Etape 13: De Burgdorf à Boll

Une journée de plaisir dans les forêts bernoises

 

DIDIER HEUMANN, ANDREAS PAPASAVVAS

Nous avons divisé l’itinéraire en plusieurs sections, pour faciliter la visibilité. Pour chaque tronçon, les cartes donnent l’itinéraire, les pentes trouvées sur l’itinéraire et l’état du GR65. Les itinéraires ont été conçus sur la plateforme “Wikilocs”. Aujourd’hui, il n’est plus nécessaire d’avoir des cartes détaillées dans votre poche ou votre sac. Si vous avez un téléphone mobile ou une tablette, vous pouvez facilement suivre l’itinéraire en direct.

Pour ce parcours, voici le lien:

https://fr.wikiloc.com/itineraires-randonnee/de-burgdorf-a-boll-par-la-via-jacobi-4-jusqua-krauchthal-puis-une-variante-jusqua-boll-185667586

Ce n’est évidemment pas le cas pour tous les pèlerins d’être à l’aise avec la lecture des GPS et des cheminements sur un portable, et il y a encore de nombreux endroits sans connexion Internet. De ce fait, vous pouvez trouver sur Amazon plusieurs livres relatifs au parcours majeur de la Via Jacobi 4, passant par la Lucerne et Berne. Le premier guide les pèlerins dans la Suisse allemande jusqu’à Fribourg. Le second les accompagne jusqu’à Genève à travers la Suisse francophone.  Mais, nous avons aussi fusionné ces deux livres en une version compacte, plus légère et résolument pratique. Bien que les descriptions soient légèrement abrégées, elles restent suffisamment précises pour vous orienter pas à pas sur le parcours. Conscient de l’importance de voyager léger, ce denier ouvrage a été conçu pour fournir l’essentiel : des informations claires et utiles, étape par étape, kilomètre par kilomètre. Les étapes ont été soigneusement ajustées pour être accessibles et adaptées aux opportunités de logement disponibles. Ces ouvrages vont au-delà des simples conseils pratiques. Il vous guident kilomètre par kilomètre, dévoilant tous les aspects cruciaux pour une planification sans embûches. Ainsi, aucune surprise inattendue ne viendra entacher votre expérience. Mais ces livre sont bien plus qu’un simple guide pratique. C’est une immersion totale dans l’atmosphère enchanteresse du Chemin. Préparez-vous à vivre le Chemin de Compostelle comme une expérience unique d’une vie. Munissez-vous d’une bonne paire de chaussures et le chemin s’ouvre à vous.

Si vous ne voulez que consulter les logements de l’étape, allez directement au bas de la page.

L’étape du jour représente une transition entre la vaste région de l’Emmental et la grande banlieue de Berne. Le parcours s’enfonce dans le Krauchthal, une vallée reculée, éloignée des axes routiers fréquentés. C’est un pays de paysannerie et de forêts profondes, façonné par un paysage fortement vallonné, où se dressent de hautes collines. Il est d’autant plus surprenant de constater que la capitale fédérale est nichée au cœur de ces vastes forêts. Cependant, à mesure que l’on s’approche de Berne, la concentration des bourgs augmente. La ville s’étend vers la campagne, c’est bien connu. Ici, la banlieue bernoise est si développée qu’il y a sans doute plus de gens qui y résident que dans la ville elle-même.

Les transports dans ces coins reculés ne sont pas des plus évidents, mais de petits trains sillonnent cette grande banlieue, facilitant ainsi la vie des habitants. Une remarque s’impose ici : jusqu’à Krauchthal, vous marcherez sur la Via Jacobi traditionnelle. Cependant, à partir de ce point, nous dérogerons à la Via Jacobi 4 pour suivre une variante vers Boll. Nous vous conseillons aussi de prendre cet itinéraire, car vous marcherez plus sur les chemins. La longueur du parcours est cependant plus longue d’un kilomètre.

Difficulté du parcours : C’est un parcours casse-pattes avec des dénivelés conséquents, autant en montée qu’en descente (+652 m/-637 m). En fait, il y a trois grosses bosses sur le parcours, dont chacune redescend vers la plaine, une menant à Krauchthal, la seconde à Lindetal, et la troisième à Boll, au bout de l’étape. Attendez-vous à des passages truculents, avec des pentes redoutables, parfois à près de 40%, mais ces passages sont brefs. 

État de la Via Jacobi : Les chemins excèdent nettement les routes sur la variante :  

  • Goudron : 6.6 km
  • Chemins : 14.0 km

Parfois, pour des raisons de logistique ou de possibilités de logement, ces étapes mélangent des parcours opérés des jours différents, ayant passé plusieurs fois sur ces parcours. Dès lors, les ciels, la pluie, ou les saisons peuvent varier. Mais, généralement ce n’est pas le cas, et en fait cela ne change rien à la description du parcours.

