Au coeur de l’Emmental
Le parcours aujourd’hui passe de Haute Argovie en Emmental, là où coule la rivière Emme, à l’origine de la naissance du fromage Emmental.
L’emmentaler ou emmental est un fromage d’origine suisse, à pâte dure dont le nom provient de la Valée de l’Emme (en allemand, Emmental), une région à l’est du canton de Berne. Le nom d’emmental est aussi donné à des fromages similaires, industriels ou sous label produits dans d’autres pays. C’est un fromage de lait de vache à pâte pressée cuite. La présence des trous est due à d’infimes particules de foin qui s’infiltrent dans le lait lors de la traite des vaches. Ces corpuscules, lors du processus de fermentation, émettent des gaz à l’origine des trous, qui se retrouvent dans le produit final. La meule de l’Emmentaler AOP suisse est d’un poids moyen de 90 kg. Les meules doivent leur taille imposante à des raisons fiscales. En effet, au XIXème siècle, les droits de douane étaient perçus sur le nombre de pièces exportées et non pas sur leur poids. En général, le fromage subit un affinage moyen de sept semaines. Pour avoir un fromage plus corsé on peut pousser l’affinage de 8 à 12mois. L’emmentaler est l’un des fromages les plus consommés en Suisse avec le gruyère. C’est aussi l’un des plus connus et exportés dans le monde.
L’aire de production comprend le canton de Berne, mais aussi de très nombreux cantons suisses alémaniques, jusqu’au canton de Fribourg dans sa partie germanique. L’Emmental AOP est fabriqué selon un cahier des charges très précis. On compte aujourd’hui en Suisse environ 149 entreprises produisant l’emmental AOC. Aujourd’hui, ls production de gruyère AOC est devenue légèrement supérieure à celle d’emmental AOC. Néanmoins, l’emmental AOC reste le fromage suisse le plus exporté, le double du gruyère AOC.
Évidemment, comme pour le gruyère, les suisses trouvent à redire de la fabrication de ces formages en dehors du pays. Un fromage industriel similaire est également fabriqué de nos jours, sous le nom générique d’emmental, en Allemagne, en Autriche, au Danemark, aux Etats-Unis, aux Pays-Bas, et en France. La production industrielle totale européenne, avoisine 464’000 tonnes et représente à peu près 6 % de la collecte de lait de ces pays. C’est nettement plus que la production suisse, qui est de l’ordre de 25’000 tonnes par an. Depuis 1999, la France est reconnue comme le premier pays producteur mondial de ce fromage, avec quelque 110 000 tonnes par an, la Bretagne assurant la moitié de cette fabrication.
La hache ce guerre n’est pas encore enterrée entre suisses et français. Pendant longtemps, la production d’emmental industriel français était distribuée en France sous le nom générique de gruyère. L’ambiguïté venait du fait que, comme l’emmental, le gruyère français possède des trous en son sein contrairement au gruyère suisse qui n’en possède pas. Au milieu du XIXème siècle, des marchands bernois d’emmental ont pénétré le marché français en faisant passer leur produit pour du gruyère. De là est née la confusion entre gruyère et emmental. Bien que l’emmental soit revendiqué comme étant un fromage français, on ne lui reconnaît aucune origine française. C’est la même histoire pour le gruyère, que les français revendiquent aussi, un gruyère avec des trous. Cela fait bondir les suisses, qui se bardent de labels AOP, croyant naïvement assurer leur protection. Les français, qui pensent avoir tout inventé sur la planète, sont décidément incorrigibles. Maintenant, si on veut pousser le bouchon un peu plus loin, il faut aussi considérer ce que mangent les vaches. En Suisse, ce sont des Simmental qui donnent le lait, et ces vaches mangent avant tout de l’herbe dans la saison et du foin en hiver. En France, ce sont en très grande majorité des Holstein, qui ne voient pas la lumière du jour et qui sont confinées à l’intérieur où elles consomment du maïs. A vous de choisir, mesdames et messieurs les gastronomes.
