A Berne, capitale de la Suisse
Nombreux sont les étrangers surpris de découvrir que Berne est la capitale de la Suisse. Ils s’attendraient plutôt à voir ce rôle attribué à Zurich, la métropole industrielle, ou à Genève, la ville internationale. Toutefois, Berne a été choisie comme « ville fédérale » il y a 170 ans précisément pour éviter une trop grande concentration de pouvoir. Contrairement à beaucoup d’autres pays, la Suisse n’a longtemps pas eu de capitale véritable. Cette situation s’explique par le fait que le pays a été pendant des siècles une Confédération, une alliance de cantons indépendants unis dans un cadre plus large sans réelle unité centrale. Depuis la fondation de la Confédération en 1291 jusqu’à la fin de l’Ancien Régime en 1798, la capitale de la Suisse était en quelque sorte là où se réunissait la Diète fédérale, l’assemblée où les cantons membres débattaient des questions communes. Ce lieu de réunion changeait régulièrement : Zurich, Lucerne, Baden, Frauenfeld et parfois même Constance, une ville pourtant extérieure à la Confédération, ont tour à tour accueilli la Diète. Après l’invasion de la Suisse par la France républicaine en 1798, la courte existence de la République helvétique (1798-1803) introduisit un désir de centralisation en désignant Aarau puis Lucerne comme capitales. Ces tentatives ne durèrent que quelques mois. Pour mettre fin aux troubles de la République helvétique, Napoléon Bonaparte intervint avec l’Acte de Médiation de 1803, rétablissant la Confédération. La Diète fédérale se réunissait alors tour à tour dans six cantons dits directeurs (Fribourg, Soleure, Lucerne, Berne, Zurich et Bâle) selon un cycle annuel. En 1848, lors de la formation du nouvel État fédéral, la question de la capitale fut de nouveau soulevée. Le 28 novembre 1848, une majorité des membres du nouveau Parlement fédéral vota en faveur de Berne, préférée à Zurich et Lucerne. Les parlementaires cherchaient à éviter de concentrer trop de pouvoir à Zurich, déjà le centre économique du pays, et à ne pas choisir Lucerne, opposée à la création du nouvel État fédéral. Berne, avec sa position centrale, le soutien des cantons francophones et la mise à disposition gratuite de terrains, était une solution équilibrée.
Il n’existe aucun texte législatif stipulant formellement que Berne est la capitale de la Suisse. Deux articles précisent simplement que le Parlement fédéral siège normalement à Berne et que la ville accueille le gouvernement, les ministères et la Chancellerie fédérale. Par la présence du Parlement, du gouvernement et des ambassades étrangères, Berne assume donc de facto le rôle de capitale de la Suisse. Avec 13% de la population, le canton de Berne est le deuxième canton le plus peuplé après Zurich, comptant un Suisse sur sept parmi ses résidents.
Se promener dans les rues pittoresques de Berne est un véritable délice pour les sens. Albert Einstein et Paul Klee, figures emblématiques de la science et de l’art, ont arpenté avec enthousiasme ces mêmes arcades qui, aujourd’hui encore, attirent des personnalités du monde entier ainsi que des habitants locaux. La ville, avec ses bâtiments historiques en grès, ses majestueuses maisons bourgeoises surplombant les arcades, et ses monuments imposants, est un joyau architectural classé au patrimoine mondial de l’UNESCO. Les Bernois, souvent perçus comme modestes, nourrissent en réalité une profonde fierté pour leur ville, leurs musées, et la célèbre fosse aux ours, véritable emblème de Berne. La qualité de vie y est exceptionnelle. En se promenant à l’ombre de ses arcades médiévales, on comprend vite pourquoi les Bernois sont si attachés à leur ville unique. La fosse aux ours est une attraction touristique de renommée internationale. Depuis 2009, les ours bénéficient d’un espace supplémentaire : un vaste parc moderne de 6000 mètres carrés accessible par un tunnel, offrant aux animaux un cadre de vie plus spacieux et naturel, et aux visiteurs une expérience encore plus captivante. La ville de Berne ne se contente pas de charmer par son passé historique ; elle est également dynamique et vivante. Les rues pavées regorgent de boutiques élégantes, de cafés confortables et de restaurants accueillants. Les marchés en plein air, animés et colorés, témoignent d’une culture locale riche et vibrante. Les festivals et événements culturels rythment l’année, attirant des foules venues célébrer l’art, la musique et la gastronomie. Les musées de Berne sont tout aussi remarquables. Le Zentrum Paul Klee, avec sa collection impressionnante d’œuvres du célèbre artiste, et le Musée Einstein, qui retrace la vie et les découvertes du génie scientifique, sont des étapes incontournables pour tout amateur d’art et de culture.