Il est très difficile de spécifier avec certitude les pentes des itinéraires, quel que soit le système que vous utilisez.

Pour les vrais dénivelés, relisez la notice sur le kilométrage sur la page d’accueil.

Section 1 : Dans les forêts de Burgdorf

Aperçu général des difficultés du parcours : parcours sans grande difficulté, avec des pentes raisonnables.  

La ville de Burgdorf, bien qu’intime et discrète, se déploie avec une complexité inattendue. Si vous avez eu l’opportunité de séjourner à proximité de la gare, un retour s’impose, non pas seulement pour traverser, mais pour redécouvrir les charmantes ruelles de la Ville Haute, l’Oberstadt, où chaque coin semble murmurer des récits anciens. 

C’est là, à Kronplatz, que commence officiellement la Via Jacobi 4, un parcours empreint de spiritualité et d’histoire, reliant Burgdorf à des horizons bien plus vastes.

En quittant cette ville, la route s’étire le long de la Bernstrasse, une artère vibrante, animée par la vie quotidienne et les visages des habitants, où l’on ressent le battement de cœur de Burgdorf. 

Sur le parcours, vous passerez devant la bibliothèque cantonale, un édifice à l’architecture austère mais imposante, gardienne silencieuse du savoir accumulé à travers les âges.
Un peu plus loin, la route atteint la gare de banlieue de Steinhof. Ici, un réseau de voies ferrées s’entrecroise, tracé dans le paysage comme les veines d’un organisme vivant, symbolisant la connexion de la région avec le monde extérieur. À y regarder de plus près, c’est une ligne secondaire qui, sans prétention, se faufile vers la gare principale, soulignant cette subtile dichotomie entre modernité et tradition qui imprègne chaque recoin de la ville.

Un panneau vous guide alors, vous indiquant la direction de Zimmerberg et Krauchthal, invitant à une exploration plus profonde des terres environnantes. 

La petite route qui s’élève à flanc de colline serpente doucement entre les villas coquettes et leurs jardins luxuriants, et bientôt, vous quittez définitivement la banlieue de Steinhof, laissant derrière vous Burgdorf, comme un souvenir gravé dans la mémoire des voyageurs.
La route semble s’éteindre brusquement, se dissolvant dans une impasse. Mais là, un chemin se dessine, montant avec assurance à travers les prés et les champs, jusqu’au sommet de la colline, où il longe ses crêtes en direction des profondeurs boisées. 
De ce point culminant, une vue imprenable se dévoile : la vieille ville, avec son château dominant l’horizon, contraste avec la banlieue industrielle, posée à ses pieds, comme deux mondes qui cohabitent en silence. 
Le chemin continue son parcours, ondulant avec douceur à travers les champs, un véritable ruban de terre se déroulant jusqu’à la forêt. 
En contrebas, une route bruyante rappelle l’agitation des hommes, mais vous, vous êtes en retrait, sur ce chemin paisible qui mène à une petite clairière à l’orée des bois.

Vous voilà à Pleerecke, un lieu qui marque l’entrée solennelle dans la forêt de Pleerwald. Un panneau, fidèle à lui-même, indique deux horaires pour rejoindre Krauchthal : 1 h 40 pour les plus téméraires, ou 2 h 15 pour les autres. Pour vous, évidemment, ce sera 2 h 15, comme si le chemin voulait vous inviter à prendre votre temps, à savourer chaque pas. 

Le chemin s’enfonce alors dans la forêt, un univers où le silence et la sérénité règnent. Il serpente, ondulant au gré des reliefs, comme une mélodie douce et continue.
Les grands feuillus et conifères dominent l’espace. Ici, les hêtres massifs se dressent en maîtres incontestés, tandis que les chênes, bien plus rares, se montrent plus modestes. Des érables et châtaigniers ajoutent des touches discrètes à ce tableau végétal. Et dans l’ombre, les pins et épicéas, comme des sentinelles silencieuses, complètent ce paysage enchanteur.
Dans les forêts bernoises, les chemins ne sont pas toujours ces sentiers étroits que l’on pourrait imaginer. Ce sont souvent de larges avenues forestières, majestueuses et accueillantes, qui s’étendent à perte de vue. Cette forêt abrite également un parcours santé, vestige d’une époque révolue où l’on se souciait d’allier nature et exercice physique, un type de parcours devenu rare au fil des ans. 
Un peu plus loin, le chemin se resserre doucement, comme pour inviter à une marche plus intime, mais l’atmosphère légère et aérée de la forêt demeure intacte. 
Vous arrivez ensuite au lieu-dit Pleerwald/Siebenwegeplatz, dont le nom allemand révèle une intersection où se croisent sept chemins. C’est un véritable carrefour, une énigme pour le marcheur. Un coin de pique-nique, avec son barbecue prêt à accueillir les promeneurs fatigués, ajoute une touche de convivialité à cet endroit. Mais attention, ici, il faut choisir le bon chemin pour rejoindre Krauchthal. Deux options s’offrent à vous, et les organisateurs vous suggèrent de prendre le parcours le plus long, deux heures de marche annoncées. 
La large allée continue de serpenter dans cette forêt au parfum frais, où chaque pas semble dissiper les tracas du quotidien. La marche y est simple, presque méditative, un véritable repos pour l’âme. 

