Etape 22: De Rolle à Coppet

Le lac n’est pas pour tout le monde

Le miroir d’eau, joyau naturel qu’est le lac, se doit de demeurer une terre d’accueil pour tous. Une croyance persiste, naïve certes, en une législation régissant de telles affaires. Mais hélas, la réalité est tout autre ! L’examen attentif de la loi, cette vieille sentinelle érigée en 1926, révèle sans ambages sa volonté : « Sur les rivages du lac Léman, des lacs de Neuchâtel et de Morat, des lacs de Joux et Brenet, ainsi que du lac de Bret, il est impératif de préserver, le long des rives et sur une bande de 2 mètres, un espace exempt de toute édification ou entrave à la libre circulation, afin de permettre l’amarrage des embarcations, le passage des bateliers et de leurs aides, ainsi que tout autre besoin relatif à la navigation et à la pêche ». Cependant, cette loi ne s’incline que devant les bateliers et les pêcheurs, car les propriétaires des rivages grevés de ces contraintes ont le pouvoir de s’opposer à toute intrusion non autorisée sur leurs domaines. Le commun des mortels se méprend souvent sur la nuance entre marchepied et chemin de randonnée. Or, il n’existe point de loi régissant les chemins, autrement dit le droit de passage des piétons le long des rives lacustres. En d’autres termes, le droit de marchepied ne confère aucunement un accès public aux terrains privés. Le sentier riverain, quant à lui, doit être concrétisé par l’établissement de servitudes de passage public, un domaine réservé aux communes et à leurs dignitaires. Ainsi, de Lausanne à Rolle, certaines communes bienveillantes ont généreusement octroyé un accès élargi aux bateliers, aux pêcheurs et aux flâneurs. Tandis que de Rolle à Genève, d’autres communes ont préféré promouvoir l’expansion des nantis et de leurs domaines, source bienvenue de recettes fiscales substantielles, restreignant au maximum l’accès du public au lac. Tout ceci pour signifier que de nos jours, contempler le lac depuis ses berges est devenu l’apanage des hauteurs. Il va de soi que nul ne songe à édifier des chemins tapissés de pétales pour les errants. Car entre réalités économiques et géopolitiques, les enjeux sont multiples et complexes. Mais les nombreux randonneurs des fins de semaine ne sont guère éloignés de partager cette pensée.

Nous avons divisé l’itinéraire en plusieurs sections, pour faciliter la visibilité. Pour chaque tronçon, les cartes donnent l’itinéraire, les pentes trouvées sur l’itinéraire et l’état du parcours (routes ou chemins). Les itinéraires ont été conçus sur la plateforme “Wikilocs”. Aujourd’hui, il n’est plus nécessaire d’avoir des cartes détaillées dans votre poche ou votre sac. Si vous avez un téléphone mobile ou une tablette, vous pouvez facilement suivre l’itinéraire en direct.

Pour ce chemin, voici le lien :

https://fr.wikiloc.com/itineraires-randonnee/de-rolle-a-coppet-par-la-via-jacobi-4-68572805

Degré de difficulté : Les dénivelés (+217 mètres/-217 mètres) sont encore aujourd’hui dérisoires. Allez ! Disons que c’est plat, presque souvent tout plat.

État de la Via Jacobi : Ce sera, hélas, une journée presque complète sur le goudron. Que voulez-vous ? C’est un bassin de population assez dense :

  • Goudron : 20.4 km
  • Chemins : 9.5 km

Ce n’est évidemment pas le cas pour tous les pèlerins d’être à l’aise avec la lecture des GPS et des cheminements sur un portable, et il y a encore de nombreux endroits sans connexion Internet. De ce fait, vous trouvez sur Amazon un livre qui traite de ce parcours.

 

 

 

 

 

Si vous ne voulez que consulter les logements de l’étape, allez directement au bas de la page.

Parfois, pour des raisons de logistique ou de possibilités de logement, ces étapes mélangent des parcours opérés des jours différents, ayant passé plusieurs fois sur sur ces parcours. Dès lors, les ciels, la pluie, ou les saisons peuvent varier. Mais, généralement ce n’est pas le cas, et en fait cela ne change rien à la description du parcours.

Il est très difficile de spécifier avec certitude les pentes des itinéraires, quel que soit le système que vous utilisez.

Pour les “vrais dénivelés ”et pour les passionnés de véritables défis altimétriques, consultez attentivement les informations sur le kilométrage au début du guide.

Section 1 : Un petit passage sur les quais avant la campagne

Aperçu général des difficultés du parcours : parcours sans aucune difficulté.

La journée prend son essor depuis l’illustre Château de Rolle, vestige majestueux du XIIIe siècle, qui a traversé les âges, s’adaptant au gré des époques jusqu’à abriter aujourd’hui les activités communales les plus vitales. Imprégné d’histoire et de mystère, ce château se dresse tel un gardien silencieux du temps qui s’écoule. Là, où résonnent les murmures du passé, débute votre périple.

Les premiers rayons du soleil caressent les cimes des arbres, projetant des ombres dansantes sur la surface miroitante du lac, tandis que les premières brises matinales parfument l’air d’une douce fraîcheur. Les fleurs, tels des joyaux éparpillés par la main d’une divinité aimante, tapissent la berge d’une palette de couleurs éblouissantes, invitant le promeneur à une contemplation extatique. Les blocs de rochers, dressés tels des sentinelles, semblent raconter les légendes oubliées de ces terres, témoins immuables des siècles passés. Leurs formes tourmentées évoquent des histoires de géants et de héros, gravées dans la mémoire de la pierre. À chaque pas, le murmure apaisant de l’eau berce l’âme du voyageur, le transportant dans un état de méditation profonde.

À proximité, flotte l’île de la Harpe, minuscule éden vert enserré entre les eaux miroitantes du lac et les rêves éveillés des voyageurs. Sous les ombrages protecteurs de quelques arbres vénérables, elle émerge tel un joyau émeraude au sein d’un océan de sérénité.

À la lisière du quai, la Via Jacobi s’achemine paisiblement vers l’embarcadère, poursuivant son périple en direction du port de plaisance.