Le parcours du jour est une balade extraordinaire à travers les immenses forêts qui couronnent les collines au-dessus de Berne. Vous y rencontrerez les arbres les plus majestueux du pays : des hêtres colossaux, des épicéas élancés et des Douglas imposants qui semblent défier le ciel. En chemin, il vous faudra cependant traverser Ostermundigen, une banlieue densément peuplée de Berne, avant de retrouver l’air pur et les arbres dans le parc dédié à Paul Klee. Au bout de la forêt, juste avant de franchir l’autoroute, vous apercevrez sur votre gauche le Centre Paul Klee. Cet ensemble unique, conçu par l’architecte de renom Renzo Piano, crée une symbiose parfaite entre nature et culture. Le centre abrite quelque 4 000 œuvres, dont des peintures, des aquarelles et des dessins couvrant toutes les périodes artistiques de Paul Klee. Ensuite, la promenade continue vers le célèbre Parc aux ours de Berne. Depuis ce point, la vue est tout simplement splendide : le pont majestueux, la vieille ville pittoresque et le méandre bleu acier de l’Aar en contrebas composent un tableau inoubliable. La balade à travers ces paysages variés et enchanteurs offre une expérience riche en découvertes, alliant l’art, l’histoire et la beauté naturelle de Berne.
Nous avons divisé l’itinéraire en plusieurs sections, pour faciliter la visibilité. Pour chaque tronçon, les cartes donnent l’itinéraire, les pentes trouvées sur l’itinéraire et l’état du parcours (routes et chemins). Les itinéraires ont été conçus sur la plateforme “Wikilocs”. Aujourd’hui, il n’est plus nécessaire d’avoir des cartes détaillées dans votre poche ou votre sac. Si vous avez un téléphone mobile ou une tablette, vous pouvez facilement suivre l’itinéraire en direct.
Pour ce chemin, voici le lien :
https://fr.wikiloc.com/itineraires-randonnee/boll-utzigen-a-berne-gare-par-la-via-jacobi-4-167040378
Difficulté du parcours : Le terrain de cette étape présente un défi mineur, avec des pentes légères (+220 mètres / -247 mètres). Cependant, deux passages exigent plus d’attention : la première montée de Dentenberg, et surtout la descente cahoteuse le long du Stampfloch.
État de la Via Jacobi : Dans cette étape, les parcours sur les chemins dépassent de peu les parcours sur la route :
- Goudron : 5.5 km
- Chemins : 6.3 km
Ce n’est évidemment pas le cas pour tous les pèlerins d’être à l’aise avec la lecture des GPS et des cheminements sur un portable, et il y a encore de nombreux endroits sans connexion Internet. De ce fait, vous trouverez sur Amazon un livre qui traite de ce parcours.
Si vous ne voulez que consulter les logements de l’étape, allez directement au bas de la page.
Parfois, pour des raisons de logistique ou de possibilités de logement, ces étapes mélangent des parcours opérés des jours différents, ayant passé plusieurs fois sur sur ces parcours. Dès lors, les ciels, la pluie, ou les saisons peuvent varier. Mais, généralement ce n’est pas le cas, et en fait cela ne change rien à la description du parcours.
Il est très difficile de spécifier avec certitude les pentes des itinéraires, quel que soit le système que vous utilisez.
Pour les “vrais dénivelés ”et pour les passionnés de véritables défis altimétriques, consultez attentivement les informations sur le kilométrage au début du guide.
Section 1 : Sur les hautes collines de Berne
Aperçu général des difficultés du parcours : parcours avec parfois de fortes pentes en montée.
Le périple commence modestement à Boll-Utzigen, là où s’amorce le voyage depuis la gare, une porte ouverte vers Berne depuis Burgdorf. En ce recoin tranquille du village, les demeures cossues, héritage ancestral, se dressent avec une noblesse discrète, telle une procession d’antan dans le canton de Berne.
Le parcours passe sous la ligne de chemin de fer et traverse peu après le ruisseau de Lindentalbach, perdu dans les replis de la végétation, une symphonie secrète murmurée par la nature elle-même.
Une bouffée d’air pur envahit l’âme lorsque la route s’évade parmi les pâturages, se frayant un passage timide derrière les ultimes demeures du village, comme pour échapper à l’agitation du monde moderne.