En levant les yeux, votre regard se perd à l’horizon, où s’étendent des forêts denses, presque impénétrables, comme des océans de verdure infinie. 

La Via Jacobi, fidèle à sa nature, se rapproche doucement de la sortie du bois. Le chemin, toujours aussi ample, descend alors la colline boisée…
… pour retrouver l’air libre dans une petite plaine parsemée de maisons bernoises typiques, avec leurs toits en pente vertigineuse, frôlant presque le sol.
Un ruban de bitume apparaît, une petite route qui serpente à travers les prés, au milieu de splendides fermes bernoises. Elle vous conduit tout droit à la Krauchthalstrasse, une route assez fréquentée, traversant la vallée à un endroit nommé Gansern.
Ne vous laissez pas distraire par le paysage, car il ne faut surtout pas manquer un panneau de direction mal placé qui vous indique le parcours vers Zimmerberg. Sans cette vigilance, vous pourriez finir sur la grande route en direction d’Oberburg, où passe le train, loin de votre itinéraire.

Si l’estomac vous appelle, sachez qu’à quelques centaines de mètres sur cette grande route se trouve un restaurant niché au milieu de gigantesques fermes bernoises. C’est un arrêt bienvenu pour les marcheurs fatigués.

Près du panneau la Via Jacobi traverse la route et se perd à nouveau dans la nature. Elle vous emmène vers une petite plaine verdoyante, où le ruisseau du Lutterbach coule paisiblement, ajoutant une touche de fraîcheur au paysage.

Section 2 : Entre forêts et campagne

Aperçu général des difficultés du parcours : parcours en montée souvent sévère.  

 

La Via Jacobi ne fait qu’effleurer le ruisseau du Lutterbach, l’accompagnant brièvement avant de traverser la plaine. Elle s’élance alors sur un chemin de terre serpentant entre les prés, avec à l’horizon une colline qui semble l’appeler. 
Tout à coup, elle bifurque à angle droit, se dirigeant vers les fermes tranquilles du hameau de Mattenhof, nichées dans la douceur paisible de la campagne bernoise.
Là, une route grimpe en direction de Zimmerberg, mais la Via Jacobi, fidèle à sa nature buissonnière, quitte cet axe pour suivre une petite route qui monte vers Schupposen.
La pente devient rapidement raide, atteignant un incliné de 15 %, exigeant des marcheurs un effort soutenu. À travers les prés et les quelques cultures éparses, la forêt, toujours présente en arrière-plan, surveille cette montée éprouvante.
Chaque pas se gagne au prix de quelques gouttes de sueur, jusqu’à ce que, enfin, le pied du hameau se révèle, comme une récompense méritée après cette ascension exigeante.
Schupposen, c’est un hameau modeste, où quelques fermes s’éparpillent dans le paysage. Ici, la vache règne en maître, et les porcs, élevés en liberté, ajoutent une touche de vie à ce coin rustique.
À l’angle d’une grande maison bardée de bois, la Via Jacobi musarde doucement pour atteindre les dernières fermes du hameau. En passant, le chemin longe un magnifique chalet en bois, véritable bijou d’artisanat alpin.
Une fois Schupposen derrière vous, le chemin devient plus intime, un chemin de terre qui monte doucement le long du flanc de la colline, avant de céder la place à un sentier herbeux, comme pour inviter à une marche plus douce et tranquille.

Si vous vous retournez, une vue splendide vous attend. Là, en bas, le vallon s’étend, avec, en toile de fond, le village d’Oberburg, un gros bourg qui domine cette partie de la région, tel un gardien silencieux. 

Plus haut, la pente devient douce, et le sentier se fraie un chemin à travers l’herbe, suivant la crête, longeant la forêt et traversant des haies épaisses de noisetiers. L’air est parfumé par la végétation, et la marche y est apaisante.

Au bout de cette crête verdoyante, le chemin rejoint la route en contrebas de Zimmerberg.  

