01: Bâle à Aesch

En passant par les belles berges de la Birse

Certains pèlerins venant d’Allemagne et des pays de l’Est arrivent à Bâle plutôt qu’au Bodensee. Ici, ils se trouvent à un carrefour stratégique pour rejoindre Le Puy-en-Velay, offrant un choix décisif. Un parcours peu fréquenté serpente vers Cluny et la Bourgogne, riche de mystères et d’histoires enfouies dans les brumes du passé. Ce parcours, détaillé ailleurs dans notre site sous la rubrique « Chemins menant de Suisse au Puy-en-Velay », révèle sa première étape de Bâle à Ferette. Une autre voie, la Via Jura, attend les voyageurs avides d’aventures et de découvertes. Elle rejoint ultérieurement la Via Jacobi 4 à Moudon, avant de plonger vers Lausanne. Cette route, empruntée par de nombreux randonneurs et pèlerins suisses du nord, tisse un lien spirituel vers Le Puy-en-Velay.

Aujourd’hui, votre parcours s’élance plein sud, traversant le canton de Bâle, scindé en deux depuis 1833, à cause des conflits incessants entre la ville et la campagne. Le parcours effleure aussi le canton de Soleure, un territoire géographiquement complexe, tel un monstre à plusieurs pattes s’insinuant dans les cantons voisins. Ici, rien n’est simple. Les querelles séculaires entre protestants et catholiques ont laissé des traces indélébiles, créant une mosaïque d’enclaves que seuls les Suisses les plus avertis peuvent déchiffrer. Pourtant, la majeure partie de votre périple se déroule dans le canton de Bâle-Campagne (Baselland), où les paysages et les histoires se mêlent et se déploient devant nos yeux, comme un livre ancien dont les pages se tournent lentement.

Aujourd’hui, votre périple vous mène d’abord à travers les quartiers sud-est de Bâle, là où la ville se déploie depuis la gare vers les autoroutes de contournement, avant de saluer le Parc St Jakob, épicentre des célébrations sportives locales. Vous ne nous attarderez pas trop dans les artères animées de la cité, mais vous emprunterez des chemins plus paisibles, fuyant l’effervescence urbaine pour rejoindre les rives bucoliques de la Birse. A partir de là, le parcours quitte la ville à proprement parler, se baladant des kilomètres durant sur les berges de la Birse, une rivière qui coule, le plus souvent sous les petits feuillus, qui forment une allée verte des deux côtés de la rivière. La fraîcheur règne sous le feuillage. Dès que vous quittez le tumulte de la ville, la Birse vous accueille avec ses rives ombragées, bordées de petits feuillus qui tissent une arcade verte au-dessus de l’eau. La fraîcheur bienveillante de ce couvert végétal enveloppe les promeneurs, leur offrant un répit serein loin des clameurs urbaines. Ici, les humains sont rares, presque fantomatiques, se fondant dans le tableau naturel, laissant place à une tranquillité quasi absolue. Car le parcours évite consciencieusement les villes, se blottit tout près de l’eau. Mais, les monstres en béton sont bien là, tout autour, avides d’avaler aussi le fleuve. Car le Grand Bâle, qui remonte la rivière, va bien jusqu’à Aesch, là où l’autoroute bruyante termine sa course. Certains pèlerins continueront jusqu’à Laufen, mais c’est alors une étape de plus de 30 km.

Nous avons divisé l’itinéraire en plusieurs sections, pour faciliter la visibilité. Pour chaque tronçon, les cartes donnent l’itinéraire, les pentes trouvées sur l’itinéraire et l’état du GR65. Les itinéraires ont été conçus sur la plateforme “Wikilocs”. Aujourd’hui, il n’est plus nécessaire d’avoir des cartes détaillées dans votre poche ou votre sac. Si vous avez un téléphone mobile ou une tablette, vous pouvez facilement suivre l’itinéraire en direct.

Pour ce chemin, voici le lien :

https://fr.wikiloc.com/itineraires-randonnee/de-grossbasel-a-aesch-par-la-via-jura-80-174889263

Difficulté du parcours : Le trajet se partage entre ville, forêts et campagne, sur des dénivelés négligeables (+77 mètres/-22 mètres).