S’éloignant du rivage, le parcours s’élève en direction de la RN1, cette artère essentielle, véritable fil d’Ariane reliant Lausanne à Genève, témoin perpétuel du flux incessant de la vie moderne.

Dans ce dédale d’indications incertaines, seul un coquillage égaré témoigne de la voie à suivre, invitant le voyageur à traverser la RN1 pour s’engager sur la route  qui se perd dans la banlieue.

Bientôt, l’agitation citadine s’efface, laissant place à la quiétude des vignes qui s’étirent à perte de vue, témoignant de l’ardeur des hommes façonnant patiemment le paysage au fil des saisons.

Au-delà des limites de la banlieue, le voyageur découvre un univers bucolique où se mêlent les riches senteurs des vignes, des champs de maïs ondoyants et des vergers généreux. Un hymne à la terre nourricière, où chaque plante raconte son histoire.

Mais ce n’est pas seulement la vigne qui trouve sa place dans cette terre fertile. Les cultures maraîchères, les vergers fruitiers et les champs de maïs se disputent l’espace, créant un patchwork harmonieux de couleurs et de saveurs. 

Plus loin, la route serpente sous les voies ferrées, le grondement lointain de l’autoroute rappelant l’incessant ballet des voyageurs pressés. Pourtant, la Via Jacobi choisit un chemin moins fréquenté, se frayant un passage à travers la campagne endormie

Mais, la Via Jacobi ne va pas jusqu’à l’autoroute. Elle emprunte une plus petite route qui tourne à angle droit et part dans la campagne.

Vous marchez à deux pas de l’autoroute bruyante et du train qui ne l’est pas moins et qui circule ici à grande cadence.

À deux pas du tumulte routier et ferroviaire, la quiétude retrouvée invite à la sagesse, tandis que le chemin, désormais de terre battue, s’enfonce dans un bois où les épicéas se dressent, fières sentinelles, aux côtés des hêtres et des érables.

Au cœur de cette symphonie naturelle, le chemin franchit délicatement le ruisseau murmure de la Gillière, où l’eau cristalline chante le récit millénaire de la terre.

Émergé de la forêt, le chemin retrouve le goudron, accompagné du murmure apaisant des champs de maïs. Un équilibre parfait entre l’homme et la nature, entre l’artifice et l’authenticité.

Entre les maïs et les vergers, la Via Jacobi trace sa route, telle une rivière d’asphalte serpentant entre les cultures et les bosquets, tandis que l’autoroute, telle une mer impétueuse, gronde à l’horizon.

Lorsque l’aire de repos autoroutière se profile à l’horizon, la voie bifurque, se détournant de l’agitation mécanique pour se frayer un chemin vers la quiétude de la gare d’En Convers.

Section 2 : Chez les vignerons de La Côte

Aperçu général des difficultés du parcours : parcours sans aucune difficulté. 

La route se déroule avec une fluidité presque musicale jusqu’à ce qu’elle atteigne la modeste gare d’En Convers, oasis prisée des artisans de la terre, un point de passage animé par les maraîchers locaux, dont l’activité semble cadencée par le va-et-vient des trains.

À cet endroit, la Via Jacobi s’incline gracieusement sous le poids imposant des rails de chemin de fer, traversant une zone semi-industrielle qui témoigne de l’effervescence économique de la région.

L’itinéraire s’engage ensuite vers un rond-point où la symbolique de la viticulture se déploie avec grâce. Dans le canton de Vaud, deux régions viticoles émergent avec une prestance inégalée : le Lavaux, entre les rives scintillantes de Vevey et de Lausanne, et la Côte, qui s’étend fièrement à travers le paysage du jour.

À proximité, le village vigneron de Bursinel déploie ses charmes, offrant une escapade hors du temps au cœur des vignes qui s’étirent jusqu’aux rives du lac scintillant. Cependant, les fils du labeur ne sont pas seulement vignerons dans ces contrées côtières. Effectivement, face à un tel spectacle offert par les eaux calmes du lac, il n’est pas étonnant que même ceux qui ne ressentent pas instinctivement l’appel de la terre aient été séduits par la magie de ces lieux.

Au milieu du village, une route descend dans les vignes sur le lac. Dans les jours de grand beau temps, le spectacle ici vaut le déplacement.

L’itinéraire révèle ensuite le château, tel un joyau historique niché dans un écrin de verdure, témoignant du faste du XIXe siècle. Des légendes susurrées évoquent même la présence éphémère de Churchill, dont la silhouette aurait jadis hanté ces lieux empreints d’élégance et de raffinement. Chaque pierre de cet édifice semble murmurer les secrets d’un passé glorieux.

Poursuivant sa route, la Via Jacobi s’immisce au cœur du village, où règnent en maîtres la vigne et ses valeureux artisans. Tout respire le propre et la sérénité par ici. 

On poserait bien ses valises ici, non ?

Peu après avoir quitté Bursinel derrière soi, l’entrée de Dully se dessine à l’horizon, signalant l’arrivée imminente dans ce joyau niché sur le magnifique coteau vinicole. Ces deux villages, fusionnés comme les maillons d’une chaîne, s’étirent gracieusement depuis les rives sereines du lac jusqu’aux confins de leurs hameaux pittoresques, tels que St Bonnet et Bourg d’Amont.

Dully se révèle alors sous un jour singulier, tel un tableau où se mêlent les nuances délicates des maisons vigneronnes traditionnelles et l’opulence discrète des villas de prestige qui ponctuent le paysage. La route, telle une muse capricieuse, commence son voyage à travers les ruelles de St Bonnet, entre l’ombre bienveillante des vignes et le doux parfum des fleurs, une parenthèse enchantée dans cet écrin de sérénité. 

Longeant avec une grâce presque solennelle les façades élégantes des villas contemporaines, la route poursuit sa danse à travers les méandres de Bourg d’Amont, offrant aux voyageurs une succession de panoramas sur le lac, à couper le souffle.

Puis, tel un fil d’or tissé par les doigts habiles du temps, la route s’achemine avec une solennité mesurée vers le centre de Dully. Dully, tout en conservant son charme provincial, demeure empreint d’une modestie à contre-courant de l’opulence ostentatoire qui caractérise certains villages huppés de la banlieue genevoise.

