06: Brunnen à Stans

Au cœur de la Suisse primitive

 

DIDIER HEUMANN, ANDREAS PAPASAVVAS

 

Nous avons divisé l’itinéraire en plusieurs sections, pour faciliter la visibilité. Pour chaque tronçon, les cartes donnent l’itinéraire, les pentes trouvées sur l’itinéraire et l’état du GR65. Les itinéraires ont été conçus sur la plateforme “Wikilocs”. Aujourd’hui, il n’est plus nécessaire d’avoir des cartes détaillées dans votre poche ou votre sac. Si vous avez un téléphone mobile ou une tablette, vous pouvez facilement suivre l’itinéraire en direct.

Pour ce chemin, voici le lien :

https://fr.wikiloc.com/itineraires-randonnee/de-brunnen-a-stans-par-la-via-jacobi-4-32047228
Ce n’est évidemment pas le cas pour tous les pèlerins d’être à l’aise avec la lecture des GPS et des cheminements sur un portable, et il y a encore de nombreux endroits sans connexion Internet. De ce fait, vous pouvez trouver sur Amazon un livre qui traite de ce parcours. Cliquez sur le titre du livre pour ouvrir Amazon.

Le Chemin de Compostelle en Suisse. Via Jacobi 4: Du Bodensee à Genève

Si vous ne voulez que consulter les logements de l’étape, allez directement au bas de la page.

Le 1er août 1291, un pacte d’une envergure incommensurable fut scellé, marquant la pierre angulaire de ce qui allait devenir la Confédération helvétique. Dans les vallées embrumées d’Uri, de Schwyz et d’Unterwald, des âmes épuisées par le joug oppressant des baillis Habsbourg se lièrent dans une promesse solennelle, jurant de mettre un terme aux sévices incessants qu’elles subissaient. Ce serment s’entrelace avec la légende immortelle du serment des Trois Suisses. Arnold de Mechtal, fils d’Unterwald, animé par une quête de justice pour les bœufs confisqués de son père, se joignit sur la prairie verdoyante de Rütli, où le ciel effleure le lac des Quatre-Cantons, à Walter Stauffacher de Schwyz, et Walter Fürst, d’Uri, allié par le sang au légendaire Guillaume Tell. Ce pacte, consolidé et embelli par des accords successifs à Brunnen (1315), Sempach (1393) et Stans (1481), tissa une alliance indéfectible contre les assauts de la maison de Habsbourg. Il se déploya tel un chêne majestueux, embrassant d’autres communautés, jusqu’à ériger la Suisse des 8, des 13 et finalement des 19 cantons. La Suisse aujourd’hui a 24 cantons, le dernier-né étant le Jura, entré dans la confédération en 1979. Gravé en lettres latines, l’original de ce pacte demeure un témoignage éloquent de ces temps révolus. En 1891, pour célébrer le septième centenaire de cet acte fondateur, la nation suisse s’unit pour la première fois dans une célébration, jetant les bases de la fête nationale suisse, désormais célébrée chaque premier août. Dans les années succédant ce pacte primordial de 1291, les Waldstätten, choisissant leur camp aux côtés de Louis de Bavière contre les prétentions des Habsbourg, furent confrontés à la fureur de Léopold Ier, duc d’Autriche. Le 15 novembre 1315, dans l’étreinte froide du défilé de Morgarten, ils tendirent une embuscade d’une audace sans nom, où la cavalerie ennemie fut anéantie sous une pluie implacable de rocs et de troncs d’arbres (1’500 âmes fauchées). Peu après, les trois Cantons, dans un élan renouvelé de fraternité, scellèrent de nouveau leur alliance à Brunnen. Le texte de ce pacte, écho fidèle du premier, renforça leur union sacrée. Vers la fin du siècle, la victoire de Sempach sur Léopold III cimenta avec force cette Alliance éternelle.

