02: Herisau à Wattwil

Sur les douces montagnes du Toggenburg

 

DIDIER HEUMANN, ANDREAS PAPASAVVAS

Nous avons divisé l’itinéraire en plusieurs sections, pour faciliter la visibilité. Pour chaque tronçon, les cartes donnent l’itinéraire, les pentes trouvées sur l’itinéraire et l’état du GR65. Les itinéraires ont été conçus sur la plateforme “Wikilocs”. Aujourd’hui, il n’est plus nécessaire d’avoir des cartes détaillées dans votre poche ou votre sac. Si vous avez un téléphone mobile ou une tablette, vous pouvez facilement suivre l’itinéraire en direct. Pour ce chemin, voici le lien:

href=”https://fr.wikiloc.com/itineraires-randonnee/de-herisau-a-wattwil-sur-la-via-jacobi-4-31775955″

Ce n’est évidemment pas le cas pour tous les pèlerins d’être à l’aise avec la lecture des GPS et des cheminements sur un portable, et il y a encore de nombreux endroits sans connexion Internet. De ce fait, vous pouvez trouver sur Amazon un livre qui traite de ce parcours. Cliquez sur le titre du livre pour ouvrir Amazon.

Le Chemin de Compostelle en Suisse. I. Du Bodensee à Genève par la Via Jacobi 4

Si vous ne voulez que consulter les logements de l’étape, allez directement au bas de la page.

Nous continuons aujourd’hui de sillonner les collines de la Suisse orientale. Le chemin traverse le paysage très vallonné des cantons d’Appenzell Rhodes Extérieures, puis du Toggenbourg dans le canton de St Gall jusqu’à atteindre Wattwil. Ces régions sont le cœur du jodel, cette forme primitive et étonnante du chant, que l’on gutturalise en solo ou en groupe. En Appenzell Rhodes-Intérieures, on appelle cela Rugguusseli, dans les Rhodes-Extérieures Zäuerli, et au Toggenburg Johle. Cela chante, non ? Enfin, chanter est une manière de dire, car beaucoup des jodles de la région, dont celui d’Urnäsch en Appenzell, sont plutôt lancinants, comme des pensées mélancoliques qui sortent des glottes. Ce sont en fait des voyelles et des syllabes sonores, où on passe sans transition de la voix de corps à une voix de tête (fausset), par le coup de la glotte. La mélodie du premier yodleur est souvent accompagnée par une improvisation à plusieurs voix des autres chanteurs. Quoiqu’il en soit, le jodel, rustique et anguleux, reste bien intégré et enraciné dans la culture de la montagne. Les Autrichiens et les Bavarois pratiquent aussi le jodel, qui est souvent une tyrolienne quand il est rapide et joyeux. Les suisses lui préfèrent le jodel plus lent, plus continu, souvent plus mélancolique. Le jodel, on l’appelle parfois la youtse, surtout en Suisse romande.

 

Les collines et les vallées profondes avec de larges forêts marquent de leur empreinte le paysage. Le chemin quitte Herisau pour gagner d’abord les hauteurs du Toggenburg. Le chemin passe, entre sous-bois et prés, auprès de nombreuses belles fermes appenzelloises et st-galloises. A de nombreux points, un magnifique panorama sur toute la région s’offre au regard, par beau temps, notamment sur la chaîne de montagnes du Säntis. Le chemin passe aussi dans le somptueux Neckertal à St Peterzell, son couvent et ses magnifiques maisons bourgeoises aux façades décorées.

C’est aussi le pays des tavillonneurs, des artisans devenant de plus en plus rares. Mais c’est encore et surtout, avec Appenzell, le pays des armaillis, avec leurs chants, leurs costumes, leurs montées à l’alpage et leurs fromages, la quintessence de la Suisse. Dans ces régions où le cœur de la Suisse authentique bat encore à pleines tempes, vous aurez peut-être le loisir, si vous arrivez au moment opportun, de goûter au charme rustique des coutumes locales, aux claqueurs de fouets, aux sonneurs de cloches. Sur le plan musical, comment ne pas céder à l’envoutement du Talerschwingen, où on roule une pièce de monnaie dans un seau pour accompagner le jodel, à la cithare du Toggenburg, un instrument sans note et sans partition, ou encore au hackbrett, une sorte de cithare de table, en fait une “planche à hacher”, comme le dit l’étymologie du mot. Le week-end, vous entendrez peut-être parfois sonner le cor des Alpes, qui ne sert plus aujourd’hui à communiquer à distance d’une vallée à l’autre, à amener les vaches à la traite ou encore appeler les villageois à l’église.

