Encore un joyau du Moyen-âge
Après avoir traversé les vestiges de la civilisation romaine, faisons un bond de plusieurs siècles et arrêtons-nous devant l’imposante cathédrale de Payerne, témoin d’un autre temps. Peu avant l’an mille, la vie religieuse de la région s’épanouit sous l’impulsion de la famille royale de Bourgogne. Grâce à leur soutien, la communauté payernoise se retrouva rattachée au prestigieux monastère bénédictin de Cluny, en France, un centre spirituel et culturel majeur de l’époque. C’est au cœur du Xème siècle qu’une majestueuse église romane vit le jour sur ces terres. Ses pierres, taillées avec soin, se dressèrent en un monument de dévotion, auquel chaque siècle ajouta sa touche, une pierre, une chapelle, un clocher. L’église fut ainsi embellie, transformée, refaite, au fil des siècles, reflétant les changements d’époque et de style. Mais en 1536, la Réforme souffla sur Payerne, et le monastère fut contraint de fermer ses portes. Ce fut le début d’une longue période de transition durant laquelle l’Abbatiale servit à des usages civils, bien éloignés de sa vocation originelle. Ce n’est qu’à la fin du XIXème siècle que le regard sur ce monument changea, redécouvrant sa grandeur passée. Classée monument historique en 1900, elle fut restaurée avec soin au XXème et au XXIème siècle, la dernière restauration datant de quelques années à peine. Aujourd’hui, elle est considérée comme l’un des joyaux de l’art roman en Europe, portant en elle des siècles d’histoire et de mémoire.
Comme mentionné plus tôt, le parcours depuis Morat, bien que non officiellement répertorié comme un chemin de la Via Jacobi, est balisé et vous ne risquerez pas de vous égarer. Les Amis de Compostelle ont également élaboré un itinéraire spécifique à cette région, car aucune Via Jacobi officielle ne passe ici. Jusqu’à Pra Graud, sur les hauteurs de Domdidier, le parcours ne pose aucun souci. Cependant, au-delà, une variante est proposée, suivant principalement la route, hélas mal signalée, pour ne pas dire plus. Plutôt que de nous aventurer sur ce sentier incertain, nous avons préféré emprunter un itinéraire plus pittoresque, traversant une forêt enchanteresse. Certes, il faut parcourir un bout de route pour y parvenir, mais une fois dans ce havre de verdure, le chemin se transforme en une véritable échappée belle. Ce sentier boisé, aux mille teintes de vert, vous mène à travers des clairières tranquilles et des sous-bois mystérieux. Et un peu avant Belmont, vous retrouverez le tracé initial des Amis de Compostelle, pour poursuivre votre périple.
Nous continuerons donc de nommer Voie des 3 Lacs, le parcours qui va jusqu’à Moudon.
Nous avons divisé l’itinéraire en plusieurs sections, pour faciliter la visibilité. Pour chaque tronçon, les cartes donnent l’itinéraire, les pentes trouvées sur l’itinéraire et l’état du GR65. Les itinéraires ont été conçus sur la plateforme “Wikilocs”. Aujourd’hui, il n’est plus nécessaire d’avoir des cartes détaillées dans votre poche ou votre sac. Si vous avez un téléphone mobile ou une tablette, vous pouvez facilement suivre l’itinéraire en direct.
Pour ce chemin, voici le lien :
https://fr.wikiloc.com/itineraires-randonnee/de-avenches-a-payerne-par-oleyyres-et-belmont-99883019
Difficulté du parcours : Les dénivelés aujourd’hui (+237 mètres/-246 mètres) sont faibles. La difficulté particulière à signaler est la montée par Oleyres vers la forêt.
État de la Voie des 3 Lacs : Aujourd’hui encore, le goudron a la primeur :
- Goudron : 9.0 km
- Chemins : 6.4 km
Ce n’est évidemment pas le cas pour tous les pèlerins d’être à l’aise avec la lecture des GPS et des cheminements sur un portable, et il y a encore de nombreux endroits sans connexion Internet. De ce fait, vous trouvez sur Amazon un livre qui traite de ce parcours.