Nous avons divisé l’itinéraire en plusieurs sections, pour faciliter la visibilité. Pour chaque tronçon, les cartes donnent l’itinéraire, les pentes trouvées sur l’itinéraire et l’état du parcours (routes ou chemins). Les itinéraires ont été conçus sur la plateforme “Wikilocs”. Aujourd’hui, il n’est plus nécessaire d’avoir des cartes détaillées dans votre poche ou votre sac. Si vous avez un téléphone mobile ou une tablette, vous pouvez facilement suivre l’itinéraire en direct.
Pour ce chemin, voici le lien :
https://fr.wikiloc.com/itineraires-randonnee/de-huttwil-a-burgdorf-par-la-via-jacobi-4-136560515
Difficulté du parcours : Le parcours se déploie en une symphonie de paysages, oscillant entre la majesté des bois et la quiétude de la campagne, ponctué par des altitudes aussi imposantes que variées, sur des dénivelés relativement conséquents (+517 mètres/-584 mètres). Il y a deux belles bosses. La première de ces ascensions, tel un murmure de la terre qui s’éveille, se dessine délicatement vers la colline de Kaltenegg, offrant une pente, à la fois exigeante et enivrante, qui exhorte les vaillants à puiser au plus profond de leur résilience pour gravir les hauteurs. Puis, tel un crescendo dans cette partition naturelle, se profile la seconde montée, plus imposante, plus altière, dressée fièrement au cœur du parcours, en direction du renommé site touristique de Lueg. Mais la vie, aussi exigeante soit-elle, n’est pas qu’une suite d’ascensions. Après l’effort, la récompense se dessine sous la forme d’une dégringolade vers Burgdorf.
État de la Via Jacobi : Dans cette étape, les parcours sur le goudron dépassent légèrement les parcours sur les chemins :
- Goudron : 12.1 km
- Chemins : 10.7 km
Ce n’est évidemment pas le cas pour tous les pèlerins d’être à l’aise avec la lecture des GPS et des cheminements sur un portable, et il y a encore de nombreux endroits sans connexion Internet. De ce fait, vous trouverez sur Amazon un livre qui traite de ce parcours.
Si vous ne voulez que consulter les logements de l’étape, allez directement au bas de la page.
Parfois, pour des raisons de logistique ou de possibilités de logement, ces étapes mélangent des parcours opérés des jours différents, ayant passé plusieurs fois sur sur ces parcours. Dès lors, les ciels, la pluie, ou les saisons peuvent varier. Mais, généralement ce n’est pas le cas, et en fait cela ne change rien à la description du parcours.
Il est très difficile de spécifier avec certitude les pentes des itinéraires, quel que soit le système que vous utilisez.
Pour les “vrais dénivelés ”et pour les passionnés de véritables défis altimétriques, consultez attentivement les informations sur le kilométrage au début du guide.
Section 1 : Sur les collines au-dessus de Huttwil
Aperçu général des difficultés du parcours : montée exigeante.
À la gare de Huttwil, une bifurcation subtile révèle le début d’une aventure encadrée par deux voies, chacune arborant sa propre promesse. D’un côté, la Via Jacobi 4, traçant sa voie en direction de Fiechten/Chaltenegg, et de l’autre, la Via Jacobi 65, s’enfonçant vers les horizons de Sumiswald. À première vue, leurs parcours semblent se confondre dans une similitude presque trompeuse, mais une observation attentive dévoile un infime écart d’un millimètre entre ces deux destinées tracées. Une nuance subtile, mais cruciale.
Guides bienveillants, nous vous orientons : la Via Jacobi 65 vous conduit vers l’urbanité, tandis que la Via Jacobi 4 épouse la route ferroviaire depuis la gare, se dirigeant résolument vers Fiechten.
Dès les premiers pas, la route croise une voie ferrée oubliée, vestige d’une époque où elle serpentait jadis vers Burgdorf. Orpheline de circulation depuis plus de deux décennies, cette voie est désormais musée, le transport des voyageurs confié aux ailes d’un car. Un silence pesant, teinté de nostalgie, règne sur cet axe jadis vibrant de mouvement.
La route s’engage ainsi vers Fiechten, s’éloignant peu à peu des artères citadines pour flirter avec la périphérie du bourg. Un défilé de chalets de vacances se dessine, tels des écrins disséminés dans la campagne, tandis que l’omniprésence symbolique de la vache se dévoile, incarnée dans des sculptures figées, témoins silencieux d’un mode de vie ancestral.