À quelques pas de là, dans l’ombre bienveillante d’un jardin secret, se dresse la silhouette altière d’une gentilhommière ancestrale, jadis témoigne silencieux des fastes du XVème siècle. Transformé au gré des siècles en un édifice hybride, où se mêlent la grâce du style gothique et l’élégance de la Renaissance, ce double château s’érige tel un gardien impassible des mystères enfouis dans les replis du temps. Cependant, son aura envoûtante reste hors de portée, cachée aux regards des simples passants par les murs impénétrables de la propriété privée.

Continuons maintenant à une autre période de l’année, au début du printemps quand les feuilles commencent à se développer sur les arbres.

 Ici, le voyage se métamorphose, empruntant des sentiers moins foulés, quittant les vignobles pour s’enfoncer dans les méandres verdoyants de la campagne et la rigueur des bois. Une route se déroule avec une nonchalance sereine, descendant en courbes gracieuses à travers les champs, contournant avec une délicate révérence les confins du village.

Plus bas, là où le murmure des ruisseaux se mêle aux chuchotements du vent, la Via Jacobi s’éclipse dans l’ombre accueillante des bois de la Lignière. Le chemin devient un fil d’argent qui se perd parmi les arbres, tandis que les herbes folles dansent au rythme des ruisseaux cristallins, caressant le sol de leur douceur sauvage. C’est un tableau enivrant, une symphonie de verdure où chaque feuille joue une note de musique, et chaque ruisseau un doux murmure de la nature.

La Dullive se dresse sur le chemin, offrant son pont comme un trait d’union entre deux mondes. Le pont devient un seuil sacré, une passerelle vers le monde sauvage. 

Plus loin, le chemin se joue des altitudes, s’élevant puis redescendant avec la grâce d’une danseuse étoile.

Au détour d’un méandre, le chemin croise le ruisseau de Lavasson, tel un amant retrouvé dans l’étreinte tendre des bois. Le murmure de l’eau se fait plus insistant, plus envoûtant, comme une invitation à suivre son cours jusqu’au bout du monde. Les arbres se penchent pour mieux écouter cette douce mélodie.

Le chemin se faufile alors entre les arbres, se glissant tel un serpent d’argent le long du flanc de la colline, suivant le Lavasson dans sa course insouciante. Les feuillus se dressent fièrement, leurs branches s’entremêlant dans un écheveau végétal, tandis que les hêtres s’élèvent vers le ciel telles des sentinelles immuables. C’est un tableau majestueux, où la nature déploie toute sa splendeur, offrant au voyageur le spectacle grandiose de sa propre insignifiance.

Au détour du sentier, là où les arbres se font moins serrés, le chemin s’élargit, comme pour mieux accueillir le marcheur. Peu après, au lieudit Les Hiboux, le chemin abandonne le ruisseau, monte un peu plus et s’élargit sur la terre compacte.

Section 3 : La morne traversée de Gland avant un nouveau petit miracle de la nature et des hommes

Aperçu général des difficultés du parcours : parcours sans aucune difficulté.

Le chemin serpente encore à travers le cœur de la forêt, où les arbres s’entrelacent en une danse millénaire. Les pas résonnent doucement sur le chemin de terre, chaque pas une note dans la symphonie de la nature.

Au détour d’un virage, le paysage s’ouvre sur une étendue de vergers et de vignobles, tels des joyaux parsemés dans le paysage. Le chemin va alterner entre l’herbe et la terre battue, au milieu des vergers, des vignes et des arbres fruitiers avant de rejoindre la proche banlieue de Gland. Et là, majestueux, se dresse le Mont Blanc, tel un roi veillant sur son royaume de glace éternelle, une sentinelle immuable dans le ballet des saisons.

C’est un tableau à couper le souffle, une fresque vivante où se mêlent les couleurs du ciel, les nuances des cultures et les reflets scintillants du lac. Profitez-en. Car votre vie va changer un peu. Car, le chemin n’est pas que félicité et béatitude. À mesure que l’on s’approche de Gland, l’atmosphère change, se chargeant d’une tension sourde, d’une agitation presque palpable.

La Via Jacobi débouche beaucoup plus loin dans le quartier de Montoly, au cœur de cette ville en perpétuel mouvement.

Un mot sur Gland, cette cité aux multiples visages. Jadis modeste bourgade, elle s’est muée en métropole cosmopolite, attirant à elle les âmes en quête de fortune et de renommée. Reflets d’une ambition dévorante, les quartiers résidentiels s’étendent tels des étoffes précieuses autour du lac scintillant. C’est là que résident les élites, les célébrités, cachées derrière des façades opaques, loin des regards indiscrets et des rumeurs de la ville. Ces gens-là, vous ne le verrez pas rôder près de la gare. D’ailleurs, les plus riches d’entre eux vivent près du lac, dans une région rarement accessible aux promeneurs. La Via Jacobi les dédaigne. On dira plutôt que les autorités locales n’ont rien fait pour laisser passer le chemin plus près du lac.

Et finalement, la route vous mène vers la gare, point d’ancrage de cette ville en perpétuel mouvement. La banlieue s’étend, anonyme et sans caractère, un décor de transition dans le grand théâtre de l’existence.

Portez une attention particulière à cet endroit ! Évitez de passer sous la gare. Les chemins ont été redessinés. Autrefois, la Via Jacobi traversait les rails, sillonnait la grande banlieue puis rejoignait l’aérodrome de la Côte avant d’atteindre Prangins. Un tracé monotone, empruntant principalement des routes parfois encombrées.

Un immense merci aux organisateurs de la Via Jacobi 4 pour avoir proposé un itinéraire amélioré. Cependant, un simple panneau, minuscule comme un mouchoir de poche, montre le changement. Un plus grand panneau aurait été le bienvenu. Sans indications claires, il est facile de se perdre.

La Via Jacobi se love un temps le long des rails, dans cet écrin de grisaille industrielle, où la tristesse semble s’être fait résidence.

Mais comme elle est bloquée par la zone industrielle, elle fait un détour vers les prés.

Au bout d’une assez longue rectiligne, ennuyeuse en tous points, elle tourne à angle droit et revient en direction de la voie de chemin de fer.