Si vous ne voulez que consulter les logements de l’étape, allez directement au bas de la page.
Parfois, pour des raisons de logistique ou de possibilités de logement, ces étapes mélangent des parcours opérés des jours différents, ayant passé plusieurs fois sur sur ces parcours. Dès lors, les ciels, la pluie, ou les saisons peuvent varier. Mais, généralement ce n’est pas le cas, et en fait cela ne change rien à la description du parcours.
Il est très difficile de spécifier avec certitude les pentes des itinéraires, quel que soit le système que vous utilisez.
Pour les “vrais dénivelés ”et pour les passionnés de véritables défis altimétriques, consultez attentivement les informations sur le kilométrage au début du guide.
Section 1 : Dans les collines d’Avenches
Aperçu général des difficultés du parcours : parcours sans grande difficulté.
Vous partez aujourd’hui du cœur historique d’Avenches, où l’église se dresse fièrement, non loin des arènes antiques qui rappellent un passé glorieux. Ce lieu semble figé dans le temps, empreint d’une solennité que seuls les siècles peuvent offrir.
Avenches est perchée sur un promontoire au-dessus de la plaine. Vous entamez la descente par la Rue de Lausanne, bordée de maisons patriciennes, dont les façades imposantes témoignent de la prospérité de jadis et d’aujourd’hui. Ces demeures, malgré leur austérité apparente, murmurent les secrets de générations de notables qui ont façonné l’âme de la cité.
À mesure que vous descendez la colline, la ville s’efface doucement, et voilà que la RN1 se dévoile, une artère moderne qui tranche avec la tranquillité des lieux. Elle vous conduit jusqu’à un rond-point, un espace prosaïque où, contrairement à l’attente, aucun chapiteau corinthien ou dorique ne vient rappeler la grandeur romaine. Ici, tout est d’une simplicité presque déroutante.
Soudain, une petite route bifurque à angle droit, serpentant vers une colline discrète. Elle longe paisiblement le ruisseau du Chandon, un cours d’eau timide qui semble sommeiller, bercé par le rythme immuable des saisons. Dans cette plaine, le Chandon est un témoin silencieux du temps qui passe, imperturbable et serein.
Après avoir franchi le ruisseau, la route s’élève à nouveau, dessinant une ligne droite à travers les prés verdoyants. Elle s’éloigne peu à peu des faubourgs, vous invitant à une ascension tranquille, comme une évasion des contraintes du monde urbain.
Un large chemin de terre s’élève en pente douce, serpentant avec tranquillité sur près d’un kilomètre, traversant les prés verdoyants qui surplombent la colline dominant Domdidier. La montée est paisible, et le sentier, à peine caillouteux, trace presque une ligne droite, s’étirant à travers la colline, offrant une agréable progression.
À mesure que vous avancez, le chemin reste doux sous vos pieds, la terre lissée par les pas de ceux qui l’ont parcouru avant vous. Il semble ne jamais se tordre, maintenant son cap avec une rigueur rectiligne qui apaise l’esprit.
Vous avez momentanément traversé le canton de Vaud, cet ancien bastion protestant, en passant par Avenches. Ici, le chemin vous ramène en terre fribourgeoise, et avec ce retour, réapparaissent les croix, symboles d’une foi restée intacte. Mais, ce ne sera qu’un court passage dans ce canton, qui est une enclave dans le canton de Vaud.
Plus haut, un plateau se dessine à l’horizon, annonçant la présence de maisons d’habitation. Avec elles, le goudron refait son apparition, rappelant la modernité qui n’est jamais bien loin.
La route file alors le long de la crête, serpentant entre de petites villas qui surplombent le village de Domdidier, niché dans la plaine en contrebas. Domdidier, modeste enclave fribourgeoise, s’insinue ici dans le canton de Vaud, tel un témoin discret de l’entrelacement des territoires.
Vous voici arrivé au lieu-dit de Pra Gaud, un carrefour stratégique aux multiples directions. À cet endroit précis, plusieurs parcours s’offrent à vous, et un panneau indique les diverses possibilités, y compris un itinéraire qui ramène vers Avenches. Cependant, votre parcours vous mènera en direction d’Oleyres. Après avoir gravi quelques mètres, vous atteignez le rond-point qui marque le croisement des routes.