Puis, l’étreinte fugace du Lindentalbach se renouvelle, tandis que plus loin, la majestueuse rivière de Worble se dévoile, annonçant l’approche du hameau de Wyler.
Un rêve éveillé se matérialise alors, Wyler, une esquisse parfaite d’une ferme bernoise, où chaque trait respire l’authenticité : le bois vieilli, le toit en pente, un tableau d’une beauté intemporelle qui se savoure à chaque regard. On ne s’en lasse guère.
Une pause bienvenue offre un répit sur la route étroite, s’éloignant de la ferme en direction des hauteurs, où le paysage se révèle dans toute sa splendeur…
… avant qu’un sentier étroit, sinueux, ne s’offre à vous, révélateur de défis, qui n’annonce pas que de grandes nouvelles pour vos jambes.
Le sentier s’élève avec détermination au-dessus de la route, embrassant la pente abrupte avec une audace fougueuse, alternant entre des escaliers taillés dans la roche et une voie de gravier qui serpente avec assurance.
Il se révèle être bien plus qu’un simple lien, mais une ascension vertigineuse vers un autre horizon, une voie tracée avec obstination pour rejoindre une autre route au sommet.
Ici, se dévoile la palette enchanteresse des forêts suisses, où les hêtres et les épicéas se dressent en majesté, leurs cimes tendues vers le firmament, tandis que quelques érables discrets, des chênes solitaires et même des châtaigniers ébouriffés tentent de s’intégrer à ce tableau vivant.
La route, telle une conquérante, atteint finalement les hauteurs de Dentenberg…
… où trônent quelques rares demeures en bois, témoins silencieux des siècles écoulés, leurs façades polies par le temps, leurs toits défiant presque les cieux. .
Parmi elles, une imposante résidence, plus récente dans sa splendeur, offre un spectacle saisissant, réaffirmant l’audace architecturale propre à cette contrée.
La Via Jacobi, alors, suit docilement la route qui s’adoucit dans sa pente, offrant une parenthèse de quiétude où l’épuisement se transforme en répit.
Ici, un restaurant vous permet de faire une pause. A l’horizon, on aperçoit sur les collines une antenne, visible de nombreux endroits lorsqu’on circule en voiture près de Berne.
Peu après, à l’ombre protectrice d’un châtaignier majestueux qui semble veiller sur les alentours, s’offre à vous un plaisir supplémentaire, comme un présent précieux délivré sur un plateau d’or. Un sentier en pente rude se dessine parmi les herbes folles, offrant un raccourci bienvenu pour contourner le virage brusque pris par la route.
Ce chemin, avec une allure loin d’être bucolique, s’enlace bientôt à la route principale, celle qui s’étire en direction de Gümligen, offrant un passage paisible, éloigné de l’agitation urbaine.
Vous vous retrouvez alors à marcher aisément sur cette voie tranquille, où la circulation est rare, enveloppés par la verdure des prés parsemés çà et là de rares cultures, comme des touches de couleur sur une toile de maître.
Votre parcours, au détour du bois, révèle un havre de tranquillité, une clairière ombragée où les grands arbres tendent leurs bras protecteurs, invitant au repos et à la détente. C’est là, sous cette voûte végétale majestueuse, que se niche une aire de pique-nique, comme une oasis dans le désert de la vie trépidante.
Plus loin, la Via Jacobi délaisse le bitume pour emprunter un chemin plus rustique, une voie de terre large et caillouteuse qui serpente à travers les prairies, longeant les fermes éparpillées telles des joyaux dispersés dans un écrin de verdure.
Ce chemin, battu par les pas des pèlerins, vous mène bientôt au hameau pittoresque d’Amslenberg, où les arbres fruitiers et les châtaigniers s’étirent vers le ciel comme des danseurs étoilés.
Dans cet endroit enchanteur, où le temps semble suspendu, se dressent quelques rares et imposantes fermes, telles des sentinelles silencieuses veillant sur la campagne endormie.
Mais derrière ces derniers bastions de civilisation, un sentier rocailleux se dévoile, descendant avec grâce à travers les prés et les champs, aujourd’hui vêtus de l’or ondoyant des blés, avant de s’enfoncer dans le mystère de la forêt dense qui attend, telle une porte ouverte sur l’inconnu.
Section 2 : Dans les grandes forêts de Berne
Aperçu général des difficultés du parcours : parcours difficile le long du Stampfloch ; puis parcours sans difficulté.