Entre les ombres de la réalité et les lumières du mythe, l’histoire de ce pacte danse sur une corde raide. Les érudits, depuis des lunes, avaient percé le voile de son ordinaire essence. Découvert par hasard en 1724, après une première mention vers 1530, ce document ne brillait pas par son unicité, car à cette époque, l’art de pactiser était un refrain commun dans bien des contrées. Son essence touchait davantage à la sécurisation des routes commerciales du Gothard qu’à un cri de liberté ou de résistance. Et les contes de Guillaume Tell, bien que tissés dans le cœur des Suisses, n’étaient que des fils de brume, tout comme le serment du Grütli, dont l’existence même reste nimbée de mystère. Malgré cela, l’original de ce pacte, s’il n’a jamais existé, pourrait avoir été consumé par les flammes, comme il était coutume dans ces hameaux de bois. La fête nationale, et son ancrage au premier août, ne date que de 1891, et non de 1291. Cependant, l’esprit indomptable de ces montagnards, unis contre l’adversité, demeure un phare de victoire.

Difficulté du parcours : Le parcours qui vous attend serpente à travers forêts ancestrales, villages endormis, bourgs paisibles et longe les rives du lac, se heurtant à des dénivelés qui défient le ciel (+763 mètres/-714 mètres). L’ascension est aussi exigeante que la descente, une véritable épreuve de force. Après une traversée apaisante en bateau à Treib, l’ascension vers le sommet de la montagne du Seelisberg se présente comme un défi titanesque, avec des pentes qui défient la gravité, flirtant parfois avec les 30% sous l’ombre protectrice de la falaise. Puis vient cette descente vertigineuse vers le lac après Emetten, un périple où chaque pas est un acte de foi. Mais au-delà, la promenade s’adoucit, caressant les rives du lac et les contreforts menant à Stans, cœur battant du canton de Nidwald.

État de la Via Jacobi : Dans cette épreuve, le bitume, hélas, prédomine sur le sentier de terre, un rappel constant de la modernité empiétant sur la nature sauvage :

  • Goudron : 16.5 km
  • Chemins : 5.7 km

Parfois, pour des raisons de logistique ou de possibilités de logement, ces étapes mélangent des parcours opérés des jours différents, ayant passé plusieurs fois sur sur ces parcours. Dès lors, les ciels, la pluie, ou les saisons peuvent varier. Mais, généralement ce n’est pas le cas, et en fait cela ne change rien à la description du parcours.

Il est très difficile de spécifier avec certitude les pentes des itinéraires, quel que soit le système que vous utilisez. Reportez-vous à l’introduction pour la manière de le faire.

Pour les “vrais dénivelés ”et pour les passionnés de véritables défis altimétriques, consultez attentivement les informations sur le kilométrage au début du guide.

Nous avons divisé l’itinéraire en plusieurs sections pour faciliter la visibilité. Pour chaque section, les cartes donnent l’itinéraire, les pentes rencontrées sur l’itinéraire et l’état de la Via Jacobi.

Section 1: Pas très loin du Grütli, le mythe de l’Helvétie.

 

Aperçu général des difficultés du parcours : parcours difficile, avec des pentes souvent nettement supérieures à 15%, sous les falaises du Seelisberg.