La pente modérée n’excède pas 10 à 15 %, facilitant l’accès au village. Sur cette colline fertile, de vieux poiriers et pommiers dressent leurs silhouettes noueuses, témoins d’un terroir où l’on distille volontiers des eaux-de-vie parfumées. Il ne fait aucun doute que les distilleries locales ne sont pas loin, dans ce pays où les alcools blancs foisonnent.  

Les fermes qui jalonnent la route sont toujours aussi majestueuses, certaines atteignant des dimensions impressionnantes. Une petite buvette improvisée sous les arbres offre une halte bienvenue aux marcheurs, à une heure seulement de Krauchthal.
À la sortie du village, la route continue de monter légèrement, suivant une crête qui dévoile une vue splendide sur la vallée en contrebas, un panorama ouvert et lumineux.
Puis, la route redescend en une pente très douce, serpentant à travers les prés, frôlant la lisière des bois.
Plus bas, elle fait une brève incursion sous les grands feuillus, un passage ombragé où le soleil joue avec les feuilles dansantes.
Bientôt, la Via Jacobi quitte le bitume pour s’aventurer sur un large chemin qui s’enfonce dans la forêt, un retour vers la nature, loin des routes humaines.  
Le chemin ondule doucement dans la forêt d’Eyberg, une véritable cathédrale de hêtres imposants qui s’élancent vers le ciel, tandis que les chênes, plus modestes, veillent discrètement. Les érables, tout comme les conifères, se font plus rares dans cette partie du bois. 
À la sortie de cette forêt majestueuse, le chemin retrouve brièvement une petite route goudronnée, un passage éphémère avant de replonger dans l’ombre des bois. 
Le chemin ne tarde pas à quitter la route, revenant à sa nature plus sauvage, où il serpente à nouveau sous la canopée, toujours en pente douce.  
Le sol de terre battue ondule doucement sous les hêtres colossaux, qui règnent en maîtres incontestés de cette forêt. Quelques pins et chênes tentent de percer cette dominance végétale, cherchant à s’octroyer un peu d’air et de lumière dans cette mer de feuillages.  

Section 3 : Dans la cuvette de Krauchthal

Aperçu général des difficultés du parcours : parcours avec souvent des pentes très sévères.  

 

La promenade à travers cette forêt magnifique se poursuit, montant même un peu en pente assez prononcée, chaque pas étant une immersion plus profonde dans la tranquillité de ce sanctuaire naturel.
Mais soudain, le paysage change radicalement. Devant vous, l’enfer se matérialise sous la forme d’un sentier étroit qui dégringole dans les ténèbres du bois, avec une inclinaison vertigineuse de plus de 40 %. Sans bâtons pour stabiliser votre marche, chaque pas devient un défi, un combat contre la gravité. Heureusement, les jeunes pousses de hêtres bordant le chemin semblent avoir été placées par la providence, offrant des prises bienvenues aux marcheurs imprudents. Le calvaire, heureusement, est bref, une descente pénible mais courte. 
En contrebas, la pente s’adoucit enfin sous les frondaisons denses, et l’air devient plus respirable, plus léger. Le silence du bois est ponctué seulement par le murmure des feuilles au vent.
Après quelques instants, le sentier s’échappe du couvert de la forêt, débouchant sur une petite route qui serpente paisiblement, reliant un hameau à un autre, comme une artère tranquille dans cette région vallonnée.
Mais l’asphalte n’a que peu de répit à offrir ; très vite, la Via Jacobi quitte la route pour replonger dans la quiétude ombragée du bois.
Cette fois, le passage en forêt est bref. Rapidement, le sentier se faufile à travers les prés, où l’horizon s’ouvre à nouveau sous vos yeux.
Bientôt, la Via Jacobi traverse le hameau pittoresque de Banziloch. Ce lieu enchanteur, niché au milieu des collines escarpées, est un véritable joyau bernois, où les maisons traditionnelles exhibent fièrement leurs toits si larges qu’ils semblent presque toucher le sol. Le charme de cet endroit est absolu, renforcé par la présence des moutons et des chèvres qui paissent tranquillement sur les pentes verdoyantes. Depuis cet écrin pastoral, Krauchthal se dévoile au loin, en contrebas, niché dans la plaine.
La région de Krauchthal, autrefois bastion des tailleurs de pierre, porte encore les traces de ce passé industriel. Vers le milieu du XIXe siècle, une auberge nommée Zum Weissen Rössli s’imposait comme le lieu de rassemblement privilégié de ces artisans. On dit qu’on y soignait la silicose, maladie redoutable des tailleurs, à coups de généreuses lampées de Bätrziweasser, une eau-de-vie si forte qu’elle aurait pu découper le verre à elle seule.
A peine quelques dizaines de mètres plus loin, la Via Jacobi 4 s’enfonce de nouveau dans le sous-bois. Là, le sentier se fait plus capricieux, la pente devient brusque, les hautes herbes vous frôlent et la marche devient plus laborieuse.  
Plus vous approchez de Krauchthal, plus le terrain semble vouloir tester votre endurance. Le sentier rejoint une petite route, mais la descente reste tout aussi soutenue, exigeant de la patience et de l’effort. 
À mesure que l’on s’approche d’un bourg plus important, le paysage urbain évolue inévitablement. Krauchthal (2 400 habitants) n’échappe pas à cette règle : les petits quartiers de villas sans âme envahissent peu à peu les villages périphériques. Pourtant, malgré cette modernisation, Krauchthal conserve encore quelques vestiges de son passé, notamment à travers ses imposantes fermes qui témoignent d’une autre époque. 
Au bas de la descente, la Via Jacobi rejoint la route principale qui traverse le bourg. Ici, vous pouvez vous restaurer au café ou à l’épicerie. Un panneau indique que Boll se trouve à 3 heures et 15 minutes de marche d’ici, sur la Via Jacobi 4.
En suivant la route, vous passerez devant le musée dédié aux tailleurs de pierre d’autrefois, véritable témoin de l’histoire locale.

