07: Stans à Sachseln

Chez le grand St Nicolas de Flüe

 

DIDIER HEUMANN, ANDREAS PAPASAVVAS

 

Nous avons divisé l’itinéraire en plusieurs sections, pour faciliter la visibilité. Pour chaque tronçon, les cartes donnent l’itinéraire, les pentes trouvées sur l’itinéraire et l’état du GR65. Les itinéraires ont été conçus sur la plateforme “Wikilocs”. Aujourd’hui, il n’est plus nécessaire d’avoir des cartes détaillées dans votre poche ou votre sac. Si vous avez un téléphone mobile ou une tablette, vous pouvez facilement suivre l’itinéraire en direct.

Pour ce chemin, voici le lien :

https://fr.wikiloc.com/itineraires-randonnee/de-stans-a-sachseln-par-la-via-jacobi-4-32118185
Ce n’est évidemment pas le cas pour tous les pèlerins d’être à l’aise avec la lecture des GPS et des cheminements sur un portable, et il y a encore de nombreux endroits sans connexion Internet. De ce fait, vous pouvez trouver sur Amazon un livre qui traite de ce parcours. Cliquez sur le titre du livre pour ouvrir Amazon.

Le Chemin de Compostelle en Suisse. Via Jacobi 4: Du Bodensee à Genève

Si vous ne voulez que consulter les logements de l’étape, allez directement au bas de la page.

Aujourd’hui, comme jadis, vous vous apprêtez à emboîter le pas de frère Nicolas, explorant les sentiers qu’il a arpentés autrefois, des chemins sacrés menant du Ranft, où il a vécu en ermite, jusqu’au repos éternel de son tombeau, niché à Sachseln. La renommée de ce sage ermite, sa piété inébranlable, étaient telles que les monarques de l’ancienne Europe convoitaient ardemment ses avis éclairés. En l’an de grâce 1470, le pape Paul II octroya une indulgence au sanctuaire du Ranft, qui se mua rapidement en un lieu de pèlerinage prisé. Malgré son analphabétisme et son retrait du monde, mais grâce à son art subtil de promouvoir la paix, Bruder Klaus demeure l’âme unificatrice de la Confédération helvétique. En cette année 1481, lors de la Diète de Stans, où les cantons ruraux redoutaient l’entrée des cités de Fribourg et de Soleure dans la jeune Confédération suisse, il rédigea un document, aujourd’hui disparu, établissant les fondements d’un compromis salutaire préservant la paix. Béatifié en l’an de grâce 1669, la commune de Sachseln érigea en son honneur une église où il repose désormais. Ce n’est qu’en cette année providentielle de 1947 que le pape Pie XII éleva l’ermite au rang des saints. Depuis lors, Nicolas de Flüe est honoré comme le saint patron universel de la paix, tout autant que le saint protecteur de la Garde Suisse Pontificale au sein des murs sacrés du Vatican. Lorsque vous foulerez pour la première fois le sol béni du Ranft, vous serez saisi par l’effusion de dévotion et le charme indicible qui imprègne ce havre de paix et de béatitude, véritable joyau niché au creux de la vallée.

Difficulté du parcours : Les altitudes à gravir (+623 mètres/-611 mètres) sont assez conséquentes, équilibrant savamment les ascensions et les descentes. Il s’agit là d’une étape non point trop ardue, mais modérément exigeante, à travers les contreforts montagneux de la Suisse centrale. Toutefois, quelques pentes abruptes, dépassant parfois les 15%, ponctueront votre journée, surtout aux premières lueurs du jour, puis dans la vallée du Ranft, et à la conclusion de votre périple. Ce trajet s’étire entre les demi-cantons de Nidwald et d’Obwald, composant le canton d’Unterwald. Les premières portions du parcours se dessinent en douces ondulations, jusqu’à rejoindre la vallée escarpée où serpente la Grosse Melchaa, à proximité du Ranft et de Flüeli. Par la suite, la route amorcera une descente, d’abord légère puis plus abrupte, vous menant vers Sachseln, au bord des eaux calmes du lac de Sarnen.

État de la Via Jacobi : Le profil de cette étape révèle une prédominance des chemins par rapport aux tracés routiers:

  • Goudron : 8.5 km
  • Chemins : 11.0 km

Parfois, pour des raisons de logistique ou de possibilités de logement, ces étapes mélangent des parcours opérés des jours différents, ayant passé plusieurs fois sur sur ces parcours. Dès lors, les ciels, la pluie, ou les saisons peuvent varier. Mais, généralement ce n’est pas le cas, et en fait cela ne change rien à la description du parcours.