Et là, tel un voyageur du passé, elle longe les voies de fer, jusqu’à l’orée du bois où se dresse le Chemin des Toblerones, vestige altier d’une époque tourmentée. Érigée pour défendre, cette ligne fortifiée, baptisée ainsi pour ses blocs de béton évoquant les célèbres chocolats, raconte l’épopée de plus de 2’500 blocs de béton, dressés tels des gardiens muets entre lac et montagne. Et aujourd’hui, ce chemin, témoin de temps révolus, s’étire sur plus de dix kilomètres, offrant un spectacle à la fois majestueux et mystérieux.

Dans son élan inaltérable, la Via Jacobi se faufile entre les bois séculaires, s’enveloppant dans la symphonie apaisante de la rivière qui chante. Sous la canopée protectrice des hêtres majestueux, elle avance, tantôt fière et dominante, tantôt humble disciple de la nature souveraine, où chaque pas résonne comme un vers murmuré par le temps lui-même. Cette balade féérique est un périple d’un kilomètre, le long de ces remparts d’un autre temps, que la nature, de sa magie ineffable, a patiemment investis de mousse et de lierre. C’est divin la guerre, parfois.

Le chemin défile ainsi sous les hêtres, légèrement en surplomb de la Promenthouse, parfois visible sous les arbres, parfois calme, souvent un peu plus agitée.

Plus loin, le chemin s’approche de la ferme majestueuse des Guigier, au lieudit Les Avouillons. Cette grande métairie remonte à l’origine à la fin du XIXème siècle. Il est toujours émouvant de découvrir des fermes prospères dans cet écrin de verdure, là où le paysage semble avoir cédé aux sirènes du développement urbain. Dans ce coin de paradis préservé, où le chant des oiseaux se mêle encore aux murmures des champs, l’âme paysanne persiste, rappelant avec force que ce n’est point là le royaume des bétonneurs.

La promenade le long des Toblerones touche à sa fin lorsqu’elle atteint l’usine électrique de la Côte, près de la Route suisse.

À cet endroit précis, la Via Jacobi se faufile sous le pont et s’élève par un escalier jusqu’au niveau de la route. Une vigilance particulière s’impose ici, car il est facile d’être tenté de suivre la flèche jaune, qui indique la direction de la Via Jacobi 3. Cependant, la Via Jacobi 4, quant à elle, poursuit son chemin dans l’autre sens, sur le pont.

Section 4 : Un tout petit bout de lac et un beau château

Aperçu général des difficultés du parcours : parcours sans aucune difficulté. 

Après avoir traversé le pont qui enjambe la Promenthouse, la Via Jacobi, telle une artiste accomplie, se fond subtilement sur une centaine de mètres dans le ruban de la Route suisse, avant de se dérober à nouveau vers les mystérieux sous-bois. Là, dans ce sanctuaire de verdure, où les murmures des feuillus épousent le doux chant de la rivière, l’âme du voyageur se laisse envoûter par l’invitation sereine du chemin.

C’est là, à nouveau, que se déroule une délicate déambulation le long du chemin sinueux, entre les frondaisons protectrices, à portée de la rivière désormais dissimulée aux regards.

Non loin de là, à la lisière de ce havre enchanteur, se love le mystère du golf du Domaine Impérial. Pour les initiés à la féerie sauvage, un sentier inexploré s’offre en tentation, mais votre destinée, tracée par la Via Jacobi, n’est pas ce chemin de traverse.

La Via Jacobi persiste encore un peu dans les replis secrets du bois avant de se dévoiler, telle une déesse révélant sa splendeur, sur la vaste plaine où s’étirent les labeurs des maraîchers de Promenthoux.

Une route, pavée d’histoire et de rêves, vous conduit alors vers le majestueux complexe du Prieuré, à Promenthoux. 

Là, l’histoire se dresse comme un spectre bienveillant, entourant les vestiges imposants d’un village jadis prospère, dont la gloire a été caressée par les souffles du Moyen-Âge.

C’est une vision édénique qui se déploie devant vos yeux, mélange de nobles fermes et d’une imposante demeure patricienne, témoins silencieux d’un passé glorieux aujourd’hui englouti par les méandres du temps. Chaque pierre, chaque soupir de ces lieux, murmure à l’âme du voyageur les récits grandioses et les légendes oubliées d’un village dont la beauté éphémère demeure immortelle.

La route serpente gracieusement au bord du lac, offrant une parenthèse fugace de proximité avec ses eaux cristallines. C’est un moment à savourer, car il constitue l’unique instant du trajet où l’on peut se laisser envelopper par la majesté du lac. Pourtant, cet éphémère privilège est vite éclipsé par une réalité moins romantique : on vous a prévenu que cette portion, de Rolle à Genève, ne se livre pas aux pas des marcheurs, mais se soumet aux ambitions mercantiles des promoteurs. Le contraste entre la quiétude éphémère et la voracité du développement immobilier s’impose avec une netteté troublante.

À mesure que l’on s’éloigne du lac, la route s’élève gracieusement à travers les prés, dévoilant parfois les silhouettes altières de somptueuses demeures patriciennes. Bientôt, se dessine à l’horizon le profil imposant du château de Prangins, émergeant tel un gardien immémorial des terres environnantes. L’histoire, palpable dans chaque pierre, murmure les récits d’un passé glorieux, où se mêlent peut-être fastes et intrigues.

La route, désormais, se fraye un chemin parmi les premières habitations de Prangins, dressées en surplomb du lac, à proximité d’une clinique psychiatrique, égarée dans les frondaisons verdoyantes. Nous voilà à seulement quarante minutes de marche de Nyon, et pourtant, l’atmosphère semble avoir subtilement changé. Une aura d’énigme flotte dans l’air, tissée des secrets de ces lieux où se côtoient beauté et mystère. 

La Via Jacobi poursuit son cheminement, se dirigeant avec une élégance déterminée vers le château perché sur sa modeste colline. Là-haut, il trône tel un joyau taillé dans la roche, une sentinelle silencieuse veillant sur les terres environnantes. Son allure imposante suscite l’admiration, tandis que les légendes et les histoires se mêlent pour lui conférer une aura intemporelle.