Les organisateurs du Chemin de Compostelle vous suggèrent de prendre la route de droite, celle qui mène vers Les Granges et Russy. Soit ! Mais, aucun panneau ne balise cette voie, et vous ne saurez jamais vraiment où vous vous dirigez. De plus, cette route n’est qu’un ruban de goudron sans charme particulier. Nous vous recommandons donc plutôt de prendre à gauche, en direction d’Oleyres. Certes, il y a également du goudron jusqu’au village, mais ensuite, le parcours vous offre une belle traversée sur de magnifiques chemins à travers la forêt qui surplombe la bourgade. Ce parcours, bien que légèrement plus long, est bien plus agréable et pittoresque. Les deux itinéraires se rejoignent finalement sur les hauteurs de Russy.
Peu après avoir pris la route d’Oleyres, vous devrez bifurquer sur la droite pour emprunter le Chemin de Saint-Georges, qui grimpe avec vigueur sur la colline.
Dès le départ, la route traverse le ruisseau de Coppet, un cours d’eau discret, avant d’entamer une montée régulière.
Le Chemin de Saint-Georges, une petite route de campagne goudronnée, serpente à travers les collines avec une pente certes soutenue, mais tout à fait supportable. Sur plus d’un kilomètre, il vous guide vers Oleyres, dont les premières maisons apparaissent rapidement à l’horizon, guignant au-dessus du paysage.
Section 2 : Une belle balade en forêt
Aperçu général des difficultés du parcours : pentes marquées sur le tronçon.
Plus vous progressez, plus vous vous rapprochez doucement du village, qui semble s’étendre en largeur, dispersé au milieu des collines verdoyantes. Oleyres s’offre à vous dans une quiétude rurale, ses habitations éparpillées dans la campagne.
Après quelques virages en lacets, la route finit par mener au pied du village.
C’est ici que le charme rustique de la campagne se déploie pleinement. Les petites maisons et les fermes, épargnées par le temps, s’élèvent modestement au milieu des prés, où paissent tranquillement les vaches, sur les flancs de la colline, juste en dessous de la forêt. Le vert des prairies, éclatant sous le ciel ouvert, s’étend à perte de vue.
En traversant le village, vous découvrez un village assez vaste, avec son école, son clocheton et son petit temple modeste, témoins d’une histoire ancienne. Autrefois, au Moyen Âge, Oleyres faisait partie de la paroisse catholique de Domdidier. La messe y fut célébrée jusqu’à la fin du XVIe siècle, avant que le village ne soit finalement rattaché à la paroisse protestante d’Avenches, en terre vaudoise. Ici, la géopolitique a toujours suscité de vives querelles entre les cantons. Et même aujourd’hui, ce lieu porte encore les traces de cette dualité. Un restaurant local, au nom évocateur, semble promettre un rêve d’escapade, bien qu’il ne soit pas souvent ouvert, ajoutant un mystère à ce petit coin de campagne.
À ce point du parcours, il vous faudra suivre la direction de Payerne, en passant par Belmont. Le panneau annonce Payerne à près de trois heures de marche d’ici.
Vous suivez donc un moment la route qui file en direction de Grolley.
À la sortie du village, la route s’élève doucement, mais sûrement, avec une pente avoisinant les 10 %, serpentant entre les vergers et les pâturages où paissent paisiblement les vaches. Dans cette région du canton de Fribourg, les prairies sont majoritairement peuplées de vaches de la race Holstein, arborant leurs robes noires et blanches ou rousses et blanches. Cependant, vous marchez encore en terre vaudoise, mais, comme le dit l’adage, seules les vaches reconnaîtront leurs petits.
Le parcours ne reste pas longtemps sur la route principale menant à Grolley. Une petite route goudronnée bifurque vers la droite, vous entraînant doucement en direction de la forêt. Ici, les panneaux de direction cessent de mentionner Payerne, mais n’ayez crainte : il n’y a qu’un seul chemin. Vous ne vous perdrez pas dans cette vaste forêt, d’autant plus que les précieuses balises jaunes, si typiques des chemins suisses, veillent à vous indiquer la voie.
