03: Laufen à Delémont

Entre rivière et petite montagne, du canton de Bâle au canton du Jura

Entre la majesté des Alpes et la douceur de la plaine, s’étend le Jura, ce bastion géologique aux racines profondes et aux reliefs subtils, façonné par des millions d’années d’histoire terrestre. Niché entre le canton de Bâle et celui du Jura, ce massif n’est pas seulement une ligne sur la carte, mais un témoignage vivant de l’évolution de notre planète. Le Jura, c’est d’abord un ballet de forces géologiques, un héritage de la rencontre tumultueuse des continents africain et européen, il y a des éons de cela. Il y a 35 millions d’années, sous l’impulsion des Alpes en formation, ce joyau de marnes et de calcaires a vu le jour, comme un croissant de pierre s’étirant de Zurich à l’Isère. Son histoire commence bien avant, dans les profondeurs des mers primordiales, durant l’ère des reptiles et des dinosaures, lorsque les premiers sédiments ont commencé à se déposer, formant les fondations de ce que nous connaissons aujourd’hui. Durant des ères successives, la mer a façonné cette région, déposant patiemment des strates sédimentaires variées, témoignant d’un passé de climats chauds et humides. Puis vint l’Ère Tertiaire, marquée par le retrait progressif des eaux et l’essor des montagnes, sous l’étreinte des Alpes naissantes. Ainsi surgirent les plis et les replis du Jura, un paysage façonné par des millions d’années de mouvements tectoniques et de transformations subtiles.

Aujourd’hui, quittant les rives de Bâle pour pénétrer dans le canton du Jura, vous empruntez un parcours sinueux à travers les contreforts boisés. Ici, la géographie se fait complexe, avec ses enclaves administratives et ses panoramas immuables, où chaque vallée et chaque sommet racontent une histoire millénaire de dépôts marins et de forces telluriques.

Nous avons divisé l’itinéraire en plusieurs sections, pour faciliter la visibilité. Pour chaque tronçon, les cartes donnent l’itinéraire, les pentes trouvées sur l’itinéraire et l’état du GR65. Les itinéraires ont été conçus sur la plateforme “Wikilocs”. Aujourd’hui, il n’est plus nécessaire d’avoir des cartes détaillées dans votre poche ou votre sac. Si vous avez un téléphone mobile ou une tablette, vous pouvez facilement suivre l’itinéraire en direct.

Pour ce chemin, voici le lien :

https://fr.wikiloc.com/itineraires-randonnee/de-laufen-gare-a-delemont-gare-par-la-via-jura-34655959

Difficulté du parcours : Le parcours n’est pas sans défis, avec ses dénivelés apparemment modestes de +410 mètres et -365 mètres, dissimulant leur véritable nature sous une apparence rassurante. Les ascensions abruptes à travers la forêt de Bueberg et les pentes douces d’Ober-Huggerwald exigent du marcheur une persévérance certaine, récompensée par des descentes plus douces et des chemins accueillants, parfaits pour une randonnée contemplative.

État de la Via Jura : Cette étape ravira les amateurs de marche, offrant un itinéraire majoritairement en chemins naturels :

  • Goudron : 7.3 km
  • Chemins : 12.0 km

Ce n’est évidemment pas le cas pour tous les pèlerins d’être à l’aise avec la lecture des GPS et des cheminements sur un portable, et il y a encore de nombreux endroits sans connexion Internet. De ce fait, vous trouvez sur Amazon un livre qui traite de ce parcours.

 

 

 

  

Si vous ne voulez que consulter les logements de l’étape, allez directement au bas de la page.

Parfois, pour des raisons de logistique ou de possibilités de logement, ces étapes mélangent des parcours opérés des jours différents, ayant passé plusieurs fois sur sur ces parcours. Dès lors, les ciels, la pluie, ou les saisons peuvent varier. Mais, généralement ce n’est pas le cas, et en fait cela ne change rien à la description du parcours.

Il est très difficile de spécifier avec certitude les pentes des itinéraires, quel que soit le système que vous utilisez.

Pour les “vrais dénivelés ”et pour les passionnés de véritables défis altimétriques, consultez attentivement les informations sur le kilométrage au début du guide.