Rapidement, la Via Jacobi quitte l’axe principal pour bifurquer sur une route secondaire en direction du pénitencier de Thorberg, imposante forteresse perchée au sommet d’une colline. 

La route serpente ensuite jusqu’à une grande ferme située sous le pénitencier, marquant une bifurcation importante pour la suite de l’étape. Dans le passé, en suivant cette voie, nous avions pris une route en lacets menant au-dessus du pénitencier. Mais aujourd’hui, peut-être par distraction ou à cause d’une signalisation peu visible, nous avons traversé la ferme et continué sous le château, où se trouve également un panneau jaune directionnel.  Les indications de SchweizMobil sont parfois déroutantes sur la Via Jacobi 4, particulièrement sur cette variante reliant Berne et Lucerne, un fait que nous avons constaté à plusieurs reprises. Ainsi, lorsque vous arriverez à cette bifurcation, si vous trouvez la Via Jacobi 4, suivez-la. Sinon, poursuivez votre chemin à plat sous le pénitencier. Ce parcours, que nous avons affectueusement surnommé la variante, mène également à Boll. C’est ce parcours que nous emprunterons aujourd’hui, parcours très bien fléché, en dehors de la Via Jacobi de SchweizMobil. 
Sur la variante, un large chemin de terre battue serpente à plat sous le pénitencier de Thorberg, contournant la colline sans difficulté.
La progression est tranquille dans la plaine.

En vous retournant, vous apercevez toujours la silhouette imposante du pénitencier sur son promontoire. Anciennement, un château fortifié, puis un couvent des Chartreux occupaient cette colline. Transformé en asile et hôpital par la suite, Thorberg est devenu, depuis 1848, le siège du pénitencier bernois. 

La plaine autour est intensément cultivée, bordée de nombreuses fermes qui bouchent l’horizon.
Au bout de la ligne droite, un panneau directionnel vous indique clairement la voie à suivre pour Boll, à 2 h 45 de marche, vous rassurant si vous avez manqué la bifurcation potentielle de la Via Jacobi 4 auparavant. 
Le parcours tourne ensuite à angle droit, rejoignant une route goudronnée de campagne qui grimpe doucement le long de la lisière d’une forêt. 
Cette portion de la route est calme, exempte de tout véhicule, et plus haut, elle passe près d’une petite scierie, ajoutant une touche de rusticité à ce paysage forestier apaisant. 
L’ombre des grands arbres rend la marche agréable, tandis qu’un petit ruisseau, le Tannebodebach, coule discrètement le long de la route.
Plus en amont, une petite cabane apparaît, probablement un refuge local avec une aire de barbecue aménagée, une halte sans doute bienvenue pour les locaux.
Peu après, le goudron laisse place à un large chemin de terre battue, marquant le début d’une ascension plus soutenue dans la majestueuse forêt de Muelerewald.

Section 4 : Dans la forêt de Muelerewald

Aperçu général des difficultés du parcours : parcours avec souvent des pentes très sévères.  