Il est très difficile de spécifier avec certitude les pentes des itinéraires, quel que soit le système que vous utilisez. Reportez-vous à l’introduction pour la manière de le faire.

Pour les “vrais dénivelés ”et pour les passionnés de véritables défis altimétriques, consultez attentivement les informations sur le kilométrage au début du guide.

Nous avons divisé l’itinéraire en plusieurs sections pour faciliter la visibilité. Pour chaque section, les cartes donnent l’itinéraire, les pentes rencontrées sur l’itinéraire et l’état de la Via Jacobi.

Section 1: Sur les pentes du Stanserhorn.

 

Aperçu général des difficultés du parcours : parcours ondulé, avec de très nombreuses portions fort en pente. On monte de près de 200 mètres, et on en descend une centaine sur 4 kilomètres.

Nous sommes en septembre, un mois qui s’étire avec une douceur enchanteresse, caressant les esprits des enfants en escapade scolaire quelque part vers le majestueux Stanserhorn, qui s’élève au-dessus de la pittoresque localité de Stans. Il semble que dans cette partie exquise de la Suisse, les écoles se plaisent à se fondre dans la nature, offrant à leurs élèves des leçons au cœur même des paysages enchanteurs.
La Via Jacobi débute son périple derrière l’imposante silhouette de l’église, s’élançant tel un cours d’eau impétueux sur une ruelle abrupte, un sentier pavé de spiritualité.
Son chemin la conduit rapidement vers la modeste chapelle de Knirri, perchée en bordure de la route. Cette chapelle, dédiée à Maria zum Schnee, évoque une légende ancienne, celle d’une avalanche furieuse qui, dans un élan capricieux, aurait épargné ce coin de terre, laissant intact ce havre de paix.
À l’horizon, au-delà de Stans, se profile timidement une parcelle du majestueux Lac des Quatre Cantons, bordé par les charmants villages d’Hergiswil et de Stansstad, appartenant au canton de Nidwald, tandis que plus loin, émerge Horw, à proximité de Lucerne.

Pour les fervents géographes, une carte dévoile la complexité de ce lac extraordinaire, captif de plusieurs cantons, telle une merveille naturelle ensorcelante.

La route croise alors le chemin de fer, où s’agrippe un modeste train en direction du Stanserhorn, une ascension vers les cieux à bord d’un bijou d’ingénierie antique.

C’est là, dans ce paysage digne d’une carte postale, que s’érigent fièrement les sommets, que les trains gravissent avec ardeur, offrant aux voyageurs une étreinte majestueuse avec les cieux. Face à vous, le Stanserhorn se dresse, défiant le temps et l’espace. Le petit train de bois, timide, n’ose point escalader les cieux jusqu’au sommet. Un téléphérique, telle une main tendue vers l’infini, prend le relais plus haut, promettant aux âmes intrépides une vue à couper le souffle, au vu du flux incessant de touristes qui, tels des pèlerins modernes, embarquent à Stans dès l’aube.

La route serpente à présent à travers les pâturages, s’élevant avec une délicatesse infinie, comme pour mieux embrasser les cieux. Parfois, une demeure majestueuse se découvre au détour du chemin, témoignant du mariage harmonieux entre l’homme et la nature.

Soudain, la route s’incline, se laissant emporter vers le lieudit Christenmatt, oû on vous annonce le Ranft, à cinq heures de marche.

Par endroits, les pentes s’exacerbent légèrement, évinçant tout vestige de civilisation. Ici, point de villages, ni même de hameaux, juste quelques fermes solitaires, nichées au creux des prairies verdoyantes, berçant leurs secrets au rythme des saisons. Depuis ce modeste hameau, la route se poursuit obstinément, s’élevant avec une grâce infinie au milieu des frondaisons et des coteaux ondoyants…
… avant de s’abandonner à un sentier plus étroit, s’enfonçant telle une flèche dans le cœur de la forêt, puis se perdant parmi les vallons verdoyants.

À votre droite s’étend le Pilate, ce géant de pierre qui domine Lucerne de sa majesté altière, tandis que de l’autre côté du lac, trône le Rigi, tel un gardien impassible des eaux scintillantes. Bien que vtre chemin ne se fonde point dans leurs mystères, un train à crémaillère, défiant les lois de la gravité, escalade les pentes du Pilate avec une audace insoupçonnée, offrant aux voyageurs une danse vertigineuse avec les hauteurs. C’est un haut lieu où se pressent en cohortes les touristes de Lucerne.