Au cœur de Brunnen, le regard se perd devant l’immensité du Seelisberg, montagne fière et protectrice sous laquelle s’engouffre, tel un serpent de pierre, l’autoroute du Gothard. L’horizon, déployé au bout du lac des Quatre Cantons, dévoile Uri et son joyau, Altdorf, tandis que sur la droite, le regard capture l’une des extrémités du lac où Stans se niche discrètement dans le canton d’Unterwald. En ces lieux, le canton de Schwyz se révèle dans toute sa splendeur. La proximité du Rütli, écrin de verdure au pied du Seelisberg, semble murmurer les échos du serment légendaire des trois cantons en 1291, tissant un lien indéfectible entre mythe et réalité.
L’unique voie pour le voyageur, qu’il soit pèlerin ou randonneur, désirant traverser cet écrin de nature est de s’en remettre aux caresses des flots. Ainsi, vous laissez derrière vous la baie de Brunnen, embarquant vers d’autres rivages.
Votre embarcation vous mène au port de Treib, où un train, semblable à une ascension vers les cieux, invite à conquérir le Seelisberg. Le Rütli, gardien de légendes, se tient là, à mi-pente, veillant sur le lac.
Depuis le port, une route s’élève, défiante, vers le Seelisberg jusqu’au village de Vollingen, où la pente s’affirme avec audace.
Là-haut, une modeste route bifurque vers Schwybogen, plus bas au bord de l’eau. Cependant, la Via Jacobi dédaigne ce détour, préférant la promesse de la pente du village.
Là, un sentier s’envole dans les prairies surplombant le village, où l’herbe, dans un éclat de vert typiquement suisse, tapisse le sol d’un velours vivant. 
Vous marchez ici dans le canton d’Uri, fier de son taureau emblématique. Mais bientôt, vous franchirez le seuil de Nidwald, ce demi-canton niché dans le cœur d’Unterwald.
Le sentier troque la terre battue pour une herbe douce, grimpant toujours, sous les falaises intimidantes du Seelisberg, dominant le lac de sa hauteur protectrice.
Il serpente ensuite, gagnant en hauteur, vers les demeures éparses de Walchig, qui murmurent des histoires paysannes et de vieux bois, adossées contre le flanc de la montagne.
À cet instant, vous avez déjà conquis une hauteur remarquable, dominant le lac de votre regard, offrant une perspective nouvelle et vertigineuse.
Puis, l’ascension se poursuit, à travers les prés bordés de falaises, ponctués ici et là de fermes solitaires, témoins de la tranquillité alpestre.
Bientôt, la montée s’affirme, se redresse fièrement jusqu’à croiser une route menant vers Seelisberg, à l’intersection de Triglis. Là, une descente vers le lac promet des délices piscicoles, bien que la pente ne soit pas moins exigeante.
Les falaises se dressent, telles des remparts d’une citadelle sauvage, vous défiant. Mais voilà que la route redescend vers le lac. Zut ! Vous vous dites que ce sera encore plus à remonter. 
C’est alors que la Via Jacobi, telle une quête spirituelle, descend sur la route avant de se faufiler vers un chemin forestier, promesse de conquête des falaises du Seelisberg.
Au début, la pente n’est pas très prononcée et le chemin se rapproche progressivement des falaises, dans les feuillus.

Section 2 : Dans les falaises du Seelisberg.

 

Aperçu général des difficultés du parcours : parcours difficile, avec des pentes souvent nettement supérieures à 15%, dans les falaises du Seelisberg, puis parcours casse-pattes, mais raisonnable vers Emetten.

Au commencement, la montagne se dévoile sous un jour faussement amical, offrant un chemin qui serpente en doux lacets le long de son flanc, flirtant avec l’abysse d’une falaise grisâtre. Celle-ci, drapée d’un manteau de buissons épineux, se voit festonnée d’hêtres et d’érables qui s’accrochent à son échine avec une ténacité presque héroïque.

Pourtant, lorsque vient le moment de défier la falaise, la pente se révèle d’une inclinaison intimidante, flirtant souvent avec les 30%. Les sentiers empruntés, semblables à ceux des hauteurs alpines, se frayent un chemin à travers de modestes escaliers, sécurisés des abîmes par des barrières, comme pour rassurer le voyageur face à l’immensité du vide. 

Cependant, la menace du vertige s’efface, révélant un parcours dénué de péril pour l’âme aventureuse, là où jamais le Chemin de Compostelle n’oserait défier l’impossible.

 

Lorsque l’aridité rocheuse commence à peser sur le regard, il est toujours possible de trouver réconfort en laissant ses yeux se perdre vers le lac, dissimulé derrière le voile dansant des arbres.

La pente s’accentue alors, défiant l’audace des marcheurs sur un sentier capricieux qui, serpentant à travers les bois, voit souvent le pas chanceler, glissant à chaque mètre. Bientôt, le lieu-dit Haselholz, écrin de forêt dense, se révèle, abritant sous son ombre des noisetiers parfumés. De là, une descente abrupte mène à Rütenen, croisant plus tard la Via Jacobi. Le choix de la route appartient au voyageur, mais quelle que soit sa décision, la descente promet d’être un vertige. Votre route, toutefois, aspire à des hauteurs plus nobles, car le Chemin de Compostelle est épris des sommets, surtout lorsqu’ils sont couronnés d’églises ou de chapelles.