Les fermes son fort dispersées dans le pays, avec de très belles demeures dans les hautes vallées de la Thur et du Necker. On y fait de l’élevage et surtout du fromage. Le Toggenbourg est le principal producteur d’appenzeller. On y fabrique aussi du sbrinz et du tilsit. Et puis, vous apprécierez peut-être la saucisse reine du pays, le Schüblig, une saucisse à base de viande de veau ou de porc.

Difficulté du parcours : Le trajet se passe sur des dénivelés très conséquents (+871 mètres/-1023 mètres). C’est une des étapes les plus pénibles du Chemin de Compostelle en Suisse, non pas que le parcours soit techniquement difficile, mais parce que la pente est omniprésente tout au long du voyage. La première partie du parcours est en montée quasi constante, avec des pentes parfois supérieures à 15-25%, avec aussi quelques montagnes russes, jusqu’à atteindre Landscheide, la limite entre les cantons d’Appenzell et de St Gall. La descente est assez sévère pour rejoindre St Peterzell dans le Neckertal. D’ici, le chemin remonte entre prés et sous-bois à Scherrer sur les hauts de Wattwill. La descente sur Wattwill est très sévère.

Dans cette étape, les parcours sur le goudron sont inférieurs aux parcours sur les chemins, et les chemins utilisent souvent les prés :

  • Goudron : 9.3 km
  • Chemins : 14.3 km

Parfois, pour des raisons de logistique ou de possibilités de logement, ces étapes mélangent des parcours opérés des jours différents, ayant passé plusieurs fois sur sur ces parcours. Dès lors, les ciels, la pluie, ou les saisons peuvent varier. Mais, généralement ce n’est pas le cas, et en fait cela ne change rien à la description du parcours.

Il est très difficile de spécifier avec certitude les pentes des itinéraires, quel que soit le système que vous utilisez. Reportez-vous à l’introduction pour la manière de le faire.

Pour les “vrais dénivelés”, relisez la notice sur le kilométrage en début de site.

Section 1 : Une rude montée à travers prés et forêt jusqu’au Hörnlipass.

 

Aperçu général des difficultés du parcours : pentes sévères et constantes, avec un dénivelé de plus de 200 mètres en moins de 3 kilomètres.

La Via Jacobi 4 quitte Herisau sur la pittoresque Shmiedgasse et descend vers la Glatt, en traversant la voie de chemin de fer.
Elle va traverser au fond du vallon deux fois la rivière, au milieu d’anciennes maisons typiques de la région.
Un chemin, avec des pentes parfois supérieures à 25%, monte alors dans l’herbe sur le flanc de la colline.
Sur les hauts, la pente se fait moins rude et on voit Herisau qui s’étend en hauteur de l’autre côté de la colline.
Le chemin herbeux rejoint pour quelques minutes le goudron juste en dessous du petit hameau de Büel et ses quelques fermes.
De là, on s’en va pour une très longue montée, rarement sévère, le plus souvent dans l’herbe, d’abord dans les prés.
Plus haut, le chemin se rapproche de la forêt. Ici, on peut jeter un dernier coup d’œil sur les hauts de Herisau.
Le chemin pénètre alors dans la forêt où le hêtre domine les autres espèces. Selon la répartition habituelle des arbres en Suisse, il y a peu de chênes ici, mais quelques érables et de nombreux épicéas. Il y a nettement plus d’épicéas que de sapins blancs aux altitudes où passe le chemin de Compostelle en Suisse.
Dans la forêt où la pente est devenue maintenant plus douce, on trouve un parcours santé, ce genre de parcours qui a fait fureur plusieurs décennies auparavant, et qui aujourd’hui est le plus souvent déserté.
Le chemin monte encore un peu, en pente douce, dans la forêt jusqu’à gagner une petite clairière.
Il longe alors un peu la forêt, dans un décor somptueux de vert en automne. La Suisse allemande est toute verte, d’un vert extraordinaire, à cette saison. Puis, le chemin repart en forêt, avec ici des pentes peu soutenues, raisonnables.
Au sommet du bois, on voit plus d’épicéas sur le chemin et dans les collines environnantes.

