Dans la grande banlieue de Genève
L’Association des Amis de Compostelle en Suisse a été fondée en 1988 et compte environ 2’500 membres. En 1989, on fit un inventaire des voies possibles, car on savait peu de choses sur les chemins parcourus en Suisse. On connaissait les grands axes qui arrivaient d’Allemagne et d’Autriche. On savait ou on croyait savoir que les pèlerins passaient par Einsiedeln, Payerne et Fribourg et c’est à peu près tout. Ce n’est guère plus explicite d’ailleurs pour les voies en France ou en Espagne. On connaissait les grandes directions, les abbatiales, les couvents, mais les détails n’étaient pas connus du tout. C’est d’ailleurs toujours étrange de croiser un grand nombre de pèlerins qui ne veulent pas dévier d’un pas du trajet parcouru par leurs ancêtres ! Ils oublient que les pèlerins du moyen-âge ne faisaient guère plus de 5 à 10 km par jour, qu’ils passaient parfois les rivières à la nage ou sur des gués impossibles, qu’ils cherchaient souvent un chemin possible dans la végétation. Le goudron n’existait pas en ce temps-là.
Alors, en Suisse comme en France, on s’est rabattu sur les tracés des organisations régionales du tourisme pédestre. Quand vous suivrez la Via Podiensis en France, vous marcherez en fait sur le chemin de Grande randonnée GR65. En Suisse, les Amis de Compostelle ont emprunté les itinéraires de la Via Jacobi 4 et l’ont balisée en ajoutant parfois la coquille pour signaler Compostelle, mais c’est rare. Ces gens-là on fait un travail remarquable, et le parcours en Suisse allemande et en Suisse française jusqu’à Morges est assez exceptionnel. Ose-t-on leur faire un léger reproche, à savoir le choix du chemin le long du Léman ? Il n’y a rien à dire jusqu’à St Prex, car le chemin suit le bord du lac. Mais pour la suite, il y a question. Le bassin lémanique regroupe pas moins de 1’600’000 habitants, la plupart du temps groupés sur les rives du lac. Alors, pourquoi a-t-on fait passer un chemin par-là ? Quand vous serez sur la Via Podiensis, vous n’allez rencontrer que 3 villes de moins de 20’000 habitants sur le parcours jusqu’aux Pyrénées. Alors, ici dans cette région lémanique, on aurait pu faire passer le chemin plus haut, sous les crêtes du Jura jusqu’à Genève. On ne l’a pas fait, tant pis. Et les pèlerins ont tous besoin de panneaux de directions.
En conséquence, cette étape n’est pas la plus belle de la Via Jacobi en Suisse. Vous allez traverser en fait la grande banlieue de Genève et il n’y a pas grand-chose d’excitant à se mettre sous la pupille. Vous allez passer à côté de grandes demeures cachées dans des parcs fermés. Vous ne verrez pour ainsi dire aucun pauvre ici, même si parfois dans les petits villages, le faste n’est pas toujours de mise. Une bonne solution serait donc de prendre le bateau pour Genève depuis Coppet. Cela vous laisserait plus de loisir pour visiter la ville. Cependant, pour les adeptes de la marche à pied, voici ce que vous allez trouver sur le chemin.
Nous avons divisé l’itinéraire en plusieurs sections, pour faciliter la visibilité. Pour chaque tronçon, les cartes donnent l’itinéraire, les pentes trouvées sur l’itinéraire et l’état du parcours (routes ou chemins). Les itinéraires ont été conçus sur la plateforme “Wikilocs”. Aujourd’hui, il n’est plus nécessaire d’avoir des cartes détaillées dans votre poche ou votre sac. Si vous avez un téléphone mobile ou une tablette, vous pouvez facilement suivre l’itinéraire en direct.
Pour ce chemin, voici le lien :
Degré de difficulté : Encore aujourd’hui, les dénivelés (+158 mètres/-145 mètres) sont insignifiants. Ce ne sont que quelques ondulations légères au-dessus du lac. Il y a, comme à l’habitude, presque toujours de petits bosquets préservés quand on traverse les ruisseaux.
