du chemin. 

La pente devient plus marquée, atteignant presque 10 %, et la route passe à proximité d’Unterer Hubel sans toutefois y entrer, préférant suivre son propre itinéraire.

La route continue ensuite à s’élever, mais s’aplanit peu à peu jusqu’à atteindre la forêt de Hubel. Bien que l’ascension n’ait pas été très marquée, l’effort est récompensé par une vue imprenable sur le lac de Morat, et, au loin, la silhouette de la ville qui se dessine à l’extrémité de ses eaux. Ce panorama, avec ses contrastes de bleu et de vert, offre une pause visuelle bienvenue après la montée. 

À l’orée de la forêt, la Voie des 3 Lacs rejoint la Via Jacobi 81. Les deux parcours s’unissent alors pour progresser ensemble, sur une route plate de terre battue, longeant la vaste forêt de Hubel. Le sol ici, plus doux et naturel, invite à une marche tranquille, loin des routes goudronnées et du tumulte des voitures.

Ici, la forêt se dévoile dans toute sa diversité, mêlant épicéas et feuillus en une harmonie végétale. Parfois, à travers les clairières, le regard s’ouvre sur des aperçus du lac de Morat, scintillant au loin, et sur le Vully qui se dresse majestueusement de l’autre côté des eaux. Ces visions fugaces ajoutent une note poétique à la marche, comme des tableaux naturels qui s’offrent au promeneur.

En suivant le bord de la forêt, le large chemin de terre passe sous Oberer Hubel. Ici, contre toute attente, des rangées de vignes viennent ponctuer le paysage. Elles sont rares de ce côté du lac de Morat, car la viticulture est habituellement réservée au Vully, cette région de l’autre rive. Cette discrète présence viticole semble presque une anomalie, une curiosité dans ce cadre principalement forestier. 

Peu après, le chemin amorce une descente prononcée en bordure de la forêt. Il croise alors un affluent du Chandon, ce cours d’eau qui façonne la région en de nombreux petits méandres, reliant vallées et hameaux.

Plus bas, le parcours retrouve la route de Chandossel, celle que vous aviez quittée à la sortie de Clavaleyres, marquant un timide retour à la civilisation.

Vous êtes désormais dans le canton de Fribourg, dans la partie où l’on parle français. Cette région est un véritable enchevêtrement de cantons, de langues et même de religions. C’est ce patchwork culturel qui donne à cette contrée son charme unique, où l’on passe d’un monde à l’autre en l’espace de quelques kilomètres.

Chandossel est un hameau plein de grâce, niché dans un paysage bucolique. Traversé de part en part par le Chandon et ses nombreux affluents, il semble figé dans un autre temps, paisible et serein.

C’est ici que les parcours se séparent : la Via Jacobi 81 continue vers Fribourg, tandis que la Voie des 3 Lacs se dirige vers Avenches, à une heure de marche d’ici. Une coquille de Compostelle orne les lieux, mais elle indique plutôt le chemin vers Fribourg. Il est donc facile de se tromper, mais ne vous y attardez pas trop car Avenches est votre destination.

Le canton de Fribourg est fortement marqué par la tradition catholique, et des croix apparaissent à presque chaque carrefour, témoignant de cette présence spirituelle omniprésente.

Section 3 : Une ville romaine dans la campagne des Helvètes

Aperçu général des difficultés du parcours : parcours sans difficulté, sauf avant Villarepos.

La route suit le cours sinueux du ruisseau, le bordant paisiblement jusqu’à ce qu’il s’éloigne du village. Ici, la nature reprend ses droits, le murmure de l’eau se fondant dans le calme ambiant. 

Puis, soudain, la pente s’accentue. Sur des déclivités atteignant plus de 10 %, la route grimpe vigoureusement à travers les prés verdoyants qui recouvrent la colline. Chaque pas demande un effort supplémentaire, mais la récompense est proche.

Au sommet de cette montée, la route se fraye un chemin jusqu’aux premières habitations de Villarepos. Ce village s’annonce comme un havre de tranquillité, avec ses maisons qui parsèment le paysage.

Le village est étonnamment vaste, s’étirant sur une longue distance. Il faudra marcher plus d’un quart d’heure pour en traverser l’étendue, découvrant peu à peu ses secrets et ses recoins. Au cœur de Villarepos, la route bifurque en direction de Donatyre et de la Porte de l’Est, votre prochaine destination.

Après avoir dépassé une église d’allure moderne, la rue continue de se déployer inlassablement, comme si elle ne voulait jamais s’arrêter. Tout au long du parcours, le village s’étire, mais ne vous attendez pas à y trouver une boulangerie ou un commerce. Ici, le temps semble avoir figé le quotidien dans une simplicité villageoise dépouillée.

En revanche, les croix ne manquent pas. Elles jalonnent le chemin, symboles d’une foi ancienne et profondément ancrée dans cette terre.