Section 1 : Un peu de calme, puis l’épreuve dans la forêt de Bueberg

Aperçu général des difficultés du parcours : un sérieux effort dans les zigzags pentus de la forêt.

Pour découvrir la Via Jura 80 en direction de Delémont, la gare représente le point de départ idéal. C’est là que convergent toutes les indications, offrant une introduction parfaite à cette région riche en paysages et en histoires.

Dès les premiers pas depuis la gare, le parcours va rejoindre la Birse, une rivière dont le doux murmure ne se fera entendre à nouveau qu’à la fin de votre périple.

Le paysage urbain de Laufn s’efface progressivement derrière vous tandis que vous suivez la BKW-Strasse, qui vous mène dans les faubourgs tranquilles, jusqu’à ce que nous atteigniez enfin le début du Schützenweg.

Le Schützenweg, une petite route goudronnée, commence son ascension douce à la sortie du faubourg… 

… avant de s’évader dans la nature à travers des pâturages où les moutons vaquent déjà à leurs occupations matinales sous le soleil éclatant du jour naissant. L’air est chargé du parfum frais des champs et du chant des oiseaux.

Bientôt, vous quittez la route pour un sentier rustique, qui serpente entre les prairies verdoyantes et les lisières des bois. La météo clémente et la lumière dorée du matin rendent cet endroit idyllique pour une halte, bien que certains pourraient trouver qu’il soit un peu tôt pour une pause sur le banc au bord du bois.

Le chemin se faufile ensuite dans la forêt dense, où il se rétrécit en un sentier étroit qui suit les contours sinueux de la rivière Lützel en contrebas. Ici, la montée devient plus prononcée, ponctuée par des passages escarpés entre les hêtres majestueux et la végétation touffue.

On vous annonce Delémont, à 4 h 45, ce qui n’est pas la porte à côté.

L’atmosphère est humide et fraîche, la mousse tapissant les pierres et les troncs d’arbres témoignant de la richesse biologique de cette région préservée, dans un bois qui n’est pas le plus élégant de la région. Le chemin se faufile parfois sur des rondins de bois sur les pentes les plus délicates.

Plus loin, la descente qui suit est tout aussi pentue, transitant au-dessus de la route de Lützel, où est niché le Lützelhof, sans doute un restaurant.

Au bout du bois, le chemin trouve la Lützelstrasse, la route de Lützel.

Là, il traverse le Lützel (Lucelle, en français), une rivière apparemment assez tumultueuse, qui fait d’abord frontière entre la France et la Suisse, traversant les enclaves du canton de Soleure, puis le canton de Bâle-Campagne pour se jeter à deux pas d’ici dans la Birse.

Parallèle à la Via Jura, on vous annonce le Jubiläumsweg. Le chemin du jubilé, on dira plutôt le chemin de la jubilation, vous le constaterez à vos dépens.

Sitôt de l’autre côté du pont, une large route de terre longe la rivière, qui danse et saute, quelque part entre ombre et lumière, le long des épicéas et des feuillus. Pour le moment, c’est un peu le calme avant la tempête prévue sous peu. Profitez-en au maximum.

On ne dira pas que cette région puisse s’inscrire parmi les plus belles forêts de Suisse. Ici, la forêt présente un visage plus austère, parfois désolé. Le sous-bois est encombré de broussailles denses et de ronces agressives. La lumière peine à percer à travers le couvert végétal, créant une ambiance crépusculaire même en plein jour, accentuant le sentiment de morosité, dans ce vallon encaissé.

Et la tempête s’annonce plus loin, sous la forme d’un panneau qui annonce encore le Jubiläumsweg. Quand on annonce une interdiction pour les cyclistes, ne prédit-on pas le pire ? 

Le chemin s’engage dans la forêt de Bueberg, montant sur près d’un demi-kilomètre avec des pentes vertigineuses allant bien au-delà de 15 %, atteignant parfois entre 30 et 50 %. Dès le départ, le vallon est si encaissé que la lumière peine à pénétrer dans le sous-bois touffu, plongeant le marcheur dans une obscurité presque totale.

De petits rondins de bois, rongés par le temps, le gel et les intempéries, jalonnent le sentier comme autant de béquilles précaires, offrant un appui incertain mais bienvenu pour assurer la progression.