Peu après, le goudron cède la place à la terre battue, symbole d’une nouvelle aventure. Le chemin se rapproche de plus en plus de la lisière de la forêt, prêt à vous engloutir dans sa quiétude. Vous entamez alors une longue promenade de près de trois kilomètres à travers la majestueuse forêt de Grand Belmont. Le chemin est remarquablement bien balisé, et cela s’avère indispensable, car de nombreuses voies transversales, utilisées pour l’exploitation des bois, pourraient facilement vous induire en erreur si vous ne preniez garde.
Dès les premiers pas, une étrange sensation vous envahit : celle d’entrer dans un immense jeu de quilles. Les hêtres, droits et imposants, se dressent devant vous comme des sentinelles sur une piste confuse. Oserez-vous vous aventurer dans cette cathédrale d’arbres, où chaque tronc semble prier en silence, tendant ses branches vers le ciel ?
Mais rapidement, la tension s’apaise. Le chemin s’élargit, et une voie plus large et rassurante s’offre à vous.
Ce chemin semble d’abord vouloir s’étirer à l’infini, bien qu’il change fréquemment de direction à angle droit, vous obligeant à traverser de nombreuses routes forestières.
Par moments, le paysage s’enrichit d’une végétation plus robuste. De majestueux conifères apparaissent : des épicéas, des pins de Douglas et des sapins blancs, aux troncs d’une hauteur vertigineuse, ne conservant parfois qu’un maigre toupet de branches effleurant le ciel.
Parfois, le chemin devient plus timide, se faufilant discrètement entre les hêtres et les épicéas, comme s’il cherchait à échapper au regard. L’exploitation forestière est omniprésente ici. Des troncs de hêtre, le roi des forêts suisses, jonchent le sol, accompagnés par quelques chênes, plus rares mais tout aussi imposants.
À travers les pistes forestières et les larges avenues d’exploitation, le chemin ondule, presque à plat, sous l’ombre protectrice des arbres. Ici, la forêt revêt un caractère presque magique, ses cimes dialoguant avec le ciel dans une symphonie silencieuse.
Dans ce décor enchanteur, vous comprenez rapidement que les arbres, si semblables les uns aux autres, peuvent aisément vous désorienter. Les chemins, eux aussi, semblent tous identiques, si bien que s’égarer devient une possibilité bien réelle. Mais heureusement, les fidèles panneaux jaunes suisses vous servent de guide, comme un viatique. Ne les perdez jamais de vue !
Section 3 : D’une forêt à l’autre en redescendant vers la plaine
Aperçu général des difficultés du parcours : pentes marquées sur le tronçon.
Dans cette forêt, qui s’est métamorphosée en une majestueuse hêtraie, les fûts des arbres s’élèvent vers le ciel, alignés avec une telle précision qu’ils rappellent les colonnes d’une cathédrale végétale. Le chemin, quant à lui, s’élargit progressivement, vous entraînant vers une clairière où les bois se font plus clairsemés.
Bientôt, la route devient plus praticable, presque carrossable. Un court tronçon d’asphalte apparaît, contrastant avec la terre battue. Au bout de cette portion goudronnée, une petite cabane se dévoile timidement à l’autre extrémité, semblant attendre les rares visiteurs.
La route vous conduit finalement à la fin de la clairière, là où se trouve la Place du Réservoir. Cet endroit, aménagé en aire de pique-nique, marque un retour timide à la civilisation. Ici, vous ne serez plus seul, perdu dans l’immensité de la forêt. On peut y accéder en voiture, ce qui explique la présence occasionnelle de promeneurs et de familles venant profiter de cet espace tranquille.
Le chemin reprend alors son cours avec une douceur presque imperceptible, serpentant à travers l’enchevêtrement dense de la forêt. Cette forêt, mélange harmonieux de feuillus et de conifères, semble un tableau vivant où se mêlent les nuances de la nature. Les hêtres, majestueux dans leur stature élancée, se côtoient avec les épicéas, leurs aiguilles en écailles vert foncé offrant un contraste frappant aux feuilles plus légères des hêtres. Les chênes et les érables, bien que présents, se comptent parmi les exceptions dans ce paysage boisé. À la différence des forêts françaises, où les frênes abondent, les frênes sont ici une rareté et les châtaigniers se font compter sur les doigts.