Un banc, salvateur pour certains, dirons-nous, attend le voyageur au sommet de la colline, sous un grand chêne. Nous ne sommes montés que de 150 mètres en altitude depuis la traversée du Glatt. Mais 150 mètres sur 2 km, ce n’est pas négligeable!

Plus haut, le chemin herbeux passe alors à Nieschberg où il rejoint une route.
A l’horizon, on devine le village de Schwellbrunn, où la Via Jacobi passera tout à l’heure, juste à côté. Tout autour, de grandes fermes peuplent les prairies.
Alors, la Via Jacobi s’en va immédiatement sur un chemin, où la terre se mêle à l’herbe, vers le sommet de la colline. A l’horizon, les lignées d’épicéas dressent leurs têtes. Les prés sont si verts, si soigneusement fauchés, qu’on pourrait y jouer au golf.
Puis le chemin gagne l’herbe, et musarde doucement dans les prés, avant de reprendre un peu de hauteur. L’herbe et la douceur des collines accompagnent le voyageur. La nature est incroyablement belle ici.
Vers le sommet de la colline, une petite route goudronnée prend le relais.

La route atteint alors le col de Hörnli. On dit col ici, car la petite route redescend de l’autre versant de la colline!

 

La route descend alors en très forte pente en direction du village de Haschwendi. Le paysage reste tout aussi exceptionnel de l’autre côté du col, dans les collines verdoyantes.

Section 2 : Peut-être devinerez-vous le Säntis?

 

Aperçu général des difficultés du parcours : parcours casse-pattes, avec montagnes russes sévères.

La Via Jacobi ne va pas jusqu’au village de Haschwendi. Elle ne fait que passer au hameau de Vollhofstatt.
Ici, un troupeau de ces belles vaches gris-beige, les Braunvieh, barre le chemin. Sur le parcours, il faut souvent tenir compte de la bonne volonté du bétail. Et les paysans d’ci ne feront pas un pas de plus pour accélérer le processus. Ils sont maîtres chez eux, ne vous en déplaise. Vous attendrez, d’ailleurs vous avez le temps.

La Via Jacobi remonte sur la route goudronnée vers la colline. Ici, vous rencontrerez un panneau de direction vous indiquant un chemin dans les prés. Mais voilà ! D’usage, sur le chemin, vous ouvrez la barrière électrique, et vous la refermez après passage. Mais ici, il n’y en a pas ! Alors, il vous faudra vous faufiler sous le fil, si les vaches sont présentes. Partout, les paysans font la loi. Les vaches d’abord ! Pour trois pèlerins qui passent ici !

Alors, si cela vous arrive aussi, vous pouvez aussi monter jusqu’à la ferme en suivant la route, puis rejoindre, à droite vers la forêt, le chemin qui passe sur la crête.

Le chemin se balade alors sur la crête, en sous-bois ou en clairière. Les enfants des écoles sont de sortie, comme vous en verrez souvent sur le chemin en Suisse allemande. Ici, on passe sous les hêtres et les épicéas, avec parfois quelques rares châtaigniers, chênes ou érables.
Peu après, le chemin retrouve la lumière, des horizons plus dégagés, jusqu’à rejoindre Säntisblick, à une croisée de routes.

Cette région se nomme ainsi, car on voit en face, au sud, la chaîne du Säntis, qui domine les Préalpes d’Appenzell. Le Säntis, à cheval sur les deux cantons d’Appenzell et de St Gall, culmine à 2’500 mètres d’altitude.