Plus haut, la lumière parvient enfin à percer le couvert forestier, rendant la forêt plus accueillante mais toujours aussi exigeante à franchir. La forêt est mixte, avec de grands hêtres robustes, accompagnés d’une myriade de rejets chétifs, fins et élancés comme des aiguilles. Quelques chênes, érables et épicéas complètent l’équipage. Le chemin dessine de grands virages, tentant de réduire la rudesse de la pente. Cependant, cette tentative s’avère dérisoire. D’une épingle à l’autre, le sentier continue inexorablement de grimper, imposant son défi sans relâche. Pas un seul banc pour se reposer. Seuls les troncs imposants des grands hêtres offrent un bref répit, permettant de s’appuyer, ne serait-ce qu’un instant, pour reprendre son souffle et se préparer à l’effort suivant. Cette ascension, implacable et exigeante, met à l’épreuve la détermination et la résistance du marcheur, chaque pas étant une lutte contre la gravité et la fatigue.

Un peu plus haut, le chemin se rapproche progressivement d’une barre rocheuse sur un chemin tapissé de feuilles mortes, dans une nature sauvage ensorcelante.

Sur le rocher, on a même mis en place une main courante. Mais, rassurez-vous. Il n’y a aucun danger ici, car les chemins de randonnée pour grand public, et notamment le Chemin de Compostelle n’empruntent jamais des chemins impossibles. Si les chemins sont difficiles, voire dangereux, ils sont toujours signalés à l’avance.

Plus haut, vous atteignez un point où une petite halte est plus que bienvenue, nichée dans un écrin de verdure sauvagement riche. L’humidité s’accroche ici à la pente, comme en témoignent les mousses épaisses qui tapissent les rochers et enveloppent les troncs des arbres, créant un paysage féerique et mystérieux.

À partir de la barre rocheuse, la pente s’atténue enfin, un peu. Cependant, le sommet est encore à venir. Chemin faisant, une borne de granite émerge de la végétation. Marque-t-elle une ancienne frontière entre la Suisse et la France, ou simplement une limite entre le canton de Bâle-Campagne et celui de Soleure ? C’est un peu plus loin que l’on quitte effectivement le canton de Bâle-Campagne pour entrer dans une enclave du canton de Soleure.

Sincèrement, personne ne sera déçu d’arriver au terme de cette épreuve difficile, quand il s’arrêtera au sommet de la colline dans la végétation confuse, pour lire en détail le panneau des directions. Le Chemin du Jubilé s’en va vers d’autres cieux que le vôtre. Sur la Via Jura, on annonce Nieder-Huggerwald à une demi-heure de marche et Delémont à 4 heures.

Section 2 : Une valse à 3 cantons : Bâle-Campagne, Soleure, et bientôt le Jura

Aperçu général des difficultés du parcours : encore, un petit effort du côté de Ober-Huggerwald. Après, ce sera presque les vacances.

Et comme pour se faire pardonner, la Via Jura émerge de la forêt, large à souhait, lumineuse, s’étendant à plat sur le Rütenenweg, tel un ruban de nature déroulé.

Descendant ensuite en lisière de la forêt, elle suit un large chemin de terre agrémenté d’une bande herbeuse centrale, comme une voie ciselée entre ombre et lumière. Au-dessous, le village de Röschenz se profile, perché au-dessus de la rivière tumultueuse de Lützel, dans le pays bâlois.

Le chemin de terre se glisse en pente douce le long de la lisière de la forêt de Bueberg, offrant une vue dégagée sur les champs de céréales en contrebas. 

Vous marchez ici sur le Rütenenweg, bientôt remplacé par la Buechbergerstasse. La différence notoire est que ce chemin est alors une route de terre battue plus carrossée.

Et pourtant, le terme « strasse » est presque excessif. De rares véhicules soleurois se faufilent sur cette route de terre battue. La route ondule entre prés, champs et bosquets, descendant vers le hameau de Nieder-Huggenwald, niché dans le canton de Soleure.

Dans le lointain, le village se dessine sous vos yeux alors que vous entrons presque insensiblement dans l’enclave du canton de Soleure, sans vous apercevoir, si ce n’est l’écusson du canton planté au bord de la route, sans doute pour souligner la fierté des gens du lieu à habiter un caton qui n’est pas celui de Bâle-Campagne.