De ce promontoire, le lac des Quatre Cantons se révèle dans toute sa majesté, avec, en face, le Rigi, tel un gardien stoïque au-dessus de la forêt. 

Au sommet de cet effort, la pente s’apaise, le chemin s’épanouit parmi les mousses, dans un ballet silencieux avec hêtres et épicéas.
Il émerge alors sur une crête sublime, offrant un plateau pour reprendre son souffle, l’air embaumé de mousse, promettant des arômes de bolets et de chanterelles à la saison propice.
Plus bas, le regard s’abîme délicieusement sur la trouée de Weggis, là où le lac s’étire vers Lucerne. La beauté du lac, dans ce moment suspendu, fait écho à la fierté et au sentiment d’indépendance des anciens Confédérés du Grütli.
Le chemin, dans son élan, redescend alors, atteignant rapidement le hameau de Butzen, un nid suspendu au-dessus du monde.
Ici, quelques privilégiés jouissent d’un panorama époustouflant sur le lac, un spectacle sans cesse renouvelé par le jeu des lumières et des saisons.
Une petite route s’élance ensuite, glissant doucement dans la vallée verdoyante du Seelisberg, de l’autre côté de la crête.
En chemin, elle croise la petite chapelle de Heiligkreuz. Reconstruite au XVIIIème siècle, cette chapelle recèle de magnifiques ex-voto naïfs de Franz Joseph Murer, témoin de l’âme artistique locale.

Sa danse des morts, saisissante, nous rappelle la fragilité de notre existence.

 

Puis, la Via Jacobi se fond dans la route du Seelisberg, près du village de Sagendorf, monde resté profondément rural.
Le village s’étire le long du Choltabach, une veine d’eau claire dans le tissu vivant de cette terre.
Plus loin, la route remonte sur le flanc de la vallée vers Emetten.
Les maisons anciennes arborent fièrement leurs bardeaux ou leurs petites plaques, témoins d’une Suisse aux traditions ancestrales. Ici, les pentes s’animent de téléphériques variés, et l’on s’adonne avec passion à toutes les formes de vol, dans une région également connue pour ses domaines skiables et pédestres. 
Traversant un village d’une certaine envergure, cette région, jadis agricole, vit son visage se transformer. L’élevage, la fabrication de fromage, et le tissage, peu à peu, cédèrent la place. Dans les années 1950, l’avènement du tourisme enraya l’émigration massive. Mais aujourd’hui encore, plus de la moitié de sa population est pendulaire, son cœur battant au rythme de la plaine.

Section 3 : Un vrai tremplin pour le Lac des Quatre Cantons.

 

Aperçu général des difficultés du parcours : prenez votre envol, vous n’allez pas être déçu.

La Via Jacobi se fraye un chemin à travers le cœur battant du village, serpentant entre les obstacles avec la grâce d’un cours d’eau, mais la tâche n’est pas des moindres. Elle s’engage ensuite dans une descente qui pourrait aisément être comparée à la descente d’Hercule aux enfers, vers l’étendue miroitante du lac. Depuis Emetten, juché à une altitude de 770 mètres, le sentier se lance dans une descente vertigineuse de 300 mètres sur seulement un kilomètre, flirtant avec les limites de l’impossible, jusqu’à atteindre le lac, lové à 450 mètres d’altitude.
Cette descente, semblable à une épreuve de force contre les caprices de la nature, est de préférence à entreprendre par temps sec, bien que les pèlerins, vaillants mais à la merci des éléments, ne puissent souvent en choisir les conditions.

Dans les jours où les cieux se montrent impitoyables, une route détournée, partant de la poste d’Emetten vers les hameaux de Häggis puis Ambeissler, offre une alternative moins périlleuse pour rejoindre la Via Jacobi à Beckenried.