Gravir la rude pente qui conduit à ce bastion d’histoire, c’est s’engager sur les traces des grands voyageurs qui ont foulé ces terres. C’est aussi revendiquer sa part d’un héritage prestigieux, témoignage des émotions et des aspirations qui ont traversé les âges. On se prend à songer avec une fierté teintée de respect que Mozart lui-même, ce génie parmi les hommes, fit halte à Prangins lors de son périple à travers la Suisse. Ses notes résonnent encore dans les mémoires.

Depuis le Moyen-Âge, une imposante forteresse, jadis le bastion des ducs de Savoie, trônait majestueusement ici, défiant le passage des siècles. Mais le temps, inexorable, effaça peu à peu ses contours, et elle sombra dans l’oubli. En l’année 1723, un banquier parisien aux origines suisses, nommé Louis Guiguer, posa les fondations de l’actuel château, insufflant ainsi une nouvelle vie à ces terres endormies. Même Voltaire, le brillant philosophe des Lumières, échoué dans les méandres de l’exil, y trouva refuge un temps, laissant l’écho de sa pensée errer dans les murs de pierre. Les décennies s’écoulèrent, le château évolua entre les mains des patriciens qui en assurèrent la garde avec fierté et solennité. Puis vint l’année 1974, un tournant dans son histoire millénaire, où le domaine, restauré dans toute sa splendeur d’antan, fut offert en hommage à la Confédération Helvétique, destiné à devenir un sanctuaire dédié à l’histoire, à l’art et à la culture suisses, révélant ainsi les secrets enfouis entre le XIIIème et le XIXème siècle. Tel un phénix renaissant de ses cendres, le château de Coppet s’érigea, non plus comme un simple témoin du passé, mais comme un symbole vibrant de la vie et de la richesse culturelle de la Suisse.

Poursuivant son chemin, la Via Jacobi s’aventure à travers les méandres d’un jardin potager, où s’épanouissaient avec grâce les légumes d’antan, témoins silencieux des traditions séculaires. Là, au cœur de ce bourg paisible, habité par près de 4’000 âmes, elle dévoile ses charmes pittoresques, offrant l’harmonie paisible des ruelles authentiques.

Descendant alors avec grâce le long des façades anciennes du village, la Via Jacobi entame un ballet enchanté, tissant des liens invisibles entre les demeures du passé et du présent. Puis, d’un mouvement gracile, elle remonta de l’autre côté, se frayant un chemin parmi les lotissements récents, où le luxe discret rivalise avec l’élégance sobre. Là, cachés aux regards indiscrets derrière d’épaisses barrières de thuyas taillés avec une minutie quasi religieuse, se nichent les secrets d’une modernité préservée, protégée du regard par d’épaisses barrières de thuyas taillés comme pour aller à la messe du dimanche.

Section 5 : La traversée de Nyon avant le retour à la campagne

Aperçu général des difficultés du parcours : parcours sans aucune difficulté.

Dans l’harmonie tranquille des paysages où Prangins et Nyon s’étirent presque en un seul souffle, une transition subtile s’opère. Quelques vignes éparses, altières sentinelles dominant majestueusement le lac, marquent le seuil de ce passage. Comme des gardiens silencieux d’une frontière invisible, elles signalent l’entrée dans un nouvel univers.

Une route sinueuse s’échappe peu après, descendant avec une grâce infinie pour épouser les courbes de la voie ferrée.

Un sentier étroit, pavé de goudron, se dessine alors en bordure de la voie, s’enfonçant davantage dans les mystères de la région. Comme une veine bleue sur la peau de la terre, il serpente, révélant à ceux qui l’empruntent les secrets bien gardés de ces contrées enchanteresses.

Moment fugace de séparation, le chemin se détourne un instant de la voie ferrée pour croiser la route au murmure du ruisseau de l’Asse, avant de remonter avec une douceur presque solennelle vers la gare, telle une révérence respectueuse envers l’histoire des lieux.

Telle une complainte murmurée par les vents du voyage, la Via Jacobi trace son chemin vers la gare, suivant les méandres des rails avec une détermination tranquille.

Pour le pèlerin, Nyon (20’000 âmes) ne se révèlera que par le prisme du quartier de la gare, à moins qu’il ne fasse halte en ces lieux. Telle une nymphe des temps modernes, la Nyon vaudoise est tournée vers Genève, captivée par la magie de la ville voisine. De nombreux habitants travaillent à Genève. La Via Jacobi poursuit donc sa course, défilant devant la gare tel un cortège silencieux, avant de se perdre dans les dédales de la banlieue proche.

Plus loin, elle s’apprête à quitter le tumulte monotone des voies ferrées et les façades uniformes des banlieues pour s’aventurer dans l’intimité feutrée d’un sous-bois.

Là-bas, dans ce sanctuaire de verdure, serpente paisiblement la rivière du Boiron de Nyon, un joyau à ne pas confondre avec son homonyme de Morges. Cette transition, cette métamorphose du paysage, c’est comme si l’âme du voyageur entrait dans un autre monde, un monde où le temps semble ralentir pour laisser place à la contemplation sobre de la nature.

Un sentier, abrupt, se fraye un chemin depuis les rives de la rivière, grimpant avec grâce à travers le sous-bois. Chaque pas résonne comme une ode à la nature, une ode à la beauté brute. C’est un véritable ballet sylvestre qui se joue sous les frondaisons, une danse éternelle entre la lumière et l’ombre.

Émergente ensuite du bois les contours familiers du lieu-dit Bois-Bougy, une enclave rustique où trône majestueuse une grande ferme. L’architecture séculaire de cette demeure terrienne semble témoigner des siècles passés, de ces temps où la nature dictait encore sa loi souveraine.

Pourtant, malgré cette incursion dans un monde d’antan, le paysage demeure ancré dans la modernité. Les vastes étendues verdoyantes qui s’étirent à perte de vue ne sont pas le royaume des troupeaux de vaches, mais bien celui des cultures. Et parmi ces terres fertiles, s’élève avec fierté l’élégance équine, le noble cheval, symbole de grâce et de puissance. 