Etat de la Via Jura :

C’est une étape bénie pour les marcheurs, avec un trajet majoritairement sur des chemins :  

Etat de la Via Jura :

C’est une étape bénie pour les marcheurs, avec un trajet majoritairement sur des chemins :  

  •  Goudron : 2.0 km
  • Chemins : 11.7 km

Ce n’est évidemment pas le cas pour tous les pèlerins d’être à l’aise avec la lecture des GPS et des cheminements sur un portable, et il y a encore de nombreux endroits sans connexion Internet. De ce fait, vous trouvez sur Amazon un livre qui traite de ce parcours.

 

 

 

  

Si vous ne voulez que consulter les logements de l’étape, allez directement au bas de la page.

Parfois, pour des raisons de logistique ou de possibilités de logement, ces étapes mélangent des parcours opérés des jours différents, ayant passé plusieurs fois sur sur ces parcours. Dès lors, les ciels, la pluie, ou les saisons peuvent varier. Mais, généralement ce n’est pas le cas, et en fait cela ne change rien à la description du parcours.

Il est très difficile de spécifier avec certitude les pentes des itinéraires, quel que soit le système que vous utilisez.

Pour les “vrais dénivelés ”et pour les passionnés de véritables défis altimétriques, consultez attentivement les informations sur le kilométrage au début du guide.

Section 1 : Dans la ville, puis dans les parcs le long du ruisseau

Aperçu général des difficultés du parcours : parcours sans aucune difficulté.

On peut débuter cette charmante aventure soit depuis la gare de Bâle, soit du cœur vibrant de la ville, à Barfüsserplatz. Si vous optez pour la gare, empruntez Aeschengraben jusqu’à atteindre Aeschenplatz, la plaque tournante de la ville. Ceux qui découvrent Bâle pour la première fois seront souvent étonnés par cette ville unique en son genre : rares sont les feux tricolores, rarissimes les passages cloutés. Seuls les rails des trams semblent tracer la voie. Piétons et cyclistes traversent allègrement, avec une nonchalance déconcertante. Les voitures, quand elles osent s’aventurer, se faufilent timidement, et les trams, impériaux, résonnent de leurs cloches sonores. Il est sidérant de voir comment, dans cette cité de près de 500 000 âmes, tous coexistent sans anicroche apparente.

 

Depuis Barfüsserplatz, suivez le grand boulevard de Steinenberg. À votre droite, près d’un vaste parking, se dresse l’église St Elisabeth, édifice sacré d’une époque relativement récente, bâti au XIXe siècle et restauré avec soin ces dernières années. La route s’infléchit alors à gauche, débouchant sur le boulevard Aeschenvorstadt.

Au bout de ce boulevard, le grand carrefour de Aeschenplatz vous accueille. Si vous êtes parti de la gare, vous y arriverez également. La place en question n’est certainement pas la plus belle de Bâle, loin de là. Il s’agit en réalité d’un gigantesque carrefour où convergent les principales avenues de la ville. Cet endroit, bien qu’important pour la circulation urbaine, manque cruellement de charme. Les bâtiments environnants, modernes et fonctionnels, ne possèdent pas le cachet historique que l’on retrouve dans d’autres quartiers de Bâle. Les automobilistes, cyclistes, et piétons se croisent dans une sorte de ballet désordonné, accentué par le bruit incessant des klaxons et des moteurs. Malgré son manque d’attrait esthétique, cette place joue un rôle crucial dans l’organisation de la ville, reliant les différentes parties de Bâle de manière efficace.

À Aeschenplatz, trône l’un des deux sièges centraux de l’illustre UBS. À qui ferait-on croire que cette banque, si emblématique, ne s’adresse qu’aux artisans ? Certainement pas !

C’est aussi ici, près des arrêts de tramway, que vous devrez emprunter St Alban-Anlage.

À ce point de votre périple, considérez que vous avez quitté le tumulte du centre-ville. Les grandes artères s’effacent derrière vous, ne laissant place qu’à une trame de petites routes ou de chemins qui vous mèneront hors de la cité. Vous traversez alors une sorte de parc enchâssé au milieu de l’avenue. Surgissent les premiers signes jaunes de direction, ces balises lumineuses des sentiers de randonnée helvétiques, vous guidant fidèlement sur votre route.