Le chemin sinue à présent à travers les prairies, où le bétail règne en maître, symbole vivant de la symbiose entre l’homme et la nature. Des fermes modestes émergent çà et là, tels des joyaux disséminés sur le manteau verdoyant, tandis que le lac scintille en contrebas, miroir éclatant reflétant la grandeur locale.
Dans cette vaste étendue, où la terre se fond avec le ciel, les enfants, semblables à des nymphes insouciantes, gambadent joyeusement, leurs rires résonnant comme une symphonie céleste. Une harmonie magique émane de cette communion avec la nature, réveillant les âmes endormies.
Puis, telle une muse inspirante, la Via Jacobi se fond dans un large sentier de terre, égrenant ses secrets, tel un poète déclamant ses vers à l’ombre des grands chênes.
Plus loin, elle survole majestueusement les fermes de Murmatt, embrassant du regard les vallées endormies, avant de s’engouffrer sur une route asphaltée, telle une danseuse gracile se mouvant avec élégance à travers les collines.
La route, tel un serpent sinueux, se hisse encore plus haut dans les contrées sauvages, caressant du regard les sombres falaises qui veillent jalousement sur les secrets du Stanserhorn.

Plus avant, un sentier se dévoile, s’enfonçant avec délice dans les méandres des prairies, annonçant une transformation imminente du paysage.

Vous voici désormais au Brunnisboden, où un sentier tortueux se profile, évoquant une danse chaotique entre les bosquets et les clairières, une symphonie discordante où chaque pas résonne comme un murmure dans le silence de la forêt. Ici, le sous-bois, bien loin de l’éclat envoûtant des prairies, se perd dans l’anonymat, étouffé par la monotonie des buissons, des arbustes chétifs et des herbes folles, tandis que le soleil, timide, peine à percer l’épaisseur des frondaisons.
L’envie vous tenaille, impérieuse, de fuir ces ténèbres végétales sans âme, de retrouver la clarté bienfaisante des cieux ouverts.

Section 2 : Entre les demi-cantons d’Unterwald.

 

Aperçu général des difficultés du parcours : parcours ondulé, peu exigeant, avec descente dans la plaine, puis remontée de l’autre côté sur les collines.

Il était devenu habituel jusqu’à présent de s’immerger dans des paysages souvent empreints de magie le long des sentiers suisses. Cependant, voici que nous sommes confrontés à une désillusion. Cette réalité n’est pas exclusive à ce chemin de Compostelle, car le pèlerin n’est pas en droit d’espérer l’extraordinaire à chaque instant ; son passage est éphémère. Ainsi, le modeste sentier serpentant à travers le sous-bois cède la place à une large voie de terre s’étirant longuement sous la canopée. Dans ce décor, la beauté de la forêt et la lumière se font absentes.
Plus loin, se dessine une vaste plaine où s’étire une large route, telle une voie forestière, accompagnant la lisière des bois.
Après un sous-bois interminable, le chemin aboutit à Halten, semblant se fondre dans une modeste zone industrielle peu développée.
Une étroite route traverse alors ce paysage industriel avant de rejoindre la route cantonale.
La Via Jacobi suit alors cette route en direction de St Jakob. À partir de cet instant, votre moral connaît une lente résurgence. Le décor redevient plus agréable.
Plus loin, le chemin traverse St Jakob, un hameau faisant partie de la commune d’Ennetmoos, regroupant divers hameaux de la région abritant près de 2’000 âmes. Vous vous trouvez ici à la limite du demi-canton de Nidwald. Peu après avoir franchi le Melbach, vous entrerez dans le demi-canton d’Obwald. Au village, il est possible de se restaurer ou de trouver un hébergement. À la sortie, vous traversez le Rübibach.
Un chemin de terre suit alors brièvement le cours d’un ruisseau avant de s’enfoncer dans le sous-bois, où de majestueux hêtres montent la garde le long du chemin.
Plus loin, émergeant des prairies, se dressent d’imposants blocs de granit, annonçant l’arrivée à la belle et spacieuse ferme d’Infängi, tout de bois sombre construite.

Peu après, le chemin s’enfonce de nouveau dans un sous-bois pour franchir le Mehlbach. Cette rivière ne doit être alimentée qu’en période de crue, évoquant des vestiges de moraines glaciaires, typiques de la Suisse centrale. Vous en verrez maints exemples au-dessus du lac de Brienz dans deux jours.