Les enclaves suisses ont une origine principalement religieuse, issues des tumultes de la Réforme qui ont divisé les collectivités entre catholiques et protestants. C’est une histoire ancienne et complexe : en Suisse romande, dans des régions telles que Payerne-Avenches-Morat, les catholiques se sont joints au canton de Fribourg resté fidèle à leur foi. Ici, dans cette enclave, c’est l’inverse. Le canton de Soleure, majoritairement catholique, a accueilli ceux qui sont restés attachés à leur religion d’origine alors que Bâle, majoritairement protestant, observait une autre voie. Les complications historiques ont persisté, mais l’État fédéral a trouvé des compromis pour apaiser les tensions intercantonales. Vous êtes ici, pour ainsi dire, au bout du monde. Non loin se trouve Kleinlützel, le long de la rivière du même nom. Au nord, les routes se raréfient et les vastes forêts imposent leur traversée dans l’obscurité, menant éventuellement vers la France. C’est une région aussi sauvage que préservée, où le développement semble avoir épargné à la fois la Suisse et ses voisins français. Le canton de Soleure, géographiquement, est une sorte de monstre protéiforme qui étend ces tentacules entre Bâle, Berne, Jura, et même la France.

Nieder-Huggerwald repose paisiblement dans une cuvette, enserré par la majesté des collines qui s’élèvent au-delà de ses limites.

Ober-Huggerwald est annoncé plus haut, à 20 minutes.

Nieder-Huggerwald un hameau essentiellement agricole, imprégné de l’essence même de la campagne et de la terre, évoquant une simplicité rustique et authentique.

Le chemin s’étire audacieusement à travers le paysage, serpentant entre les prés verdoyants où les hêtres, les arbres fruitiers et les épicéas offrent une toile de fond spectaculaire. Mais ici, la beauté n’est pas sans défis. Le chemin grimpe avec persévérance à travers les collines ondulantes. Par endroits, la pente escarpée défie les randonneurs, dépassant parfois les 15%.  

À mi-chemin vers Ober-Huggerwald, la pente s’adoucit enfin, et la terre battue cède la place à un tapis d’herbe douce. Les prés s’étendent à perte de vue, parsemés de bouquets d’arbres et de champs de céréales dorés sous le soleil généreux, dans une grâce naturelle et une symphonie pastorale parfaite. 

Poursuivant son ascension, le chemin se transforme en un ruban d’asphalte lisse, guidant les voyageurs vers l’angle du village. 

À 630 mètres d’altitude, dans le canton de Soleure, une croix de pierre ancienne témoigne silencieusement du passé catholique de la région, rappelant une époque où la foi était ancrée dans chaque pierre et chaque âme.

Mais le sommet reste encore à conquérir. La route persiste, grimpant avec obstination jusqu’à atteindre un petit col perdu dans les prés.

Là-haut, près d’un réservoir perché, le vallon s’étend en contrebas, dévoilant un paysage harmonieux et apaisant.

Si l’on suit cette route, une descente vertigineuse mène à Huggerwald, le cœur vibrant de cette région singulière du canton de Soleure. Chaque pas dans ces contrées vous rappelle la curiosité géographique de ce canton, ses tentacules qui s’étendent et s’insinuent partout, enveloppant le visiteur dans une étreinte enchanteresse.

Section 3 : En descente assez douce vers le canton du Jura

Aperçu général des difficultés du parcours : parcours sans difficulté, même si la pente est parfois prononcée.

Dans ces grandes étendues de prairies et de pâturages, dominées par les petites montagnes qui s’élèvent sagement, le bétail règne en maître. À perte de vue, les museaux des vaches brunes et des Simmental, les favorites de la Suisse alémanique, ponctuent le paysage de leurs silhouettes paisibles.

La Via Jura descend brièvement sur la route, mais juste assez pour capturer l’attention des voyageurs, qui doivent être attentifs pour ne pas manquer une bifurcation déterminante pour la suite de leur voyage.