Depuis Bois-Bougy s’étire une route rectiligne, tel un ruban d’asphalte s’enfonçant le long de l’écrin boisé. Cette artère moderne contraste avec la quiétude immuable des bois séculaires. C’est comme si deux mondes, deux époques, se côtoyaient sans se heurter, dans un équilibre fragile et harmonieux.

Au bout de cette voie, Via Jacobi se dresse, telle une invitation à l’aventure, à l’exploration des sentiers oubliés du Bois Neuf. 

Là-bas, un petit chemin sinueux se fraie un passage à travers la densité des arbres. Il règne en ces lieux une atmosphère particulière, imprégnée de la majesté des chênes séculaires, gardiens immuables de ce sanctuaire végétal. Les hêtres, quant à eux, se dressent en doux échos, offrant leur ombrage bienveillant aux voyageurs. Et parmi ces géants de bois, les épicéas se dressent telles des sentinelles, veillant sur cet écrin de verdure avec une solennité presque palpable.

Section 6 : Dans la campagne vaudoise

Aperçu général des difficultés du parcours : parcours sans aucune difficulté.

A la lisière du bois, la Via Jacobi émerge dans la lumière éclatante du jour, retrouvant la route d’asphalte au village de Bois Neuf.

C’est là que le parcours croise le monde matériel, où la richesse s’affiche dans les demeures majestueuses embrassant la vue imprenable sur le lac scintillant. Tandis que les nantis s’installent en premier lieu, bâtissant leurs havres de paix, les autres se contentent des lotissements récents, éparpillés dans la plaine, dépourvus de la vue lacustre mais narguant les sommets du Jura qui se dessinent en face.

Entre les rangées de vignes et les contours du nouveau lotissement, la route serpente, caressant le flanc du Jura. Une symphonie de contrastes s’offre au voyageur, entre les parcelles fertiles et les terrains encore vierges, où le progrès urbain se mêle à la quiétude pastorale.

A la sortie du lotissement, la Via Jacobi part à angle droit sur un trottoir en direction de Crans.

Le village se dessine à quelques enjambées, une oasis de charme et d’harmonie, nichée dans l’écrin de ses vieilles pierres.

A l’entrée du village, ne vous laissez pas surprendre. La via Jacobi 4 tourne à gauche vers le château, car il y a un autre chemin qui s’en va vers la droite. 

Elle longe un grand quadrilatère de verdure…

…avant de passer devant l’esplanade du château. Un édifice vénérable, érigé à la fin du XVIIIe siècle, se dresse fièrement, témoin des âges révolus. Classé comme bien culturel d’importance nationale, le château est le siège d’un vaste domaine viticole. Sa restauration minutieuse a préservé sa majesté d’antan, lui conférant le statut de trésor culturel national, symbole d’un passé glorieux.

Poursuivant son périple, la Via Jacobi dévoile les trésors enfouis de Crans, un bourg où le temps semble figé dans la splendeur de ses vieilles demeures et de ses fontaines ruisselantes. Perché sur les hauteurs, ce village vigneron domine le lac d’un regard bienveillant, témoignage d’une tradition séculaire désormais étreinte par les bouillonnements de la modernité. Les anciennes coutumes côtoient désormais l’effervescence des nouveaux venus, attirés par le dynamisme économique du bassin lémanique, vibrant au rythme de Genève.

Aux portes du village, la Via Jacobi se détourne en direction de Céligny, son chemin sinueux épousant la route principale, tandis qu’elle traverse discrètement le modeste ruisseau de Nant de Pry, enfoui dans les herbes folles qui s’étendent à perte de vue.

Un étroit liseré de terre s’étire timidement le long de la route, avant de se frayer un chemin derrière une haie protectrice. Tel un sésame discret, ce sentier dérobé semble inviter les voyageurs à l’aventure.

Loin d’être un simple détour, ce sentier éphémère offre bien plus qu’une simple échappatoire à la circulation routière. Ce n’est pas que la circulation soit dense, mais ce petit chemin, très court, permet d’éviter la route, et surtout de se rappeler qu’en dessous il y a un magnifique lac dont on ne profite guère.

Bientôt, le chemin rejoint la route à l’entrée de Céligny, dévoilant aux voyageurs le magnifique château de Garengo. Tel un joyau du XVIIe siècle, cette demeure seigneuriale se dresse fièrement, enveloppée dans l’écrin de ses jardins, traversée par les murmures délicats du ruisseau du Brassu. À proximité, se dresse une autre résidence d’exception, le Petit Elysée, jadis demeure du virtuose russe, Nigita Magaloff. Toutes ces demeures, imprégnées d’histoire, sont désignées comme des trésors culturels d’envergure nationale.

La commune de Céligny est très particulière. C’est assez anachronique, mais c’est encore une partie exclavée du canton de Genève dans le canton de Vaud. Et pour faire encore plus fort, une de ces enclaves comprend aussi un bout du lac. Ceci est toute l’histoire de la Suisse, avec tous les partages qui ont opéré au cours du temps.

À travers ses ruelles pittoresques, les imposantes demeures bourgeoises se dissimulent derrière des grilles protectrices, témoignant d’un passé opulent et d’une noblesse discrète.

Même pour les plus modestes, le charme pittoresque du village demeure intact, au milieu des fontaines de pierre qui parsèment les rues, offrant leur eau limpide mais non potable.

Le murmure doux du ruisseau du Brassu accompagne les pas des voyageurs, un vestige d’un temps où l’agriculture et la viticulture régnaient en maîtres dans cette région bénie. Mais le spectre de Genève, toute proche, a inexorablement façonné le destin de ces terres, les transformant progressivement en havres résidentiels. 

La Via Jacobi s’échappe finalement de Céligny, se dirigeant vers les deux cimetières, le vieux et le neuf, qui se dressent telles des sentinelles silencieuses, gardiens des secrets ancestraux.

Un sentier étroit se dévoile alors, serpentant vers le ruisseau du Brassu, invitant les voyageurs à une halte méditative, avant de les ramener sous le couvert protecteur des majestueux hêtres.

Section 7 : Retour progressif vers le lac

Aperçu général des difficultés du parcours : parcours sans aucune difficulté.