Un canyon, ne semble-t-il pas être une frontière naturelle et rêvée pour séparer deux cantons ? On aurait presque pu y ériger une barrière anti-char pour matérialiser la séparation entre les deux demi-cantons. Car c’est seulement au début de ce siècle que les querelles se sont apaisées ici. En réalité, Unterwald, l’un des trois cantons fondateurs de la Confédération helvétique, n’a jamais été une entité juridique unifiée. Dès ses origines, il se divisait en deux régions : Unterwalden ob dem Wald (au-dessus de la forêt) et Unterwalden nid dem Wald (en-dessous de la forêt). Mais quelle forêt ? Il s’agit en fait du Kernwald, une vaste étendue de hêtres près de Kerns, lieu de naissance de Nicolas de Flüe. Tout cela est le fruit d’une vieille histoire de répartition des terres entre paysans et puissants clergés. En parcourant ce lieu, il est difficile de déterminer si l’on chemine au-dessus ou en-dessous de la forêt.

 Depuis toujours, les voix des deux cantons étaient agrégées comme des demi-voix à la Diète fédérale. Ce n’est qu’avec la Constitution fédérale de 1999 que la notion de demi-canton fut abandonnée, conférant à Obwald et Nidwald le statut de cantons à part entière. Pourtant, lors des consultations soumises au vote des cantons, chacun compte toujours pour une demi-voix. Pourquoi ? On vous dira que c’est une question historique. Ah, la belle Suisse ! Il est dit aujourd’hui que les querelles sont désormais derrière nous et que la coopération s’établit. Nous ne pouvons que nous en réjouir.

Une petite route s’alterne alors entre campagne et sous-bois. Il semblerait que nous nous aventurions dans les hêtres du Kernwald.

Section 3 : Par monts et par vaux dans la campagne d’Oberwald.

 

Aperçu général des difficultés du parcours : en montée quasi constante, mais pentes raisonnables.

Une étroite route serpente plus loin parmi les prés verdoyants et les bois touffus, virevoltant gracieusement. Les amoncellements de foin adoptent des contours semblables à des poires, protégés par des auvents de branchages contre les caprices de la pluie. Cette ingéniosité, nous ne l’avons point observée ailleurs dans nos pérégrinations.

Au-dessus de vos têtes, trône majestueusement le Stanserhorn, tel un gardien bienveillant des terres alentour.

Peu après, la route émerge des bois, dévoilant au loin le clocher imposant de Kerns, le principal bourg de cette contrée, berceau du vénérable Nicolas de Flüe.
Plus avant, la route flâne auprès de la modeste chapelle de Maichäppli, en bordure de la route.
La Via Jacobi s’oriente ensuite vers l’expansif village de Wisserlen, niché au cœur de domaines agricoles.

Ici, un hommage vibrant est rendu à la Braunvieh, vache qui mérite pleinement cette reconnaissance.

Avant d’atteindre le centre du village, la Via Jacobi opère un virage, s’élevant au-dessus du village où se mêlent harmonieusement architectures contemporaines et anciennes demeures de bois.
La pente s’accentue progressivement, le goudron cédant bientôt la place à la terre battue, aux abords du hameau de Lätten.
Plus haut, le sentier se rétrécit pour franchir le paisible ruisseau de Chemattbach, serpentant à travers hêtres et châtaigniers centenaires.
Et voici à nouveau cette étendue verte si caractéristique des prairies suisses, un chemin ondulant sagement sur les douces collines, parsemées çà et là de fermes en bois.
Puis, surgit plus haut, la route asphaltée, où Nicolas de Flüe semble vous adresser un salut bienveillant depuis le bord de la route.
À peine plus haut, au lieu-dit Lauibach, une halte accueillante, richement pourvue, s’offre aux pèlerins. Il est à noter qu’il n’y a guère d’affluence sur le Chemin de Compostelle en Suisse, un itinéraire fréquenté par des voyageurs venus d’Allemagne, d’Autriche, d’Europe de l’Est, et bien sûr, par des Suisses alémaniques.
Là, la petite voie franchit le Rüfibach, dont les eaux s’écoulent doucement sur les galets.
La Via Jacobi rejoint ensuite la route de St Antoni, à proximité d’un charmant lieu de pique-nique, niché entre hêtres et érables.