Le chemin s’enfonce bientôt dans l’épaisseur de la forêt, dévoilant un parcours qui promet une expérience aussi exaltante que captivante. Vous voilà confronté à une descente vertigineuse, dont la pente abrupte excède les 30%, vous plongeant au cœur de ce bois sombre et mystérieux. Tantôt, des rampes d’escaliers bien taillées se dressent pour vous offrir un appui sûr, évitant ainsi tout glissement malencontreux, tandis que par moments, vos pas foulent un sol dur et compact, solide sous vos pieds assurés.
C’est sur ce toboggan naturel de plaisir que vous entrez en jeu avec le ruisseau du Stampfloch, compagnon éphémère dont les eaux s’écoulent généralement timidement, sauf lorsque les caprices de la météo en décident autrement.
Le jeu du cache-cache avec ce cours d’eau facétieux s’étire sur près d’un kilomètre, une distance où chaque pas peut osciller entre plaisir et douleur, selon l’audace de vos aventures. Au fond du ravin, de timides embryons de canalisations gisent, témoins muets de la possible présence d’eau en ces lieux.
Au terme de cette descente vertigineuse, le chemin débouche sur un parking bitumé, point de jonction entre la sauvagerie de la nature et le monde civilisé.
Le parking, lieu de rassemblement fréquent les jours de tir, abrite en son sein un stand de tir appartenant à une société locale. Cette activité, emblématique des traditions helvétiques et américaines, s’est inscrite dans le paysage culturel, bien qu’en Suisse, son attrait s’estompe peu à peu, hormis pour les citoyens militaires se pliant à l’obligation annuelle de pratique au tir.
Vous voilà désormais à quinze minutes seulement de Gümligen, une proximité qui témoigne de l’accessibilité de ce havre naturel.
Le chemin de terre, comme attiré par un aimant, renoue rapidement avec le bois qui porte fièrement le nom de Grossholz, une désignation qui, à elle seule, évoque l’ampleur de sa majesté. Les bourgs environnants, Grümligen, Meichenbühl, Ostermundingen, tous se lovent sous le couvert protecteur de cette immense forêt qui s’étend avec magnificence sur la colline, dominant de sa grandeur la ville de Berne.
La forêt qui vous accueille est véritablement divine. Les imposants Douglas, les sapins majestueux défient les cieux, dépassant de plusieurs coudées les autres géants que sont déjà les épicéas, les pins, les chênes, les érables, les châtaigniers et les hêtres. Face à leur stature imposante, votre propre petitesse ne peut que vous rendre humble.
Tantôt baigné dans l’obscurité, tantôt éclairé par les doux rayons du soleil, le sentier de plaisir serpente à travers ce bois vénérable, parfois révélant des vestiges des anciennes pistes VITA, témoins silencieux d’une époque révolue.
Plus bas, les arbres semblent peu à peu se faire moins imposants, annonçant un retour à la civilisation à mesure que le chemin frôle la localité de Rütibüel, située à une heure dix du Bärenpark (La Fosse aux Ours).
Pourtant, fidèle à sa nature, le chemin persiste dans les bois, s’enfonçant dans de larges allées ombragées, éloignant tout bruit de l’agitation urbaine.
Les arbres, ici, semblent regagner en hauteur, toujours aussi droits que des baguettes de Mikado, témoignant de la majesté et de la sérénité de ce sanctuaire boisé.
Plus loin, le chemin s’offre une brève escapade en passant près de la piscine d’Ostermundigen, offrant une vue dégagée sur les tours de la banlieue bernoise qui s’étendent à perte de vue.
Au niveau de la piscine, le sentier prend de la hauteur dans les sous-bois, comme si les planificateurs de Schweizmobil cherchaient à tout prix à éviter au maximum la proximité de la ville. Et leur intention est aisément compréhensible.
Le chemin s’élève ensuite légèrement sur la butte de Hubel, frôlant les immeubles qui semblent se dresser tant au-dessus qu’au-dessous de son tracé. Sur son passage se dresse même une belle ferme restaurée, témoignage vivant du mariage entre tradition et modernité.
À Hubel, près d’un imposant tilleul, le parcours amorçe une descente en direction de la grande banlieue de Berne, la ville d’Ostermundigen, forte de ses 18’000 habitants. Cependant, un piège de taille se dresse ici. Si l’on prête attention au panneau indicateur, on remarque que les indications pour Ostermundigen ou pour la Via Jacobi 4 sont légèrement décalées. Mais quel marcheur, non averti, accorde-t-il une telle importance aux détails ?
