Etape 15: De Berne à Rüeggisberg

Une incroyable collection de fermes bernoises

 

DIDIER HEUMANN, ANDREAS PAPASAVVAS

montagnes russes avec des dénivelés importants

Nous avons divisé l’itinéraire en plusieurs sections, pour faciliter la visibilité. Pour chaque tronçon, les cartes donnent l’itinéraire, les pentes trouvées sur l’itinéraire et l’état du GR65. Les itinéraires ont été conçus sur la plateforme “Wikilocs”. Aujourd’hui, il n’est plus nécessaire d’avoir des cartes détaillées dans votre poche ou votre sac. Si vous avez un téléphone mobile ou une tablette, vous pouvez facilement suivre l’itinéraire en direct.

Pour ce parcours, voici le lien:

https://fr.wikiloc.com/itineraires-randonnee/de-berne-gare-a-rueggisberg-par-la-via-jacobi-4-180943553

Ce n’est évidemment pas le cas pour tous les pèlerins d’être à l’aise avec la lecture des GPS et des cheminements sur un portable, et il y a encore de nombreux endroits sans connexion Internet. De ce fait, vous pouvez trouver sur Amazon un livre qui traite de ce parcours.

 

 

 

 

 

Si vous ne voulez que consulter les logements de l’étape, allez directement au bas de la page.

L’étape du jour vous offre une somptueuse immersion au cœur de la campagne bernoise, où les vastes fermes se dressent fièrement au milieu des forêts qui s’étendent, majestueuses, depuis Berne jusqu’aux confins méridionaux du canton, en direction des Alpes bernoises. À plusieurs reprises, vous aurez le privilège de contempler ces sommets enneigés qui confèrent à la Suisse une grandeur unique. Pour apprécier pleinement ce spectacle, il est préférable de parcourir cette étape par beau temps, bien que la météo ne soit pas toujours clémente. Toutefois, même si les montagnes restent voilées, l’étape n’en demeure pas moins saisissante, tant par la splendeur des fermes que par la beauté des forêts de hêtres et d’acacias qui parsèment la région. Cependant, ne vous laissez pas tromper par ce cadre idyllique : cette étape n’est pas de tout repos. Les dénivelés sont marqués à plusieurs endroits du parcours, rendant la marche parfois exigeante. Il est à noter que le tracé a été légèrement modifié ces dernières années, mais ces ajustements mineurs n’altèrent en rien le charme envoûtant de cette étape.

Après la visite de Berne, vous quitterez les parcours touristiques habituels pour explorer une partie moins fréquentée, longeant les rives de l’Aar, avant que le parcours ne vous emmène dans un véritable jeu de montagnes russes à travers la campagne environnante de la capitale. De collines en vallées, vous atteindrez finalement Rüeggisberg. C’est à cet endroit précis que la variante venant de Lucerne et Berne rejoint l’autre branche de la Via Jacobi 4, celle qui a traversé la Suisse primitive et Interlaken. Dès lors, une seule et unique Via Jacobi 4 vous conduira jusqu’à Genève, à l’extrémité opposée de la Suisse.

Difficulté du parcours : Cette étape se distingue par un terrain particulièrement exigeant, marqué par des dénivelés conséquents (+833 mètres / -457 mètres). Après une paisible promenade le long de l’Aar, le chemin s’élance brutalement vers les hauteurs de la colline du Gurten, où l’ascension se fait sur une pente raide, pour redescendre ensuite avec une déclivité vertigineuse vers Kehrsatz. À peine le temps de souffler que s’amorce une nouvelle montée, cette fois-ci à travers les bois, en passant par Kühlewil, le centre de repos pour les personnes âgées du canton de Berne. La suite du parcours se compose d’une succession de montées et de descentes, traversant vallon après vallon. Heureusement, bien que les pentes soient nombreuses, elles restent généralement raisonnables, ne dépassant que rarement les 15% de déclivité. 

État de la Via Jacobi : Dans cette étape, les parcours sur les chemins dépassent les parcours sur la route, car il y a de nombreux passages en forêt :  

  • Goudron : 10.7 km
  • Chemins : 12.3 km

Parfois, pour des raisons de logistique ou de possibilités de logement, ces étapes mélangent des parcours opérés des jours différents, ayant passé plusieurs fois sur ces parcours. Dès lors, les ciels, la pluie, ou les saisons peuvent varier. Mais, généralement ce n’est pas le cas, et en fait cela ne change rien à la description du parcours.

Il est très difficile de spécifier avec certitude les pentes des itinéraires, quel que soit le système que vous utilisez.

Pour les vrais dénivelés, relisez la notice sur le kilométrage sur la page d’accueil.

Section 1 : Au bord de l’Aar

Aperçu général des difficultés du parcours : parcours sans difficulté.  

 

En partant du cœur de Berne, au niveau de la gare animée, on remonte la grande rue de la vieille ville, se dirigeant résolument vers le Palais fédéral. 

Le Palais fédéral, bien qu’il soit central dans la démocratie suisse, n’est pas un édifice que l’on qualifierait de beau. Construit au début du XXe siècle, il s’élève dans une solennité austère, taillé dans un grès assez triste. Cet édifice monumental est le centre névralgique des chambres législatives suisses et abrite le Conseil fédéral, où siègent les sept conseillers fédéraux ainsi que le président de la Confédération. Jusqu’en 2003, la Place fédérale n’était qu’un simple parking. Aujourd’hui, elle s’est métamorphosée en un espace vibrant, animé par un marché joyeux de légumes, de fruits et de fleurs, qui s’y tient deux fois par semaine. 