Finalement, la route s’éloigne du village et se dirige vers Donatyre, mais la Voie des 3 Lacs fait un choix différent. Ici, vous quittez temporairement le canton de Fribourg pour entrer dans celui de Vaud. Il ne s’agit que d’un passage éphémère, car vous retrouverez le canton de Fribourg peu après Avenches. La géopolitique de cette région, complexe et entrelacée, rappelle les subtilités des frontières qui s’effacent aussi vite qu’elles apparaissent.

La Voie des 3 Lacs se poursuit, en direction de la Porte de l’Est, avec pour horizon la ville d’Avenches, qui se dévoile peu à peu dans la vaste plaine de la Broye. Cette descente progressive semble un prélude à l’histoire qui vous attend, comme si le paysage lui-même préparait une rencontre avec le passé.

Vous avez alors le choix entre un chemin de terre ou une route goudronnée, mais dans les deux cas, la pente s’accentue, vous menant tout droit vers la Porte de l’Est. La vue, à cet instant précis, s’ouvre sur un panorama impressionnant, offrant une perspective sublime sur le lac de Morat et les collines du Vully qui se dressent de l’autre côté. Était-ce cette vue saisissante qui a poussé les organisateurs à tracer le chemin ici, ou bien la majesté de la Porte de l’Est elle-même qui justifie cet itinéraire ?

La Porte de l’Est, selon les récits historiques, aurait été construite sous le règne de l’empereur Vespasien, au début des années 70 de notre ère. Dominant le paysage, elle offrait alors une vue imprenable sur la vaste plaine romaine. En traversant ce lieu, on devine encore aujourd’hui l’ampleur du territoire romain, encadré par les murailles qui dessinaient les contours de la ville antique.

Au fil des siècles, la Porte fut détruite, ne laissant que des vestiges enfouis sous terre. C’est grâce à l’archéologue Louis Bosset, au XIXe siècle, que cette porte fut reconstruite à partir des fragments retrouvés et de plans tirés de sites similaires. Aujourd’hui, l’illusion est presque parfaite ; les voûtes, les tours saillantes et les courtines se dressent de nouveau, et un observateur non averti pourrait croire qu’il se tient face à l’original.

Une petite route goudronnée serpente depuis la Porte de l’Est, descendant d’abord vers les ruines de la ville antique, puis vers la cité moderne d’Avenches. En contemplant cette distance, on peut imaginer les Romains de l’époque, charriant des amphores et autres marchandises vers la porte fortifiée, avec un effort comparable à celui de l’habitant de Villarepos qui, autrefois, faisait un long détour pour aller chercher son pain à la boulangerie du village.

Achevé et magnifié jusqu’au IIIe siècle de notre ère, le théâtre romain d’Aventicum pouvait accueillir jusqu’à 10 000 spectateurs, un chiffre impressionnant qui témoigne de l’ampleur et de la grandeur de l’édifice. Après la chute de l’Empire romain, le théâtre sombra dans l’oubli, ses pierres précieuses devenant une carrière pour les besoins de nombreuses constructions ultérieures. Ce n’est qu’à la fin du XIXe siècle que la redécouverte du site permit d’entreprendre des travaux de restauration qui s’étendirent sur vingt-cinq années. Les dernières interventions notables ont eu lieu à la fin du siècle dernier. Le théâtre suit le plan classique des théâtres romains, avec ses gradins en grès, sa fosse et son orchestre, mais la présence d’une fontaine sacrée et sa direction par rapport au sanctuaire du Cigognier suggèrent également des usages politiques et religieux. La structure principale est en calcaire jaune, ajoutant une touche de majesté à l’édifice antique.

En contrebas du théâtre, se dresse le temple, avec sa colonne monumentale connue sous le nom de Le Cigognier, en raison d’un nid de cigognes mentionné pour la première fois sur une gravure du XVIIe siècle. Cette colonne est apparemment la seule pièce d’origine encore debout, les autres ayant disparu au fil du temps. Au cours des fouilles, un buste en or de l’empereur Marc Aurèle a été découvert dans les égouts du sanctuaire, renforçant l’idée que cet édifice était dédié au culte impérial. La construction du temple date de 98 après J.-C., sous l’empereur Trajan. En partie reconstitué à partir du XVIIIe siècle, le temple est remarquable pour ses portiques, ses dallages et ses chapiteaux corinthiens, témoignant de l’élan monumental et sacré de l’époque.