Le sentier, étroit et bordé d’embûches, se fraie un chemin à travers un dédale de feuillus et de buissons, dominant de son parcours précaire la route du Seelisberg, qui s’enroule en lacets comme les courbes d’un dragon endormi.
Là où le ruisseau se transforme en cascade, le chemin devient une arène où le murmure de l’eau se mue en rugissements, où chaque pas est une lutte contre l’assaut incessant de l’eau qui bondit, éclabousse avec une force brute sur un lit de pierres fines, tout en étant caressée par les mousses envahissantes.
À mi-chemin de cette descente presque mythologique, Rütenen et Beckenried apparaissent en contrebas, comme des oasis lointaines. La pente escarpée donne parfois l’impression d’un combat contre la gravité, un vertige palpable où chaque pas semble suspendu au-dessus du vide.
Le sentier continue sa descente effrénée, une véritable épreuve d’endurance et d’agilité, à travers un chaos végétal de herbes folles, d’érables, et de hêtres, suivant le ruisseau dans ses cascades tumultueuses…
…jusqu’à rencontrer une retenue d’eau, préambule à la confrontation finale avec l’autoroute. Au loin, les Mythen, tels des veilleurs éternels, surplombent Schwyz et Brunnen, tandis que Gersau, de l’autre côté du lac, semble défier les éléments.

Le sentier, dans un dernier acte de défi, plonge dans une descente extrême à travers les prés, un test ultime de courage et de force, avant de croiser l’autoroute qui émerge d’un tunnel, après son voyage sous la montagne du Seelisberg, long de près de dix kilomètres.

Il passe ensuite sous l’autoroute, là où le ruisseau achève sa course tumultueuse, à Rütenen, au bord du lac, marquant la fin de cette épopée. 
Ici se termine également votre propre odyssée. Les épreuves derrière, c’est le moment de souffler, de célébrer les vacances ! Le chemin s’aplanit, offrant un répit mérité après une telle aventure.
Une route paisible, encore sous l’ombre de l’autoroute, longe le lac, témoin silencieux de votre périple.
De nombreux ruisseaux, anonymes mais féroces dans leur tranquillité, traversent cette route, comme pour rappeler les défis surmontés.
Les maisons, alignées telles des sentinelles le long de cette route, mènent à l’entrée de Beckenried, certaines bravant l’eau avec audace. 
La rencontre avec la petite chapelle Ste Anna, phare du XVIIIème siècle récemment restauré, marque l’approche de Beckenried.
Un petit parc, comme une oasis de calme, offre une vue imprenable sur la rade, où Brunnen et les Mythen se dressent, témoins immuables de votre voyage.
La route se termine finalement à Beckenried, un havre de paix (3’300 âmes), accueillant le voyageur.
Nidwald, bastion de la foi catholique dans la Suisse centrale, abrite l’église St Heinrich, un joyau baroque de la fin du XVIIIème siècle, veillé par une chapelle dans le cimetière, symbole de la persévérance spirituelle face aux épreuves terrestres.
En quittant Beckenried, l’admiration se porte sur les magnifiques maisons traditionnelles, témoignages de la résilience et de l’élégance face aux défis du temps et de la nature, véritables emblèmes de cette région au cœur de la Suisse primitive.

Section 4 : Balade au bord du Lac des Quatre Cantons.

 

Aperçu général des difficultés du parcours : parcours sans problème.

À la sortie de Beckenried, où les eaux bleues du lac des Quatre-Cantons miroitent sous le regard bienveillant des montagnes, la route franchit le Lielibach, une rivière impétueuse, déposant avec grâce ses cailloux érodés comme des joyaux précieux, dévalant des hauteurs majestueuses. Puis, tel un poème en prose, dans cette valse avec la nature, la route s’éloigne des rives pour rejoindre le village voisin d’Oberdorf, où les maisons traditionnelles se dressent fièrement, tels des gardiens loyaux des secrets ancestraux.
Bientôt, la route s’éloigne des berges argentées pour se plonger dans l’intimité du Täschlibach, emportant les rêves des pèlerins vers le lieudit Ridli, où, tel un phare céleste, une chapelle se dresse fièrement, couronnant la colline tel un joyau précieux dans un écrin de verdure.