Un peu plus loin que le Palais fédéral, s’élève le Casino, ouvert en 1909 comme un lieu d’échange social pour la ville et la région de Berne. Le Casino est une élégante fusion de culture et de plaisir, se présentant comme un lieu idéal pour tous types d’événements. Il abrite des restaurants, des espaces de travail, et des salles de tailles variées, dont des salles de concert. Outre la musique classique, le Casino accueille des spectacles de cabaret, de musique plus moderne et populaire.

La Via Jacobi quitte alors la vieille ville pour traverser l’Aar sur le Pont de Kirchenfeld, considéré comme l’un des chefs-d’œuvre du génie civil en Suisse. Ce pont relie la Casinoplatz dans la vieille ville de Berne à l’Helvetiaplatz, dans le quartier de Kirchenfeld. Cette œuvre d’art a été bâtie entre 1881 et 1883 par l’entreprise bernoise de constructions métalliques. 

L’Aar coule majestueusement en dessous du pont. 

En passant sur le pont, sur votre droite, se dresse le Palais fédéral, dominant la rivière, avant d’arriver à l’Helvetiaplatz.
Sur l’Helvetiaplatz se trouvent les bâtiments du Musée historique de Berne ainsi que d’autres édifices culturels abritant une médiathèque, le musée alpin suisse, et bien d’autres lieux d’exposition. Le Monument mondial du télégraphe domine la place par sa conception, son emplacement et ses dimensions. Doté d’une fontaine, il commémore cette association fondée à la fin du XIXe siècle. Sur un socle monumental entre deux vasques, se dresse un groupe de figures en bronze divisées en unités thématiques, destinées à représenter les « âmes des peuples ». Une plaque porte les noms des 128 États membres.
Le Musée historique bernois, véritable gardien des mémoires du canton de Berne, abrite une collection vaste et éclectique, témoignant de l’évolution humaine à travers les âges. Des vestiges mystiques de l’âge de pierre aux artefacts funéraires des anciens Égyptiens, chaque objet exposé raconte une histoire, tissant un lien palpable entre le passé et le présent. C’est ici, au cœur de ces murs, que le visiteur est invité à voyager à travers le temps, découvrant des pièces qui, depuis plus de 2 400 ans, ont traversé des continents pour trouver leur place dans ce sanctuaire de l’histoire culturelle suisse.

À côté du Musée historique se dresse fièrement le Musée Einstein, un hommage à l’esprit d’un homme qui, à son arrivée en Suisse en 1902, trouvait refuge dans les méandres de l’Office des brevets. C’est ici, dans cette ville empreinte de sérénité et de rigueur, qu’Albert Einstein élabora, entre 1902 et 1905, sa célèbre théorie de la relativité. En ce lieu, il redessina les contours de l’univers, révolutionnant à jamais notre compréhension de l’espace et du temps.

Depuis HelvetiaPlatz, la Via Jacobi, telle une veine sinueuse, descend à travers des ruelles étroites et pentues, menant inexorablement vers les eaux tranquilles de la rivière. La route serpente et, à son terme, débouche sur la Schwellenmattstrasse, à la hauteur du majestueux Dalmazibrücke, un pont qui semble suspendu entre ciel et terre. 
Surplombant fièrement la ville, tel un souverain veillant sur son royaume, le Palais fédéral trône au sommet, dominant le paysage. En contrebas, la Via Jacobi s’étire le long du Dalmaziquai, suivant docilement les méandres de la rivière, paisible et imperturbables.
Le fleuve coule tranquille, passant d’un pont à l’autre.
De temps à autre, la Via Jacobi s’éloigne doucement de la rive, comme pour prendre du recul …  
…avant de revenir caresser à nouveau la berge, renouant avec son compagnon liquide.

Plus loin, après une courbe gracieuse, la Via Jacobi atteint Schönausteg, un passage discret mais significatif, marquant une nouvelle étape dans cette promenade historique et culturelle. 

De ce côté du fleuve, c’est alors le Tierpark qui s’étend. Avec environ 200 espèces animales différentes, le zoo niché dans la forêt du Dählhölzli et directement au bord de l’Aar offre une expérience rafraichissante pour petits et grands. C’est aussi ici que la Via Jacobi passe de l’autre côté du fleuve.
Vous verrez souvent des gens nager dans la rivière, tant l’eau claire paraît à première vue assez calme.
C’est un paradis pour les joggeurs par ici. Et de nombreux bernois flânent sur la belle promenade.
En face, c’est le Zoo qui vous fait de l’œil.
En face, c’est le Zoo qui vous fait de l’œil.
Plus loin, le parcours arrive à la plage d’Eichholz.
Ici, on préfère avertit que nager dans la rivière peut s’avérer périlleux, un sport qui ne doit être réservé qu’aux bons nageurs.
La via Jacobi traverse le parc…
…pour monter en pente un peu plus soutenue les rues de Eichholz.

Section 2 : Montagnes russes sévères sur la colline de Gurten

Aperçu général des difficultés du parcours : pentes sévères autant en montée qu’en descente.  

 