La route serpente gracieusement vers St Alban Tor, un vestige imposant des fortifications médiévales de la ville, érigé avec majesté en l’an 1400. À travers le passage de cette porte historique, les visiteurs peuvent encore contempler les traces des pieux en bois, jadis utilisés pour verrouiller l’entrée de la ville et défendre ses habitants des assauts du passé. L’atmosphère est imprégnée d’une solennité immuable, évoquant une époque où chaque pierre raconte une histoire de vigueur et de résilience.

Descendant avec grâce vers les rives de St Alban-Teich, le parcours traverse le canal, offrant un passage pittoresque vers la rive droite. Le murmure doux de l’eau se mêle à l’air, tandis que le Rhin, majestueux, semble palpable à l’horizon. C’est ici, sur les bords paisibles de la ville, que se dévoile la direction vers Aesch, clairement indiquée par les panneaux lumineux de la Via Jura 80. Avant la Grande Guerre de 1914-1918, les moulins à eau régnaient en maîtres, transformant le blé doré, le seigle robuste, et l’avoine nourrissante. Ces symboles d’énergie indépendante ont disparu dans toute l’Europe dans les années 1950, laissant un vide mélancolique dans le paysage culturel.

St Alban s’éveille comme l’un des quartiers les plus enchanteurs de la ville, où le romantisme se mêle à un mystère palpable. Surnommé la Petite Venise de Bâle, ce vieux quartier conserve l’âme vibrante de son passé aquatique. Les canaux, minutieusement creusés par des moines dévoués, transportaient autrefois l’eau nécessaire aux artisans, notamment ceux qui façonnaient le précieux papier. Les maisons modestes de ce coin bâlois, restaurées avec soin dans les années 90 grâce à des mécènes visionnaires, évoquent l’opulence discrète de la Renaissance florentine, capturant l’essence d’une époque révolue où l’art et la prospérité régnaient en maîtres. Hélas, le temps nous échappe pour déambuler à loisir dans ces ruelles étroites, où chaque pierre respire l’histoire. Avec trente kilomètres de marche devant vous, la destination nous appelle avec insistance.

Un trottoir ombragé suit désormais fidèlement le canal, guidant votre chemin à travers cette partie moins mystérieuse et moins captivante de St Alban.  

Au terme du pittoresque quartier, au niveau de l’église catholique moderne de Don Bosco, le trottoir s’écarte momentanément du canal pour traverser la Waldenburgerstrasse. À cet endroit, il est impossible de ne pas remarquer, de l’autre côté du Rhin, la Tour Roche, également connue sous le nom de Building 1. Du haut de ses 178 mètres et de ses 41 étages, elle trône comme le plus haut gratte-ciel de Suisse, abritant les bureaux administratifs de Roche pour 2’000 personnes, ainsi que des salles de conférence et des cafétérias. Conçu par les célèbres architectes bâlois Jacques Herzog et Pierre de Meuron, ce bâtiment emblématique a été achevé en 2015. Fondée en 1978, leur agence, qui compte aujourd’hui plus de 400 employés à travers le monde, a laissé son empreinte avec des réalisations telles que le Tate Modern à Londres, ainsi que de nombreux musées et bâtiments à travers la planète. À Bâle, où l’argent ne manque pas dans le domaine pharmaceutique, le Building 1 a été édifié pour la modique somme de 500 millions de francs suisses, tandis que le Building 2, culminant à plus de 205 mètres, illustre une ambition constante d’élévation et d’excellence.

Revenant sur le trottoir près du canal, vous entrez alors dans un quartier manifestement riche en écoles, en témoigne le flux matinal d’écoliers.

Les autres usagers du chemin incluent bien sûr les propriétaires de chiens, promenant leurs compagnons matinaux pour leur première sortie de la journée. Le parcours vous mène ensuite à proximité de l’autoroute A3, la grande artère qui traverse l’est de Bâle en direction de l’Allemagne et de la France.