Un peu plus loin, le chemin étroit plonge avec audace dans des pentes souvent supérieures à 15%, dessinant un sentier creux au cœur d’une beauté sauvage inégalée. Cette descente raide, enveloppée dans le mystère et la verdure omniprésente, révèle un paysage brut où la nature exprime toute sa force et son implacable majesté.
La descente, bien que rapide, n’en est pas moins pittoresque. En quittant l’ombre bienfaisante de la forêt, le chemin se mêle à une petite route goudronnée, émergeant sur les hauteurs du village de Russy.
C’est dans ce quartier résidentiel où les villas cossues dominent la plaine que votre itinéraire se croise avec la variante de la route d’Essy/Russy, une option recommandée par les Amis du Chemin de Compostelle.
Cependant, votre parcours ne vous mène pas jusqu’à Russy. Vous descendez légèrement le long des villas, dont les regards se perdent dans l’immensité de la plaine en contrebas.
Au fond de cette cuvette passagère, un chemin s’échappe à nouveau dans le manteau forestier, s’élevant en pente douce quelques instants jusqu’au sommet de la colline, dans la forêt de Belmont.
Puis, sans prévenir, le chemin se redresse en une pente plus accentuée, dévalant le versant de la colline.
Dans cette portion du parcours, la forêt se distingue par ses chênes vénérables et ses hêtres majestueux. Les grands conifères, eux, se font rares, leurs cimes perdues dans les nuages, et leur verdure, épuisée, se bat pour survivre.
La forêt, ici, se révèle d’une beauté remarquable, bien que la descente soit brève.
Au bas de la colline, près d’une aire de pique-nique soigneusement aménagée, le chemin se fond dans la route à l’entrée du pittoresque hameau de Belmont.
Curieusement, des bateaux sont visibles ici. Mais vers quel destin sont-ils voués ?
La route se poursuit jusqu’au carrefour de Belmont, un modeste regroupement de maisons en bordure de la chaussée.
Depuis ce carrefour, une petite route agricole prend le relais, se dirigeant vers Corcelles/Payerne. Elle descend avec grâce dans la campagne ouverte, dans les prés et les arbres fruitiers, bordée de haies. Le petit ru de Merdasson serpente le long de cette voie, ajoutant une touche de charme à ce paysage bucolique.
Près d’un vaste complexe agricole, la route se donne une certaine liberté en traçant de longues lignes rectilignes, interrompues par des angles droits.
Elle se redresse même de manière abrupte à angle droit dans les champs, un défi qui peut s’avérer un peu plus ardu, mais bref, pour certains.
Puis, elle effectue une nouvelle volte-face à angle droit avant de dévaler les pentes des prés pour rejoindre la plaine.
Section 4 : En route pour la belle Abbaye
Aperçu général des difficultés du parcours : parcours sans difficulté.
La petite route continue sa descente en douceur, en pente régulière, avant de se courber à nouveau à angle droit.
Sur cette vaste colline, les champs cultivés rivalisent avec les prairies en offrant un spectacle de verdure organisé et ordonné.
La route descend jusqu’à croiser une haie qui borde le ruisseau de Merdasson. À ce point, un sentier s’épanouit dans l’herbe, serpentant le long des buissons touffus et des arbres chétifs.
Face à vous, l’horizon se déploie avec l’église de Notre-Dame des Tours, ainsi qu’une imposante tour agricole, marquant la ligne de fond de ce paysage champêtre.
Un peu plus loin, le chemin traverse le ruisseau à gué, en sautant sur de grosses pierres où l’eau, à peine discernable dans la végétation dense, murmure à peine. Ce passage vous rapproche encore de l’église, gardienne silencieuse de ce décor.
L’église Notre-Dame de Tours, aussi désignée sous le nom d’église Notre-Dame de Montagny-les-Monts, est un lieu de culte catholique situé dans la commune de Cousset, à quelques pas d’ici, dans le canton de Fribourg, bien que nous soyons également proches de Payerne, qui se trouve dans le canton de Vaud.