État de la Via Jacobi : Mais aujourd’hui encore, quand on se rapproche des villes, le goudron est omniprésent :
- Goudron : 14. 2 km
- Chemins : 4.0 km
Ce n’est évidemment pas le cas pour tous les pèlerins d’être à l’aise avec la lecture des GPS et des cheminements sur un portable, et il y a encore de nombreux endroits sans connexion Internet. De ce fait, vous trouvez sur Amazon un livre qui traite de ce parcours.
Si vous ne voulez que consulter les logements de l’étape, allez directement au bas de la page.
Parfois, pour des raisons de logistique ou de possibilités de logement, ces étapes mélangent des parcours opérés des jours différents, ayant passé plusieurs fois sur sur ces parcours. Dès lors, les ciels, la pluie, ou les saisons peuvent varier. Mais, généralement ce n’est pas le cas, et en fait cela ne change rien à la description du parcours.
Il est très difficile de spécifier avec certitude les pentes des itinéraires, quel que soit le système que vous utilisez.
Pour les “vrais dénivelés ”et pour les passionnés de véritables défis altimétriques, consultez attentivement les informations sur le kilométrage au début du guide.
Section 1 : Du canton de Vaud au canton de Genève
Aperçu général des difficultés du parcours : parcours sans aucune difficulté.
Repartons du port de Coppet, point d’ancrage où l’horizon se perd dans la contemplation. Là-bas, s’étire majestueusement le jet d’eau, symbole vibrant dans la rade de Genève, une vigie veillant sur les flots comme une divinité gardienne. Ici débute votre périple, une odyssée qui s’étend vers le bout de la Suisse.
Le premier tronçon, déjà arpenté la veille, se déroule en direction de Commugny. C’est la direction de Versoix, vous conduisant à nouveau devant le château de Madame de Staël, vestige empreint de l’histoire passée, et vous rappelant plus loin les souvenirs figés de la gare.
Puis, l’ascension de la route vers l’église de Commugny vous ramène sur la place de l’église. Vous avez retrouvé la via Jacobi 4. Genève se dessine à plus de quatre heures de marche.
Un sentier serpentant à travers les vignes vous guide vers le village de Commugny, accompagné du murmure du ruisseau de la Doye, tel un murmure d’une vie ancienne dans votre périple.
Commugny, Coppet et Tannay se dressent tel un triptyque, leurs demeures luxueuses formant un dédale où se perdent les regards. À la croisée des chemins, un premier carrefour annonce une bifurcation vers le mystérieux Chemin de la Fin, une route menant au cœur de Tannay.
Au fil de vos pas, les demeures élégantes défilent, témoins silencieux d’un luxe insaisissable. Pourtant, une herbe délicate persiste à pousser, défiant l’urbanisation galopante qui guette sa disparition imminente. Un paradoxe poignant, une question lancinante : jusqu’à quand ce fragile équilibre perdurera-t-il ?
L’entrée de Tannay se dévoile enfin, comme un théâtre d’opulence où les hautes haies se dressent en rempart, préservant jalousement l’intimité des résidences. Chaque mètre parcouru révèle davantage la splendeur discrète de ce quartier, où le luxe se marie parfois à l’élégance.
Ici, point de pancartes pour éclairer votre chemin, mais aucune crainte de se perdre dans ce dédale pavé. Il suffit de suivre l’alignement irrégulier des pierres…
…qui vous guide inexorablement vers le Chemin de la Petite Gatillarde, où la Via Jacobi 4 poursuit son périple.
La route s’enfonce alors dans un écrin de verdure, offrant un répit bienvenu au marcheur. Un sentier de terre se dessine à travers le bois, franchissant le Tory, mince filet d’eau serpentant entre les cailloux, telle une veine nourricière.
Mais la quiétude est de courte durée, le chemin vous ramenant rapidement sur la route, vous menant à Mies.
Ce dernier bastion vaudois marque le seuil du canton de Genève, où les villages paisibles se sont transformés en cités-dortoirs, effaçant les traces d’un passé agricole.
La Via Jacobi émerge de Mies le long d’une route bordée de demeures seigneuriales, cachées derrière des haies de thuyas ou des grilles surveillées par des caméras, vestiges d’une époque où le prestige rivalise toujours avec la discrétion.