 

Puis, le chemin continue son ascension sur la crête, d’abord sur la terre battue, puis dans les prés.
Un peu plus haut, près d’une place de pique-nique on aperçoit Schwellbrunn. Schwellbrunn, c’est un peu l’Arlésienne de Bizet. On voit le village presque depuis le départ, mais on n’y passe jamais, étant situé sur une colline adjacente.
Une grande partie du chemin se déroule sur l’herbe. Inutile de décrire le plaisir de fouler cette herbe verte au milieu des vaches brunes et des Simmental placides.
Plus haut, le chemin rejoint une petite route asphaltée.
Ici, nous arrivons au lieudit Högg, à 1000 mètres d’altitude, juste au-dessus du village de Schwellbrunn, avec ses maisons uniformes, aux toits très en pente.
Depuis Högg, la montée sur la crête n’est pas terminée, et le chemin monte en pente plus douce dans les pâturages, à la limite des bois.
Ici, les enfants des écoles locales ont momentanément abandonné leurs chaussures, pour jouer à l’on ne sait quoi dans l’herbe ou pour s’instruire, qui sait ? On se doit de le dire. Encore une autre école qui fait un jour sabbatique dans la campagne ou dans les bois.

Puis, le chemin descend assez fortement dans la forêt de hêtres, avec parfois des pentes supérieures à 25%.

A la sortie de la forêt, le petit chemin descend dans les prés jusqu’à l’auberge Hirschen, à l’entrée de Risi.
Risi est un village complexe, fait de nombreux hameaux. En fait, le chemin part au-dessus du carrefour, gagne les hauts où se trouve la Fondation Risi, qui traite de questions de soins et d’hôtellerie, puis longe encore la crête et redescend sur le restaurant Landscheide.

Vous pouvez, pour vous éviter un parcours casse-pattes sévère, autant en montée qu’en descente, vous contenter de suivre une route peu circulante qui se dirige vers Dicken, St Peterzell. C’est ici que nous passerons aujourd’hui. La pente ici est raisonnable, et la route passe près du restaurant de montagne Sitz, à Hintere Risi. Puis, elle redescend sur Landscheide. Là-haut sur la crête passe la Via Jacobi.

Section 3 : En passant par Chäseren, restaurant de pâturages et de hautes collines.

 

Aperçu général des difficultés du parcours : parcours surtout en descente, mais non de tout repos, avec parfois de jolies pentes, surtout si vous êtes monté au-dessus de Risi.

Que vous ayez pris la Via Jacobi au-dessus de Risi ou l’alternative par la route, vous arriverez au restaurant Landscheide.

De là, un chemin remonte en pente douce dans les prés.
La nature est incroyablement belle et réconfortante pour l’âme ici, avec toutes ces fermes agrippées sur les collines.
Au sommet de la petite colline, le chemin atteint le lieudit Höchi, à 1034 mètres d’altitude, où il rejoint une petite route de terre et d’herbe. Nous quittons ici le canton d’Appenzell pour revenir dans le canton de St Gall. Qu’importe! L’herbe est toujours aussi accueillante, verte. De loin, et jusqu’à la chaîne du Säntis à l’horizon, ce ne sont que douces collines, bouquets d’arbres, pâturages sans fin et des fermes si isolées, qu’on les dirait perdues dans la nature.
Le parcours ne fait pas long feu sur la route et rejoint rapidement les prés. La pente passe d’un degré à l’autre, sur de petites montagnes russes, de la descente la plus douce à la descente la plus sévère.
Le chemin descend dans les prés jusqu’à rejoindre une petite route goudronnée près du hameau de Hinterarnig.
La Via Jacobi ne reste pas longtemps sur le goudron. Au bout du hameau, elle remonte doucement dans les prés au milieu des vaches grises…
…pour redescendre peu après. Elle suit l’axe de la petite route qui dessert les fermes de la région.
Le chemin descend alors dans les prés dans la nature ouverte et douce.
…avant de retrouver la petite route goudronnée qui roule sur la colline.
La petite route traverse les petits hameaux de Lindschwendi et ses belles fermes. Certaines paraissent si anciennes qu’on se demande à quel siècle remonte leur construction. D’autres ont été tavillonnées avec le temps. Ici, le bois est si aligné devant les demeures qu’il doit presque être dommage de s’en servir. Il faudrait contempler longtemps ces merveilles nées des mains des hommes de jadis. Hélas! Le pèlerin doit arriver au terme de l’étape avant la nuit.
La route mène au petit hameau de Chäseren, où on trouve à se loger et à se restaurer. Quand vous passerez ici, vous verrez comment ces restaurants de moyenne montagne sont pris d’assaut par les touristes locaux. D’autant plus qu’on y arrive en voiture! Les restaurants sont pleins tout au long de la semaine. Cela sent bon le schüblig et le fromage. Il ne manque que les jodleurs, qui doivent peut-être y aller de bon train après quelques rasades de Kräuter, le digestif aux herbes et aux épices.