Un portail marque le retour aux prés verdoyants. La balade se métamorphose alors en une promenade magnifique le long du flanc de la montagne, où le chemin oscille entre terre battue et herbe douce, montant en pente douce. Il n’est pas surprenant que cet endroit soit prisé des promeneurs.

Plus loin, lorsque le chemin redescend en pente légèrement plus marquée les champs de colza et les céréales remplacent progressivement le bétail, ajoutant de nouvelles teintes à la palette naturelle du paysage.

Puis, au lieudit Oltme, deux parcours se présentent, mais la Via Jura 80 demeure votre guide vers Delémont.

Chaque région se distingue souvent par ses arbres et leur utilisation spécifique. Ici, point de séquoias, de tilleuls, de cèdres ou de sapins de Douglas – le hêtre est le souverain de ces bois. Ses troncs et ses branches forment une ligne continue le long des routes, prenant une teinte de vert si douce au printemps qu’on pourrait presque la caresser.

Sur le chemin qui serpente avec une douceur nonchalante à travers les prés et le long de la lisière forestière, où l’herbe resplendit d’un vert éclatant rappelant parfois les greens de golf, se dressent de majestueux hêtres. Leurs branches torsadées et entrelacées semblent garder les secrets les plus profonds de la nature.

De temps à autre, un banc invite à la halte, à la sieste ou à un pique-nique bien mérité.

Puis, la terre battue laisse place à l’herbe douce, mais le chemin demeure serein, presque plat. L’esprit s’évade alors, rêve ouvertement à la beauté de la nature. Sur le Chemin de Compostelle, il existe des tronçons que l’on voudrait voir se terminer dès leur commencement, et d’autres que l’on souhaiterait prolonger indéfiniment. Celui-ci appartient à cette dernière catégorie.

Cependant, la loi du pèlerin est implacable : il faut avancer. Bientôt, le chemin rejoint une petite route dans une sorte de haut plateau ouvert.

Sur la plaine, au charmant lieudit Käppeli, une petite chapelle, simple et accueillante, trône paisiblement au bord de la route. À ce stade, vous avez marché un peu plus de deux heures depuis Laufen, vos pas marqués par les histoires et les légendes qui imprègnent chaque pierre de cette modeste chapelle.

Un court tronçon de route goudronnée s’étend ensuite à plat à travers les vastes champs de céréales, leur onde dorée scintillant sous le soleil de l’après-midi. 

Puis, la route tourne délicatement en direction du hameau de Hof Albach, encore préservé dans son enclave au sein du canton de Soleure, où de rares maisons et fermes se blottissent sous les ombrages de la colline boisée.

En traversant maintenant quelques frontières cantonales diffuses partagées, vous plongez dans un vallon, au milieu des prairies luxuriantes. Ici, les arbres fruitiers, lourds de promesses, s’étendent comme des gardiens silencieux de cette transition naturelle.

C’est le début d’une descente plus marquée, avec une pente régulière de 10%. Tout autour, les forêts vous enveloppement avec leurs feuillus et les épicéas qui ont pris du volume.

Plus bas, vous retrouvez la terre battue sous vos pas. Au-dessus de vous, une ligne à haute tension se profile dans le ciel, témoignant de la civilisation moderne qui coexiste harmonieusement avec la nature sauvage.

Section 4 : Dans le vallon coule le ruisseau de la Réselle de Soyhières

Aperçu général des difficultés du parcours : parcours parfois casse-pattes, mais sans grande difficulté, en descente.

La descente à travers les prés, les cultures et les rares vergers fruitiers, à la lisière de la forêt, est non seulement agréable mais aussi assez longue. C’est un véritable voyage à travers les paysages changeants où, quelque part ici, on passe sans transition du canton de Bâle-Campagne au canton du Jura, marquant ainsi une frontière naturelle et culturelle distincte que l’on devine ne guère. Mais quel géomètre a-t-il osé dessiner des frontières claires dans cette nature sauvage partagée entre 3 cantons ?

Le chemin se rapproche alors progressivement du hameau de La Réselle.

L’ambiance se transforme subtilement. Il vous faudra oublier la litanie des salutations de ls Suisse germanique que même les allemands de souche ont de la peine à discerner. Ici, les salutations typiques de la région germanophone laisseront place à un simple « Bonjour » échangé avec les randonneurs croisés en chemin.