La Via Jacobi, fidèle à son cours, se fond harmonieusement dans le paysage rural, laissant derrière elle les dernières habitations pour s’engager au cœur des exploitations agricoles et des demeures cossues, parées de leur belle prestance architecturale.
Un écho mélodieux se fait entendre alors que la route contourne une imposante scierie, symbole tangible de l’industrie du bois qui étreint cette région de son empreinte séculaire.
À Fiechten, le doux murmure du ruisseau de Rotbach accompagne la flânerie, tandis que les demeures, drapées de bardeaux, se dressent fièrement, leurs toits inclinés défiant parfois les cieux dans une courbure gracieuse.
Plus loin, l’ascension s’amorce, la route s’élevant en direction de la colline de Fiechtenberg. Les pentes escarpées invitent au défi.
Parfois, seules les vaches, paisibles sous le feuillage des arbres, semblent compatir à l’effort des marcheurs, les arbres offrant leur ombre bienveillante en guise de réconfort.
La route, pavée d’asphalte, serpente jusqu’au sommet de la colline, où elle s’achève en impasse, aux abords d’une ferme d’une beauté atemporelle.
Son charme énigmatique, empreint d’une histoire inscrite en lettres majuscules dans un Hochdeutsch révolu, défie le temps et éveille l’imagination des voyageurs, leur offrant un refuge à la croisée des chemins.
À l’angle de la ferme, un sentier prend le relais et s’élève dans les prés, flirtant avec la lisière du sous-bois, tel un filigrane d’émeraude ourlé de nuances infinies.
Le paysage se pare ici d’une verdeur enchanteresse, où chaque brin d’herbe exhale le charme d’une symphonie printanière. Le chemin gravit les hauteurs jusqu’à rencontrer une autre ferme, perchée tel un joyau sur le diadème de la collines.
À partir de cette ferme, le chemin s’enroule en une danse gracieuse à travers la forêt, son ascension prenant des contours plus indulgents, comme une caresse bienveillante de la nature.
Les majestueux épicéas et hêtres se dressent en sentinelles, leurs branches s’entrelaçant dans une chorégraphie millénaire, tandis que çà et là quelques rares chênes ponctuent l’horizon.
Plus haut, le chemin émerge des bois pour embrasser une clairière éparse, comme autant de haltes poétiques sur la partition de cette ascension.
Et voici, au sommet de la colline, près d’un splendide chalet au lieudit baptisé Zwang, où le regard se perd avec délice dans les vallées en contrebas, un tableau digne des plus belles cartes postales. C’est toujours la Suisse traditionnelle qui s’offre à la contemplation, avec ses pâturages verdoyants, ses bois disséminés et ses fermes éparpillées sur les collines, comme autant de joyaux éparpillés sur un tapis d’émeraude.
Alors, le chemin s’élargit, dévalant en une douce descente à travers la campagne, surplombant les fermes, effleurant du regard la limite du sous-bois.
Après un court séjour parmi les frondaisons, le chemin s’échappe en une danse capricieuse à travers les champs. Revêtu bientôt de carrés de béton, il refuse toute entrave, préservant le passage des tracteurs dans un ballet d’aisance financière.
Dans cette contrée, ce sont avant tout les pâturages et les vaches qui règnent en maîtres, leurs silhouettes paisibles ponctuant le paysage de leur présence sereine. Mais parfois, à travers la toile verdoyante, transparaissent des touches de culture, céréales ou colza, comme autant de notes subtiles dans la symphonie champêtre.
Peu après, le sol battu cède le pas au bitume, grimpant jusqu’à Kaltenegg, où se dressent d’imposantes fermes, semblables à des forteresses érigées par la main de l’homme.
À Kaltenegg, vous atteignez 762 mètres d’altitude, ayant gravi avec prudence près de 130 mètres depuis Huttwil. Votre cap est désormais Dürrenroth, où la civilisation se profile à l’horizon, à seulement 30 minutes d’ici.
Section 2 : Un beau village sur le parcours avant une grande forêt
Aperçu général des difficultés du parcours : parcours vallonné, avec une descente marquée, une montée sévère le village, avant un parcours sans problème.