Le jodel, vous le trouverez encore plus en Appenzell que dans le Toggenbourg. Mais, les deux régions sont des sœurs jumelles. Alors, si vous êtes chanceux, vous aurez peut-être le privilège d’assister à ce genre de fête populaire, dans les auberges de montagne ou alors lors de la montée aux alpages. Le Talerschwingen (faire résonner une pièce dans une jatte), épouse le jodel, l’accord parfait de la jatte constituant le bourdon. Il n’existe pas de son prédéfini de la jatte mais le son le plus apprécié ressemble au tintement des cloches. Si vous n’avez pas de jatte, vous pouvez aussi tenter le Schölleschött, un terme synonyme du tintement des grosses cloches de vache par un balancement rythmique. Cela accompagne aussi à merveille le jodel et le kräuter. Les gens d’ici aiment chanter et peuvent parfois s’échauffer. Les strophes défilent et progressivement tous entonnent le refrain yodlé. Alors, l’auberge devient une chorale de yodleurs. Malheureusement, à notre passage, on n’entendait ici que le bruit des fourchettes.

Depuis le restaurant, une route descend alors légèrement entre les fermes dans la campagne.
Bientôt, la Via Jacobi quitte la route pour un petit chemin de terre qui s’en va, presque à plat, le dans les prés, le long du bois.

Section 4 : St Peterzell, le bijou du Neckertal.

 

Aperçu général des difficultés du parcours : un vrai gymkhana, avec des pentes très sévères, vous attend pour descendre dans le Neckertal et en ressortir.

Puis, à travers prés, la Via Jacobi rejoint le hameau de Aemisegg, où on trouve à se loger.

Ici, un représentant de ces rustiques Sennenstreifen orne un mur. Les paysans d’Appenzell et du Toggenburg partagent avec leurs homologues fribourgeois l’art de la peinture paysanne des Alpes. Les peintures représentant des scènes de la vie paysanne sont connues depuis le XVIème siècle en Suisse Orientale. Ce sont d’ordinaire des cloisons de bois ou de papier qui ornent les façades, ou même les seaux à traire. Les montées à l’alpage et les désalpes sont nettement les sujets les plus utilisés par les peintres du dimanche. Il s’agit le plus souvent de commandes de paysans fiers de montrer aux autres le nombre de leurs têtes de bétail. Depuis, cet art est même entré dans les misons bourgeoises.

En patois fribourgeois, on appelle ces peintures des poya, désignant de ces deux simples syllabes toute la montée à l’alpage. La poya apparaît cependant plus tardivement, au début du XIXème siècle, sur les façades des fermes fribourgeoises.

On ne fera pas injure aux suisses qui liront ces lignes de donner les détails des montées à l’alpage ou des désalpes, qu’elles aient lieu en Suisse Orientale, à Berne, à Fribourg ou en Valais. Donnons donc un aperçu bref et sans doute erroné de ce qui se passe ici pour les étrangers de passage. Il y a autant de coutumes diverses que de cantons. Dans ces régions, en fonction de la hauteur de l’herbe, en mai ou en juin, on aligne les chèvres en tête, puis les vaches, comme pour partir à la guerre, derrière le chariot qui transporte les ustensiles qu’on utilisait autrefois pour fabriquer le beurre et les fromages. Le berger (armailli) en chef, qui a revêtu ses plus beaux atours, précède les vaches porteuses de cloches, accordées les unes par rapport aux autres, comme dans un orchestre symphonique. Les autres armaillis, qui suivent les vaches porteuses de cloches, sont là pour chanter et yodler, en gardant toutefois un oeil sur le troupeau. Le propriétaire du troupeau ferme la marche accompagné de son chien, souvent un bouvier, qui joue au gendarme pour les bêtes. La montée aux alpages dure forcément des heures et souvent le cortège s’arrête un chemin dans les auberges ou chez les particuliers pour boire un coup et offrir un peu de jodel bienvenu aux généreux bienfaiteurs. Pour les désalpes, le scénario est assez voisin.