Section 2 : La longue traversée de Versoix
Aperçu général des difficultés du parcours : parcours sans aucune difficulté.
Les grilles se dressent majestueusement, comme des sentinelles de fer, séparant le monde de l’opulence et de l’élégance de celui des rêves. À travers ces barrières, les maisons de maître défilent, chacune rivalisant de splendeur, d’histoire et de mystère. C’est déjà Genève ici, cité des horlogers et des financiers, où les chiffres dansent au rythme des cœurs battants dans les banques.
Un souffle de campagne se faufile soudainement, un bout de terre jaune émergeant de l’asphalte grise, vibrant d’une vie oubliée. Le colza, tapis d’or, brave l’urbanisation galopante, offrant un spectacle éphémère, un rappel de ce qui fut autrefois. Combien de temps ce vestige verdoyant résistera-t-il encore aux assauts du progrès ?
Près du centre sportif de la Bécassière et du restaurant Le Repère, la Via Jacobi s’éloigne de l’agitation, s’enfonçant dans les méandres d’une campagne en trompe-l’œil. À travers le Chemin de Braille, elle renoue avec l’essence même de la nature, dans une illusion parfaite de quiétude champêtre.
Une halte insolite se profile à l’horizon, où se rassemblent forains et nomades, créant un microcosme mouvant au bord du monde sédentaire. Les couleurs vives des manèges se mêlent aux traditions ancestrales, offrant un spectacle surréaliste à qui sait l’apprécier.
Au-delà du tumulte des forains, la Via Jacobi découvre une oasis de calme, une fontaine timide cachée sous le couvert des arbres. Un sentier secret s’échappe timidement dans la forêt, invitant les voyageurs à s’aventurer dans l’inconnu.
Elle traverse alors le Nant de Braille, mince filet d’eau presque asséché, et émerge de l’ombre des bois, rafraîchie et renouvelée. Comme un pèlerinage initiatique, chaque pas sur le sentier révèle un fragment de vérité, une parcelle de sagesse insoupçonnée.
La Via Jacobi s’acoquine un instant avec le murmure des rails, suivant le chemin de fer comme un enfant captivé par un conte merveilleux. Mais bientôt, elle se détourne de cette compagne d’acier pour explorer de nouveaux horizons, curieuse et insatiable.
Montfleury se dresse fièrement sur le chemin, quartier énigmatique de Versoix, s’il en est.
C’est là que la Via Jacobi, intrépide et déterminée, franchit les portes du Canal de Versoix, prête à suivre son cours sinueux jusqu’à l’horizon.
L’atmosphère du Versoix bucolique s’éveille ici dans une douce symphonie de verdure. Ici, les sentiers s’étirent entre les bosquets, offrant une allée ombragée où les chiens gambadent avec une joie contagieuse, sous les arbres séculaires.
Le chemin de terre, au gré de ses méandres, révèle parfois de discrètes ruelles dévalant vers le cœur de Versoix. Là-bas, nichées entre les frondaisons, les habitations se font modestes, tandis que les hêtres et les chênes, telles des sentinelles, effleurent de leurs racines l’eau claire et miroitante du canal, offrant un tableau empreint d’une éternelle sérénité.
Les habitations sont assez discrètes sur le chemin. Les hêtres et les chênes trempent leurs racines dans l’eau trouble et maigre du canal.
D’une halte à l’autre, le parcours résonne parfois des rires des enfants, poussés par les bras attentifs des mères arpentant le sentier. Les roues des poussettes dévoilent alors une danse imprévisible sur la terre battue, ponctuant le calme environnant de leurs éclats fugaces. C’est un tableau enivrant, une symphonie de verdure où chaque feuille joue une note de musique, et chaque ruisseau un doux murmure de la nature.
Et ainsi se poursuit le bal des barrières et des ruelles, une danse ininterrompue où chaque croisement révèle un nouveau visage, une nouvelle histoire, inscrivant le voyageur dans le temps immuable du chemin. .
Après maints carrefours avec les routes avoisinantes, la Via Jacobi semble soudain se languir d’un souffle urbain. Elle délaisse alors le murmure du ruisseau pour flirter avec les artères animées de Versoix, s’approchant timidement de la gare, comme pour goûter à l’effervescence de la vie citadine.