Pourtant, il est crucial de le faire, car deux losanges jaunes ornent le paysage : l’un pointant vers la Hubelstrasse sur un poteau à droite de la route, tandis que l’autre semble vous inviter à poursuivre tout droit. Mais cette impression est trompeuse, car un troisième signe vous indique que le parcours quitte la route. La direction est également mentionnée sur un panneau bleu : Fussweg nach Dennigkofen.
Ainsi, si vous manquez cette bifurcation, vous vous retrouverez contraint de contourner le centre d’Ostermundigen, risquant de vous égarer dans un dédale de rues souvent mal indiquées. Sans vouloir offenser les responsables de Schweizmobil, on pourrait arguer qu’ils auraient pu rendre cette décision plus évidente à comprendre. Après tout, tous les pèlerins ne sont pas familiers avec les rues de Berne.
Ici, sur la Via Jacobi, l’expérience devient un pur délice, alors qu’un escalier en béton s’offre à vous, dévalant sur plus de trente mètres tel un colimaçon au cœur d’une demeure aux multiples étages.
Au terme de cette descente vertigineuse, la Via Jacobi prend pied dans quelques rues tranquilles d’Obermundingen, s’insinuant doucement dans le tissu urbain moins dense de cette localité.
De là, elle se fraie un chemin vers Obere Zollgasse, une voie qui émerge de la ville en direction de la zone industrielle, passant sous d’importantes voies ferrées.
Cette zone industrielle et de services s’étend en une vaste étendue, témoignant de l’activité incessante qui anime ces lieux.
Peu après, la Via Jacobi se dérobe habilement à l’urbanité, retrouvant le souffle frais de la nature. Aucun pèlerin ne trouvera à redire. Un petit sentier s’évade une fois de plus dans les bois, s’enfonçant derrière la compagnie forestière en direction du parc Paul Klee.
Ce large sentier s’élève avec une pente tout à fait raisonnable à travers les buissons d’érables et de charmes…
…. avant que ne réapparaissent rapidement les majestueux grands arbres, d’imposants chênes et des hêtres élancés.
Des bancs accueillants invitent au repos, des aires de pique-nique se nichent dans ce bois qui fait le bonheur des randonneurs locaux, particulièrement les dimanches ensoleillés.
En arpentant les allées du parc, vous remarquerez des noms de rue singuliers. En effet, les dix-huit chemins qui sillonnent ce lieu portent les noms des tableaux de Paul Klee. Berne fut pour Klee une terre d’inspiration retrouvée et un havre de paix. Natif des environs, il remplissait durant son adolescence des cahiers entiers de vues de Berne. Parti s’installer en Allemagne en 1906, il fuira la montée du nazisme en 1933 pour revenir à Berne, où il rendit son dernier souffle en 1940, laissant derrière lui plus de 1250 œuvres répertoriées.
Les allées ici, d’une beauté saisissante, invitent à une marche sereine, sur un terrain plat propice à la méditation.
En périphérie de la forêt, se déploient les nombreux bâtiments de l’école Christophorus, héritière de la pédagogie anthroposophique de Steiner, un mouvement de pensée qui prône une proximité avec la nature et perçoit le monde comme animé par des forces spirituelles. Bien que certaines voix les considèrent comme sectaires, ces écoles prospèrent dans le canton de Berne.
Section 3 : Du centre Paul Klee à la Fosse aux Ours
Aperçu général des difficultés du parcours : parcours sans difficulté.
La Via Jacobi se délecte encore un peu de la compagnie des allées, dont les noms évoquent les toiles du célèbre peintre, avant de poursuivre son chemin à proximité d’un magnifique cimetière niché sous le couvert des arbres.
Puis, progressivement, elle s’éloigne des bois, frôlant l’entrée du cimetière…
… avant de se diriger vers le centre Paul Klee, idéalement situé près de la grande autoroute de contournement de Berne. À cet endroit, vous n’êtes qu’à trente minutes de marche de la Fosse aux Ours, un autre trésor de la région.
Traversant l’autoroute avec détermination, la Via Jacobi se dirige vers la périphérie de la ville, où se dressent d’imposants blocs résidentiels.
De l’autre côté, les trois collines vallonnées du centre Paul Klee se fondent harmonieusement dans le paysage, une réalisation de l’architecte italien Renzo Piano, qui édifia ce centre en 2005. Ce lieu abrite la plus grande collection d’œuvres du peintre au monde, offrant un contexte culturel dédié à son art.