 

Dans cette vaste forêt, où les ombres se mêlent à la lumière, se dressent des arbres majestueux, emblèmes d’une nature séculaire. Aux abords de Berne, s’élèvent des sapins blancs, véritables géants du règne végétal, côtoyant des épicéas robustes qui, tels des sentinelles silencieuses, surveillent le passage du temps. Les hêtres, avec leur allure élancée et gracieuse, ajoutent une touche de finesse à ce tableau sylvestre. Les forestiers, artisans du paysage, ont également introduit des pins de Douglas, des chênes vigoureux et des érables flamboyants, composant ainsi une palette presque complète de feuillus, bien que les châtaigniers et les frênes semblent faire défaut à cette scène.
La pente, raide et insistante, accompagne le marcheur tout au long de ce chemin large et relativement dégagé, serpentant à travers une forêt assez aérée, où les grands arbres se côtoient sans se gêner. L’air est frais, chargé du parfum résineux des conifères et du doux murmure des feuilles.
Au gré des larges virages de la route de terre, une ouverture se dévoile, révélant des pins de Douglas, fiers et élancés, ainsi que des pins noirs dont les cimes semblent effleurer le ciel, dans un ballet aérien où les nuages s’entrelacent. La montée, parfois adoucie par de courts tronçons, se fait néanmoins éprouvante, chaque pas résonnant dans le silence apaisant de la forêt. 

De temps à autre, le marcheur aperçoit des parois de marnes au bord du chemin, témoins silencieux des anciens tailleurs de pierre de la vallée, comme des vestiges d’un savoir-faire d’antan, enraciné dans cette terre riche d’histoires. 
Bientôt, le chemin s’échappe des ombres boisées pour déboucher sur une clairière verdoyante, où le bétail se prélasse sous le soleil, broutant l’herbe luxuriante. Ce lieu, empreint de sérénité, incarne une harmonie entre l’homme et la nature, un éden rural où la vie s’épanouit.
La région, quadrillée de chemins de randonnée, invite à l’exploration. Vous arrivez alors dans la clairière nommée Vordere Geisme, point de départ de nombreuses aventures, tout en maintenant votre cap, toujours vers Boll.
Le chemin s’élève encore, toujours en pente, vers de nouveaux horizons, proposant une direction qui, pour l’instant, ne vous est pas destinée, car le chemin va bientôt s’engager dans une descente, vous ramenant des hauteurs de cette colline majestueuse, on dirait presque une montagne.
Un sentier suit alors le long de la crête, offrant des aperçus fugaces sur le monde en contrebas…
…avant de s’engager dans une descente douce mais déterminée. Ici, les merveilleux feuillus, dodus et bien en vie, se pressent autour de vous, tandis que les conifères, lentement, s’effacent, comme une ombre qui s’estompe à l’approche de la lumière.  
Puis, la descente, souvent accentuée par des reliefs marqués, hésite entre les étendues de terre battue et les tapis d’herbe, se fondant dans une végétation luxuriante qui semble débordante de vitalité. Chaque pas résonne comme un doux murmure, chaque brin d’herbe danse sous le souffle du vent, créant une symphonie de sensations au cœur de ce paysage enchanté.  
La montagne se montre ici dans toute sa sévérité, imposant un paysage austère et majestueux. Plus bas, des rondins de bois, tels de modestes béquilles salvatrices, s’éparpillent sur le sentier, offrant un appui aux randonneurs en quête d’équilibre. Ces éléments rustiques guident les pas vers un ruisseau sans nom, serpentant avec douceur depuis les hauteurs, comme une mélodie murmurée par la montagne.  

Plus loin, la pente se fait plus clémente, et le sentier dodeline dans le bois, se dévoilant sous les feuillages compacts, offrant une promenade apaisante où la nature semble respirer au rythme de vos pas  

Bientôt, un aperçu du village de Lindental se dessine en contrebas, dissimulé derrière un écrin de chlorophylle abondante, tel un trésor caché attendant d’être découvert.  

Le chemin s’élargit et vous mène près d’une ferme désaffectée, vestige d’une époque révolue. Au bas, le village paraît à portée de main, une approche qui semble facile, mais nulle illusion ne doit vous tromper : l’accès est bien plus compliqué qu’il n’y paraît.   

Une rampe raide, faite de plaques de béton rugueuses, vous conduit alors avec détermination vers la plaine, à l’entrée du village paisible.   

Lindental s’épanouit, tel un bijou précieux, avec ses vieilles maisons bernoises ornées de fleurs, dont certaines, peut-être, ne sont plus que souvenirs de fermes prospères. À côté, une délicieuse mare accueille les canards, ajoutant une note de charme à ce tableau pastoral.  

Ici, la route serpente entre Krauchthal et Boll, mais on ne saurait dire si l’école, autrefois le cœur de la communauté, demeure encore présente en ce lieu.  

Le parcours s’infiltre doucement le long de la route, serpentant entre des maisons cossues, dans cette région où l’on semble vouer un véritable culte aux canards et aux oies, ces volatiles charmeurs qui animent les jardins.  