La Via Jura franchit alors l’autoroute en passant sous deux voies distinctes : l’une pour le canal et l’autre pour les piétons. À la sortie, elle émerge dans le Schwarzpark.

Elle suit le canal tout au long du parc, ponctué de petites passerelles qui facilitent l’accès aux différentes zones. Les règles sont strictes ici : pas de chiens, pas de vélos, pas de chaussures à crampons, pas de barbecues – une véritable ascèse. Bien que les parcs ne foisonnent pas dans le centre-ville, les vastes forêts à l’ouest de la ville servent de poumons verts à la métropole bâloise. C’est un véritable havre de paix où l’on peut se ressourcer et apprécier la beauté simple de la nature.

À Redingstrasse, vous quittez le parc, mais la promenade le long du canal se poursuit le long des haies.

Un peu plus loin, la Via Jura change de côté du canal. Les indications régulières sur le chemin garantissent qu’il est difficile de s’égarer.

Plus loin, vous perdez de vue le canal, vous approchant rapidement du carrefour le plus complexe de Bâle, où convergent routes, autoroutes, voies ferrées, tramways et fervents supporters de football. 

Section 2 : Du stade de football à la paisible rivière

Aperçu général des difficultés du parcours : parcours sans aucune difficulté.

En empruntant les passages souterrains, on pressent déjà l’imminence d’un grand embrouillamini. 

À la sortie du tunnel, vous faites face au stade de football de Bâle, le Stade St Jacques conçu par les célèbres architectes locaux Herzog & de Meuron. Ce colosse sportif du St. Jakob-Park, surnommé « Joggeli », fut Inauguré en 2001 et rénové en 2006 et 2008, il peut accueillir environ 38 000 spectateurs pour les matchs de football, extensible à 42 500 pour les concerts. Le stade est réputé pour sa façade transparente et sa toiture en forme de voiles. Il dispose de tribunes, loges VIP, écrans géants, ainsi que de magasins et restaurants. Il est facilement accessible via les transports publics. Ce projet a servi de terrain d’essai aux architectes pour d’autres réalisations prestigieuses comme l’Allianz Arena de Munich ou le stade national de Pékin.

Le FC Bâle représente une institution de renom dans le pays, figurant parmi les meilleurs clubs européens de second rang, bien que son étoile ait chuté ces dernières années. Avec un chiffre d’affaires de 105 millions de francs et un bénéfice de 15 millions de francs, le club impose le respect non seulement en Suisse mais également parmi de nombreux clubs européens, dont les budgets fluctuent entre 6 et 30 millions de francs suisses. Toutefois, ces chiffres semblent modestes comparés aux mastodontes du football mondial comme le FC Barcelone avec près de 900 millions d’euros de budget, le Real Madrid avec 700 millions d’euros et le Paris Saint-Germain avec près de 540 millions d’euros. Les autres grands clubs, qu’ils soient allemands, anglais, français ou italiens, semblent bien modestes avec leurs budgets plafonnant difficilement à 400 millions d’euros. 

On réalise rapidement que dans de tels endroits, même les infrastructures publiques se plient aux exigences des vendeurs de rêve. Les visiteurs ne viennent probablement pas à pied comme vous : les trains passent à proximité et les parkings sont dimensionnés en conséquence. Pour les marcheurs, c’est un véritable parcours du combattant, nécessitant parfois même de traverser les entrées du stade pour progresser.

Le nom de St Jacques résonne ici dans une évocation médiévale, rappelant que c’est à cet endroit que les portes de la ville se dressaient autrefois. Les chroniques nous content qu’un pont sur la Birse, tout près d’ici, marquait la bifurcation des chemins de pèlerinage : à droite, on partait pour Saint-Jacques-de-Compostelle en Galice, à gauche pour Jérusalem. En sortant du détour du stade, nous passons près de la chapelle Saint-Pierre, transformée aujourd’hui en temple, autrefois voisine des anciens hospices qui ont donné leur nom à ce quartier, St Jakob.

À la sortie du dédale compliqué qu’est la traversée des quartiers périphériques du stade sur la colline, bien que le béton domine le paysage urbain, cette section de l’avenue réussit encore à préserver une certaine chaleur humaine et un charme unique, grâce à ses petits commerces et ses arbres centenaires.