Autrefois, la Via Jacobi rejoignait plus rapidement la Fosse aux Ours en traversant les immeubles résidentiels sur la droite de la route. Aujourd’hui, le trajet a été réajusté avec sagesse, offrant aux pèlerins une traversée paisible de la campagne. Bien que cela rallonge le chemin, il est toujours préférable de marcher au cœur de la nature plutôt qu’au milieu des constructions urbaines.
Un superbe chemin pavé s’enfonce dans la nature, passant à proximité du centre Paul Klee, offrant aux marcheurs une invitation irrésistible à découvrir les splendeurs de ce paysage préservé.
Au bas de la descente, le chemin s’insinue habilement vers la droite, tandis que chaque chemin demeure fidèle à l’héritage artistique du peintre, portant le nom évocateur de ses tableaux. Chaque pas semble être une nouvelle étape dans une galerie à ciel ouvert, où la nature elle-même se fait œuvre d’art.
Une longue rectiligne se dessine alors, taillant son chemin à travers les champs et les vallons, une perspective qui surprend par la présence inattendue de vignes, un clin d’œil surprenant dans un canton rarement associé à la viticulture.
À l’horizon de cette ligne infinie, le chemin croise une route animée, où le rythme effréné de la vie moderne contraste avec la quiétude champêtre.
De l’autre côté de cette artère urbaine, le chemin poursuit son périple, fidèle à son hommage artistique, se glissant entre les arbres dans un ballet gracieux inspiré par les toiles du maître.
Il serpente ainsi à travers un bosquet ombragé, offrant aux randonneurs une halte bienvenue sur une aire de pique-nique…
… avant de longer avec grâce un terrain de jeu plutôt discret.
Contournant habilement l’espace de jeu, le chemin révèle alors le délicat lac de l’Egelsee, caché parmi les frondaisons verdoyantes, tel un trésor préservé des regards indiscrets.
Le chemin part dans le parc sur un agréable chemin de ronde sous les arbres.
C’est là un véritable havre de paix, où le murmure des feuilles et le doux clapotis de l’eau se mêlent en une symphonie apaisante. Poursuivant son périple à travers le parc, le chemin se révèle être un véritable chemin de contemplation, sous les ombrages protecteurs des arbres séculaires. Chaque pas semble être une invitation à la méditation, une occasion de se perdre dans les méandres de la nature.
Au bout du lac, le parcours tourne sur un dernier chemin évoqué par les tableaux du peintre pour se retrouver sur une longue avenue dans la périphérie de Berne, où les habitations se pointent de plus en plus.
Plus loin, alors que le parcours s’éloigne des artères principales pour s’aventurer sur des chemins plus intimes, l’atmosphère se fait plus paisible, comme si le temps lui-même ralentissait pour mieux savourer chaque instant de cette promenade.
Les majestueuses demeures qui bordent la route semblent veiller silencieusement sur le chemin des voyageurs, comme des gardiennes de l’histoire de cette ville imprégnée de traditions et de légendes.
Puis, comme guidés par une main invisible, les marcheurs s’engagent sur un sentier pavé raide, où chaque pierre semble raconter les secrets du passé, chaque brin d’herbe témoigner de la vitalité de cette nature qui résiste au temps qui passe.
Un petit pont en bois, symbole de la symbiose entre l’homme et son environnement, enjambe gracieusement le chemin, offrant aux regards émerveillés une perspective sur les trésors cachés de cette région préservée. Certains riches bernois sont sans doute de grand chanceux de vivre sur la colline au bout des impasses.
Et soudain, tel un tableau qui prend vie, la ville de Berne se dévoile dans toute sa grandeur, ses monuments majestueux se dressant fièrement contre l’horizon, témoins d’un passé glorieux et d’un présent vibrant. Berne est sans conteste une des plus belles villes de Suisse, si ce n’est la plus belle, rivalisant avec Lucerne.
À mesure que le chemin s’approche de la Fosse aux Ours, le murmure des voitures laisse place au chant des oiseaux et au bruissement des feuilles, annonçant l’entrée dans un sanctuaire naturel où la tranquillité règne en maître. Les cars des tour-opérateurs sont rangés comme de grands monuments à la mémoire de Berne.