Au bout d’Eichholz, la route, tel un fil d’Ariane, vous mène inexorablement à Wabern, une des banlieues vibrantes et densément peuplées de Berne, où quelque 8 000 âmes ont établi leur demeure, formant un microcosme urbain en harmonie avec le bruissement des rails du tramway. Wabern, loin d’être une simple banlieue, s’affirme comme une porte d’entrée vers le Gurten, cette montagne iconique qui veille sur Berne tel un gardien bienveillant, et à laquelle elle est reliée par un funiculaire qui grimpe avec la patience d’un vieil ami. Le Gurten, du haut de ses 864 mètres, n’est pas seulement une montagne, mais un sanctuaire d’excursion chéri par les Bernois, une retraite accessible aussi bien par les rails du funiculaire que par la marche, pour ceux qui préfèrent la lenteur contemplative. Tout là-haut, on dit que le regard s’étend, embrassant d’un seul coup d’œil les Alpes majestueuses, la ville qui semble s’étirer comme un chat alangui, et toute l’agglomération bernoise qui s’offre telle une tapisserie complexe et minutieuse. C’est un lieu où l’air est plus frais, où l’on prend le temps de respirer, d’observer, de s’imprégner.  C’est en 1977 que naquit, dans cette ambiance presque sacrée, le Festival du Gurten, d’abord modeste rassemblement folklorique international, qui au fil des ans s’est mué en l’un des événements musicaux en plein air les plus prisés de Suisse, attirant chaque année en juillet des dizaines de milliers de mélomanes. Le festival, tel un phénix renaissant, illumine la montagne et réchauffe les cœurs, transformant le Gurten en une scène vibrante, où la musique fait vibrer les âmes. 
La route, telle une artère vivante, traverse la cité animée, où chaque recoin murmure des histoires de vies entrecroisées, de sourires échangés sous le regard bienveillant des montagnes environnantes.
Peu à peu, elle se rapproche du funiculaire qui monte au Gurten, s’élevant avec la noblesse d’un vieil ascenseur de la mémoire, gravissant les pentes escarpées pour offrir à ses passagers des panoramas à couper le souffle, où chaque virage dévoile un nouveau tableau, une nouvelle perspective sur la ville qui semble s’évanouir en contrebas.

Ici, la direction à suivre vous mène à Kehrsatz, une paisible localité à une heure de marche. 

Depuis le point de départ du funiculaire, la route se dresse, impérieuse, et la pente, telle une épreuve de persévérance, devient rapidement sévère, invitant les marcheurs à redoubler d’efforts pour atteindre la montagne.

Et, d’ici, alors que vous gravissez cette route escarpée, une vue plongeante s’offre à vous, dévoilant Berne dans toute sa splendeur. Le Palais fédéral, symbole de la démocratie helvétique, se dresse fièrement, tandis que la cathédrale, avec ses flèches élancées, semble vouloir toucher le ciel. Le paysage, tel un tableau vivant, se déploie sous vos yeux, offrant une ultime récompense à ceux qui osent affronter les pentes du Gurten. 

La pente s’accentue progressivement, métamorphosant le parcours en une épreuve plus ardue lorsque le bitume cède la place à la terre battue du sous-bois, où chaque pas soulève une fine poussière qui semble danser avec les rayons de lumière perçant le couvert feuillu.
Peu après, une accalmie bien méritée attend les marcheurs sur un petit plateau, où une ferme solitaire, presque oubliée par le temps, se dresse au milieu de la nature, semblable à une sentinelle de l’ancienne vie rurale, entourée par le chant discret du vent dans les herbes hautes.
Mais cette quiétude est de courte durée, car le parcours repart sur le goudron, en montée sévère, traversant un vaste pâturage qui semble se fondre à la lisière de forêts profondes, où l’ombre des arbres forme un contraste saisissant avec l’herbe illuminée par le soleil.

Dans ce tableau où la nature déploie toute son exubérance, la route se divise soudain, offrant aux plus aventureux la possibilité de gravir le Gurten, cette montagne modeste mais fière. Cependant, pour ceux qui continuent sur le RossacherWeg, c’est alors un chemin de terre, bien que moins escarpé, qui ne manque pas de charme, s’élevant avec une grâce tranquille vers le sommet de la colline, comme un serpent se faufilant vers les cieux. 

Et là, en contrebas, Berne s’étale dans toute sa splendeur, ses toits et ses clochers se détachant sur l’horizon, embrassant la ville dans une étreinte de lumière dorée.  

Sur la pente raide d’un large chemin de terre, des bisons majestueux, ces géants paisibles, paissent tranquillement dans un pâturage verdoyant, s’accrochant au flanc de la colline comme si la terre elle-même les retenait par une force invisible  

Le chemin, fidèle compagnon du marcheur, ne tarde pas à atteindre le sommet de la colline, où les fermes de Rossacher, robustes et immuables, semblent observer le monde d’en haut, comme des gardiennes de ce paysage intemporel.
C’est alors que la route de terre battue cède à nouveau la place à un sentier plus intime, qui s’enfonce dans les prés pour mieux rejoindre le sous-bois, un havre de tranquillité où la nature s’exprime avec une simplicité désarmante.
Ce sentier, longeant les bois, oscille sans cesse entre les arbres et les prés, caressant du regard les majestueuses fermes de Rossacher qui, telles des perles, parsèment le paysage en contrebas.
Plus loin, lorsque le sentier amorce sa descente, il croise humblement le cours du Gurtedorfbach, qui serpente discrètement parmi les pierres imposantes, témoins silencieux du temps qui s’écoule. 
Alors, la pente se durcit, et le chemin s’élargit, plongeant résolument vers Kehrsatz. 
Plus bas, la terre battue, familière et rugueuse, cède sa place à l’asphalte lisse et impersonnel à Unterguntern, où les maisons semblent s’accrocher désespérément aux flancs escarpés de la colline, comme si elles craignaient de glisser dans l’abîme en contrebas. 

L’horizon s’étend alors, révélant dans toute leur majesté les imposants géants des Alpes bernoises, ces gardiens éternels qui fascinent et attirent les regards des visiteurs d’Interlaken et de ses environs. Si la Jungfrau se dresse fièrement, joyau couronné par son célèbre train, l’Eiger et le Mönch commandent également l’admiration avec leurs redoutables parois Nord. Un peu en retrait, le Finsteraarhorn, le plus haut de tous, s’élève dans une solitude majestueuse. 