Elle longe la pittoresque chapelle baroque du XVIIe siècle de St Antoni, récemment restaurée, puis suit la route bordant le Foribach. Dans cette contrée, les maisons anciennes arborent rarement le bardeau typique de la Suisse orientale ; le bois sombre et majestueux semble être la marque de fabrique de ces demeures d’une beauté incomparable
A la sortie du village de St Antoni un petit chemin s’en va en montée dans les prés.
Au sommet de la montée, le chemin s’étire le long d’une crête spectaculaire, offrant une vue imprenable sur la chaîne montagneuse. Parmi ces sommets, certains culminent à près de 3’000 mètres, entre les Alpes uranaises et les Alpes bernoises, tandis que plus bas se dévoile le bourg imposant de Kerns.
La nature se déploie une fois de plus dans toute sa splendeur. Plus bas, le lac de Sarnen étincelle, tandis que Sarnen, chef-lieu du demi-canton d’Obwald, se dessine au bout de ses rives.
Peu après, le chemin atteint le lieu-dit Schärpfli.
La Via Jacobi emprunte ensuite un court tronçon goudronné près d’Unteregg.

Section 4 : En route pour l’ermitage du bon saint Nicolas de Flüe.

 

Aperçu général des difficultés du parcours : parcours casse-pattes, surtout dans le vallon du Ranft, avec des pentes très raides.

La Via Jacobi s’étend gracieusement à travers les rares fermes d’Unterregg, offrant une toile vivante de la vie campagnarde. L’atmosphère paisible qui s’en dégage évoque un sentiment d’ancrage profond dans la tradition et le travail de la terre.
Peu après, elle s’enfonce de nouveau dans les prés, s’enveloppant dans les teintes verdoyantes de la nature environnante. Là, elle se fond harmonieusement dans le paysage, tel un ruban d’émeraude déroulé par les mains bienveillantes de la nature.
Au détour du petit plateau, le chemin se déroule avec une élégance naturelle à travers les prairies vallonnées. Le spectacle offert par le lac de Sarnen en contrebas émerveille les âmes vagabondes, offrant une vision à la fois majestueuse et apaisante, telle une toile de maître qui prend vie sous le pinceau de la nature.

Lorsque votre regard se tourne vers l’arrière, le Stanserhorn, tel un géant endormi, veille silencieusement sur les terres lointaines de Stans. Son profil imposant se découpe avec grâce sur l’horizon, tel un gardien vigilant protégeant les secrets de la montagne.

Peu après, votre chemin croise un modeste ruisseau à l’entrée de Béthanie, un lieu chargé d’histoire et de spiritualité. Là, niché au creux des collines, se dresse un couvent de sœurs dominicaines, témoin d’une foi intemporelle et d’un dévouement sans bornes. C’est ici, dans ce havre de paix, que résonnent les échos d’une vie consacrée à Dieu et au service des autres. À cet endroit béni, l’hospitalité et la restauration sont offertes aux pèlerins trouvant refuge sous l’égide d’une bienveillante Providence.

Peu après, la route conduit ses voyageurs vers le village pittoresque de St. Niklausen, où l’histoire se mêle harmonieusement au paysage alpin environnant. Chaque pas résonne comme une symphonie des temps anciens, où les murmures du passé se mêlent aux chants des montagnes.
Mais attention, voyageur égaré, car les signes sur le chemin sont aussi capricieux que les étoiles dans le ciel. Il faut alors lever les yeux vers la chapelle perchée au sommet, symbole de foi et de dévotion. Là-haut, entre ciel et terre, se dessine le destin de ceux qui osent gravir les pentes escarpées de la spiritualité. En montant vers la chapelle, la silhouette imposante du Grand Hôtel de Flüeli se profile à l’horizon, semblable à un gros bonbon niché dans l’écrin de la vallée.
Le site de la chapelle de St Niklausen est magnifique. La chapelle, dédiée à St Nicolas de Myre, a été construite vers 1350. Elle n’a donc aucun lien avec le Nicolas local, Nicolas de Flüe. Elle contient des peintures murales gothiques dans le chœur, couvertes d’un enduit à plusieurs reprises et récemment dégagées. On rénova la chapelle au XVIIème siècle, lui donnant une touche nettement baroque, avant de la restaurer encore à la fin du siècle dernier.

On l’a dit, les directions ici sont mal indiquées et prêtent à confusion. On va vous aider. Vous devez arriver en dessous près d’une petite croix au bord de la route. Pour ce faire, il faut descendre le petit chemin raide dans le sous-bois ou alors dans les prés.

Quand vous arriverez près de la croix, vous retrouvez par magie et par bonheur le signalement de la Via Jacobi 4. Ouf !
Depuis la croix, un petit chemin descend vers un sous-bois puis dans les prés dans un vallon encaissé.  Les pentes sont raides dans le vallon, souvent à plus de 25%.

Le chemin se métamorphose en une symphonie de vert et de bleu, descendant avec grâce vers les vallons enchanteurs. Là, entre ombre et lumière, se joue le ballet éternel de la nature, une danse envoûtante où chaque geste raconte une histoire.