Ici, la Via Jura tourne, change de cap, prend la direction de Sohyères.

Elle suit ensuite le doux murmure du ruisseau de Réselle de Soyhières, qui vous guide fidèlement jusqu’au fond du vallon.

Une petite route descend vers Soyhières, mais la Via Jura préfère suivre une trajectoire plus pittoresque, serpentant à travers les prés verdoyants. 

Poursuivant son cours, la voie serpente au-dessus de l’étang de la Réselle, une étendue d’eau paisible nichée sous les frondaisons de la forêt, appartenant à la Société des pêcheurs de Delémont. C’est ici que les amateurs de pêche s’adonnent à la traque de la truite, du brochet, du gardon, mais aussi de la tanche et de la carpe. Dans toute la région jurassienne et jusqu’à Ferrette en France voisine, la carpe est devenue un mets recherché.

Plus bas, le chemin de terre mélangée à l’herbe continue sa descente raisonnable à travers les prés verts du vallon. Dans les bois environnants, les épicéas prédominent désormais, leur stature imposante et leurs branches touffues créant un décor enchanteur tout au long du chemin.

Plus bas, le chemin herbeux rejoint la route précédente descendant vers Soyhières.

Ici, la route rejoint le ruisseau fougueux, dont les eaux vives dansent et tourbillonnent, apportant une fraîcheur bienvenue au cœur du vallon.

La petite route descend alors, toujours proche du ruisseau, se frayant un chemin à travers la fraîcheur ombragée du vallon.

La route ne tarde pas à rejoindre les hauteurs de Soyhières. À l’approche du village, le ruisseau fougueux semble se calmer, se civilisant progressivement en se canalisant sagement le long de la route. 

À l’entrée du village, des blocs de défense anti-char subsistent encore, vestiges d’un passé troublé. Soyhières, petit village de 500 habitants, a longtemps vécu dans l’ombre de son château perché au-dessus du village, à la lisière de la forêt sur une falaise surplombant la Birse. Ce château, source de conflits entre les comtes de la région, ceux de Ferrette et les évêques de Bâle, est tombé en ruine au fil du temps. Aujourd’hui, il renaît peu à peu grâce aux efforts de la Société des Amis du Château. Cependant, la Via Jura ne passe pas par là. Elle passe sur les hauts du village.

En traversant le village, la Via Jura continue son jeu de chute avec le ruisseau de la Réselle, passant d’un côté à l’autre, suivant les caprices du cours d’eau.

L’église, d’une construction plus récente, témoigne de la continuité de la vie religieuse dans ce coin paisible. Au bas du village, la Via Jura traverse une dernière fois la Réselle.

Ici, un choix s’impose. Les cartes de la Via Jacobi indiquent que le chemin vers Delémont traverse la Birse et se dirige vers Vorbourg, un site d’importance nationale et lieu de pèlerinage, avant de redescendre sur Delémont. Mais ce trajet implique une montée de 200 mètres. L’alternative plus douce est de suivre la voie qui longe la Birse, pratiquement à plat. Le chemin est également fléché et offre une vue du Vorbourg, perché sur sa butte rocheuse, depuis en dessous. Voici le parcours traditionnel par les châteaux de Vorbourg.

Voici, la variante possible.

Si l’on se contente de suivre la voie douce par la Birse, après quelques détours sinueux pour éviter la voie de chemin de fer, le parcours revient de l’autre côté de la gare désaffectée et continue en direction de la Birse. Jadis desservie par la ligne de chemin de fer Delémont-Bâle, cette gare n’accueille plus de voyageurs aujourd’hui, le train y passant sans s’arrêter.

À quelques pas de là, la route traverse la Birse, rivière paisible coulant sous la protection des aulnes et des hêtres, créant une atmosphère de sérénité et de fraîcheur.

La route goudronnée longe doucement la rivière en une légère montée à travers le sous-bois, avant de s’en éloigner dans un virage, sans traverser le pont … 

… cédant la place bientôt à un chemin de terre.

La montée à flanc de coteau est brève, le chemin redescendant rapidement vers le lieudit Bellerive. Devant vous, se dresse fièrement le château de Vorbourg, perché sur son éperon rocheux et dominant majestueusement la Birse.