Il est tout à fait remarquable de constater qu’au cœur de ce paysage d’une tranquillité envoûtante, où seulement cinq à six fermes ponctuent l’horizon, émerge une fromagerie, témoignage éloquent de l’authenticité et de la richesse de cette contrée. La route, indomptable, poursuit son ascension sur les flancs de la colline à la sortie du hameau, s’élevant avec prestance au milieu des pâturages verdoyants.
Au sommet de cette élévation majestueuse, la Via Jacobi abandonne la voie asphaltée pour se fondre dans un sentier qui se laisse aller avec délice vers la plaine, où les toits uniformes de Dürrenroth se dessinent à l’horizon.
Le chemin serpente à travers les prés, se dirigeant vers un sous-bois prometteur.
Mais l’ombre des frondaisons est éphémère, et bientôt le chemin retrouve la lumière du jour au lieudit Chnubel. Ici, l’annonce de Santiago à 1380 kilomètres résonne comme un appel à l’aventure, dans un écho rassurant qui enveloppe le voyageur.
À travers les vergers et les cultures, le chemin s’enfonce dans la descente, au milieu des arbres fruitiers et de vagues cultures.
Sa pente escarpée dévoile progressivement la proximité de la route cantonale.
La Via Jacobi traverse alors cette voie de communication, se dirigeant vers la gare autrefois animée, où le Rotbach murmure discrètement son chant cristallin.
On imagine aisément que prendre le train ici fut jadis un véritable enchantement, bien que la raide montée sur le chemin goudronné vers le village puisse en dissuader plus d’un.
La montée abrupte trouve son aboutissement dans une rampe d’escaliers, offrant depuis son sommet une vue imprenable sur le temple millénaire qui domine le paysage. Datant du XVe siècle, cette imposante construction a traversé les âges, s’enrichissant au fil du temps de maintes histoires et légendes.
Dürrenroth s’étale alors dans toute sa splendeur, un village d’une beauté rare où de nobles demeures rivalisent d’élégance. Par beau temps, la terrasse du restaurant devient un lieu prisé, convoité par les voyageurs assoiffés de panoramas enchanteurs et de bonne nourriture.
Et parmi les trésors de ce bourg pittoresque, une fromagerie trône en maîtresse, témoignant de la tradition et de la passion qui animent cette terre. Mais point d’épicerie ni de boulangerie ici, dans ce royaume du fromage, où le savoir-faire artisanal se déguste à chaque bouchée.
La Via Jacobi s’échappe alors des confins du village, se déroulant paisiblement le long de la route, descendant légèrement jusqu’à Gärbihof. Les magnifiques chalets de bois, témoins silencieux d’un passé séculaire, parsèment le paysage de leur charme intemporel. Parfois, le passage du bus, successeur du train, vient briser le silence, rappelant l’évolution moderne dans cet écrin d’histoire.
La route traverse ensuite un village, où se dressent fièrement de belles demeures aux jardins soigneusement entretenus.
À l’angle d’une ferme ancestrale, la Via Jacobi abandonne le bitume pour un sentier plus rustique.
Ce chemin, caressant doucement les herbes folles, se dirige bientôt vers la forêt, où parfois encore, les Braunvieh, ces vaches grises emblématiques de la Suisse orientale, font leur apparition.
C’est ici que débute une balade boisée de deux kilomètres, à travers la majestueuse forêt de Rotwald.
Cette promenade, paisible et sans dénivelé, se déploie dans une dense forêt aérée, ses larges chemins invitant à la flânerie, une caractéristique fréquente des bois helvétiques.
Par moments, des haies de sapins blancs s’offrent à votre regard, accompagnées de majestueux Douglas et de hêtres imposants, formant un véritable ballet végétal.
Plus loin, une bifurcation de chemins exige vigilance ; en l’absence de panneaux directionnels, il convient de guetter les losanges jaunes sur les arbres, indiquant le chemin à suivre.
Section 3 : Entre forêts et belle campagne
Aperçu général des difficultés du parcours : parcours vallonné, avec des pentes souvent marquées en montée.
La forêt se révèle sous ses plus beaux atours, les arbres élançant leurs troncs vers la lumière, alignés comme des soldats en quête du soleil.