Érigée dans un style baroque flamboyant, la Ridlikapelle, telle une fleur épanouie au cœur de la vallée, déploie ses ornements exquis, témoins silencieux des émotions et des espoirs des générations passées. C’est incroyable le nombre de chapelles que l’on trouve dans ces régions.
Une route secondaire descend gracieusement de la chapelle, contournant avec douceur les piliers de l’autoroute avant de se fondre dans la quiétude des rives du lac, invitant le voyageur à se perdre dans la symphonie envoûtante des flots calmes.
Ici, vous vous trouvez à nouveau sur la route principale du lac. Juste à deux pas s’étend la plage de Buochs.
À peine après avoir quitté la plage, une route discrète serpente le long des eaux azurées en direction de Buochs, offrant aux voyageurs une vue imprenable sur les maisons pittoresques qui bordent le rivage, témoins silencieux de l’histoire et de la vie tranquille des habitants.

La route se faufile avec grâce entre les demeures cossues qui bordent le lac, leurs façades colorées reflétant les nuances changeantes du ciel, tandis que les jardins fleuris embaument l’air de parfums enivrants, invitant les voyageurs à s’attarder et à contempler la beauté simple de la vie.

Parmi les habitants de ces contrées fertiles, les vaillants paysans se distinguent, proposant aux visiteurs avides les délices du Sbrinz et de l’Appenzeller, les trésors dorés des œufs frais et la générosité de la saucisse locale. Et pour ceux qui osent, un élixir de Kräuter capable d’embraser les sens et de révéler les mystères des collines alentour.
Les portes de Buochs, avec ses 5’300 âmes, s’ouvrent gracieusement, accueillant les voyageurs avec ses maisons de bois, vestiges séculaires témoins du temps qui passe et des histoires qui se tissent.
La Via Jacobi se faufile alors dans les ruelles tortueuses du bourg, contemplant avec respect la chapelle St. Sebastian, connue également sous le nom de Nothelferkapelle, édifiée à la fin du XVIIe siècle. En son cœur, l’église St. Martin se dresse, gardienne silencieuse des siècles écoulés, son architecture témoignant des époques révolues et des aspirations humaines.
La route se fraie un chemin à travers un bourg s’étirant tel un ruban dans le paysage, où chaque maison semble rivaliser de charme et d’authenticité. Sous leurs toits de bardeaux, aux encorbellements graciles, ces demeures semblent figées dans le temps, gardiennes fidèles des récits et des légendes qui ont façonné les vies de ceux qui les habitent.
Plus loin, encore une nouvelle halte sacrée, la chapelle Obgasskapelle, dédiée à Notre-Dame des Sept Douleurs, se dresse, parmi tant d’autres, pareille à une sentinelle du divin. Presque toutes les chapelles qui jalonnent le parcours sont des joyaux du baroque régional, arborant un avant-toit proéminent et un clocheton effilé, comme autant de doigts tendus vers les cieux, témoignant de la ferveur et de la dévotion des fidèles.

Section 5 : Au-dessus du lac dans les prés.

 

Aperçu général des difficultés du parcours : parcours sans grande difficulté, mais montagnes russes tout de même, avec parfois quelques pentes plus marquées.

La Via Jacobi, tel un fil d’or parcourant la tapisserie de la nature, se détache lentement de Buochs, glissant sous le giron autoroutier.
Ici, vous prenez congé du miroir azuré du lac des Quatre Cantons, étreinte éphémère mais envoûtante. Une étroite voie se dessine parmi les prairies, s’élevant avec une douceur calculée au-dessus de l’autoroute, tandis que cette dernière file vers les horizons plats de Stans.
Les prés, caressés par une pente douce et bienveillante, s’étirent le long des fermes tel un tapis de velours tissé par la main de la nature. Parmi ces champs fertiles, les arbres fruitiers se dressent fièrement, leurs branches chargées de promesses.

La campagne se déploie à nouveau devant vos yeux, offrant une symphonie de couleurs et de senteurs qui ravivent l’âme, évoquant des fairways de golf célestes.

La route atteint bientôt une sorte de petit plateau.
Bientôt, la route s’élève, contournant Bürg/Ennerberg, tel un pèlerinage silencieux au cœur de la campagne. Là, émerge une réplique de la “Santa Casa di Loretto”, humble hommage à la Vierge Marie, pierre précieuse parmi les édifices sacrés d’Europe. Il existe de nombreuses chapelles de Lorette en Europe, conçues sur le modèle italien et vouées au culte de Marie.