La Via Jura s’engage ensuite à travers le vaste réseau routier qui entoure majestueusement le stade. Les lignes architecturales des bâtiments qui se dressent ici sont autant de témoignages de la prospérité de Bâle, une évidence qui ne demande aucun commentaire.

Poursuivant son chemin le long de la St Jakob-Strasse, la route mène brièvement vers la Birse.

La Birse prend sa source à Tavannes, une ville que vous visiterez dans quelques jours, avant de se jeter dans le Rhin à quelques kilomètres d’ici. Votre balade va s’étendre sur près de 10 kilomètres le long de la Birse, principalement sur de larges chemins de terre. Votre axe est toujours la Via Jura 80, après un dernier regard aux fervents supporters du football.

Ici, vous suivez donc le chemin sur la rive gauche de la rivière, pénétrant dans les sous-bois de feuillus. 

Le chemin lisse se balance sous les dômes de chênes joufflus, d’érables délicats et de hêtres, parfois en forme de rejets. Rapidement, vous découvrirez des passerelles et des ponts qui enjambent la rivière. Chacun d’eux raconte une histoire différente, mais tous ne seront pas pour vous. Cette série de découvertes continuera jusqu’à Aesch.

La rivière coule la plupart du temps paisiblement, bien que par moments, de petits remous signalent sa progression. À votre droite s’étend le Park im Grünen. Le chemin longe le parc. Il y mèe parfois un banc pour se reposer. Est-ce vraiment nécessaire ?

C’est peu après que le St Alban-Teich, qui se perd dans de petits lacs avant de ressortir sous la forme du Teichbächlein, un modeste ruisseau rejoint en s’excitant la Birse à cet endroit. 

Votre parcours se déroule principalement sur de larges chemins de terre souple, passant plus loin sous le grand viaduc qui relie les quartiers prestigieux de Bâle-Sud, de Bruderholz sur la rive droite à Münchenstein sur la rive gauche.

À quelques pas, vous atteindrez la bifurcation menant à Münchenstein. La traversée se poursuit alors sur la rive droite de la rivière, par le magnifique pont en bois couvert de Rütihardbrücke. Ces ponts de bois captivent toujours les promeneurs, évoquant une tradition de reconstruction face aux crues récurrentes. Bien que celui-ci soit relativement récent, construit dans les années 1950, il est judicieux de prendre ses précautions avant de s’y aventurer, selon les règles suisses strictes : « C’est un chemin de promenade. Interdiction de nager ou de jeter des pierres. Seuls les vêtements et chaussures propres sont admis. » 

La Birse serpente vigoureusement sur des pierres à certains endroits, révélant par moments, comme ici des eaux profondes et paisibles, semblables à des taches d’huile scintillant sous le soleil. .

Votre chemin longe ensuite les murs anti-bruit de la bruyante autoroute A18, reliant Bâle à Aesch et au Jura. En cours de route, vous passerez près des installations hydrauliques du Wasserhaus, où les eaux de la Birse dévalent avec une beauté saisissante. Sur plusieurs tronçons, la rivière a été canalisée et stabilisée par des murs de granit pour prévenir les inondations. Les bras morts ont été comblés pour favoriser un écoulement plus régulier jusqu’au Rhin, tandis que des renforcements des berges avec des rochers et des saules sécurisent désormais ses rives.

La rivière jaillit de plusieurs mètres dans un murmure doux et constant, créant un spectacle semblable à un peigne géant d’eau étincelante. 

Le chemin se rapproche alors de l’autoroute, dans un paysage dominé par les rejets de hêtres, sur un sol qui ressemble à de la craie.

Un peu plus loin, l’autoroute traverse la rivière, une ligne massive dans le paysage serein. Les graffitis qui ornent ses parois suscitent souvent la controverse, mais ceux-ci, d’une beauté saisissante et d’une élégance rare, semblent être intégrés au tableau naturel avec une harmonie inattendue. Effacer ces œuvres serait un véritable sacrilège, une opinion que les autorités locales semblent partager. Le chemin passe sous les mâchoires terrifiantes de l’autoroute.