Un détour vous invite alors à arpenter les élégants quartiers des Colombières, vous entraînant dans un dédale de ruelles où s’épanouissent les jardins secrets des demeures bourgeoises.
À travers un parc ombragé, où le silence semble murmurer de beaux récits, le chemin se tisse, porté par l’ombre majestueuse d’un chêne ancestral veillant sur la Protection Civile.
Au-delà des édifices austères de la Protection Civile, la Via Jacobi poursuit sa quête, se faufilant avec grâce dans les artères pavées du centre-ville.
Bientôt, le parcours vous conduit aux portes de la gare de Versoix, où les rails s’étirent telles les veines d’un géant endormi. Sous les arches de béton, vous plongez vers les eaux paisibles du lac.
La Via Jacobi descend la route jusqu’au niveau du pont de chemin de fer. Mais attention ici ! Elle ne passe pas sous la voie de chemin de fer, mais part aussitôt à droite.
Mais comme le lac est à deux pas, faisons-y un petit tour…Nous y reviendrons tout à heure.
Section 3 : Le chemin de fer et les belles villas
Aperçu général des difficultés du parcours : parcours sans aucune difficulté.
Juste après avoir traversé le pont, se dresse la silhouette imposante de la fabrique Faverger, joyau culinaire inscrit dans les mémoires des gourmets avertis.
La route, telle une symphonie urbaine, dévoile ses plus belles mélodies en serpentant à travers quelques belles places de cette cité vivante, peuplée d’âmes animées par le rythme effréné de la vie moderne. Avec ses 13’500 habitants, la ville est entièrement tournée vers Genève.
A seulement deux minutes de cette effervescence citadine, le lac Léman se dévoile, non pas dans sa splendeur frontale, mais dans une danse de courbes subtiles et mystérieuses. À Versoix, en contraste avec sa voisine Coppet, la rade de Genève se cache, laissant le lac se dessiner en une arabesque envoûtante. Comme un tableau enchanteur, chaque ville et village bordant les eaux sacrées du Léman pare sa jetée de fleurs, offrant ainsi un écrin de poésie à quiconque se laisse emporter par le chant des flots.
Revenant de cette parenthèse enchanteresse, le voyageur reprend son périple en remontant jusqu’à la gare, prêt à suivre les méandres de la Via Jacobi.
La Via Jacobi longe un instant la voie de chemin de fer.
Loin des tumultes citadins, un grondement lointain réveille les sens du voyageur, attirant son regard vers un spectacle saisissant. Sous le regard impassible des géants de béton, parés des couleurs éphémères des artistes urbains, la Via Jacobi se faufile sous la voie de chemin de fer.
Là, dans l’antre tumultueux du passage souterrain, jaillit la Versoix, rivière impétueuse née des flancs escarpés des montagnes jurassiennes. Telle une déesse sauvage, elle se déchaîne sous les regards, rappelant la force indomptable de la nature face à l’empreinte humaine.
Depuis les sommets lointains de Lausanne, les eaux limpides des rivières descendent, telles des larmes de cristal, des replis secrets des montagnes du Jura, gardiens éternels de la frontière entre la Suisse et la France.
La route s’étire alors, s’insinuant habilement entre les hautes haies qui se dressent comme des sentinelles muettes, qui ne doivent pas cacher que de la misère, dans ces parages privilégiés.
La Via Jacobi, empreinte d’une détermination solennelle, croise bientôt une artère plus imposante, une voie qui semble l’aspirer vers le grand Saconnex, mais la Via ne se laisse pas détourner de sa quête.
Son parcours la conduit ensuite à travers Genthod, où elle se fraye un chemin parallèle sur un sentier étroit, frôlant les lisières boisées avec une grâce inflexible.
Ici, dans ce décor où la richesse s’étale sans complexe, les demeures de caractère s’épanouissent, témoins silencieux de la prospérité qui règne en maître. Les quartiers élégants de Genève, souvent relégués en périphérie, dévoilent leur charme feutré, où l’opulence côtoie la discrétion avec une aisance désarmante.