La Fosse aux Ours, avec son histoire fascinante et ses paysages enchanteurs, incarne l’âme même de cette ville, une harmonie parfaite entre la nature et la civilisation. Les plantigrades ont déménagé d’ici pour des lieux nettement plus opportuns.
Sur les rives de l’Aar, la fosse est la quatrième du nom et fut originellement inaugurée en 1857, même si la présence d’une réserve d’ours dans la ville est confirmée dès 1441. Elle rappelle la légende selon laquelle le duc Berthold V de Zähringen, fondateur de la ville, aurait capturé l’un de ces animaux vers la fin du XIIème siècle. Agrandie en 1925, avec l’ajout d’une fosse réservée aux oursons, puis rénové, elle n’accueille plus d’ours depuis 2009, et la création d’un parc aux ours, le Bärenpark attenant.
Voici deux images anciennes des ours dans la fosse.
Les ours bernois se sentent chez eux dans le Parc aux ours, en plein cœur de la ville. Ils disposent, sur les pentes bordant l’Aar, d’un cadre exceptionnel qui donne sur la vieille ville de Berne, classée au Patrimoine mondial de l’UNESCO. Le terrain d’environ 5000 mètres carrés s’étend de l’ancienne fosse aux ours jusqu’aux rives de l’Aar et peut être parcouru sans encombre. Ce nouveau parc accueille, depuis octobre 2009, deux ours bruns, un mâle, Finn, et une femelle Björk. En 2009, Björk a mis au monde deux oursonnes, Ursina et Berna. Ursina se trouve toujours dans le parc avec ses parents, Berna a dû quant à elle quitter le parc en 2013 pour le zoo de Dobric en Bulgarie, se montrant en effet trop agressive envers sa mère. Ici, tout dépend de la volonté des plantigrades de vous gratifier de leur présence. Ils explorent leurs enclos, mangent de l’herbe, se reniflent intensément ou jouent ensemble. Ils sont le plus souvent, les jours de beau temps près de la grande pataugeoire près de la rivière, mais, si vuus êtes plus chanceux, vous pouvez les voir faisant la sieste plus près de vous. Pour les apercevoir, le plus simple est de dénicher sur le parcours l’endroit où son amoncelées les grappes de badauds à l’affût des nounours massifs de chair et de poils.
Section 4 : Quelques pas dans Berne
Depuis le paisible Parc aux Ours, plusieurs chemins mènent directement à la vieille ville de Berne. On peut choisir de traverser le majestueux pont de Nydegg qui enjambe l’Aar, offrant une vue imprenable sur la ville, ou bien d’explorer les mystères qui se cachent sous ses arches, en empruntant l’escalier de fer ou l’ascenseur, accessibles même aux personnes à mobilité réduite. Une belle balade au fil de l’eau vous attend, presque au bord de l’Aar, une expérience pleine de charme et de tranquillité.
Si vous préférez longer la rivière, il faudra remonter jusqu’au niveau de la vieille ville en empruntant les rues pavées et les belles places qui ponctuent le parcours.
Une fois dans les rues animées de la vieille ville, vous ne pourrez manquer la présence dynamique des touristes asiatiques, qui semblent toujours être en nombre devant les bijouteries et les célèbres couteaux Victorinox. À Berne, comme à Lucerne, leur présence est omniprésente, créant une atmosphère cosmopolite et vivante. Quand vous vous baladez à Lucerne ou à Berne, vous avez le sentiment que seuls les touristes asiatiques flânent dans les rues. Évidemment, il est plus difficile de distinguer un touriste européen ou américain d’un autochtone helvète.
Non loin du pont de Nydegg se dresse le majestueux Rathaus, l’hôtel de ville, véritable cœur politique du canton de Berne depuis plus de six siècles. C’est là que se réunissent le Parlement et le gouvernement cantonal, dans un bâtiment qui mêle avec élégance le style gothique tardif de sa construction initiale, la sobriété du néo-gothique de sa rénovation au XIXe siècle, et le caractère résolument moderne de ses derniers aménagements, réalisés entre 1940 et 1942.