Toutefois, le chemin présente des défis, marqué par les traces des chevaux et les sillons creusés par les roues des tracteurs forestiers, créant des passages boueux même par temps sec. Des sentiers de contournement témoignent de cette situation persistante.
En sortant de l’étreinte de la forêt, des clairières ponctuent le paysage, offrant des vues sur la route cantonale et la voie ferrée désaffectée, témoins d’une époque révolue.
Le chemin débouche ensuite sur les prés, traversant paisiblement l’espace ouvert en direction de petits hameaux éparpillés dans la campagne.
La Via Jacobi abandonne alors le sentier de terre pour une route prenant un virage à angle droit vers Unterwaltrigen.
Là se trouve une maison avec un jardin remarquable, une véritable fresque vivante qui évoque les innombrables heures et les sommes investies pour entretenir cette splendeur.
Mais attention à ne pas se laisser trop captiver par cette beauté au point de rater la bifurcation, et vous éloigner vers la voie ferrée tentante ; juste après cette maison, le chemin continue en direction de Häusernmoos, à une demi-heure de marche.
Poursuivant sa route, la Via Jacobi quitte le hameau à proximité d’un cabanon fréquenté par les jeunes locaux et serpente joyeusement entre les prés et les lisières des sous-bois.
Bientôt, le village de Häusernmoos se profile, niché derrière le petit cours d’eau du Rotbach, qui ondule à travers la plaine.
Après avoir longé une maison de bois relativement récente, le chemin navigue encore entre prés et haies, avant de rencontrer une petite route qui tourne nettement pour descendre vers le village.
La route enjambe le Rotbach et conduit rapidement à la gare de Häusernmoos. Bien que le train n’y passe plus, un arrêt de bus et une auberge offrent des options de repos et de restauration pour les voyageurs et les randonneurs.
La Via Jacobi s’éloigne de la RN23 pour ne la retrouver qu’aux abords de Burgdorf, prenant la route qui mène directement à Herbrig, un village relativement moderne comparé aux autres de la région.
En passant par Herbrig, on note une demeure impressionnante, bien qu’elle montre des signes de délabrement, elle se dresse fièrement le long de la route.
A la sortie du village, le chemin monte doucement vers la forêt. Cette partie du bois, clairsemée et respirant la tranquillité, offre un mélange harmonieux de conifères et de feuillus.
Le chemin franchit le ruisseau de Chapellebach sur des planches de fortune, traversant brièvement prés et champs cultivés avant de replonger dans le bois.
L’aventure se poursuit avec un retour en forêt où la pente commence à s’accentuer. Le chemin mène vers Lueg, serpentant à travers la forêt sur une route au goudron craquelé. Bien que la montée soit constante, elle reste modérée, ne dépassant jamais les 10% d’inclinaison.
Section 4 : Là-haut sur la colline de Lueg
Aperçu général des difficultés du parcours : pentes marquées en montée comme en descente.
Le chemin mène à une clairière où, près d’un grand chêne, il redescend abruptement dans le sous-bois. Là, il serpente au fond d’un petit vallon, passant sous une ferme majestueuse située en hauteur sur la colline du hameau de Sack.
Le chemin s’élève ensuite de manière plus marquée à travers la forêt de Juch, longeant par moments le ruisseau de Oschbach au sein d’une végétation dense et sauvage.
En sortant de la forêt, le chemin débouche sur le plateau de Juch où, lors de notre passage, un bâtiment de plusieurs étages était en construction, ce qui paraît incongru dans une région dominée par les exploitations agricoles.
Puis, la route goudronnée descend doucement vers Junkholz, un hameau rural où l’on peut observer une vache égarée parmi de somptueuses fermes dispersées dans un paysage tranquille qui invite à la promenade sans effort.
Un sentier mêlant herbes et cailloux mène ensuite à la forêt de Luegwald, passant juste au-dessus de Heiligenland, un hameau dont le nom signifie « terre sainte », une appellation pleinement justifiée par la beauté du lieu.
Le sentier grimpe le long de la colline, d’abord à travers des prés nus, puis un bosquet sauvage.