Le chemin continue sa descente vers la Birse et la RN18, traversant les fermes de Bellerive, témoins d’un mode de vie rural encore bien vivant.

Section 5 : En route pour Delémont, chef-lieu du canton du Jura

Aperçu général des difficultés du parcours : de vraies vacances pour le marcheur.

D’ici, la route se divise en deux, l’une moitié goudronnée et l’autre en terre battue, offrant ainsi un contraste saisissant entre modernité et nature brute. La route longe la berge de la rivière, se dirigeant vers la cluse de Soyhières, près d’un petit plan d’eau, où se dressent les majestueux châteaux de Vorbourg.

De cet angle, seul le château inférieur est visible. Ces châteaux perchés sur l’arête de la cluse de Soyhières, datant du XIIe siècle, étaient autrefois connus sous les noms de château inférieur et château supérieur de Telsperg, du nom de la famille alliée à Bâle qui les habitait. Plus tard, ils furent renommés Vorbourg (premier et deuxième). Le château inférieur a subi de nombreuses modifications au fil des siècles, notamment l’ajout d’une chapelle. Aujourd’hui, seuls la chapelle et la massive tour carrée, la Tour Sainte Anne, adossée au rocher, subsistent. Le château supérieur, abandonné et probablement détruit par le terrible tremblement de terre qui dévasta Bâle au XIVeme siècle, ne laisse que des ruines accessibles par un sentier escarpé. Restaurée au siècle dernier, la chapelle dédiée à la Vierge Marie est devenue un lieu de pèlerinage très populaire dans le Jura, accessible principalement depuis le nord de Delémont ou de Soyères par la Via Jura traditonnelle.

Les cluses, ces défilés étroits creusés dans les rochers, ont toujours été des points stratégiques convoités par les armées, du Moyen-Âge à nos jours. Les Suisses, fidèles à leur réputation, ont profité de ces sites pour creuser fortins et tunnels, transformant le paysage en un véritable Emmental (le Gruyère suisse n’a pas de trous !). À l’entrée du mémorial, le drapeau suisse flotte fièrement. Le joggeur qui passe ici pourrait ne plus y prêter attention, absorbé par son rythme, tandis que d’autres s’enorgueilliront de la fierté nationale, rappelant le passé glorieux où les Suisses empêchèrent les Allemands de traverser ces terres.

La vallée se resserre considérablement ici, encadrée par des falaises imposantes d’un côté, tandis que de l’autre, la rivière, la route cantonale et la voie ferrée se fraient un chemin parmi les hêtres, les chênes et les aulnes. Le chemin croise même de véritables blocs de ciment anti-char, bien plus impressionnants que le « jouet » de tank aperçu plus tôt.

Après quelques centaines de mètres supplémentaires, le chemin atteint le Pont sur la Birse à l’entrée de Delémont.

Ce carrefour stratégique marque le point où la Via Jura 80 continue vers Courroux. Pour ceux se dirigeant vers Moutier, ce sera un point de retour indispensable le lendemain, de même que pour les randonneurs qui n’ont pas passé par ici et ont suivi le parcours de Vorbourg.

Le pont, entièrement réservé aux piétons et aux cyclistes, est également le lieu où la Sorne, une petite rivière traversant Delémont, se jette dans la Birse. Delémont elle-même reste cantonnée de l’autre côté de la Birse.

Après avoir traversé le pont, le parcours continue en franchissant la ligne de chemin de fer. 

Il pénètre alors dans un quartier commercial typique des périphéries urbaines, avant de longer la Sorne.

Plus loin, le parcours croise un symbole de la ville. Autrefois, une scierie et un moulin, moteurs économiques de la ville au XIXe siècle, se trouvaient ici, entraînés par de grandes roues dentées, symboles du passé industriel de Delémont.

Plus loin encore, le parcours quitte l’axe routier principal pour suivre un petit chemin goudronné le long de la Sorne.

Il s’écarte quelques instants de la rivière pour traverser ensuite les quartiers périphériques, pour retrouver plus loin la rivière.

Il s’éloigne alors de la rivière passant près d’un collège.

Après le collège, le chemin tourne à angle droit et descend le boulevard jusqu’à la gare, marquant ainsi la fin de cette étape. 