La route descend encore jusqu’au lieudit Berg.
Attention ici, Il y a un piège qui mérite commentaire. Si vous marchez ici en période des foins, il est difficile de savoir toujours où passe le chemin, car la fauche ou le foin nivèle la géométrie des prés. C’est le cas ici. Un panneau farfelu en dessous de la maison vous invite à emprunter le pré. Alors, vous croyez naïvement qu’il faut descendre sur la pente raide et vous arriverez à une impasse: trouver un passage pour franchir le ruisseau dans les fourrés et gagner St Peterzell en dessous. Cela vous demandera de la gymnastique superflue. Car en fait, ici le chemin ne fait que contourner la maison, continuer à plat et puis descendre dans le sous-bois à St Petezell, dans la vallée du Neckertal. Ah, les panneaux !!! Ah, les paysans qui ne font rien pour aider le marcheur ! Mais, si vous êtes un peu attentif, essayez de trouver les signes jaunes du chemin qui vous mène vers la forêt, en pente légère.
Le sentier s’enfonce alors dans le bois au milieu des érables et des hêtres.
Le chemin ne fait pas long feu dans le sous-bois et une petite route se présente alors sur les hauts de Sankt Peterzell.
Dès que l’on pénètre sur les hauts du village, on s’aperçoit tout de suite qu’on a affaire à un village d’exception.
La route se rapproche progressivement du bas du village où on voit pointer le clocher de l’église.
Bientôt on aperçoit le très beau cloître bénédictin dans un écrin de verdure.
Les jolies maisons à pignons, avec leurs peintures baroques colorées, forment l’un des centres de village les plus élégants et beaux du Toggenburg saint-gallois.

Sankt Peterzell était au Moyen-Âge un centre important du Chemin de Compostelle. Ici se dressait un cloître bénédictin du XIIème siècle, habité par les moines jusqu’au début du XIXème siècle. Aujourd’hui, c’est une église baroque, consacrée à St Pierre et St Paul. Elle a servi longtemps de ce que l’on nomme une Simultankirche. Jusque dans les années 1965, elle était mixte et servait autant aux catholiques qu’aux protestants. Elle était propriété commune et ainsi administrée. Ce genre particulier des Simultankirchen était depuis le XVIIème siècle et jusque dans une partie du XXème une spécificité de cantons situés à l’est de la Suisse, St-Gall et Thurgovie. A St-Peterzell, ce furent les protestants qui construisirent vers 1965 une église neuve et les catholiques conservèrent l’église actuelle.

La maison du silence (Haus der Stille), dans le prieuré sert encore aujourd’hui pour s’y régénérer pleinement durant quelques jours. Elle est gérée à la fois par les catholiques et les protestants. C’est aussi ici qu’une autre variante du Chemin de Compostelle, qui part de Feldkirch en Autriche et transite par Appenzell rejoint le chemin principal à travers la Suisse.

A Sankt Peterzell, la Via Jacobi traverse le Necker, dans la vallée du Neckertal.
Un petit chemin grimpe sévèrement le talus, à plus de 30% de pente.

Il passe devant la très belle maison Zum Bädli. Aujourd’hui privée, cette extraordinaire maison, de style baroque et rococo, érigée au XVII-XVIIème siècle, servait autrefois d’hébergement pour les pèlerins.

 

La Via Jacobi reste encore un peu sur une route. Ici, on célèbre les chœurs d’hommes, une véritable institution de la Suisse.
Peu après, un chemin parte dans l’herbe et la pente ne s’adoucit guère jusqu’à atteindre, dans les prés, les premières fermes de Hofstetten.
En Suisse orientale et centrale, vous rencontrerez un grand nombre d’habitations paysannes, possédant des avant-toits et des auvents, avec les façades tavillonnées. La plupart des fermes sont aussi abondamment fleuries sur les balcons et les façades. Le géranium est roi en Suisse allemande, comme le sont les nombreux nains qui dorment dans les jardins et les pelouses.
Depuis le hameau, une route asphaltée qui se prolonge en un chemin caillouteux descend assez vivement vers un sous-bois au fond d’un petit vallon.
Au fond du petit vallon, le chemin caillouteux va jouer un peu avec le ruisseau de Schlattbach.