Ici, vous vous trouvez à une heure et demie de Boll, un temps de marche qui semble une éternité en ce lieu paisible. 

Cependant, les commodités font défaut : pas d’épicerie à l’horizon, seulement une fromagerie, ce qui ne surprend guère dans le canton de Berne, où les troupeaux de vaches, emblèmes de la région, paissent tranquillement.  

La variante suit encore l’axe routier un moment, avant de bifurquer vers une petite route, longeant d’imposantes fermes, toutes plus resplendissantes les unes que les autres, témoins d’un savoir-faire agricole reconnu.
Peu après, le gravier remplace le goudron, et le chemin s’élève, aspirant vers la forêt qui couronne la colline.
Il franchit le discret ruisselet de Holebach, où les vaches de la race de Simmental, sereines et paisibles, savourent leur pause méridienne, sous un ciel complice.
C’est alors qu’un défi mémorable se présente à vous : un large chemin de terre et de gravier s’élance à l’assaut de la colline, affichant une pente vertigineuse de plus de 40 %. Il vous faudra toute votre concentration pour ne pas glisser sur ce terrain traître. Par chance, la montée n’est pas interminable, quelques centaines de mètres suffisent pour en arriver au sommet.
Au terme de l’ascension, la pente s’adoucit légèrement, vous menant vers une ferme dédiée à l’horticulture. Le labeur ici doit être ardent, tant ces pentes sont abruptes. Vous êtes à Wart, à une heure et vingt minutes de Boll. 
Après l’enfer, voici le purgatoire : le chemin se perd dans le sous-bois, mais il est profondément marqué par de grosses ornières, traces d’une terre glaise qui, même par temps sec, semble engluée, rendant chaque pas un peu plus difficile.

Section 5 : Dans la nature sauvage avant de retrouver la plaine

Aperçu général des difficultés du parcours : sans problème, avant une longue descente, parfois soutenue.  

 

Le chemin s’enfonce alors dans un bosquet dense, que l’on pourrait qualifier presque de désagréable. Entouré de rejets de hêtres et d’érables, de petits buissons épars, il s’étend sur une terre presque boueuse, où les ornières laissées par les tracteurs s’enfoncent comme des cicatrices dans le sol. Le seul avantage de ce passage est que le chemin se déploie à plat, offrant un moment de répit sans effort. 
À la sortie de ce bosquet étouffant, la vue se dégage pour révéler une pente extrême où les légumes peinent à s’épanouir, témoignant de la difficulté d’une culture dans un tel environnement.
Cependant, l’air libre est fugace, et plus loin, les tracteurs n’iront pas plus loin. Un sentier s’en retourne rapidement dans le fouillis du bois, où les rejets disgracieux des feuillus rabougris, à la recherche de lumière, créent une atmosphère de désolation.
Plus loin, alors que le passage dans les fourrés devient inextricable, une porte se dresse, qu’il faut déverrouiller pour vous offrir une issue. Le sentier s’élève alors en pente douce à travers les prés, s’extirpant des méandres boisés. 
Ici encore, le sentier ne s’éternise pas avant de retrouver un autre ruisseau discret qui dévale de la montagne, serpentant à travers une nature ingrate. 
Puis vient le ballet des barrières que l’on ouvre et referme, car la colline abrite du bétail, souvent des moutons, qui paissent sur ce terrain en pente. Le sentier s’adoucit alors, devenant plus agréable, tandis que la nature alentour se pare d’une ambiance plus bucolique, un agréable contraste avec les fourrés d’avant.
Peu après, le sentier vous mène près d’une ferme apparemment abandonnée. Une vision si rare en Suisse, qui semble figée dans le temps, laissant transparaître les échos d’une vie passée.
Peu après, un plus large chemin s’élève légèrement le long de la lisière du bois, avec ce ballet incessant des barrières à ouvrir et à refermer. Au-dessus, le doux tintement des cloches de vaches résonne, mélodie familière des alpages. Les paysans, attentifs à leur environnement, ont planté de majestueux frênes qui se prélassent, fiers, aux côtés des grands feuillus de la forêt.
Du sommet de la colline, un large chemin dévale vers la lisière du bois, affichant une pente d’environ 15 %, comme un toboggan naturel invitant à la descente.
Peu après, le chemin quitte les ombres du bois pour retrouver les prés ensoleillés, où les arbres fruitiers s’épanouissent, et où se dévoilent les premières fermes de Feld.
Le chemin contourne une première ferme, avant de se transformer en route goudronnée, traversant le hameau dispersé.

Ici, la nature resplendit à nouveau, chantant avec une bonne grâce dans un tableau d’une beauté typiquement helvétique, où hameaux et fermes se nichent sur des collines d’un vert éblouissant.