Il émerge dans des prés escarpés où se dresse un mémorial dédié à 54 cavaliers bernois décédés lors de l’épidémie de grippe espagnole en 1918. Le site offre un panorama saisissant sur les paysages ondulés de l’Emmental, avec les Alpes bernoises et le Jura en arrière-plan, culminant à 890 mètres, le point le plus élevé de la commune d’Affoltern dans l’Emmental. Historiquement, ce lieu servait de poste de guet où un feu d’alarme pouvait être allumé en cas de menace.
En redescendant, le chemin atteint un parking très fréquenté par des randonneurs et pèlerins durant les week-ends ensoleillés.
Une route descend ensuite vers le restaurant panoramique de Lueg, où les promeneurs viennent déguster des spécialités locales, notamment des saucisses et des fromages, accompagnés de crème à profusion.
Depuis le restaurant, une route de terre plate traverse les prés. En se retournant, on a une vue claire sur l’hôtel qui offre non seulement des repas mais aussi des services de bien-être, des séminaires, et même des événements artistiques, y compris des concerts de yodel, et bien plus.
Le chemin continue de s’étendre à plat à travers le sous-bois, offrant un moment de calme sous le couvert des arbres.
Cependant, le sentier change bientôt de caractère, se transformant en une descente abrupte qui se fraye un chemin à travers la forêt avec des inclinaisons atteignant parfois plus de 35%. Le sol, souvent retenu par des rondins usés par le temps, témoigne de tentatives passées pour stabiliser le chemin. En période de pluie, cette section devient particulièrement délicate, transformant le sentier en un véritable bourbier d’argile glissante, mettant à l’épreuve l’adresse et la prudence des marcheurs.
Section 5 : De magnifiques fermes dans la nature
Aperçu général des difficultés du parcours : parcours en forte descente.
La descente, bien que courte, défie l’endurance avec un peu plus de 300 mètres d’une pente abrupte, taillant son chemin à travers une nature indomptée. Là, le sol se rebelle sous les pas, laissant les marcheurs lutter dans un décor sauvage, jusqu’à ce que la pente, enfin, s’accorde une respiration à l’orée du bois.
Au bas de ce sanctuaire forestier, la pente s’adoucit, tel un soupir de la terre. Le chemin, enlacé par les arbres séculaires, se poursuit en frôlant la lisière avant de s’épanouir sur la route qui serpente vers Lueg.
Puis, une petite route goudronnée se dérobe entre les prés vers Heimismatt, dessinant des arabesques sur un tapis de verdure. La nature y célèbre en hymnes la beauté des collines ondoyantes et des fermes éparpillées, comme des perles sur le collier du paysage.
Les fermes, véritables bastions de la Suisse allemande, se révèlent dans toute leur splendeur surtout ici, dans le canton de Berne. Chacune d’elles, un joyau architectural, se dresse fièrement, vous offrant un spectacle inoubliable dans un hameau qui tient dans la paume de la main.
La route continue ensuite, s’écoulant avec grâce et harmonie à travers les prés, verts comme des pommes Granny Smith. De temps à autre, des arbres fruitiers parsemés le long du chemin vers le hameau de Gerstler, agrémentent le paysage de leurs silhouettes graciles.
Depuis ce hameau, la route reprend sa descente en douceur, replongeant dans la forêt où hêtres et épicéas sont alignés comme des mâts de navires prêts à l’assaut des vagues.
Le parcours forestier devient alors un large chemin, traversant rapidement ce bois dense comme pour en percer le mystère.
Émergeant de cette odyssée verte, la Via Jacobi retrouve la route de Lueg, flânant jusqu’au hameau de Kaltacker.
Ici, point de fermes mais des demeures patriciennes, majestueuses et tranquilles, dont l’une se métamorphose en restaurant, s’interrogeant en silence sur les traditions culinaires locales évoquant souvent les cervidés.
Cependant, les fermes ne manquent pas, toujours proches, avec certaines arborant des lambris, d’autres des bardeaux, mais la plupart se parant de bois ancien qui raconte les années. Les géraniums ajoutent leur touche rougeoyante à ce tableau vivant, ces maisons conçues pour traverser le temps.