Un petit bout d’histoire, juste pour situer le Jura et Delémont. Le canton du Jura a appartenu successivement aux rois de Bourgogne, puis aux évêques de Bâle. Lors de la Réforme, l’évêque de Bâle est chassé du pouvoir et s’établira à Porrentruy, l’autre grande cité du Jura actuel, prenant le pouvoir sur tout le Jura actuel, le Jura bernois et le Laufonnais, où nous sommes passés la veille. La situation va perdurer jusqu’à l’éviction de l’évêque, en 1792, lors de la Révolution française. Ici, on proclame sans sourciller la République. Bien, voyons ! Mais, sans sourciller non plus, en 1793, la France voisine annexe la nouvelle république et en fait un département français, nommé Mont-Terrible, avec comme capitale Porrentruy. Le nouveau département durera une dizaine d’années avant d’être rattaché au Haut-Rhin.

Arriva Napoléon qui mit une pagaille sans précédent en Europe. À sa chute, le Congrès de Vienne, en 1815, les pays vainqueurs et les autres États européens se réunirent, entre autres, pour redessiner les frontières et tenter d’établir un nouvel ordre mondial. Comme d’habitude, bien entendu ! On mit en avant la neutralité de la Suisse. C’est donc pour tout Suisse une vieille histoire que la neutralité. Alors ici, on redessina aussi les frontières et le destin des gens du coin. Le canton du Jura fut attribué à la Suisse et en particulier au canton de Berne, pour compenser la perte par Berne du canton de Vaud. La suite, vous la lirez en allant vers Moutier, demain.

Toujours est-il que Delémont, avec ses 13 000 habitants, est aujourd’hui le chef-lieu du canton. On y trouve le siège du Parlement et du Gouvernement de la République et Canton du Jura. La Vieille Ville en est le centre historique, un quartier bien restauré, qui compte de nombreux édifices médiévaux aux façades élégantes. À noter aussi les charmantes fontaines de style Renaissance.

L’église Saint-Marcel, datant de la fin du XVIIIe siècle, oscille entre le baroque et le classicisme. Elle a été rénovée vers la fin du siècle dernier. Les portes du bourg médiéval ont également été très bien restaurées, et l’on peut encore voir certaines murailles de l’enceinte de la ville.

Logements sur la Via Jura

  • Maison Chappuis, Route de France 23, Sohyères; 032 422 01 24 ; Gîte religieux, repas, petit déj.
  • Hôtel Le Cavalier, Route de France 22, Sohyères ; 032 422 20 07 ; Hôtel***, repas, petit déj.
  • Cantou part’âges, Rue de Morépont 5, Delémont ; 032 422 89 64 ; Gîte religieux, repas, petit déj.
  • B&B Passifleur, Sous Maichereux 121, Delémont ; 032 422 37 48 ; Chambre d’hôte, petit déj.
  • Auberge de jeunesse, Route de Bâle 185, Delémont ; 032 422 20 54 ; Gîte, repas, petit déj.
  • Centre St François, Route du Vorbourg 4, Delémont ; 032 421 48 60 ; Hôtel, repas, petit déj.
  • Hôtel Ibis, Avenue de la Gare 37, Delémont ; 032 421 10 00 ; Hôtel, petit déj.
  • La Tour Rouge, Route de Porrentruy, Delémont ; 032 422 12 18 ; Hôtel**, petit déj
  • Hôtel Restaurant le National, Route de Bâle 25, Delémont ; 032 422 96 22 ; Hôtel***, repas, petit déj.

Le Jura demeure une destination prisée avant tout par les touristes locaux. En conséquence, les hébergements se font plus discrets, à l’exception des Airbnb, pour lesquels nous ne disposons pas des adresses. Dans cette étape, il n’y a rien avant d’arriver en fin d’étape, à Sohyères ou à Delémont. En fin d’étape, c’est Delémont, avec tous les commerces. Il ne devrait pas y avoir de difficulté à passer la nuit ici. Réservez tout de même à l’avance.

N’hésitez pas à ajouter des commentaires. C’est souvent ainsi que l’on monte dans la hiérarchie de Google, et que de plus nombreux pèlerins auront accès au site.

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