La pente s’adoucit progressivement au fur et à mesure de la descente dans cette région peu habitée, où les fermes et les maisons bourgeoises se font rares, comme des perles précieuses sur un chapelet.
Un chemin de terre et d’herbe émerge du hameau, menant bientôt à une petite route de campagne, longeant des champs de maïs dorés, qui dansent sous le souffle du vent.
La pente devient douce, s’étirant sous l’ombre bienveillante des grands feuillus et des pins de Douglas, créant une atmosphère de quiétude apaisante.
Finalement, la route débouche sur une ferme gigantesque et magnifique, qui fait également office de maison d’hôtes. On ne peut s’empêcher de penser que poser ses valises ici serait un vrai bonheur.

Comme le logement est assez chaotique à Boll, si vous empruntez cette variante, une bonne idée serait de passer la nuit au B&B Rüde-Heimet (Tél : 041 31 389 49 53).

De la ferme, un sentier s’étire à plat le long de la lisière de la forêt, gambadant doucement sur plusieurs centaines de mètres, comme une invitation à explorer les mystères de la nature.
À l’entrée du bois, le sentier s’élargit sur la terre battue, et la descente vers la plaine s’amorce avec une douceur apaisante, protégée par les arbres toujours aussi majestueux qui semblent veiller sur le marcheur.
Au fur et à mesure que vous descendez, la pente s’accélère, et le chemin devient plus caillouteux, chaque pas résonnant sur le sol comme un écho des jours passés.
Plus bas, le parcours s’éloigne définitivement de la forêt pour aujourd’hui, marquant la fin d’un très beau et long chapitre sylvestre.
Bientôt, la terre battue cède la place au goudron lustré sur les hauteurs de Boll, signalant une transition vers un nouvel environnement.
Ici, le parcours commence à danser avec les villas qui peuplent la colline, passant d’un niveau à un autre, comme un jeu d’équilibre. Plus bas, un étroit chemin descend alors dans l’herbe, serpentant le long des villas, pour finalement rejoindre une route transversale en contrebas.
Là, il ne s’attarde pas et reprend son petit jeu, descendant encore d’un étage, avec une agilité qui semble le ravir.
Il semble trouver un plaisir certain à cet exercice et se livre une dernière fois à son jeu de saute-mouton. Ce type d’effort lui permet de perdre rapidement de l’altitude, le rapprochant ainsi de la plaine accueillante.
Après cette contorsion joyeuse, le parcours s’assagit, se mettant à suivre une grande route qui plonge vers le bourg.
Autrefois un village d’artisans et de paysans, Boll a connu une transformation au fil du temps. La construction de la route et l’établissement de la gare au début du XXe siècle ont profondément modifié son visage. Au siècle dernier, une activité immobilière florissante a émergé, surtout le long de la route menant à Berne, puis, à partir de 1970, sur les flancs des collines et dans le hameau voisin de Sinnringen. Aujourd’hui, la population commune s’élève à environ 2’000 habitants, où se mêlent entreprises de services et petites industries. Ce n’est pas un lieu de vacances, et la majorité des actifs se rend quotidiennement à Berne. Heureusement, un train traverse cette région, apportant un peu de dynamisme à cette région plutôt enclavée, et offrant une lueur d’espoir aux randonneurs désireux d’atteindre la capitale plus rapidement.

Logements sur la Via Jacobi

  • B&B Kilchenmann ; Schwendi 304 ; Krauchtal; 034 411 12 94 ; Chambre d’hôte, petit déj.
  • Zivilschutzanlage Vechigen, Stämpbachstrasse 4, Boll; 031 838 00 80 ; Gîte
  • B&B Kopp, Utziigenstrasse, Boll; 031 839 41 76/076 582 83 33 ; Chambre d’hôte, petit déj.
  • Gasthof Alpenblick, Ferenberg 493, Stettlen ; 031931 40 07 ; Hôtel, repas, petit déj.

Dans ces contrées, la quête d’un abri se révèle ardue. Une option se dessine : prendre le train jusqu’à Stettlen, distant de 2 kilomètres, où s’érige un modeste hôtel. Toutefois, maints pèlerins, emportés par l’urgence de leur cheminement, ombragent Boll de leur passage fugace, préférant se diriger d’un pas pressé vers Berne, mais c’est alors une étape de plus de 30 kilomètres. Un restaurant et une épicerie émaillent le parcours, à Krauchtal. L’’impératif résonne clair : réserver à tout prix le logement.

N’hésitez pas à ajouter des commentaires. C’est souvent ainsi que l’on monte dans la hiérarchie de Google, et que de plus nombreux pèlerins auront accès au site.
Etape suivante : Etape 14: De Boll à Berne
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