Et la route continue sa descente, toujours plus raide. 
Les articulations se plaignent sous l’effort imposé par cette pente impitoyable, mais un plaisir inattendu vous attend, car le parcours s’écarte enfin de la route, pour un terrible raccourci, contournant habilement un virage abrupt de la route.  
Une petite rampe s’engouffre, plongeant littéralement vers la plaine en contrebas. À plus de 30% de pente. Les enfants du village, insouciants et joyeux, dévalent avec leurs trottinettes, mais le retour, cette montée implacable, n’est guère une partie de plaisir. À l’âge adulte, ils sont formés par ces pentes à devenir des athlètes accomplis, forgés par l’effort.
Au pied de la descente, le centre de Kehrsatz (4’500 habitants) s’étend, accueillant dans la plaine, mais la Via Jacobi l’ignore, préférant se faufiler près de nobles demeures de bois, gardiennes de la tradition et du temps. 

Section 3 : En passant par le centre de repos de Kühlewil

Aperçu général des difficultés du parcours : parcours très accidenté, avec parfois de sévères montées.  

À partir d’ici, se dresse devant vous un parcours qui ne saurait être pris à la légère, un véritable défi pour les âmes courageuses, avec près de 270 mètres de dénivelé positif répartis sur 4 kilomètres, direction Englisberg. Le terrain s’élève, semblant vouloir toucher les cieux, tandis que chaque pas sur cette pente appuyée au-dessus du bourg s’apparente à une lutte constante contre la gravité.  

La route, loin de s’adoucir, impose sa volonté, forçant le regard à se tourner vers l’avant, vers le sommet encore invisible.
Plus haut, la Via Jacobi, fidèle à son caractère capricieux, délaisse l’axe principal pour s’engouffrer dans une petite route qui traverse le village de Tannacker. Ici, la pente, déjà exigeante, se fait encore plus sévère, comme si le parcours lui-même souhaitait tester la ténacité de ses pèlerins.

À mesure que l’altitude augmente, les véhicules se voient limités à une vitesse de 20 km/h, mais pour vous, humble marcheur, cette progression se mesure en secondes arrachées à chaque pas, bien plus lentement encore.  

Enfin, au sommet de cette rampe redoutable, la Via Jacobi retrouve la route principale, dans un quartier où des maisons récentes, immaculées, se dressent fièrement, témoignant du contraste entre l’effort de l’ascension et la tranquillité apparente de ce nouvel environnement.
Suivant brièvement cette route, le parcours s’engage ensuite dans une voie sans issue, comme une invitation à laisser derrière soi la civilisation pour s’immerger à nouveau dans la nature.

Si vous prenez le temps de vous retourner, le regard est happé par les maisons qui s’accrochent obstinément à la colline, vestiges du parcours sinueux que vous avez déjà parcouru.  

Au bout de l’impasse, près d’une demeure seigneuriale ornée de colonnes ioniques anachroniques, le parcours se transforme en un sentier pierreux, où chaque pas fait résonner le craquement des cailloux sous vos pieds.
La pente, toujours aussi raide, s’enfonce dans un sous-bois ombragé, où les hêtres, les frênes et les châtaigniers dominent le paysage, formant un toit naturel sous lequel le silence règne en maître. À notre passage, des chaises étaient disposées çà et là, comme pour signaler aux marcheurs l’âpreté de l’effort qui les attend.  
Lorsqu’enfin le sous-bois s’ouvre, le chemin débouche sur une vaste ferme en bois noir, imposante et majestueuse, vieillie par les ans, comme un témoin silencieux du passage du temps. 
Depuis la ferme, le parcours continue de monter, le sentier de terre cédant sa place à l’asphalte, marquant ainsi un changement subtil dans le paysage qui semble vouloir signaler l’approche d’une nouvelle étape.

Et là, surgit au-dessus de vous un grand bâtiment, partie intégrante du complexe de soins de Kühlewil.  

La route se poursuit, imperturbable, jusqu’au bâtiment principal. Au cœur de l’été 1892, la ville de Berne ouvrit l’hospice municipal sur le domaine de Kühlewil, à près de dix kilomètres de Berne. L’actuelle maison de retraite et de repos de Kühlewil s’enracine profondément dans l’histoire de la pauvreté et de la protection sociale de la ville. Aujourd’hui, 150 personnes âgées, ayant besoin de soins et d’accompagnement, y vivent une existence paisible, à l’abri du tumulte de la ville, mais non de l’histoire qui imprègne chaque pierre de cet endroit.

Autrefois, le parcours traversait directement la route menant au village de Kühlewil. Cependant, ces dernières années, il a subi des modifications notables. Ne manquez surtout pas la bifurcation située en face de la maison de repos, qui vous dirige désormais vers Englisberg

 

Un chemin s’étend, large et accueillant, se frayant un chemin sinueux à travers les prés verdoyants et les champs de maïs dorés. Un banc, peut-être destiné aux pensionnaires désireux de goûter aux douceurs de la nature, a été placé ici comme une invitation discrète à la contemplation et au repos.

À l’horizon, lointain mais distinct, Ostermundigen, cette banlieue bernoise, demeure encore parfaitement visible, telle une silhouette qui refuse de disparaître sous le voile de la distance. 