 

Section 5 : Quelques yoyos de plus dans la campagne du Toggenbourg.

 

Aperçu général des difficultés du parcours : le gymkhana se poursuit, avec souvent des pentes assez sévères, presque toujours en montée.

Puis, le chemin remonte du ruisseau dans le sous-bois de feuillus. Ici, les barres de béton posées sur les cailloux, ne sont sans doute pas là pour aider les marcheurs et les pèlerins, mais plutôt pour protéger les tracteurs d’un enlisement potentiel.
Le chemin sort du sous-bois dans l’herbe, toujours en montée, pour traverser très longuement les fermes isolées de Niederwil.
Plus haut, c’est à nouveau le goudron sur une pente assez rude.
Plus loin encore, c’est à nouveau la terre battue dans les prés, avec ci et là une ferme isolée.
Puis, la Via Jacobi passe à Niederried. Ici, on ne sait jamais où commence un hameau et où il se termine. Alors un chemin descend dans l’herbe dans un sous-bois d’épicéas.
Dans le bois de hêtres, le chemin traverse le Niderwillbach avant de remonter sèchement dans les prés.
Peu après, la Via Jacobi atteint Heiterswil. Un restaurant est présent à deux pas, sur la route qui relie Sankt Peterzell à Wattwil. Ici, le parcours tourne à droite et se dirige vers les bois.
Ici, le chemin monte à travers les prés. Aux époques de fauchage, vous ne verrez pas trace du chemin. Le paysan du coin ne vous guettera pas pour vous dire où passe le chemin. Heureusement, il y a un banc rouge à l’orée de la forêt pour vous guider ! Vous vous dites naïvement qu’un banc n’est pas là juste pour la décoration. Et effectivement, le chemin passe par là. Attendez-vous à trouver une pente sévère au sommet du pré.

Vous pouvez vous asseoir sur le banc pour reprendre votre souffle et admirer le paysage dans le vallon.

Le chemin est encore très raide au début du sous-bois, puis s’assagit, passe devant quelques maisons de vacances.
Une route goudronnée monte alors au sommet de la crête, à Scherrer, au restaurant Churfisten.

Il faut dire ici que ce restaurant d’altitude, aussi, est très fréquenté par la population locale. A première vue, les gens ne s’ennuient pas ici.

La route monte encore un peu au sommet de la colline avant de trouver un chemin qui s’en va dans les prés.
Peu après, la route de terre battue descend sur les quelques maisons de Eschenberg. Devant vous se dressent les collines et les petites montagnes du Toggenburg.

Section 6 : Un toboggan pour Wattwil.

 

Aperçu général des difficultés du parcours : descente très raide, de plus de 300 mètres sur Wattwil.

C’est à partir d’Eschenberg que s’amorce la vraie descente vers Wattwil, une descente qui va devenir de plus en plus raide. La Via Jacobi quitte rapidement le goudron pour les prés.
La nature est à nouveau incroyablement agréable ici même si les genoux souffrent.
D’autant plus que le regard peut se délecter de magnifiques fermes. Peu après, le goudron prend la place de l’herbe.
La route passe plus loin devant les fermes de Schwantleregg dans les fleurs et les géraniums aux fenêtres.
Plus loin, c’est le retour de l’herbe. Le chemin descend alors raide à travers les prés jusqu’à une gigantesque ferme sur un replat.
Peut-être la plus belle ferme rencontrée jusqu’ici sur le chemin, avec forte profusion de géraniums à tous les étages. Dans la région, les fermes sont souvent construites par juxtaposition de la maison et de l’étable, un principe qui remonte loin dans le temps. Seuls les soubassements et les murs de la cuisine sont en maçonnerie. La maison, les étables et la grange se composent de bois, de madriers superposés. Dans les vieilles demeures, on n’utilisait pas de clous et les planches étaient enfilées dans les poutres rainurées. Ici, le bétail est à l’écart.
Depuis la ferme, la Via Jacobi suit alors une petite route goudronnée qui descend momentanément en pente plus douce.
Puis, vous allez retrouver l’herbe des prés, dans des pentes prononcées. On aperçoit Wattwil dans la plaine.
Plus on descend, plus Wattwil grossit à vue d’œil tout là-bas au fond dans la plaine.
Le parcours arrive bientôt près du hameau de Tüetlisberg. Ici, le pèlerin trouve à se loger.
C’est à partir d’ici que la descente montre le plus fort pourcentage de pente. On a parfois le sentiment de plonger sur Wattwil. Cela doit être un vrai plaisir de glisser ici sur l’herbe mouillée. A nettement plus de 30% de pente.