Le parcours, fidèle à sa trajectoire, poursuit son chemin en longeant la route, s’attardant aux abords des premières habitations de Genthod, s’immisçant dans le quartier de Malagny avec une curiosité empreinte de respect.
Dans les méandres sinueux de la Via Jacobi, au détour d’une majestueuse demeure seigneuriale, la route se dévoile telle une épopée en marche. Là, elle se profile, humble sentinelle, suivant humblement la bande étroite qui serpente parallèlement à la route qui s’élève vers le village.
Soudain, le paysage se métamorphose, révélant une imposante ferme, témoin anachronique mais pérenne dans ce décor presque urbain. Ici, l’anachronisme devient poésie. Il y a aussi des paysans riches ici, mais il n’y a pas que des fermes.
La route se déploie alors, tel un ruban d’aventure, à travers un paysage aux allures de tableau impressionniste. Résidences cossues se mêlent harmonieusement aux sous-bois mystérieux, tandis que les bâtiments de services offrent leur soutien discret à cette communauté en mouvement perpétuel.
Elle atteint alors un carrefour, à deux pas du village. La direction est toujours celle de la Via Jacobi 4 vers Les Tuileries et Pregny-Chambésy.
Genthod ressemble à un vrai village. En ses entrailles, un véritable microcosme se déploie, avec son cœur battant, son édifice municipal imposant, son église aux lignes contemporaines, son château et ses jardins verdoyants où dansent les ombres du passé. Parmi les demeures qui se dressent, certaines arborent l’élégance altière des temps anciens, défiant l’épreuve des âges, révélant la splendeur discrète d’une opulence raffinée. Ce n’est pas la banlieue la plus pauvre de Genève, apparemment !
Une petite route s’échappe du cœur du village, glissant doucement vers les rives scintillantes du lac.
Bordée de vignobles, elle dévoile à ses voyageurs l’horizon infini où le jet d’eau de Genève se dresse, tel un spectre majestueux, mirage éphémère au cœur de l’azur. Entre les rangs de ceps dorés, quelques demeures de vignerons se dessinent, témoins silencieux d’une opulence tranquille, mêlant l’art de cultiver la terre à celui d’ériger des écrins de vie.
Bientôt, la route se dérobe, serpentant parmi les manoirs opulents, dissimulés derrière les remparts végétaux des haies luxuriantes. Chaque demeure semble être une affirmation de noblesse, réservée à une petite élite.
À l’orée du paysage se profile la modeste gare de Genthod-Bellevue.
Là, un chemin pavé se déroule en parallèle à la voie ferrée, suivant docilement le murmure des roues de fer, effleurant du regard le ruisseau mélodieux du Loubé.
Ici, les trains se succèdent avec une cadence rythmée, comme le battement régulier d’un cœur vibrant d’énergie, pulsant à l’unisson avec les murmures de la nature environnante.
Un peu plus loin, la Via Jacobi s’éloigne fugacement des rails, offrant à l’âme errante l’illusion fugace d’un retour à l’état sauvage, avant que la réalité ne reprenne son cours implacable.
Mais la symbiose entre l’homme et la machine demeure indéfectible, et bientôt le chemin, tel un amant fidèle, retrouve l’étreinte ferroviaire à proximité de la coquette gare des Tuileries.
Section 4 : La richesse de la banlieue genevoise
Aperçu général des difficultés du parcours : parcours sans aucune difficulté
À peine la silhouette familière de la gare des Tuileries se fond dans le lointain, le chemin s’évade sur la voie d’accès autoroutière qui s’enroule vers Genève, caressant les rives du lac majestueux. Une symphonie de départs et d’arrivées se mêle à l’air, une danse incessante de véhicules pressés, tandis que votre chemin se forge, résolument, vers d’autres horizons.
Poursuivant sa course en parallèle à la voie ferrée, le chemin s’enivre des murmures métalliques des trains filant vers l’ailleurs, avant de gagner un carrefour routier.
Mais attention, un tournant décisif approche ! Le chemin s’apprête à déserter les rails de fer pour épouser le charme discret du Chemin de l’Ancienne Fontaine.