La pente, bien que modérée, se fait sentir, plongeant le marcheur dans le cœur même de la campagne, où les vallonnements dessinent un tableau bucolique. En levant les yeux, le village d’Englisberg apparaît bientôt, perché au-dessus, dominant de son calme serein.
Le chemin s’élève toujours plus haut, vous menant à travers un pays où les vaches paissent paisiblement et où les vastes étendues herbeuses semblent s’étendre à l’infini. Les champs cultivés, rares, laissent place à une nature presque sauvage, à peine domestiquée.
La Via Jacobi ne pénètre pas dans le village. Elle ne fait que l’effleurer, comme une caresse subtile, respectant la quiétude des lieux sans troubler l’ordre établi. 
Non loin de là, une maison de bois se distingue, son charme irrésistible envoûtant le regard. La vue sur le village révèle un mélange harmonieux de vieilles demeures, témoins d’une tradition bernoise séculaire, et de constructions plus récentes, où il est probable qu’une partie du personnel de la maison de repos a trouvé refuge. 
Depuis le village, un sentier raide s’élève, grimpant à travers l’herbe tendre pour se fondre dans l’épaisseur de la forêt d’Englisbergwald. 
Encore un banc, à l’orée du bois cette fois, pour s’arrêter un instant et admirer la vue, où Ostermundigen et la vaste plaine bernoise s’étendent à perte de vue, dans une harmonie de teintes et de nuances qui rappellent la sérénité du paysage.
La forêt semble s’étendre à l’infini, vaste et apaisante, une mer végétale où les arbres règnent en maîtres. Un chemin s’y aventure avec une insouciance presque enfantine, serpentant avec bonheur sous l’ombre bienveillante des hêtres aux troncs dodus, des érables délicats, et des épicéas, ces seigneurs altiers des conifères, qui veillent avec majesté sur ce royaume sylvestre. Chaque pas sur ce chemin semble une communion avec la nature, un murmure de feuilles caressées par le vent, une respiration partagée avec les géants verts.
À travers une éclaircie, la forêt s’ouvre soudain, offrant à la vue le charmant village de Kühlwil, niché en contrebas comme un joyau dans son écrin de verdure. Ce tableau champêtre, découvert par hasard, invite à la contemplation, une parenthèse suspendue dans le temps.
Mais le chemin, fidèle à lui-même, ne s’attarde guère. Il se glisse à nouveau sous la canopée douce et protectrice des arbres, dont les cimes semblent effleurer le ciel. Dans cette pénombre bienveillante, chaque rayon de lumière qui traverse le feuillage se fait poème, chaque bruissement de feuille devient mélodie.
Plus loin, l’ordre naturel est légèrement perturbé : les forestiers, en gardiens avisés de ce lieu, ont prélevé leur dû. Des piles de troncs d’arbres, alignés avec soin, témoignent de l’exploitation raisonnée de cette ressource précieuse. La vie de la forêt continue, régie par un cycle ancien, où la main de l’homme intervient avec respect et mesure.
Poursuivant sa course, le chemin s’oriente, change de direction, et peu à peu, la forêt cède la place à un horizon plus ouvert. L’air se fait plus vif, plus libre, comme un souffle nouveau.
C’est alors une route goudronnée qui s’impose, serpentant avec douceur à travers une vaste campagne où s’étendent à perte de vue des champs de céréales, principalement de l’avoine, se balançant sous la brise légère comme une mer d’or en été.
La route se faufile en bordure de la forêt, et au loin, l’horizon se déploie avec majesté. Les Préalpes bernoises et fribourgeoises se détachent comme des sentinelles immuables, leur silhouette découpée sur le ciel, offrant un spectacle d’une grandeur simple et saisissante.
Mais ces champs ne sont pas seulement réservés aux céréales : la pomme de terre y trouve aussi sa place, enracinée dans cette terre généreuse, nourrie par les saisons, chaque sillon racontant une histoire de labeur et de patience.
Enfin, la route arrive à Undere Wald, un hameau paysan où se dressent des fermes gigantesques, témoignages des grandes étendues agricoles qui les entourent. Ces bâtisses robustes, aux toits imposants, semblent faire corps avec le paysage, en harmonie avec la nature environnante.
Pourtant, ce hameau ne se résume pas à la rusticité paysanne. Quelques belles demeures patriciennes y sont également disséminées, leur élégance discrète contrastant avec la rudesse des fermes voisines. On pourrait se demander si elles appartiennent encore aux paysans ou si elles se tournent déjà vers d’autres horizons, plus urbains, plus mondains.
Mais la Via Jacobi ne s’attarde pas, ne s’encombre pas des fastes ou des mystères du lieu. Elle reprend rapidement sa course, s’éloignant de la route pour plonger à nouveau dans l’ombre fraîche et rassurante de la forêt. C’est ici la Forêt de Chüliwildwald, un lieu où un sentier semble s’évanouir, se fondre dans l’épaisseur des bois, pour mieux inviter le voyageur à poursuivre son périple, entre ombre et lumière.
Ce bois, à l’opposé de celui qui a précédé, présente une physionomie plus modeste. Au seuil de cette forêt, les arbres sont encore jeunes et frêles, leurs troncs ébauches de ce qu’ils deviendront. Le sentier étroit se dessine, serpentant avec une humilité discrète parmi les buissons épars, les troènes aux feuilles luisantes, les cornouillers aux baies éclatantes, et la charmille, cette haie feutrée et protectrice. L’ensemble est sous le regard vigilant des jeunes épicéas, ces sentinelles en devenir, qui se dressent avec une dignité juvénile.
Cependant, à mesure que vous progressez dans ce bois, le caractère des arbres change. Leur taille augmente avec une majesté croissante, comme si la forêt elle-même s’offrait en spectacle.
Le sentier s’élargit alors, se déployant en une voie plus généreuse. Les épicéas, désormais adultes, se dressent droits et fiers, serrés comme des piquets en quête de la lumière céleste, leurs cimes s’élançant vers le firmament. . 
Pourtant, même en dehors des périodes pluvieuses, le chemin peut devenir difficile à emprunter. Parfois, il s’enlise, se transformant en une épreuve de boue et de déviation, conséquence des ornières laissées par les tracteurs forestiers. Plus loin, le chemin tourne brusquement, changeant de cap pour se diriger vers Allmid et Riggisberg, offrant une transition marquée vers une nouvelle étape du voyage.  

Section 4 : Entre forêt et prairies dans la campagne bernoise

Aperçu général des difficultés du parcours : parcours vallonné, mais sans grande difficulté.  

 

Le chemin s’enfonce dans la forêt dense, où les épicéas majestueux forment un plafond verdoyant au-dessus de vous. Vous êtes alors englobé par le mur végétal de ces arbres gigantesques, qui, d’un vert profond, s’élèvent en une pente raide vers le sommet d’une colline.  