L’itinéraire, tel un serpent de terre, se déroule vers le hameau de Bürg, à portée de marche d’une heure de Stans.

Il grimpe encore, s’élevant sur la crête de Waltersberg, entre les labeurs des fermes, dans une campagne qui exalte les sens, où le parfum enivrant de la campagne se mêle aux bruits des animaux et aux effluves de la terre nourricière.
À l’horizon, tel un mirage, la silhouette de Stans se dessine, jouant à cache-cache avec les collines environnantes.
Sur les pentes verdoyantes, le bétail paît paisiblement, ponctuant le paysage de leurs présences familières. Çà et là, des porcs, semblables à des poètes libres, s’aventurent en quête de liberté.
Plus haut, la route se couronne du sommet de Waltersberg, où trône la modeste chapelle Ste-Anne, nommée aussi Chäppelisitz, humble gardienne de secrets anciens, couverte de souvenirs pieux.

L’itinéraire s’attarde alors, caressant du regard les étendues de Stans depuis sa hauteur, offrant un spectacle panoramique à couper le souffle. Dans cette oasis de sérénité, même les heures semblent danser au rythme tranquille de la nature, offrant un refuge aux voyageurs en quête de paix et de beauté.

Section 6 : Vers Stans, chef-lieu du demi-canton de Nidwald.

 

Aperçu général des difficultés du parcours : parcours sans grande difficulté, si ce n’est la descente initiale.

La Via Jacobi, telle une errante descendant de la colline, s’enfonce avec assurance dans les vallons verdoyants de Hostetten, offrant à ses passants un spectacle bucolique aux teintes vertes.

Elle s’immisce ensuite entre les fermes rustiques où s’épanouit l’élevage porcin, insufflant ainsi une âme plus vivante à ces terres fertiles.
Bientôt, son cours harmonieux est interrompu par la traversée de l’Engelberger Aa, non point un simple cours d’eau, mais une veine vitale descendant majestueusement des sommets.

Depuis la rivière, un chemin de terre s‘en va à plat entre fermes, maisons et campagne vers St Heinrich. On restera toujours étonné de l’ordre qui règne dans les tas de bois devant les maisons dans le pays.
Puis, se substituant à ce chemin terrien, une voie goudronnée prend le relais, juste au moment où la Via Jacobi croise les rails et la chaussée menant à Engelberg, nichée aux pieds du redoutable Titlis, joyau des sports d’hiver en Suisse centrale. Étrange est le fait que le Chemin de Compostelle l’ignore, malgré la présence d’une abbaye bénédictine et des légendes des pistes enneigées.
Par-delà, la route serpente avec grâce jusqu’à St Heinrich, où se dresse humblement la chapelle dédiée à Saint Henri, érigée au cœur du XIXe siècle.

Continuant son périple, elle pénètre bientôt aux portes de Stans, longeant un mur altier qui abrite le monumental et sévère Collège Fidelis, fierté du canton de Nidwald.

Dévalant vers le centre de la bourgade, elle croise près du cimetière le Beinhaus, un ossuaire érigé à la fin du XVe siècle, à la fois lieu de culte et sépulture. Hélas, à notre passage, ses portes demeuraient closes.
Elle arrive alors au centre de Stans (7’900 habitants), près de l’église. De nombreux étrangers vivent ici, dans le chef-lieu du demi-canton de Nidwald. Stans est le siège de Pilatus Aircraft, leader mondial pour les avions turbopropulsés à un seul moteur. Environ 2’000 employés y travaillent.
L’église imposante de Saint-Pierre-et-Paul, édifiée sur les vestiges d’un antique édifice roman, témoigne des siècles écoulés, son clocher gothique embrassant le ciel, tandis que celui du XIIIe siècle, témoignage du temps passé, trône fièrement.
Sur la place centrale, au milieu des statues se dresse le mémorial Winkelried, une sculpture de 1865, créée par Ferdinand Schlöth. Arnold von Winkelried appartient, comme Guillaume Tell, à ces héros légendaires (ou vrais ?) qui ont façonné les débuts de l’histoire suisse. Winkelried aurait permis aux Confédérés de remporter la victoire sur les troupes du duc Léopold III de Habsbourg, lors de la bataille de Sempach en 1386 (celle-là est attestée historiquement). Les Suisses n’arrivaient pas à percer les lignes des fantassins ennemis. Alors, Winkelried, appartenant à une famille aisée de Stans, se serait projeté sur les lances pour ouvrir une brèche après avoir demandé à ses camarades de veiller sur sa femme et ses enfants. Les Suisses se seraient alors introduits dans les lignes ennemies.