Une montée se dessine alors, grimpant avec audace vers Chambésy Village.
Et voilà, émerveillement des émerveillements, une fontaine à deux visages se dévoile à vos yeux ébahis. Tel un prodige de l’artisanat, elle offre ses eaux généreuses à qui saura les apprivoiser, une métaphore vivante de la dualité de la vie, de ses multiples facettes à explorer.
Puis survient la seule pente abrupte du périple, une ascension marquée vers Chambésy Village.
Le village s’étend à perte de vue, un ruban de vie déroulé entre les collines, mais pour vous, il se résume à l’essentiel : un café-restaurant et un carrefour de routes.
La route se déroule alors vers Pregny, escaladant une petite colline qui domine le lac, comme une invitation à contempler l’immensité bleutée qui s’étend à perte de vue. Dans ce décor feutré de demeures cossues, où le luxe se marie à la quiétude, chaque pierre raconte une histoire, chaque fenêtre murmure un secret.
Plus haut, la route croise le Château Perrot, une merveille architecturale qui se dresse tel un bonbon de sucre, symbole d’une grande opulence. Il nous rappelle que derrière chaque façade, se cachent des vies qui se déploient dans l’ombre des murs ancestraux.
Aux portes de Pregny, la route s’égare près de la Mission permanente auprès des Nations Unies de la France, une présence imposante qui témoigne de l’importance stratégique de cette région dans les affaires internationales.
Pregny, cœur battant de la commune éponyme, s’épanouit tel un joyau niché au creux des collines. Ici, chaque coin de verdure raconte une histoire, une histoire tissée de luxe et de grandeur. Les domaines majestueux, avec leurs manoirs imposants et leurs jardins luxuriants, s’étirent langoureusement sous le regard. Mais ce n’est pas tout ; une kyrielle de missions permanentes étrangères parsèment la colline, telles des émissaires de la diplomatie mondiale. Parmi les illustres résidents, l’Aga Khan et la famille Rothschild se distinguent, épris de cet écrin de prestige. Et que dire des châteaux qui ponctuent le paysage, tels des sentinelles de l’histoire, gardiens des secrets du passé ? Cinq d’entre eux, majestueux et intemporels, veillent sur Pregny avec une grâce souveraine. Nous n’en ferons pas le tour aujourd’hui. La route passe donc au centre du village, si on ose le dire ainsi…
La route s’échappe rapidement du village pour se perdre dans les dédales verdoyants du Parc de Penthes, autrement connu sous le nom enchanteur du Jardin de l’Impératrice.
Ce vaste domaine, évoquant la splendeur d’un passé révolu, fut jadis la propriété de Joséphine De Beauharnais, cette figure légendaire surnommée la « belle créole » née sous les cieux tropicaux de la Martinique. Épouse tourmentée d’Alexandre de Beauharnais, fauché par la guillotine de la Terreur, elle croise le destin du général Bonaparte, lui offrant son cœur et son nom dans un second mariage qui la hissera au sommet de la couronne impériale. Mais le poids de l’histoire s’abat sur ses épaules frêles, car l’impératrice demeure stérile, condamnée à la solitude de l’infortune. Reléguée dans l’ombre du château de Malmaison, elle survit à l’oubli, tissant sa légende au fil des ans. Pourtant, ici à Genève, le souvenir de Joséphine brille de mille éclats, immortalisé par la postérité de son sang. Parmi ses enfants, c’est Hortense qui se distingue, mère de l’illustre Napoléon III. En l’an 1810, Joséphine acquiert la majestueuse propriété de Pregny, métamorphosant le château médiéval en un refuge digne de sa grandeur. Entre ses murs, elle écrit son histoire, tissant les fils de ses souvenirs avec une passion insatiable. Et même lorsque la mort vient la chercher, son héritage perdure, transmis à sa fille Hortensia, avant d’être cédé à un notable genevois. Aujourd’hui, ce trésor historique, racheté par la Ville de Genève en 1983, s’offre au regard des visiteurs, transformant le domaine en un havre de paix.