Au-delà, la forêt de Chüliwildwald dévoile une transformation saisissante. Ici, un large chemin de terre s’étire avec une douceur nouvelle, serpentant à travers une forêt aérée, où les arbres s’espacent et la lumière pénètre plus généreusement.  

À mesure que vous avancez, le chemin rétrécit à nouveau, se frayant un passage étroit parmi les arbres serrés. Les épicéas, dressés en colonnes régulières, rappellent la rigueur et la sévérité d’un temple de la nature.
Cependant, cette intimité forestière n’est que de courte durée. Rapidement, le chemin s’élargit, poursuivant sa montée, mais cette fois-ci avec une inclinaison plus douce, comme une caresse sur la pente.
Bientôt, le chemin émerge de l’ombre des arbres pour révéler des clairières ensoleillées. À cet endroit, des panneaux indiquent des directions vers de pittoresques hameaux égarés au milieu des terres agricoles. Derrière la barrière d’épicéas, vous apercevez les majestueuses Alpes bernoises, leurs cimes effleurant les 4’000 mètres, comme des géants endormis sous un ciel cristallin.
Une large route de terre battue descend alors en pente douce le long des haies résiduelles de la forêt, vous menant à un paysage de vastes prairies entrecoupées de fermes isolées, comme autant d’oasis perdues au cœur du monde.

Le chemin vous conduit au lieudit Allmid, où, malgré l’altitude de près de 900 mètres, vous évoluez au sein de la basse montagne, parmi des terres agricoles typiques de l’agriculture alpine, bénéficiant sans doute de subsides conséquents.

Les vastes prairies s’étendent devant vous, ponctuées de fermes éparses qui semblent s’évanouir à l’horizon. Plus bas, la pente devient plus prononcée, et la route de terre poursuit sa descente le long de la haie d’épicéas, ouvrant sur la campagne ouverte. En toile de fond, les basses montagnes des Préalpes bernoises se dessinent à l’horizon.

Soudain, alors que la route tourne, le regard se heurte aux majestueux sommets bernois : l’Eiger, le Mönch, et la Jungfrau, avec en point d’orgue, le Finsteraarhorn. Culminant à 4 274 mètres, le Finsteraarhorn, sommet le plus élevé des Alpes bernoises, se dresse comme une pyramide élancée vers le ciel, s’imposant dans le paysage avec une majesté et une beauté inégalées.

La route de terre battue serpente avec une élégance tranquille à travers la campagne vastement dénudée. Ici, les champs cultivés, parsemés de céréales ondulantes et de touffes de maïs, s’étendent à perte de vue, tels des tapis d’or et de vert qui se fondent harmonieusement dans le paysage champêtre. 
Au bas de la descente, la route de terre battue pénètre le hameau d’Obermuhlern. 
Ce village, comme une multitude d’autres éparpillés dans la région, se révèle être un véritable musée vivant des fermes bernoises. Les fermes, majestueuses dans leur simplicité, se distinguent par leurs toits en pente douce, revêtus de tuiles brunes ou rouges. Ces toits, conçus pour résister au poids écrasant de la neige hivernale, s’étendent largement au-delà des murs, formant de profonds avant-toits qui, en été, offrent un refuge ombragé et en hiver, une protection contre les intempéries. Les façades en bois, ornées de poutres apparentes, dessinent des motifs géométriques élégants et simples. Teintées ou peintes dans des nuances chaleureuses, allant du brun profond au rouge terreux, elles contrastent harmonieusement avec les encadrements des fenêtres et des portes, souvent ornés de délicates sculptures ou de peintures traditionnelles. Les fenêtres, petites et nombreuses, s’alignent en rangées régulières, abritant des géraniums colorés et ornées de volets en bois peints, parfois décorés de motifs floraux ou de cœurs. À l’arrière de chaque maison, se dresse la grange, fréquemment intégrée sous le même toit, un agencement ingénieux qui permet de garder le foin et les animaux à proximité durant l’hiver. Tout cela compose une scène majestueuse, hors du temps, véritable ode à la vie rurale.
À Obermuhlern, le hameau perché en hauteur, vous êtes à seulement vingt minutes de Niedermuhlern, le village en contrebas.

Au bout du village, se dresse une relique des temps anciens, indéfinissable entre ferme et grange, sous les tilleuls séculaires. C’est un spectacle enchâssé dans le paysage, un régal pour les yeux et pour l’esprit.

La Via Jacobi quitte le hameau pour s’engager sur une route.
Dans cette région, de nombreux hameaux sont en impasse, et aucune route directe ne relie ici les deux villages. La Via Jacobi abandonne donc rapidement le bitume pour retrouver la route de terre battue, qui monte en pente douce sur une colline. Là, une vision presque irréelle se déploie : les majestueux sommets bernois surgissent au-dessus de la colline, comme trois mamelons enneigés, une apparition spectaculaire qui semble tout droit sortie d’un rêve.
Du sommet de la colline, la route de terre battue amorce une descente douce vers Niedermuhlern, s’engageant dans la campagne dénudée où les prairies se déploient à perte de vue. C’est un pays où la vache règne en souveraine incontestée, et les rares champs cultivés semblent avant tout voués à satisfaire ses besoins exigeants. 
En contrebas, la Via Jacobi quitte la route de terre battue pour tourner à angle droit, se faufilant entre les prés.
Elle se transforme alors en un sentier rectiligne, descendant en pente marquée, délimitant le passage entre la terre brune et l’herbe verte, serpentant à travers les prairies et les champs cultivés. 
Ce sentier conduit finalement à Niedermuhlern, où le goudron reprend le relais.
Ici, vous découvrez un véritable village, plus qu’un simple hameau, bien que dépourvu d’infrastructures sociales notables. L’architecture se fait plus variée : aux côtés des fermes traditionnelles, se dressent des maisons plus conventionnelles, en dur, qui empruntent également le style des fermes locales, créant un ensemble homogène mais diversifié.