Quant au chemin, il persiste fidèlement le long de la rive droite, offrant une grande allée qui oscille gracieusement entre clairières ensoleillées et sous-bois mystérieux, traversant parfois des ruisseaux dont les noms se perdent dans le murmure des feuillages. Partout où le regard se pose, le hêtre règne en maître, dominant la forêt de sa majesté ombragée. Parmi ces bois, les hêtres prédominent, leurs silhouettes majestueuses semblant régner en roitelets sur ce royaume des feuillus. Contrairement à d’autres contrées, les conifères se font rares ici, laissant la place à une végétation plus variée et changeante au fil des saisons.

Le chemin, lisse à souhait, se glisse ensuite sous la grande route qui relie Münchenstein des deux côtés de la rivière. Les graffitis ici sont de véritables chefs-d’œuvre urbains, ajoutant une dimension artistique singulière à ce paysage bucolique. Ils contrastent avec les reflets bleutés de la rivière qui s’écoule doucement, créant une atmosphère presque irréelle.

Peu après, vous voici maintenant dans la région de Hofmatt, traversée par un dense réseau de voies de communication où la Birse est de nouveau franchie par une route et la voie ferrée.

Ce qui surprend lors de cette balade le long de la Birse, c’est la rareté des habitations le long de la rivière, malgré votre proximité avec le Grand Bâle et ses villes importantes telles que Münchenstein, Arlesheim, Muttenz et Reinach, toutes peuplées de plus de 10’000 habitants, voire plus.

Peu après la Via Jura traverse la rivière, et continue dorénavant sur la gauche de la rivière.

À cet endroit, la voie ferrée traverse aussi la rivière. Comment ne pas être attendri par la douceur de cette eau bleue paisible qui glisse avec grâce le long des frondaisons ? 

Le paysage se transforme à nouveau, l’épais sous-bois de feuillus vous enveloppe, offrant un havre de bonheur au cœur de la nature verdoyante. Le seul bémol est le bourdonnement sourd de l’autoroute à deux pas.

La Via Jura passe peu après près d’un autre beau pont de bois qui permet de rejoindre Münchenstein Dorf. Érigé en 1915, ce pont, réservé aux piétons, incarne le charme intemporel de l’artisanat local. Cependant, votre chemin ne s’y arrête pas ; il suit la courbe de la rivière, glissant sous les arches d’un pont où s’étend une route parallèle à l’ancien ouvrage. Jadis, cette région abritait un pont métallique ferroviaire conçu par Gustave Eiffel. En 1891, lorsqu’un train y précipita sa course, ce pont cédant sous le poids, c’est la Suisse qui connut la plus sombre de ses catastrophes ferroviaires, 71 vies et 170 blessés.

Section 3 : Encore et toujours le long de l’agréable rivière

Aperçu général des difficultés du parcours : parcours sans difficulté.

C’est alors que le chemin s’engage dans une longue ligne droite à travers le dense sous-bois, une allée royale où les vigoureux hêtres règnent en majesté, accompagnés par quelques maigres érables, et parsemés ici et là de chênes et de châtaigniers. Sous vos pas, le sol offre une souplesse remarquable, un tapis naturel qui vous invite à rêver le nez en l’air. À gauche, les murmures de la rivière se font à peine entendre, étouffés par la végétation luxuriante qui borde ses rives. À droite, invisible mais omniprésente, l’autoroute A18 émet son ronronnement incessant, rappelant sans cesse la présence indéniable de la modernité, en contraste saisissant avec la quiétude enveloppante de la nature environnante.

Souvent, la promenade le long de la Birse se résume à un jeu de piste d’un pont à l’autre, d’une route à l’autre. Ici, elle se prolonge avec douceur et grâce sous le dais des feuillus. Comme il est souvent de routine, le lierre se plaît à s’enrouler sur les troncs des chênes. Les érables, les hêtres et la charmille n’ont guère ce privilège. Vous avancez maintenant au rythme paisible des eaux de la rivière. Par moments, elle se dérobe mystérieusement sous le feuillage dense, glissant silencieusement comme un serpent qui se faufile dans les broussailles. Par endroits, la rivière coule si doucement qu’elle semble silencieuse dans le calme du sous-bois, se dissimulant encore à votre vue, tandis que de petits poissons jouent discrètement à cache-cache dans ses eaux claires.