La ville romaine d’Aventicum émerge autour du tournant de notre ère, avec une population estimée à 20 000 habitants. La fondation d’Aventicum pourrait être le résultat du retour forcé des Helvètes après leur tentative de migration avortée face aux Romains. De ce fait, Aventicum devint la capitale des Helvètes. En 71 après J.-C., l’empereur Vespasien éleva la ville au rang de colonie, marquant le début de la construction de ses murailles, de son théâtre, de son amphithéâtre, du sanctuaire du Cigognier, ainsi que de thermes et d’un forum, dont il ne subsiste aujourd’hui que des traces éparses. Avenches traversa une période de prospérité durable jusqu’au début du IIIe siècle, avant que l’histoire de la ville ne plonge dans l’obscurité, devenant une carrière où l’on extrayait grès et calcaire pour les constructions ultérieures.

Le parcours s’éloigne alors du site archéologique, laissant derrière lui des blocs de pierre dont le placement reste incertain, traverse la RN1 et grimpe vers la ville. L’impasse Marc-Aurèle, un nom qui semble avoir été choisi sans grande difficulté, est une preuve de l’influence omniprésente de l’empereur dans cette région.

Les arènes se trouvent juste au-dessus, dominées par la tour fortifiée érigée au XIe siècle par l’évêque de Lausanne. Cette tour, aujourd’hui abritant le musée romain, témoigne de l’importance stratégique et historique du site.

L’amphithéâtre, d’une architecture résolument romaine, fut construit en deux étapes. Les premières bases, en moellons de calcaire jaune, furent posées au début du IIe siècle pour accueillir environ 9 000 spectateurs. Sous l’empereur Marc-Aurèle, l’édifice fut agrandi à la fin du siècle, augmentant sa capacité à 14 000 places. À l’instar de ses homologues d’Octodure (Martigny) et d’Augusta Raurica (Bâle), cet amphithéâtre reflète le génie architectural romain.

Aujourd’hui, l’amphithéâtre ne reçoit plus de gladiateurs ou de lions, mais des artistes renommés dans le cadre d’un festival d’opéra ou de rock en plein air. Avec des gradins métalliques additionnels, il peut accueillir jusqu’à 8 000 spectateurs, un chiffre modeste comparé aux 22 000 personnes qui envahissent chaque année les arènes de Vérone pour leur festival d’opéra. Avenches, petite cité de 4 100 habitants, se déploie sur une colline orientale, traversée par une rue principale charmante et vivante. 

Le site autour du château et de son donjon est un lieu remarquable, avec ses tours et ses cours intérieures. Actuellement, il abrite divers espaces tels que bureaux, salles de classe, théâtre, galerie d’art et bibliothèque. Les fonctions administratives et pénitentiaires ont disparu, laissant place à une vie culturelle dynamique.

Il ne reste que peu de traces du château médiéval original, excepté une tour carrée et la tour des Évêques, située à proximité de l’amphithéâtre. Au XVIe siècle, le château, devenu résidence des baillis bernois, subit une transformation complète, prenant une orientation Renaissance. On peut admirer la belle façade renaissance, ornée d’une tour d’escalier en saillie richement décorée.

Dans le canton de Vaud, où le protestantisme prédomine, le temple réformé se dresse majestueusement sur une place charmante au cœur de la cité. Ce temple baroque, construit au début du XVIIe siècle, repose sur les vestiges d’une ancienne chapelle romane du XIe siècle, dont subsistent une abside et un clocher. 

Vous pouvez choisir d’arriver à Avenches en empruntant la variante du lac depuis Morat. Certains marcheurs, trouvant le trajet du jour un peu court, choisiront de prolonger leur périple jusqu’à Payerne. Mais il convient de noter que le parcours entre Morat et Payerne s’étend sur près de 30 kilomètres. Chacun choisira en fonction de ses envies et de son énergie !

Logements sur la Voie des 3 Lacs

  • Auberge de la Croix Blanche, Route de Donatyre 22, Villarepos; 026 675 30 75 ; Hôtel***, repas, petit déj.
  • Auberge de jeunesse, Rue du Lavoir 5, Avenches ; 026 675 26 66 ; Auberge de jeunesse, petit déj.
  • B&B Les Helvètes, Rue des Helvètes 3, Avenches ; 078 602 85 95 ; Chambre d’hôte, petit déj.
  • Swiss Hôtel La Couronne,  ; Rue Centrale 20, Avenches ; 026 675 54 14 ; Hôtel***, repas, petit déj.

La région des Trois-Lacs demeure une destination prisée avant tout par les touristes locaux. En conséquence, les hébergements ne sont pas abondants, sauf dans les villes à vocation touristique internationale, comme Morat, qui demeure la priorité. Ailleurs, les logements se font plus discrets, à l’exception des Airbnb, pour lesquels nous ne disposons pas des adresses. Il n’y a pas grand-chose avant d’arriver à Avenches, avec tous les commerces. Réservez impérativement à l’avance.

N’hésitez pas à ajouter des commentaires. C’est souvent ainsi que l’on monte dans la hiérarchie de Google, et que de plus nombreux pèlerins auront accès au site.

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