La route traverse un village relativement étendu dans la plaine.
En sortant du village, la route se remet à serpenter sur un large chemin de terre battue, montant en pente douce et régulière vers la forêt, comme une invitation à la découverte de nouveaux horizons.

Section 5 : Un panorama époustouflant sur les monstres enneigés bernois

Aperçu général des difficultés du parcours : parcours tortueux, avec souvent de belles pentes.  

 

Plus haut, le chemin se fraie un passage parmi les hameaux discrets de Riederweid et d’Unteres Rattenholz. Ces lieux, à peine effleurés par la modernité, dévoilent leur charme tranquille au cœur de la nature préservée. 
Le chemin, toujours en montée, pénètre alors la magnifique forêt de Rattenholz. Ici, l’immensité des épicéas règne en maître, tandis que les hêtres et les érables, plus discrets, ajoutent une touche de diversité subtile au tableau boisé. La forêt, omniprésente, semble murmurer une mélodie ancienne, un chant apaisant qui accompagne le marcheur. 

Vous constaterez que la Via Jacobi 3, que vous avez peut-être suivi à la sortie de Lucerne et que vous avez perdu de vue depuis longtemps, passe aussi par ici.

Au sommet de cette montée, le chemin atteint le lieu-dit Buechweid, toujours enveloppé par les ombres bienfaisantes des arbres. La forêt chante par ici.

Un panneau informe les randonneurs de la présence d’un circuit nommé Musse : um, un itinéraire circulaire local de 5.3 km qui débute à Gschneit. Ce parcours offre non seulement la découverte d’un paysage d’une beauté remarquable mais propose aussi des exercices pour relâcher les tensions, favoriser une respiration apaisée et affiner la perception des alentours.

Sortant de la forêt, une route goudronnée entame une descente en pente douce vers la campagne, offrant une vue envoûtante sur les sommets enneigés des Alpes Bernoises, qui se dressent majestueusement à l’horizon.
Bientôt, la route conduit à Gschneit, un petit hameau agricole parsemé de quelques fermes éparses sous des arbres fruitiers.

Cette région, prisée des promeneurs et des amateurs des Alpes Bernoises voisines, dispose d’un restaurant pour accueillir les visiteurs en quête de beaux panoramas, de repos et de réconfort.

La route continue son chemin pittoresque à travers ce paysage bucolique, pour finalement atteindre Leueberg. Ici, le parking se remplit souvent de véhicules prêts à monter vers la Tavelgedenkestätte, un lieu de mémoire cher aux amateurs de paysages et d’histoire.

À Leueberg, vous n’êtes plus qu’à une heure de Rüeggisberg, la destination finale qui marque le terme de cette agréable traversée. 

Le talus menant à la Tavelgedenkestätte présente une pente prononcée, défiant l’effort des visiteurs déterminés à atteindre ce sommet. Cependant, la difficulté du chemin ne semble nullement décourager les marcheurs, qui persistent avec enthousiasme pour admirer la vue imprenable.

Une fois au sommet, le panorama se déploie dans toute sa splendeur. La vue s’étend sur Thoune, le lac de Brienz, et les majestueuses Alpes bernoises enneigées. Pour pleinement apprécier les détails de ce tableau grandiose, un zoom puissant ou une paire de jumelles de qualité est vivement recommandé.  

Cet endroit est dédié à l’éminent écrivain bernois Rudolf von Tavel (1866-1934), pionnier dans l’écriture de l’histoire et des textes en dialecte bernois. Il immortalisait le paysage de sa région avec des mots empreints de poésie, comme dans cette citation : « Ds Bärnerland isch i dr Morgestilli gläge mit aller syr währschafte, brave Schönheit.  » (le paysage bernois s’épanouit dans la quiétude du matin dans toute l’authenticité de sa beauté). Rudolf von Tavel, à la fois écrivain et journaliste en dialecte suisse, jouit d’un succès notable au-delà de son époque et rédigea également des œuvres en haut allemand. En reconnaissance de son œuvre, la Freistudentenschaft, une association étudiante bernoise, éleva un mémorial en son honneur sur le Leuenberg, inauguré le 16 juillet 1939. Ce site a été choisi en raison de la description que Rudolf von Tavel en fit, le qualifiant du plus bel endroit de tout le Bernerland. Entouré d’un mur, le mémorial présente une pierre commémorative, un rocher provenant du jardin de sa maison natale.

À côté de cette pierre, une médaille de bronze a été installée, portant le portrait du poète ainsi que son nom et les dates de sa vie, célébrant ainsi son héritage littéraire et sa profonde connexion avec cette terre.  

Depuis le mémorial, un sentier serpente lentement à travers les prés, s’engageant dans une pseudo-plaine, en bordure des bois. Ce sentier, qui dévale en pente douce, se laisse guider par la douceur de la nature environnante pour rejoindre plus bas un plus large chemin.
Puis, avec une détermination tranquille, le chemin se redresse et se faufile sur une autre colline. Il hésite entre les touffes d’herbe éparse et les gravillons rugueux, s’enfonçant dans un sous-bois où la chlorophylle explose dans les buissons et les arbustes comme une promesse verdoyante.

À cet endroit précis, la Via Jacobi et le circuit Musse : um, partageant de nombreuses portions, se séparent. Chacune poursuit sa route, suivant son propre destin, comme des rivières distinctes qui se séparent en un lieu où l’horizon s’ouvre sur des perspectives divergentes.  La Via Jacobi 3 est à nouveau votre compagne de voyage.