Au loin, se dessine un nouveau pont. À la fin de cette étendue boisée, le chemin passe humblement sous la route qui se détache de l’A18 pour rejoindre Arleisheim. Ici, vous avez Arlesheim sur votre gauche, et Reinach sur votre droite, mais vous ne vous en souciez guère.

Peu après, le chemin s’écarte alors légèrement de la rivière dans le sous-bois, pour revenir près d’un pont pittoresque menant encore à ville d’Arlesheim, dans un décor fait de lande.

Ici aussi, un panneau montre de nombreuses directions, de l’autre côté de la rivière Mais vous resterez fidèle à la via Jura 80, c’est plus sûr. 

Juste après, le chemin s’engage dans un espace plus ouvert, où le sous-bois se fait plus clairsemé, s’éloignant des murmures apaisants de la rivière. Le chemin, parfaitement lisse comme un green de golf, impose strictement l’interdiction d’accès aux chiens, une règle scrupuleusement respectée dans cette paisible région suisse-allemande où la propreté est une vertu sacro-sainte. 

Sous vos pas, les grands arbres momentanément cèdent leur place à de plus modestes arbustes, créant un équilibre harmonieux entre la splendeur naturelle et la praticité moderne. Les joggeurs sont nombreux à arpenter ces sentiers depuis leur départ de Bâle, appréciant la facilité d’accès aux habitations ainsi qu’aux divers moyens de transport, y compris le train, assurant ainsi leur retour en ville en toute sérénité. 

Le chemin serpente ensuite à nouveau près de la rivière, dans une grande clairière où on devine sur sa droite les immeubles de Reinach. Par moments, la Birse s’agite, formant des tourbillons d’écume sur un lit de grosses pierres, un spectacle éphémère qui rappelle la vigueur capricieuse des éléments naturels, comme un torrent fugace jouant à faire peur avant de reprendre son cours paisible.

Puis, le chemin s’approcha d’un petit pont qui semble perdu dans le temps. C’est encore un pont pour aller sur la rive gauche. Vous devez comprendre aussi qu’un chemin de randonnée de déroule quasi parallèle au vôtre sur l’autre rive. 

Après avoir ignoré le pont, le chemin s’éloigne à nouveau des rives, traversant des paysages familiers de prairies parsemées de petits bois. Il franchit également un modeste ruisseau sans nom, où l’eau murmure doucement sous le passage des marcheurs, un autre témoignage de la beauté discrète mais durable de cette région préservée.

Plus loin, vous vous approchez d’une zone habitée, la première depuis fort longtemps, et le nombre de promeneurs augmente en conséquence. C’est tout de même une prouesse d’avoir tracé un chemin à travers une zone densément habitée, tout en évitant judicieusement l’urbanisation. Il est vrai que les rives de la Birse ont été aménagées avec une subtilité remarquable pour contourner ce piège.

Peu après, le chemin se resserre, repart dans le sous-bois pour arriver à Dornach.

Après un autre court passage en sous-bois, le chemin conduit sous le pont qui enjambe la route départementale reliant Reinach (BL) à Dornach (SO). Vous entrez ici pour peu de temps dans le canton de Soleure, caractérisé par une géographie complexe, avec certaines extensions atteignant même la frontière française, tout en frôlant le canton de Bâle-Campagne (Basel Land, BL). Au nord, Arlesheim se trouve à proximité de Dornach. À quelques pas, le magnifique pont de pierre de Dornach enjambe la Birse.  Autrefois, un peu en amont, un pont de bois fut remplacé au début du XVIIe siècle par l’actuel pont en pierre à trois arches. En 1735, une statue de saint Népomucène, patron des ponts, y fut érigée. Aujourd’hui, une copie de cette statue se dresse sur le pont, l’original étant conservé au musée local de la ville. Le site est charmant et remarquable.

Ici, vous vous trouvez à 45 minutes d’Aesch, à 2h 30 de la gare de Bâle. 