Édifiée sur les vestiges d’une ancienne chapelle médiévale, l’église actuelle fut construite à la fin du XVIIIe siècle et agrandie en 1926. C’est un site de pèlerinage toujours fréquenté aujourd’hui par des malades et des paroissiens. La légende raconte qu’au moment où la chapelle menaçait de démolition, la statue de la Vierge fut déplacée vers l’église de Montagny-les-Monts dans un village voisin. Le matin suivant, elle fut retrouvée miraculeusement dans sa chapelle d’origine. Les tentatives ultérieures de la déplacer échouèrent toutes, et ainsi elle demeura à l’emplacement actuel. Ce phénomène légendaire trouve des échos similaires à travers toute l’Europe.
Ici, par un étonnant coup du sort, un panneau de direction pour la Via Jacobi 4 fait son apparition. On aurait souhaité retrouver ces panneaux plus tôt sur le parcours, d’autant plus que la Via Jacobi 4 ne se retrouve pas à Payerne mais à Moudon, une étape ultérieure. Merci à SchweizMobil pour cette précision si faussement opportune !
Un sentier d’herbe s’éloigne alors du site paisible de l’église, offrant une transition douce et sereine.
Un peu plus loin, ce chemin rejoint une route, non loin du village de Corcelles.
La route surplombe la RN1, l’axe reliant Lausanne à Berne, avant de descendre vers le village.
Elle traverse alors la partie supérieure du village, marquée par un caractère résolument rural. C’est ici, dans ce qui était jadis le noyau du village, que le parcours se poursuit.
À quelques pas, le parcours traverse la rivière de l’Arbogne, dont le murmure apaisant se fait entendre sur les pierres, ajoutant une touche de sérénité à votre marche.
Après avoir franchi la rivière, un sentier étroit en terre se dirige et longe la voie ferrée, accompagnant les rails de son chemin discret.
Corcelles-sur-Payerne, avec ses 2’500 habitants, se distingue par le luxe d’avoir deux gares : l’une au nord, sur la ligne menant à Berne, et l’autre au sud, qui dessert Fribourg. Vous vous trouvez ici à proximité de la gare de Corcelles-sud, à environ une demi-heure de marche de Payerne.
Le parcours franchit alors les rails près de la gare et s’oriente vers la périphérie du bourg.
La route serpente alors le long des villas, leur appartenance à la banlieue de Corcelles ou de Payerne restant indécise, créant une frontière floue entre les deux localités.
Peu après, le parcours serpente à travers les prés, avant de déboucher sur les hauteurs de Payerne.
Il se raccorde ensuite à une route goudronnée, traversant un lotissement de villas récentes, signe d’un développement urbain récent.
Puis, il amorce sa descente vers le centre-ville, en se dirigeant vers le quartier de la gare.
Le parcours passe alors sous la voie ferrée, pour atteindre enfin la gare. Devant vous se dresse la flèche de la cathédrale, majestueuse et imposante.
Section 5 : Petite visite de Payerne et de sa cathédrale
Payerne, avec ses 10’000 habitants, est essentiellement résumée pour les touristes à l’Abbatiale, un monument central à la ville. L’animation se concentre principalement entre la gare et la cathédrale, où quelques places pittoresques ajoutent du charme à la ville.
Le joyau incontesté de Payerne est la cathédrale Notre-Dame. La première pierre de cette imposante structure fut posée à la fin du Xe siècle sur le site d’une villa romaine, grâce à l’initiative de Sainte Adélaïde, fille de la Reine Berthe de Souabe, impératrice du Saint-Empire romain germanique, en lien avec l’ordre cistercien de Cluny. Au milieu du XIe siècle, une seconde église fut érigée, constituant la base de l’abbatiale qui subsiste encore aujourd’hui. Bien que l’église ait été dévastée par deux incendies au XIIe et XVème siècles, elle fut toujours reconstruite. Payerne devint un prieuré clunisien majeur, doté de nombreuses dépendances, autour duquel se développa le bourg médiéval. L’attachement à Cluny prit fin en 1444, et la Réforme imposée par les Bernois en 1536 marqua le début d’une période troublée. En 1565, le monastère fut fermé et les moines contraints de quitter les lieux et de se convertir. L’abbatiale fut alors successivement utilisée comme grenier, fonderie de cloches, cantonnement militaire, prison, puis dépôt de pompes. Les Bernois détruisirent le cloître ainsi qu’une partie des bâtiments abbatiaux, ne laissant subsister que l’abbatiale Notre-Dame, la salle capitulaire et une aile de l’abbaye (le dormitorium).