Puis, c’est une longue marche sur la route, à travers les prés et les champs en direction de Burgdorf. Là, les cultures dominent, principalement le maïs, indispensable complément hivernal pour le bétail. Ce ne sont pas des villages que l’on traverse ici, mais plutôt des lieux-dits où des fermes solitaires ponctuent le paysage.
Au niveau d’une ferme, au lieudit Sonnberg Neuhaus, sous le regard complice des vaches Simmental, le goudron cède la place à la terre battue. Le chemin, presque capricieux, monte alors en tanguant vers la forêt.
Sur la petite colline, le panorama s’ouvre, dévoilant la campagne bernoise, étendue et intemporelle.
Enfin, le chemin atteint le lieu-dit Weid. Ici se bifurquent les routes pour Burgdorf. La Via Jacobi 4 s’oriente vers Summerhus, choisissant non pas la voie directe, mais celle qui s’égare à droite, invitante et mystérieuse.
Section 6 : Burgdorf, une ville au bout de la campagne
Aperçu général des difficultés du parcours : parcours en forte descente.
Le chemin s’enfonce alors dans la majestueuse forêt de hêtres de Leuehölzli, s’égarant un moment à la lisière, entre ombre et lumière, dans les prairies avoisinantes.
Plus loin, il se fond à nouveau dans le cœur de la nature sauvage, serpentant gracieusement parmi les herbes folles, se frayant un chemin sous le couvert dense des arbres, souvent de jeunes hêtres, luttant pour leur place au soleil.
Soudain, l’inclinaison du terrain se fait sentir. Un panneau de signalisation, ignoré par les audacieux vététistes, interdit le passage aux bicyclettes. Et pour cause, la pente se fait abrupte, bien que sans danger apparent.
Le chemin, souvent escarpé, oscille entre 15 et 35% de dénivelé, se creusant parfois entre des formations de marne. Sous les pas, la terre se transforme en une argile compacte, constellée de petits cailloux, offrant une expérience tactile des plus gratifiantes.
Et comme souvent, après l’épreuve, vient le réconfort. Le sentier, tel un fugitif émergeant de son antre, débouche soudainement au pied de la descente, au charmant lieudit Sommerhaus, où trône un Gasthof avec sa terrasse panoramique. Cet établissement prisé de la population locale, à quelques enjambées de Burgdorf, attire les convives en quête d’une cuisine raffinée, bercés par la quiétude de la grande terrasse.
Du Sommerhaus, la silhouette de Burgdorf se dessine dans la plaine, mais la Via Jacobi préfère vous conduire encore un peu plus loin, à travers les bois ombragés…
…avant de pénétrer les faubourgs de la cité.
A la sortie du bois, la Via Jacobi 4 franchit sur le Wynigebrügg l’Emme, rivière emblématique de l’Emmental et du fameux fromage qui en porte le nom. La Grande Emme, qui donne son nom à cette région bernoise, prend sa source dans les Préalpes et se jette dans l’Aar, non loin de Berthoud. À ne pas confondre avec la Petite Emme, suivie dans le canton de Lucerne. Si l’Emme n’est pas navigable, elle fut jadis le principal axe du flottage du bois, souvent accompagné de fromage et de bétail, une tradition attestée dès le Moyen Âge. Jusqu’au XVIe siècle, un unique pont enjambait la rivière à Burgdorf (Berthoud en français).
Le périple conduit à travers un vaste parc. Dressé fièrement sur l’une des collines de la vieille ville, se dresse le château de Burgdorf, l’un des illustres vestiges des grandes forteresses féodales. Son édification, selon les récits, remonte à l’époque de la famille de Berthold de Rheinfelden, avant même l’ère des Zaehringen bernois, au XIe siècle. Il est supposé que vers 1200, les Zaehringen entreprirent des travaux de rénovation du château, érigeant par la même occasion la haute ville et son église. Au fil des siècles, le château subit des transformations sans altérer son allure médiévale marquée. À la fin du XVIIIe siècle, le pédagogue Pestalozzi y établit son école, perpétuant ainsi son rôle historique. Depuis 1804, le château abrite les autorités, demeurant ainsi le témoin immuable de l’histoire.
L’Emme, elle aussi, se détourne en un cours intérieur, franchie par le magnifique pont de bois de Wynigebrügg. Depuis le Moyen Âge, la rivière, charriant d’innombrables galets, portait préjudice aux moulins érigés sur ses rives, entraînant la création de nombreux bras de dérivation.