Et au cœur de ce vallon enchanté, l’esprit de Frère Nicolas veille en silence, tissant les fils invisibles du passé et du présent. Chaque souffle de vent, chaque bruissement d’herbes raconte son histoire, une légende intemporelle gravée dans les mémoires de la terre.
La chapelle de St Ulrich, tel un joyau oublié du temps, se dresse fièrement au creux de la vallée, gardienne des secrets de l’histoire. Selon la légende, la chapelle romane du XIIème siècle aurait été érigée là où St Ulrich aurait fait jaillir une source pour étancher sa soif. Les fresques représentant l’Ancien Testament et le Jugement Dernier sont délavées, mais remarquables.
Un sentier escarpé, tracé avec une minutie d’artiste, nous invite à plonger au cœur de la vallée, là où les murmures de la Grosse Melchaa résonnent comme un appel à l’aventure. Chaque pas résonne comme un défi lancé à la nature sauvage, chaque instant révèle la beauté brute de l’existence.

Et au détour du sentier, surgit majestueuse la Grosse Melchaa, une rivière impétueuse aux reflets d’argent. Ses eaux tumultueuses murmurent les secrets de la montagne, témoins silencieux de la grandeur de la nature.

Section 5 : Nicolas de Flüe, de la vie à la mort.

 

Aperçu général des difficultés du parcours : parcours exigeant au fond du vallon du Ranft, une pause à Flüeli, avant de trouver la descente sur Sachseln, avec parfois aussi de rudes pentes, surtout vers la fin.

Nicolas de Flüe vit le jour en l’an de grâce 1417, à Kerns, s’élevant par la suite au rang de paysan, érigeant sa demeure à Flüeli où, unissant sa destinée à celle d’une épouse, il engendra cinq fils et autant de filles. Ses responsabilités grandirent alors qu’il se distinguait comme membre éminent du conseil municipal et juge, animé d’une remarquable aptitude à concilier les différends. Bien que ses liens familiaux fussent forts, l’ardent désir d’abdiquer toute possession terrestre germa en lui, longtemps nourri d’incertitudes. Finalement, son épouse, consentant à son départ, le laissa partir. Revêtu de l’habit du pèlerin, en l’année 1467, Nicolas prit congé de sa demeure, de ses terres et des siens. Son intention première de partir outre-mer s’effaça devant une nouvelle résolution : s’établir sur ses propres terres, aux confins d’un ravin profond, non loin de son foyer. Dans le dénuement le plus total, affrontant la rigueur de l’hiver sans nourriture ni breuvage, il s’y enracina. L’année suivante, les autochtones lui érigèrent humble demeure et chapelle, transformant ainsi le paysan Nicolas de Flüe en Frère Klaus, ermite émérite. Il embrassa alors la vie de Frère Nicolas, se vouant selon la tradition à la privation de nourriture et de boisson, témoignage corroboré par les gardiens du Vatican, ayant mené enquête sur les faits. En l’an 1481, éclata un conflit entre les cantons urbains et ruraux, concernant l’intégration de Fribourg et de Soleure à la Confédération naissante. Les sagaces conseils de Nicolas furent alors salutaires pour préserver la paix au sein de la Confédération helvétique, lors de la diète de Stans. Pour une fois, l’épopée de Nicolas s’ancre dans les annales historiques, en contraste avec les légendes entourant peut-être la genèse de la Suisse, telle celle du Grütli. Béatifié en l’an 1649, Nicolas de Flüe demeure un exemple de vertu et de sagesse.

Aussitôt franchi le cours impétueux de la Grosse Melchaa, le sentier conduit à la chapelle inférieure, baptisée Untere Ranftkapelle, édifice gothique édifié en l’an 1501. Les murs intérieurs, ornés de fresques du XVIe siècle, confèrent à ce lieu une aura quasi divine, empreinte de religiosité profonde.

L’ermitage proprement dit est à deux pas, au-dessus d’un chalet où on vend des souvenirs.

Une autre chapelle se découvre à l’horizon, nommée Obere Ranftkapelle, surplombant la cellule où résidait l’ermite. Reconstruite à la fin du XVIIe siècle, cette chapelle renferme en ses murs un cycle de tableaux dépeignant la vie de Frère Nicolas. Quant à la maison d’habitation, elle conserve en grande partie son authenticité, bien que le coussin de pierre, objet de vénération, soit parfois remplacé, dérobé par les admirateurs du saint.
Un étroit chemin goudronné et aménagé remonte du Ranft dans les prés vers le plateau de Flüeli. Les visiteurs des lieux ici souvent s’égrènent sur la dure pente.