Ainsi une modeste route, oubliée des fastes de la royauté, le Chemin de l’Impératrice serpente humblement le long des contours majestueux du Domaine de Penthes. Dans l’ombre des grands arbres, il se dérobe à la vue, préservant sa modestie face à la splendeur éclatante qui règne en maître sur Pregny et ses environs. Une ironie du destin, pourrait-on dire, qu’une voie au nom si prestigieux se contente d’une existence discrète parmi tant d’autres. Elle s’étire timidement jusqu’au fond du parc public, frôlant le restaurant et le Château de Penthes d’un regard timide, voisin du Château de Pegny, La Tour, jadis habité par Joséphine elle-même. Un simple détour dans l’histoire, où les fantômes du passé murmurent à l’oreille des promeneurs égarés.
Descendant toujours plus bas, le chemin de l’Impératrice croise le chemin de la Mission permanente de l’Italie auprès des institutions internationales, un bastion diplomatique où la vie bourdonne au rythme des négociations et des alliances. Dans cette ruche agitée qu’est Genève, près de 4 000 âmes du corps diplomatique trouvent refuge, leurs voitures siglées de l’immuable plaque CD rivalisant en nombre avec les taxis de la cité. Un spectacle captivant, où les enjeux du monde se reflètent dans le jeu des plaques d’immatriculation.
La route, infatigable, poursuit sa descente, traversant avec bravoure les rails de fer pour émerger à l’une des entrées majestueuses du Jardin Botanique. Lieu de quiétude et de contemplation, ce joyau végétal, chéri des familles genevoises, s’étend en une symphonie de couleurs et de fragrances. Entre les mains expertes des jardiniers du Jardin Botanique de la Ville de Genève, ce sanctuaire de verdure prend vie, offrant aux visiteurs un refuge où l’esprit vagabonde au gré des sentiers fleuris.
Le Chemin de l’Impératrice aboutit finalement sur la célèbre Route de Lausanne, artère emblématique souvent prise d’assaut, telle une artère vitale pulsant à l’est de la ville. Là, il faut suivre humblement le trottoir, s’insinuant parmi le flot incessant de véhicules qui jaillissent de l’autoroute, telles des vagues impétueuses se brisant sur les rives du quotidien.
Bientôt, la Via Jacobi s’invite à la danse, déroulant son chemin devant l’entrée majestueuse du Jardin Botanique.
Face à ce havre de verdure, se dresse l’imperturbable bâtisse du WTO/OMC (Organisation Mondiale du Commerce), monument d’une diplomatie mondiale qui façonne les destinées économiques de notre planète. Tel un colosse impassible, il trône au carrefour entre la Route de Lausanne et l’Avenue de la Paix, tel un gardien vigilant veillant sur les flux incessants du commerce international. Et tandis que le regard se perd dans l’horizon des possibles, d’autres bastions de l’ONU, tels que l’OMS, le BIT ou encore le CICR, se dressent plus haut, telles des sentinelles de la paix, près de la majestueuse Place des Nations.
Section 5 : Tout au bout de la Suisse
Aperçu général des difficultés du parcours : parcours sans aucune difficulté.
La Via Jacobi, tel un fil d’argent tissé dans la trame de la cité, remonte avec grâce la Route de Lausanne, longeant le Parc Barton d’un pas décidé jusqu’à l’entrée même du havre de verdure qu’est le parc de la Perle du Lac.
Plus loin encore, elle plonge dans l’embrassure accueillante du parc, où les frondaisons caressent les rives du lac d’une étreinte bienveillante. C’est là, près du restaurant qui veille silencieusement sur les eaux, que la quiétude s’étend en une offrande délicate aux promeneurs et aux badauds.
Dès lors, il suffit de se laisser porter par la douce cadence des parcs, où la foule se presse joyeusement les jours radieux, le long du Quai Wilson et du Quai du Mont Blanc. Ou bien, pour les plus pressés, de s’abandonner aux rails du petit train, promesse d’une échappée plus rapide vers les embruns du jet d’eau. Et là-bas, à l’horizon, se dresse le majestueux Salève, promesse d’aventures futures pour ceux qui poursuivent le Chemin vers Santiago, suivant les traces de la Via Gebennensis.