La renaissance de l’abbatiale débuta à la fin du XIXe siècle, avec des fouilles et des travaux entamés dès 1920. En 2007, un coûteux projet de sauvegarde et de conservation fut lancé en raison du danger imminent d’effondrement du bâtiment. Les façades et les toitures furent stabilisées, et une partie des voûtes et des peintures intérieures fut restaurée. L’abbatiale rouvrit au public le 11 juillet 2020, offrant un nouveau parcours de découverte. Visiter cette église, considérée comme l’une des plus belles églises romanes du monde, est une expérience inoubliable.
La visite de l’abbaye s’est modernisée et on y suit un parcours initiatique. Le parcours débute avec une découverte panoramique du site, sur grand écran.
Dans la nef romane on appréhende l’espace et la hauteur majestueuse de l’édifice. La lumière diffuse qui y pénètre procure comme une grande bouffée d’émotion, de rêverie et de recueillement. Cette partie romane ressemble étrangement à l’église de Vézelay, pour ce qui est de la couleur des pierres, avec la même alternance de pierres de différentes couleurs. C’est au niveau du chœur que la lumière est la plus vive. Mais tout est relatif. C’est le grand charme des églises romanes de se complaire dans l’ombre, dans le secret, dans le mystère, au contraire des églises gothiques qui jouent les prétentieuses, ou des églises baroques qui jouent les aguicheuses.
Cet édifice roman est complété par peu d’éléments gothiques tardifs. L’abbatiale possède des fresques du XIe et XIIe siècles, ainsi que de très beaux chapiteaux ornant les colonnes montrant des scènes bibliques et des éléments végétaux, comme dans la grande majorité des églises célèbres. Où que l’on y déambule, dans la nef centrale, dans le chœur ou dans les bas-côtés, la faible clarté et les reflets jouent avec le gris et l’ocre des grès et des marnes.
En hauts d’étroits escaliers du narthex, vous avez accès à la Chapelle St Michel, ancien lien de célébration des moines en faveur des défunts. C’est assez kitch ici. Par contre, la Chapelle de Grailly, est un beau joyau gothique du XVe siècle, contrastant avec la sobriété romane de l’église. Mais, dans l’ensemble, les transformations apportées aux XIVe et XVe siècles sont mineures, au niveau de la tour-lanterne gothique et des chapelles. On est donc en présence d’un art roman pratiquement à l’état pur.
Si le cloître a disparu, on devine encore son emplacement dans les bâtiments externes de l’Abbaye. Il en est de même de l’ancien Hôtel de ville.
Logements sur la Voie des 3 Lacs
- Maison des Cadets, Payerne; 079 281 40 71 ; Dortoir
- Chambres Rue Favez 8, Payerne ; 078 226 29 20 ; Chambre d’hôte, petit déj.
- Les gîtes de Clément, Impasse des Dîmes 1, Payerne ; 079 855 97 02 ; Chambre d’hôte, petit déj.
- La Suite Hôtel-Restaurant, Rue du Temple 10, Payerne ; 026 662 00 20 ; Hôtel***, repas, petit déj.
La région des Trois-Lacs demeure une destination prisée avant tout par les touristes locaux. En conséquence, les hébergements ne sont pas abondants, sauf dans les villes à vocation touristique internationale, comme Morat, qui demeure la priorité. Ailleurs, les logements se font plus discrets, à l’exception des Airbnb, pour lesquels nous ne disposons pas des adresses. Il n’y a rien avant d’arriver à Payerne, avec tous les commerces. Réservez impérativement à l’avance.