La Via Jacobi continue alors son ascension sur un sentier étroit, s’attaquant courageusement aux broussailles préfigurant la forêt d’avenir.
Le sentier, parsemé de montées résolues, s’élève entre les arbres élancés, dressés comme des baguettes tendues vers le ciel.
À cet instant, vous atteignez le sommet de l’étape, à près de 1000 mètres d’altitude. Un plus large chemin, maintenant en descente douce, se déploie dans la forêt, offrant une promenade agréable sur un large chemin. L’air vivifiant des montagnes emplit vos poumons, apportant une fraîcheur revigorante et une sensation de liberté absolue.

Section 6 : Rüeggisberg, un autre musée à ciel ouvert du canton de Berne

Aperçu général des difficultés du parcours : parcours sans grande difficulté, avec des pentes légères, si ce n’est la descente sur Mattwil.  

Comme l’indique le panneau planté au bord du chemin, vous marchez dans la vaste forêt de Tannwald. À seulement 45 minutes de Rüeggisberg, vot du jour se rapproche. 

Le chemin serpente alors au cœur du bois, son ondulation douce rendant la pente presque imperceptible. Cette forêt, bien que paisible, ne se distingue pas par sa magnificence comparée à d’autres que vous avez traversées au cours de votre périple. Sa continuité peut sembler moins spectaculaire, entre les broussailles éparses et les chemins parfois boueux, même en l’absence de pluie.
Cependant, ne laissez pas la réserve vous guider. Des passages enchâssés sous les majestueux épicéas révèlent des moments de beauté véritable, offrant une pause visuelle dans la monotonie du parcours.

Plus loin, alors que la forêt se transforme à nouveau en un écrin de splendeur, les chemins se multiplient, reflet de la richesse des itinéraires qui serpentent à travers cette région bénie des dieux. Les panneaux indicateurs, d’une utilité précieuse, permettent de naviguer à travers ce labyrinthe sylvestre. Un dernier panneau, planté au croisement du chemin, vous indique la direction de Rüeggisberg, sur la Via Jacobi 4.  

Le chemin poursuit son cheminement à travers la forêt avant d’émerger à l’extérieur du bois. L’espace se déploie alors sur la campagne et les champs environnants. Une descente abrupte conduit sur un large chemin à travers les prés et les rares cultures, dévoilant progressivement les silhouettes imposantes des fermes de Mattwil, dispersées harmonieusement dans la nature environnante.
C’est ici, au carrefour de deux itinéraires majeurs, que la Via Jacobi, en provenance de Lucerne et Berne d’une part, et de la Suisse primitive et Interlaken de l’autre (l’itinéraire qu’on dira « officiel »), se rejoignent pour ne former désormais qu’un seul et unique parcours vers Genève.
À partir de cet endroit, la Via Jacobi suit la route départementale sur une courte distance, avant de se détourner délicatement vers un chemin de traverse.
Ce chemin, d’abord caillouteux, devient progressivement plus doux à mesure qu’il s’enfonce dans les prés et les rares champs cultivés, souvent occupés par des rangées de maïs qui ondulent sous la brise.
À l’issue de cette traversée, le chemin débouche sur des lotissements récents, situés en contrebas de Rüeggisberg.
Peu après, une route étroite et sinueuse grimpe en direction du village, dont le clocher émerge au loin comme un phare délicat.
Le village se déploie alors devant vos yeux comme une succession de merveilles architecturales alignées le long de la route. Il ne s’agit pas simplement de fermes, bien que certaines puissent avoir des racines agricoles, mais plutôt d’une agglomération bourgeoise où se dressent des chalets à plusieurs étages, ornés de fleurs disposées avec un goût exquis. Chaque maison est une œuvre d’art en soi, un spectacle de raffinement et d’élégance.
Le temple sobre se dresse à l’extrémité de ce village exceptionnel, marquant la fin de cette galerie d’art à ciel ouvert.

Logements sur la Via Jacobi

  • Hotel Maygut, Sewftigenstrasse 370, Wabern; 031 961 39 81 : Hôtel, repas, petit déj. 
  • Hotel Löwen, Bernstrasse 2, Zinmmerwald; 031 819 18 72 : Hôtel, repas, petit déj. 
  • Restaurant Bütschlegg, Oberbütscel; 031 809 03 24.  Gîte, repas, petit déj.
  • Andi et Doris Steller, Dorfstasse 12, Rüeggisberg ; 031 809 18 22/079 718 25 27 ; Gîte, petit déj.
  • Elisabeth et Jürg Wilen, Unter der Eichen 6, Rüeggisberg ; 031 331 67 22 ; Gîte, petit déj.
  • Elsbeth et Alfred Buri-Berger, Haslistrasse 16, Rüeggisberg ; 031 809 08 30 ; Gîte, petit déj.
  • Cottage Holiday Stöckli, Dorfstrasse 22, Rüeggisberg ; 031 809 40 80 ; Gîte, petit déj.
  • Bettina Zwahlen, Bodmattweg 7, Rüeggisberg ; 078 683 92 50 ; Gîte, petit déj.
  • Gasthaus Bären, Rüeggisberg ; 031 808 03 05 ; Hôtel, repas, petit déj.

Ici, la situation est des plus précaires avant Rüeggisberg. Il n’y a que 3 logements possibles, les trois à 1 km de la Via Jacobi. Renseignez-vous sur leur localisation auprès des propriétaires. Il vous faudra donc, à première, vue aller sur cette longue étape avant de trouver de quoi passer la nuit à Rüeggisberg. Il est impératif de réserver votre logement à tout prix, car il est rare de trouver des hébergements plus loin.

N’hésitez pas à ajouter des commentaires. C’est souvent ainsi que l’on monte dans la hiérarchie de Google, et que de plus nombreux pèlerins auront accès au site.
Etape suivante : Etape 16: De Rüeggisberg à Schwarzenburg
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