A l’approche de la plaine, un sous-bois prend la place des prairies, mais la pente ne varie guère, au milieu des hêtres et des feuilles mortes. Par bonheur, des escaliers assurent la marche au plus fort de la pente.
Au bas de la descente, après un passage sur des escaliers métalliques, le chemin arrive à Wattwil, dont on aperçoit le château sur la hauteur.

La Via Jacobi traverse la Thur sur un des trois ponts qui enjambent la rivière. La Thur, une assez grosse rivière, naît dans le canton de St Gall dans le massif du Säntis, puis s’en va dans le canton de Thurgovie, auquel elle a donné le nom, puis dans le canton de Zürich, où elle rejoint le Rhin.
La Via Jacobi remonte la Thur jusqu’à un petit pont piétonnier. Ici, il faut tourner à gauche pour gagner le centre du bourg.
Wattwil (8’400 habitants) est le plus grand bourg du district du Toggenburg, dans le canton de St Gall. La vie, se concentre sur le grand axe routier, près de la gare.

Logements sur la Via Jacobi

Schwellbrunn (à 500 m du chemin avant la descente sur Risi)
Chambre d’hôte, repas, petit déj. Sébastien Martin, Dorf 42 071 351 54 51
Chambre d’hôte, repas, petit déj. Ruedi & Priska Frehner, Am Stein 071 351 72 76
Chambre d’hôte, repas, petit déj. B&B Gästehaus Rössli O77 489 23 75
Chambre d’hôte, repas, petit déj. Gästehaus Fuchsacher, Egg79 071 371 11 66
Chambre d’hôte, repas, petit déj. Gasthaus Kreuz, Egg79 071 351 42 14
Hôtel Hôtel Garni Traube, Brisig 209 071 350 00 35
Risi
Hôtel, repas, petit déj. Gästehaus Hirschen 071 571 30 38
Lanscheidi
Chambre d’hôte, repas, petit déj Restaurant Landscheide, Landscheidi 071 351 23 75
Schönengrund
Hôtel, repas, petit déj. Hôtel & Restaurant Chäseren 071 361 17 51
Aemisegg
Chambre d’hôte, repas, petit déj. Wohngemeinschaft Margrit + Köbi Knaus, St Peterzell 071 377 11 42
Sankt Peterzell
Chambre d’hôte, repas, petit déj. Gasthaus Hörnli, Bunt 15, Sankt Pwterzell 079 551 544 43
Chambre d’hôte, repas, petit déj. B&B Kutzelmann, Oberer Baumgarten 23 071 377 11 04
Hôtel, repas, petit déj. Landgasthaus Schäfle, Dorf 20 071 377 12 20
Hôte, repas, petit déj. Landgasthof Rössli, Dorf 27 071 37 18 00
Scherrer
Hôtel, repas, petit déj. Hôtel Churfirsten , Scherrer, Wattwil 071 988 12 84
Wattwil
Accueil jacquaire, petit déj. Daniel Raillard, Näppis-Ueli Strasse 16 071 988 28 61
Chambre d’hôte, petit déj. Pilgerherberge Fritsche Lärchenrain 5 071 988 46 30
Chambre d’hôte, repas, petit déj. Esther Bruderer, Wisentalstrasse 2 071 988 45 41
Chambre d’hôte, repas, petit déj. Fazenda da Esperanza, Klösterli 071 985 04 50
Hôtel, repas, petit déj. Hôtel Schäfle, Wilerstrasse 6 071 988 34 04
Hôtel, repas, petit déj. Restaurant National, Näppisuelistrasse 10 071 988 11 21
Hôtel***, repas, petit déj. Hôtel-Restaurant Löwen, Ebnaterstrasse 55 071 988 51 33
Il n’y a pas de grandes difficultés de trouver un logement sur cette étape. Réservez tout de même par sécurité.
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Etape suivante: 03: Wattwil à Rapperswil
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