Pour les visiteurs, une indication du temps de marche est proposée, non pas à l’ascension mais à la descente.

Flüeli dévoile avec élégance un édifice qui évoque les contes de fées, évoquant le charme ensorcelant du château de la Belle au Bois dormant. Attirant une pléiade de visiteurs helvètes et étrangers vers le Ranft, ce lieu béni s’érige en majesté, l’église trônant sur son promontoire, surplombant le village avec une aura quasi divine. 
Les visiteurs affluent également pour contempler la demeure qui fut jadis le domaine de Nicolas, bien que son origine séculaire semble presque improbable. Jadis propriété incontestée de la lignée Flüe, cette bâtisse s’est muée en un sanctuaire culturel, minutieusement restauré en 1946, où réside l’âme du passé, imprégnant chaque recoin de ses murs de l’histoire immuable de la région. Le visiteur y plonge dans une époque révolue, où le mobilier, la vaisselle, même le bois qui craque sous chaque pas, racontent un récit intemporel.
Sous le regard bienveillant de l’église, la Via Jacobi se fraye un chemin hors de Flüeli.

Son parcours croise une demeure d’une élégance saisissante, frappant le promeneur par sa beauté et sa quiétude intemporelle, drapée sous l’écorce brûlée du bois. Elle est une réplique fraternelle de celle de Nicolas.

Dans son périple, elle traverse un bosquet, amorçant ainsi sa descente vers Sachseln, comme une danse lente orchestrée par la nature elle-même.
La pente s’accentue progressivement, précipitant le voyageur entre herbes folles et terre battue, le long des fermes endormies, tel un voyage au cœur des âges.
Plus bas, à l’endroit baptisé Ingang, Sachseln se dévoile, promettant une demi-heure de marche encore à ceux qui aspirent à ses rives accueillantes.
La déclivité s’accentue alors que le sentier se faufile entre les hêtres, les châtaigniers et les érables, menant à la découverte de Sachseln, paisiblement installée au bord du lac de Sarnen.
Ici, la nature déploie sa splendeur avec une générosité digne des plus belles pages illustrées, respirant la pureté et l’authenticité.
Alors que le chemin se rapproche des fermes isolées d’Endi, la pente se fait plus abrupte, et le chemin change de direction.
Le chemin déambule ensuite gracieusement entre champs et sous-bois, jusqu’à rejoindre une petite route au-dessus de Sachseln. 
Longeant des demeures anciennes restaurées avec soin, qui semblent s’épanouir comme des résidences secondaires, il est aisé d’imaginer la douceur de la vie en ces lieux.
Du haut de ce promontoire, Sachseln se dévoile sereinement, tandis que Sarnen, capitale du demi-canton d’Obwald, se devine au loin, à l’extrémité du lac.
Peu après, la Via Jacobi quitte le bitume pour s’enfoncer dans un sous-bois mystérieux, comme une nymphe s’évanouissant dans les ombres de la forêt, invitant le marcheur à suivre ses méandres secrets.
Un sentier escarpé dévale la pente abrupte jusqu’aux portes de Sachseln, ponctué çà et là de marches pour faciliter la descente.

Sur les hauteurs du bourg, d’antiques demeures se dressent, arborant fièrement leurs façades ornées de bardeaux. La rude inclinaison du terrain persiste jusqu’au cœur du bourg, où réside une communauté de quelque 4’850 âmes.
Pour appréhender pleinement le contexte local, un retour historique s’impose. L’église paroissiale dédiée à Saint-Théodule, joue un double rôle en tant que lieu de culte ordinaire et lieu de pèlerinage dédié à Nicolas de Flüe. Cet édifice est catégorisé comme un trésor culturel d’une importance capitale pour la nation. Son édification originelle remonte au XIIIe siècle. Frère Klaus, figure éminente, fut inhumé en ces lieux le 21 mars 1487, une pratique des plus singulières pour un homme profane de la campagne.