Vous approchez alors à pas feutrés du célèbre jet d’eau, alors que le parcours vous mène jusqu’aux bains des Pâquis, haut-lieu des baignades genevoises.
La Via Jacobi, fidèle guide dans ce dédale urbain, vous conduit finalement au cœur de l’action, près du port animé, à l’ombre imposante du jet d’eau majestueux. Juste là, à côté le Pont du Mont Blanc enjambe la rade.
Ici se dresse en arrière-plan la silhouette élégante de la cathédrale, perçant le ciel au-dessus des Rues Basses de la ville.
Et pourtant, il n’est nul besoin de poursuivre jusqu’au Pont du Mont Blanc pour rejoindre la gare, car à la hauteur du monument Brunswig, ce mausolée imposant érigé sur demande du duc Charles II de Brunswick, exilé, ayant légué toute sa fortune à la ville, la solution se présente : il suffit de suivre la Rue des Alpes qui mène droit à la gare. La Gare Cornavin est le véritable cœur battant de la cité.
En général, la Via Jacobi a deux objectifs bien définis : d’une part, servir de guide aux touristes suisses désireux de découvrir leur propre pays sous un jour nouveau, et d’autre part, offrir aux pèlerins venant d’Allemagne ou des pays de l’Est un parcours qui les mènera jusqu’au Puy-en-Velay, en France, souvent considéré à tort comme le véritable point de départ du Chemin de Compostelle. Dans le cadre de cette description, nous détaillerons Genève en tant que première étape de la Via Gebennensis, cette voie empruntée par les pèlerins pour rejoindre le Puy-en-Velay.
Il est indéniable que le Chemin de Compostelle est une histoire aux rebondissements multiples. Il est intéressant de noter que la plupart des pèlerins choisissent de partir de Sarria, située à seulement 100 kilomètres de Santiago. Ce choix stratégique leur permet d’atteindre leur objectif final : toucher le Graal du pèlerinage, le précieux certificat du Chemin de Compostelle. Cela peut sembler être une simplification de l’expérience, une sorte de raccourci qui certainement dévalorise le voyage accompli par ceux qui ont foulé les chemins de toute l’Europe, portant sur leurs épaules le poids de leur sac. Mais ainsi va la vie, avec ses détours inattendus et ses paradoxes déconcertants.
Logements sur la Via Jacobi
- Camping communal, Route de Suisse 58, Tannay; 078 855 97 27 ; Accueil jacquaire, repas, petit déj.
- Christine Kaltenrieder, Ch. Des Vallières 17, Tannay ; 022 776 31 50/079 314 30 42 ; Accueil jacquaire, repas, petit déj.
- Auberge du Lion d’Or, Route du Village 2, Tannay ; 022 776 04 23 ; Hôtel, repas, petit déj.
- Fabiola Gavillet, Route suisse 73, Mies; 022 779 43 00 ; Accueil jacquaire, petit déj.
- Hôtel de la Couronne, Rue du Village 390, Mies; 022 755 24 90 ; Hôtel, repas, petit déj.
- B&B Raess, Chemin Montfleury 31, Versoix; 022 755 28 52/079 549 22 11 ; Chambre. d’hôte, petit déj.
- Hôtel des Balances, Route suisse 33, Versoix; 022 755 37 68 ; Hôtel***, repas, petit déj.
- Genève Cottage, Route suisse 190, Versoix; 022 369 00 03 ; Hôtel***, repas, petit déj.
- Lake Geneva Hotel, Versoix; 022 907 81 11 ; Hôtel***, repas, petit déj.
- B&B Abel, Pré-des-Fourneaux 11, Genthod ; 022 958 04 44 ; Chambre d’hôte, petit déj.
- Gîte, Rue Rothschild 30, Genève; 022 732 62 60 ; Auberge de jeunesse
- Centre social protestant, Quai du Mont Blanc, Genève; 022 732 29 74 ; Accueil chrétien, repas, petit déj.
- Home St Pierre, Cour St Pierre 4, Genève; 022 310 37 07 ; Gîte, petit déj.
Les logements sont nombreux dans une grande ville. Alors, pour les autres logements qui ne sont pas des gîtes, consultez Internet ou alors l’Office de Tourisme de Genève (022 909 70 00).