 

Aux premières lueurs du XVIIIe siècle, un brasier infernal dévora presque entièrement le village, effaçant la splendeur médiévale de jadis. Mais de ces cendres, naquit un renouveau baroque, illuminant à nouveau les rues de Stans, telle un phénix renaissant de ses braises.
Parmi les trésors architecturaux, le Château de Rosenburg se dresse tel un gardien intemporel, ses origines médiévales sublimées par les restaurations minutieuses, offrant désormais un écrin somptueux à la haute gastronomie, sous l’égide de la Fondation Höfli.
Dans ces ruelles, se nichent des demeures à l’élégance discrète, parées de bardeaux, telles des œuvres figées dans le temps. La maison Winkelried, aujourd’hui musée, témoigne quant à elle du riche patrimoine culturel de la ville, ayant vu passer le grand pédagogue Pestalozzi.
Non loin, près du funiculaire menant au Stanserhorn, le musée de Salzmagazin accueille les amateurs d’arts, tel un sanctuaire dédié à la créativité humaine. 

Logements sur la Via Jacobi

• Hotel Engel, Dorfstrasse 47, Emetten ; 041 620 13 54 ; Hôtel, repas, petit déj.
• Hotel Landgasthaus Schlüssel, Dorfstrasse 49, Emetten ; 041 620 13 56; Hôtel, repas, petit déj.
• B&B Bächli, Buochserstrasse 71, Beckenried ; 041 620 64 68 ; Ch. d’hôte, petit déj.
• Hôtel Rössli, Dorfplatz 1, Beckenried ; 041 624 45 11 ; Hôtel, repas, petit déj.
• Hôtel Seerausch, Buochserstasse, Beckenried ; 041 501 01 31 ; Hôtel****, repas, petit déj.
• Hôtel Boutique Schlüssel, Beckenried ; 041 622 03 33 ; Hôtel****, repas, petit déj.
• Hôtel Nidwaldnerhof, Dorfstrasse 12, Beckenried ; 041 620 52 52 ; Hôtel****, repas, petit déj.
• Camping Buochs, Seeeldstrasse, Buochs ; 041 620 34 74 ; Camping, bungalows
• Famille Rölli-Lussi, Grossbächli, Buochs ; 041 620 31 36/079 655 14 10 ; Ch. d’hôte (paille), petit déj.
• Andreas Waser, Engelbergerstrasse, Buochs ; 041 610 50 27/079 487 25 66 ; Ch. d’hôte (paille), petit déj.
• Hôtel Krone, Dorfplatz 2, Buochs ; 041 624 67 77 ; Hôtel***, repas, petit déj.
• Monika&Peter Waser, Buochserstrasse 50, Stans ; 041 610 81 25/078 809 47 99 ; Ch. d’hôte (paille), petit déj.
• B&B Odermatt, Wanghof, Stans ; 041 610 01 46/079 215 40 93 ; Ch. d’hôte (paille), petit déj.
• B&B Zemp-Koller, Knirigasse 5, Stans ; 041 610 66 43/079 771 27 00 ; Ch. d’hôte, petit déj.
• Stanserhof, Stansstaderstrasse 20, Stans ; 041 619 71 71 ; Hôtel***, repas, petit déj.
• Hôtel Engel, Dorfplatz 1, Stans ; 041 619 10 10 ; Hôtel***, repas, petit déj.

Il n’y a pas de grandes difficultés de trouver un logement sur cette étape. Vous êtes en fin d’étape en ville, avec tous les commerces. Réservez tout de même par sécurité.

N’hésitez pas à ajouter des commentaires. C’est souvent ainsi que l’on monte dans la hiérarchie de Google, et que de plus nombreux pèlerins auront accès au site.
Etape suivante: Etape 7: De Stans à Sachseln
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