La majestueuse cathédrale de Berne, également connue sous le nom de Münster ou Collégiale Saint-Vincent, est un exemple éblouissant du style gothique tardif, témoignant d’une histoire riche et d’une architecture remarquable. Vieille de plus de six siècles, elle se dresse comme une sentinelle de la foi, et est fièrement revendiquée comme la plus grande église de Suisse. Les fondations de cette merveille architecturale furent posées en 1421, et sa construction s’étala sur plus de 150 ans, témoignant de l’ingéniosité et de la persévérance des bâtisseurs de l’époque. Cependant, son histoire ne s’arrête pas à sa construction initiale. Au contraire, elle est imprégnée des tumultes de la Réforme à Berne, où les partisans de Zwingli jouèrent un rôle central. En 1528, lors d’une réunion historique de 20 jours réunissant 450 délégués, la décision radicale de réformer Berne fut prise. Cette réforme entraîna d’importantes répercussions : la messe catholique fut abolie, les églises furent dépouillées de leur caractère sacré pour devenir de simples entrepôts, et les monastères furent fermés. Même les magnifiques orgues en nid d’hirondelle, surnommées par Zwingli les « cornemuses du diable » en raison de leur distraction supposée des fidèles pendant les sermons, furent retirées lors des réaménagements de la Réforme. Au XVIe siècle, la troisième étape de construction de la Collégiale prit fin, mais la tour qui surplombait la ville n’atteignait alors que 50 mètres de hauteur. Ce n’est que bien plus tard, en 1893, que l’impressionnante tour gothique dans son intégralité fut achevée, conférant à l’église son aspect imposant actuel. Construite principalement en grès régional, la cathédrale de Berne demeure un joyau architectural, un témoignage vivant de l’histoire mouvementée de la ville et de sa foi inébranlable.
Se promener dans le centre-ville de Berne est une expérience délicieuse, où l’on peut déambuler à loisir le long des boutiques et des cafés, abrités sous les élégantes arcades qui ponctuent l’axe central de la vieille ville jusqu’à la gare. Même par temps de pluie, le plaisir demeure, à l’abri des éléments, dans ce dédale d’arcades préservées qui conservent tout leur charme d’antan.
Bien que les grandes artères du centre soient empruntées par les trams et les bus, elles restent animées par le pas assuré des passants, qui préfèrent parfois les rues dégagées aux arcades.
Les fontaines, ornées de statues souvent guerrières, jalonnent le parcours, offrant des compositions florales toujours plus enchanteresses les unes que les autrest.
Mais c’est la silhouette imposante de la Zytglogge, la célèbre Tour de l’Horloge, qui attire invariablement le regard dans la basse ville. Autrefois porte de la cité, elle fascine les visiteurs du monde entier par son histoire et son architecture remarquable. À l’intérieur de ses murs ancestraux, le temps semble suspendu, avec sa mécanique médiévale et ses poutres de bois massives, témoins d’un passé glorieux. Après avoir survécu à un incendie dévastateur en 1405, la tour a été reconstruite pour remplir une nouvelle fonction : celle de beffroi, annonçant l’heure aux Bernois chaque heure. Elle devint ainsi le point de référence pour l’ensemble de la Suisse, calibrant les horloges des routes cantonales et devenant le « Greenwich suisse ». La Zytglogge est également célèbre pour son astrolabe et son mouvement datant de 1530. À chaque changement d’heure, un spectacle envoûtant se déroule : des ours dansent, un fou sonne l’heure trop tôt, les sonneries résonnent, et Chronos, le dieu du temps, retourne son sablier. C’est une symphonie magique qui captive les visiteurs à chaque heure.
De rue en arcade, de statue en statue, la promenade vous mènera finalement à la gare, rappelant que même au cœur de la modernité, la tradition et le charme intemporel de Berne demeurent omniprésents. Demain. nous visiterons l’autre partie de la ville, en repartant de Berne, vers le Palais Fédéral et la rivière.
Logements sur la Via Jacobi
• Jugendherberge, Weihergasse 4, Bern ; 031 326 11 11 ; Auberge de jeunesse, repas, petit déj.
• Hotel Pension Marthahaus, Wyttenbachstrasse 22a, Bern ; 031 332 41 35 ; Hôtel, repas, petit déj
• Bern Bacckpapers Hotel Glocke, Rathausgasse 75, Bern ; 031 311 37 71 ; Hôtel, repas, petit déj.
• Hotel Jardin, Militärstasse 8, Bern ; 031 333 01 17 ; Hôtel, repas, petit déj.
Il n’y a pas de grandes difficultés de trouver un logement sur cette fin d’étape. Sur le parcours, il y a quelques rares restaurants. Vous êtes en fin d’étape en ville, avec tous les commerces. Les logements sont nombreux dans une grande ville. Alors, pour les autres logements qui ne sont pas des gîtes ou de petits hôtels, consultez Internet ou alors l’Office de Tourisme de Berne. Réservez tout de même par sécurité.