La Via Jacobi atteint ensuite la partie basse de la ville. Burgdorf, comptant 16 300 habitants, se dévoile comme une ville en deux parties : la vieille ville couronnant les hauteurs, et la partie basse, animée autour de la gare. L’effervescence semble concentrée autour de la gare, avec ses commerces et ses restaurants, où l’hôtel Berchtold trône en maître, attirant la jeunesse avide de rencontres. Fondée avant 1175, Berthoud et Huttwil en 1313 témoignent des racines anciennes de la région, où même les fermes isolées existaient sans doute déjà. La pression démographique du XVIe siècle conduisit à l’occupation des rives des rivières, auparavant désertes, et au défrichement des hauts pâturages. Si prospère au Moyen Âge, Burgdorf connut un déclin au XVIIe et XVIIIe siècles, ses artisans préférant l’agriculture et les fromages à l’industrie. À cette époque, Langnau en Emmental jouissait d’une réputation prestigieuse, fondée sur ses exportations de lin, de fromage, de bois et de chevaux. Cependant, dès le XIXe siècle, Langnau et son emblématique région perdaient de leur éclat au profit de Burgdorf, plus proche de Berne et de ses industries. Aujourd’hui, l’Emmental, bien qu’aucunement défini légalement, demeure une région au rôle essentiel dans l’affirmation d’une identité paysanne.
Pour rejoindre la ville haute, on peut emprunter des escaliers ou de charmantes petites routes serpentant la colline. Au sommet des marches, la Via Jacobi 4 de Burgdorf reprend son cours.
Dominant la ville, l’église Stadtkirche, érigée à la fin du XVe siècle, se dresse fièrement. Sa tour imposante, s’élevant à 70 mètres de hauteur, se distingue de loin. De style gothique, elle abrite de magnifiques orgues. À la Réforme, tous les ornements et autels furent supprimés, conférant à l’édifice une austérité singulière, témoin de la tradition réformée du canton de Berne.
Depuis la place de l’église, le regard se perd vers une somptueuse demeure patricienne nichée dans un écrin de verdure en contrebas.
De l’église ou du château, de pittoresques ruelles pavées dévalent vers le cœur de la vieille ville.
Dans ce quartier ancien, les maisons, d’une élégance discrète, arborent une teinte grise uniforme, ponctuée çà et là d’arcades ornant les rues, une caractéristique typique des villes du canton de Berne.
Logements sur la Via Jacobi
- Landgasthof Bären, Dorf, Dürrenroth; 062 959 00 88 ; Hôtel, repas, petit déj.
- Hotel Koi-Garteenteich; Häusernmoos; 034 435 16 37; Hôtel, repas, petit déj
- Langgasthof Lueg, Kaltacker; 034 435 18 81 ; Hôtel, repas, petit déj.
- Shloss Burgdorf ; Burgdorf; 034 426 10 20, Auberge de jeunesse, repas, petit déj.
- B&B Aenmestrand ; Schönauweg 12 ; Burgdorf; 034 422 90 63/079 364 09 83 ; Chambre d’hôte, petit déj.
- Hotel Landhaus, Sägegasse 33 ; Burgdorf; 034 422 29 92 ; Hôtel, repas, petit déj.
- Hotel Berchtold***, Bahnhofstrasse 90, Burgdorf : 034 428 84 28 ; Hôtel, repas, petit déj.
Aujourd’hui, en ces contrées, le gîte ne saurait être un souci. Le parcours est ponctué de lieux de restauration, où chaque étape révèle un nouveau trésor gastronomique : un à Dürrenroth, un autre à Häusernmoos, et encore un autre à Lueg. Cependant, point de supermarché en chemin, hormis une fromagerie à Dürrenroth, où les délices du terroir sont à l’honneur. Dans cette étape, ce sont surtout de modestes hôtels qui jalonnent la route, mais jamais à prix modique, telle est la Suisse. Burgdorf, quant à elle, se profile comme une cité où les échoppes fleurissent à chaque coin de rue. Néanmoins, la prudence s’impose : réservez tout de même, même si les commodités semblent abondantes.