Au sommet des escaliers, là où la pierre se fond dans la verdure ondoyante du sous-bois, le sentier s’ouvre, invitant à une exploration au-delà des contours connus.

Dans cette toile d’histoire tissée par les siècles, le chemin croise bientôt le domaine majestueux du Château de Bossey, un édifice au charme séculaire, empreint des récits du XVIIIe siècle.

C’est sous l’égide de Madame de Staël, la célèbre dame d’esprit et maîtresse des lieux du Château de Coppet, que cette splendide demeure du Château de Bossey fut acquise, dans un élan maternel pour son fils. Au fil des temps, ce joyau architectural a traversé les âges, changeant de mains à maintes reprises, embrassant des destinées variées. Tour à tour, il fut le refuge d’un collège pour jeunes filles américaines, le camp de repli des âmes polonaises durant l’âpre tourmente de la Seconde Guerre mondiale, avant de devenir le sanctuaire d’un centre œcuménique. Aujourd’hui, dans la continuité de cette vocation œcuménique, le château s’épanouit en un havre de savoir, abritant des conférences prestigieuses, un hôtel aux charmes d’antan et un restaurant où se mêlent les saveurs de l’histoire et de la gastronomie. Au cœur de cet écrin d’histoire, le domaine s’étend, baigné par le calme et la sérénité, son parc majestueux s’étirant autour d’un étang aux reflets changeants.

De là, un large chemin, telle une artère vivante, fait le tour d’une partie des remparts qui délimitent la propriété, témoignant de la grandeur passée et de la pérennité des traditions ancestrales.

À la sortie de cette grande propriété, non loin d’une tour autrefois guerrière, désormais métamorphosée en une demeure à l’élégance aristocratique, se dresse un panneau de bois, une sentinelle discrète qui requiert votre attention. Vous pourriez être en chemin pour Coppet, mais ne cédez pas à l’attrait de cette direction. Au lieu de cela, laissez-vous guider par la Via Jacobi 4, une voie que vous devez suivre, fidèle et intrépide.

Une allée imposante, telle une coulée de terre battue, s’étire gracieusement en pente douce, flanquée de part et d’autre par des haies denses, abritant des feuillus majestueux. Elle s’abaisse avec une élégance naturelle jusqu’à ce qu’elle se dérobe, échappant aux griffes des arbres pour s’aventurer dans la campagne environnante.

C’est là que le chemin, telle une rivière serpentant à travers la campagne, se détourne brusquement, faisant face aux champs de colza naissant et aux vergers prometteurs. 

Du haut de ce tronçon, la vue s’ouvre majestueusement sur le lac, tel un miroir azuré reflétant la grandeur des cieux, tandis que les Alpes s’élèvent fièrement à l’horizon, leurs sommets enneigés caressant le firmament.

Plus loin, la Via Jacobi s’incline à nouveau, cette fois-ci gracieusement, sur une route asphaltée. Elle se plie aux caprices du paysage, suivant le rythme du temps et des saisons.

Et ainsi, la route mène inéluctablement à Founex, comme un conteur menant ses auditeurs vers un dénouement attendu.

La Via Jacobi, telle une veine vitale, serpente à travers les méandres du village de Founex, enfilant ses ruelles comme autant de perles sur un collier infini. Dès les premiers pas, l’ampleur de ce bourg vous saisit. Ses 3’800 âmes animent ses artères. Il est aisé de deviner que la majorité de ses habitants ne tire pas leur subsistance des terres agricoles environnantes, mais plutôt des horizons prometteurs de Genève.

Vous arpentez une grande rue, où les siècles semblent s’être figés dans le marbre des fontaines ancestrales. Certaines d’entre elles, vestiges précieux du XVIIIe siècle, s’offrent à vous comme des témoins muets du temps qui passe. À travers leur murmure mélodieux, elles racontent les récits oubliés, les histoires de ceux qui ont foulé ces mêmes pavés des siècles auparavant.

Mais la vie à Founex, c’est aussi le vin qui coule à flots, telle une symphonie enivrante pour les sens.

Mais lorsque vous quittez Founex, l’itinéraire prend un tournant abrupt, vous confrontant à une portion de route ingrate, où la fatigue semble prendre le pas sur le plaisir. C’est là, dans l’effort et la persévérance, que se niche parfois la véritable essence du voyage, dans la lutte contre l’adversité et la conquête de soi-même.

Et lorsqu’enfin se profile à l’horizon le panneau annonçant Coppet, ne cédez pas à la tentation de croire que vous avez atteint votre destination. La Via Jacobi, telle une guide capricieuse, vous entraîne encore plus loin. Elle vous invite à une danse un pas après l’autre, à travers la route qui mène à Commugny. 

Vous irez donc toujours tout droit sur le trottoir de la Route du Jura.

Plus loin, vous longez le collège de Terre Sainte, qui doit regrouper toutes les communes de la région, à voir son importance.

Section 8 : Retour sur le lac

Aperçu général des difficultés du parcours : parcours sans aucune difficulté. 

Après avoir franchi le seuil du collège, la Via Jacobi frôle le complexe sportif du collège.

Puis, la route s’élève avec facilité au cœur du village, guidant le marcheur vers la place de l’église de Commugny. 

Empreinte d’histoire, l’église se dresse comme un gardien silencieux des siècles écoulés. Reconstruite au XVe siècle sur les fondations d’une église romane, elle incarne la pérennité au milieu des tumultes du temps. Autrefois dédiée à St Christophe, elle témoigne aujourd’hui de la diversité des croyances, arborant fièrement sa fonction de temple réformé. Sobre dans sa simplicité, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur, elle invite au recueillement, sinon à la contemplation.

La Via Jacobi poursuit son chemin, droit et indomptable, sans céder aux sirènes de Coppet qui se profile au loin. Un choix s’impose : poursuivre vers Genève ou se laisser séduire par la quiétude de ce bourg préservé. Mais telle est la nature du voyage, un éternel balancement entre l’envie de découvrir et le besoin de s’arrêter. Une indication, discrète mais néanmoins présente, pointe en direction du port de Coppet, à vingt minutes d’ici. Car il est des moments où le corps réclame le repos, où l’étape devient une destination en soi.