La Via Jura rejoint ensuite brièvement la grande route qui relie Dornach à Aesch, avant de retourner près de la rivière dans la douceur des parcs qui la bordent.

Section 4 : Aesch, au bout de la promenade sur la Birse

Aperçu général des difficultés du parcours : parcours sans difficulté.

Le chemin reste encore quelque peu dans le parc au bord de la route cantonale.

Plus loin, le chemin reprend son parcours le long des méandres tranquilles de la Birse, dans le sous-bois, trouvant encore sur sa route un pont qui permet le transit de Reinach à Dornach, des deux côtés de la rivière.

Il passe par la suite dans une zone habitée. La rivière est douce et sereine par ici.

Plus loin, il traverse une zone industrielle qui s’étend des deux côtés de la rivière, où l’activité humaine contraste avec la quiétude naturelle des environs.

Puis, ce sera encore un pont qui traverse la rivière, mais, il n’est pas pour vous. Durant toute cette belle balade sur la rivière, vous aurez eu le sentiment de traverser une zone peu peuplée. Mais, ce n’est pas le cas. Des deux côtés de la rivière, les villes sont quasi continues de Bâle à Aesch. L’autoroute bruyante que vous entendrez souvent gronder est là pour vous le rappeler.

À la sortie de cette zone, la rivière se montre parfois plus agitée, rendant le chemin plus pittoresque.

Rapidement, il contourne une usine de traitement des eaux, une silhouette imposante au milieu du paysage verdoyant qui reprend bientôt ses droits.

Peu après, le chemin se rétrécit comme s’il pressait le pas pour rejoindre son terme.

En se rapprochant d’un dernier pont au-dessus de la Birse, votre promenade le long de la rivière touche à sa fin. Vous retrouverez la rivière à la prochaine étape.

Au nveau du pont, la Via Jura remonte à l’air pollué. Dans cette région foisonnante en bifurcations, il est essentiel de choisir la bonne direction. La vôtre demeure toujours la Via Jura. Ici, vous vous trouvez à proximité de la gare.

C’est ici que se conclut votre périple. Après près de 15 kilomètres de marche, il sera temps de se tourner vers la montagne. Aesch, avec sa population dépassant les 10’000 habitants, représente la dernière agglomération du Grand Bâle. L’arrêt de l’autoroute A18 ici en est une preuve tangible. Pour continuer vers le Jura, vous emprunterez d’abord une semi-autoroute, puis une route ordinaire.

Vous n’aurez qu’un aperçu furtif de cette ville. La Via Jura s’introduit dans le tissu urbain. Ici, le parcours est bien signalé. Il passe dans des zones d’habitation pour arriver au centre-ville. On dira, en essayant de ne pas se faire trop d’ennemis, que Aesch n’est pas la ville la plus attractive du canton de Bâle-Campagne.

Logements sur la Via Jura

  • B&B Sprecher, St Jakobstrasse, Aesch; 061 753 16 60 ; Chambre d’hôte, petit déj.
  • B&B Rose-Marie’s Paradies, Kirschgartenstrasse 33, Aesch ; 079 397 77 53 ; Chambre d’hôte, petit déj.
  • Gasthaus Zur Sonne, Untere Kirchgasse 1, Aesch ; 061 751 17 72 ; Hôtel**, repas, petit déj.
  • Hôtel Gasthof Mühle, Hauptstrasse 61, Aesch ; 061 756 10 10 ; Hôtel***, repas, petit déj.

Le Jura demeure une destination prisée avant tout par les touristes locaux. En conséquence, les hébergements se font plus discrets, à l’exception des Airbnb, pour lesquels nous ne disposons pas des adresses. Das cette étape, il n’y a rien avant d’arriver à Aesch, si ce n’est sortir de la Via Jura, pour trouver sur Internet de quoi se loger dans les gros bourgs nombreux en dehors du parcours. La première ville où il est possible de se restaurer est Dornach. En fin d’étape, c’est Aesch, avec tous les commerces. Réservez impérativement à l’avance.

N’hésitez pas à ajouter des commentaires. C’est souvent ainsi que l’on monte dans la hiérarchie de Google, et que de plus nombreux pèlerins auront accès au site.

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