La canonisation du saint au milieu du XVIIe siècle engendra un afflux continu de pèlerins vers Sachseln. Face à cette montée en puissance, la modeste église se révéla trop exiguë, incitant ainsi à la construction d’un nouvel édifice sacré. Les habitants locaux s’impliquèrent activement, tant par leur labeur que par leurs contributions fiscales, dans la réalisation de cette nouvelle église. La première pierre fut posée en 1672, tandis que les deux églises furent exploitées simultanément, disposées à angle droit. Cette disposition permettait le maintien des célébrations religieuses dans l’ancienne église durant l’édification du nouveau sanctuaire. En 1679, la nef fut complétée, et le cercueil en chêne contenant les restes de Frère Klaus fut transféré dans la nouvelle structure. Parallèlement, la démolition de l’ancienne église débuta, à l’exception de la Marienkapelle, préservant ainsi l’environnement initial de la tombe du saint. Vers 1703, un ossuaire fut érigé sur ce site, tandis qu’en 1878, les deux édifices fusionnèrent pour former la chapelle funéraire actuelle. La construction de l’église dans son ensemble s’étala sur une période de 12 ans, de 1672 à 1684. Les modifications ultérieures furent mineures, excepté le déplacement de la tombe de Frère Klaus vers le maître-autel en 1976, celle-ci étant désormais visible à travers une vitre, surmontée d’une statue conçue par un orfèvre local en 1934. Les reliques du saint reposent quant à elles dans un réceptacle en acier chromé.

Ainsi, la tour datant du XIIIe siècle, surmontée d’une coupole baroque ajoutée au XVIIe siècle, demeure la pièce maîtresse de la Chapelle mortuaire. Malgré les péripéties ayant marqué le périple des ossements du saint, leur présence demeure, bien que dans un état délabré, perceptible dans la chapelle mortuaire (Grabkapelle).

L’église de Sachseln, avec ses marbres foncés et noirs est un très bel édifice baroque.

Depuis 1610, la bure portée par l’ermite est conservée dans l’église paroissiale. Son authenticité est avérée. En 1975, la bure très abîmée a été restaurée au Musée National de Zurich. Les ossements sont sous l’autel.

De ravissantes demeures à colombages bordent la place adjacente à l’église, abritant également un musée dédié au saint. Si l’envie vous prend de prolonger votre séjour, la possibilité vous est offerte ici-même, bien que pour une expérience plus raffinée, une escapade jusqu’à Zollhaus, à cinq kilomètres de là, vous réserve une auberge d’exception.

Logements sur la Via Jacobi

• B&B Wallimann-Sasaki, Rohrmatte 6, St Jakob ; 041 610 99 65/079 337 99 65 ; Ch. d’hôte, repas, petit déj.
• Werner & Béatrice Barmettler, Oberhofstatt, St Jakob ; 041 610 99 65 ; Ch. d’hôte, repas, petit déj.
• Kloster Béthanie, Bethanienstrasse, St Niklausen ; 041 666 02 00 ; Ch. d’hôte, repas, petit déj.
• Jugendunterkunft, Dossen 2, Flüeli ; 041 660 85 50 : Auberge jeunesse, cuisine
• Marianne Von Ah, Chilweg 24, Flüeli ; 041 660 69 41 ; Ch. d’hôte, petit déj.
• Hôtel PaxMontana, Dossen 1, Flüeli ; 041 662 24 00 ; Hôtel***, repas, petit déj.
• Hôtel Klausenhof, Melchtalerstrasse 25, Flüeli ; 041 666 37 77 ; Hôtel***, repas, petit déj.
• Hotel FlüeMatte , Flüeli ; 041 660 12 84 ; Hôtel***, repas, petit déj.
• B&B Geisser & Joller, Hansenmatti 3, Sachseln ; 041 610 74 06/079 278 98 74 ; Ch. d’hôte, petit déj.
• Franziska Santana, Seestrasse 24, Sachseln ; 041 660 45 09 ; Ch. d’hôte, petit déj.
• Vreni Baumgartner, Hansenmatti 4, Sachseln ; 079 235 84 13 ; Ch. d’hôte, petit déj.
• Gasthaus Engel, Brünigstrasse 100, Sachseln ; 041 660 36 46 ; Hôtel, repas, petit déj.
• Gasthaus Löwen, Brünigstrasse 109, Sachseln ; 041 660 14 48 ; Hôtel, repas, petit déj.
• Hôtel Restaurant Bahnhof, Bahnhofstrasse 15, Sachseln ; 041 660 14 08 ; Hôtel, repas, petit déj.
• Hôtel Kreuz, Bruder Klausenweg 1, Sachseln ; 041 660 53 00 ; Hôtel**** repas, petit déj.

Il n’y a pas de grandes difficultés de trouver un logement sur cette étape. Vous êtes en fin d’étape en ville, avec tous les commerces. Réservez tout de même par sécurité.

N’hésitez pas à ajouter des commentaires. C’est souvent ainsi que l’on monte dans la hiérarchie de Google, et que de plus nombreux pèlerins auront accès au site.

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