Le périple vers Coppet débute en retrait derrière l’église. Tel un passage initiatique, cette route entame son voyage en descendant doucement vers l’inconnu, vers Coppet, tel un précieux trésor enfoui dans les replis du paysage.

Au fil de la descente, la route entaille délicatement le ruisseau sinueux de la Doye, comme une couture discrète sur le tissu de la nature environnante. L’eau babille en harmonie.

Bientôt, la petite voie rejoint une artère plus imposante, en provenance de Founex, pour aboutir à la petite gare de Coppet. À moins de dix minutes à pied se tient Coppet, tel un joyau enchâssé dans le décor enchanteur des rives du lac. Chaque pas, chaque battement de cœur, rapproche un peu plus du cœur vibrant de cette cité au charme intemporel.

La descente vers les rives du lac révèle un spectacle digne des grands moments d’histoire. Le château, fier vestige du passé, se dresse tel un gardien des secrets anciens, témoignant des fastes révolus d’une époque révolue. C’est là que résonnent les échos de la vie de Necker, le ministre des finances de Louis XVI, dont l’acquisition du château marqua un tournant dans son histoire. Mais c’est surtout le souvenir de sa fille, Madame de Staël, qui imprègne ces murs de son esprit rebelle et de sa quête insatiable de liberté. Condamnée à l’exil par Napoléon, elle trouva refuge à Coppet, transformant ce lieu en un sanctuaire de pensées dissidentes et de créativité insoumise. Pendant un temps, Coppet fut le théâtre d’une résistance farouche à l’oppression, un foyer de lumière au cœur de l’obscurité impériale. Mais tout cela, comme un souffle fugace, s’évanouit à la mort de Madame de Staël en 1817, laissant derrière elle un héritage immortel, un éclat d’éternité dans les méandres de l’histoire. 

Coppet, peuplée de ses 3’100 âmes, repose tel un joyau au bord des eaux tranquilles du lac. Ses pieds trempent dans les reflets argentés, ses ruelles étroites et sinueuses révèlent un passé riche de légendes. Arcades majestueuses, demeures historiques aux pierres usées par le temps, témoignent d’une époque révolue mais jamais oubliée. Certaines de ces maisons, datant du XVIe siècle, racontent à leur manière l’histoire tumultueuse de Coppet, l’histoire d’un bourg vibrant au rythme des saisons et des marées de l’existence. Le temple, autrefois église gothique, se dresse tel un phare spirituel, gardien des âmes et des secrets enfouis dans les replis de l’âge.

Et là, au détour d’une rue, d’un souffle retenu, c’est le lac qui se révèle à nouveau, majestueux et infini dans sa splendeur. Coppet s’étend alors tel un tableau vivant, une œuvre d’art en perpétuelle métamorphose, où chaque instant, chaque instant figé dans l’éternité du moment présent, devient une ode à la vie, à la beauté éphémère et pourtant intemporelle.

Logements sur la Via Jacobi

  • Eliane Trurn, Ch. Peccaudès 6, Dully; 021 824 10 03 ; d’hôte, repas, petit déj.
  • Auberge de Dully, Place du Village 9, Dully ; 021 824 11 49 ; Hôtel***, repas, petit déj.
  • Gîte communal, Chemin de Montoly 1, Gland ; 079 578 01 57 ; Gîte, cuisine
  • Hôtel de la Plage, Ch. de la Falaise 3, Gland; 022 364 10 35 ; Hôtel*, repas, petit déj.
  • Hôtel Glanis, Route de Begnins 2, Gland ; 022 354 16 20 ; Hôtel***, repas, petit déj.
  • Famille Andrey, Route du Curson 19a, Prangins; 022 362 04 82/077 496 33 53 ; Accueil jacquaire, repas, petit déj.
  • Auberge communale, Prangins; 022 361 25 75 ; Hôtel*, repas, petit déj.
  • Hôtel La Barcarolle, Route de Promenthoux, Prangins; 022 365 78 78 ; Hôtel***, repas, petit déj.
  • David Kohler, Ch. des Saules 10B, Nyon ; 076 379 38 55 ; Accueil jacquaire, repas, petit déj.
  • B&B Baumgartner Vreni, Avenue du Bois-Bougy 9, Nyon ; 022 361 25 03 ;
  • B&B Bussy, Route de l’Etraz 34B, Nyon ; 022 361 25 03 ; d’hôte, petit déj.
  • David Kohler, Ch. des Saules 10B, Nyon ; 022 566 19 70/078 734 78 91 ; d’hôte, petit déj.
  • B&B Baumgartner Samuel, Ch. Du Bois Bougy, Nyon ; 022 361 34 52/079 242 80 66 ; d’hôte, petit déj.
  • Nyon Hostel, Chemin des Plantaz 47, Nyon ; 022 888 12 60 ; Hôtel, repas, petit déj.
  • Château de Bossey, Bogis-Bossey ; 022 960 73 00 ; Hôtel, repas, petit déj.
  • Carlos Conza, Route de Céligny 6B, Founex; 079 785 10 84 ; Accueil jacquaire, repas, petit déj.
  • Auberge de Founex, Grand rue 31, Founex; Hôtel, repas, petit déj.
  • Bernard et Claire Nicolet, Route de Founex 4, Commugny ; 022 776 12 08 ; Accueil jacquaire, repas, petit déj.
  • Motel Le Léman, Route de Genève 11, Commugny ; 022 776 25 21 ; Hôtel, repas, petit déj.
  • Hôtel- restaurant Guillaume Tell, Route de Divonne 10, Commugny ; 022 776 11 67/079 436 72 19 ; Hôtel**, repas, petit déj.
  • Hôtel d’Orange, Grand Rue 61, Coppet, Coppet ; 022 776 10 37 ; Hôtel**, repas, petit déj.

Il est difficile de se loger en fin d’étape. Vous pouvez vous arrêter à Commugny si vous ne voulez pas descendre sur le lac à Coppet. Réservez tout de même par sécurité.

N’hésitez pas à ajouter des commentaires. C’est souvent ainsi que l’on monte dans la hiérarchie de Google, et que de plus nombreux pèlerins auront accès au site.

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