Une belle balade dans la campagne bernoise
Aujourd’hui, le périple se dévoile majestueusement depuis les sommets du col du Brünig, embrassant l’Oberland bernois dans une danse harmonieuse entre les étendues azurées et limpides des lacs de Brienz et d’Interlaken, et les sommets vertigineux qui trônent telles des divinités tutélaires, parmi lesquelles le Finsteraarhorn, l’Eiger, le Mönch et la Jungfrau se dressent en orgueil régional. Cette étape se révèle être un tableau saisissant, parfois sauvage dans les ravins rocailleux, où la nature déploie toute sa splendeur. Depuis Brienz, le parcours s’élève à trois reprises depuis les villages riverains du lac pour mieux embrasser les hauteurs avant de replonger aussitôt sur le lac. Chaque passage est une invitation à la découverte, où les constructions ancestrales en bois, parées de sculptures élaborées, rivalisent en magnificence. La petite cité de Brienz, quant à elle, dévoile ses trésors de sculptures sur bois, témoignant d’un artisanat local empreint de tradition. Plus loin, le chemin s’aventure à travers bois, canyons sauvages et contrées pastorales, offrant à chaque détour des panoramas saisissants sur le lac de Brienz, dont les eaux se teintent au gré des humeurs célestes. Ici, les églises se font rares, remplaçant le culte par des temples, car le canton de Berne reste profondément ancré dans la tradition protestante.
Il convient de souligner, une fois de plus, que la traversée du Chemin de Compostelle en Suisse alémanique est un enchantement perpétuel, une expérience renouvelée à chaque pas. Au-delà des prairies et des bosquets qui se succèdent, le patrimoine rural se dévoile dans toute sa diversité, reflétant les spécificités de chaque vallée. Dans ce pays d’élevage et de tradition laitière, les fermes et les demeures paysannes, fruits d’un savoir-faire ancestral, rayonnent dans leur splendeur originelle.
Nous avons divisé l’itinéraire en plusieurs sections, pour faciliter la visibilité. Pour chaque tronçon, les cartes donnent l’itinéraire, les pentes trouvées sur l’itinéraire et l’état du parcours (routes ou chemins). Les itinéraires ont été conçus sur la plateforme “Wikilocs”. Aujourd’hui, il n’est plus nécessaire d’avoir des cartes détaillées dans votre poche ou votre sac. Si vous avez un téléphone mobile ou une tablette, vous pouvez facilement suivre l’itinéraire en direct.
Pour ce chemin, voici le lien :
https://fr.wikiloc.com/itineraires-randonnee/de-spiez-a-Wattenenwil-par-la-via-jacobi-34389161
Difficulté du parcours : Les dénivelés qui ponctuent votre parcours aujourd’hui, modestes certes, mais néanmoins significatifs (+411 mètres / -363 mètres), invitent à une ascension mesurée, une danse harmonieuse entre la terre et le ciel, une succession de montées et de descentes légères, ponctuées çà et là par des moments d’effort plus marqués, notamment aux abords de la Kander ou lors des premières foulées du matin sur la colline du Spiezberg.
État de la Via Jacobi : Les parcours sur routes asphaltées dépassent légèrement les trajets empruntant les chemins :
- Goudron : 12.6 km
- Chemins : 9.2 km
Ce n’est évidemment pas le cas pour tous les pèlerins d’être à l’aise avec la lecture des GPS et des cheminements sur un portable, et il y a encore de nombreux endroits sans connexion Internet. De ce fait, vous trouvez sur Amazon un livre qui traite de ce parcours.
Si vous ne voulez que consulter les logements de l’étape, allez directement au bas de la page.
Parfois, pour des raisons de logistique ou de possibilités de logement, ces étapes mélangent des parcours opérés des jours différents, ayant passé plusieurs fois sur sur ces parcours. Dès lors, les ciels, la pluie, ou les saisons peuvent varier. Mais, généralement ce n’est pas le cas, et en fait cela ne change rien à la description du parcours.
Il est très difficile de spécifier avec certitude les pentes des itinéraires, quel que soit le système que vous utilisez.
Pour les “vrais dénivelés ”et pour les passionnés de véritables défis altimétriques, consultez attentivement les informations sur le kilométrage au début du guide.
Section 1 : Sur le Spitzberg, au-dessus de la ville
Aperçu général des difficultés du parcours : quelques pentes sérieuses pour gagner la colline, puis parcours sans problème.
La majorité des logements se nichent au cœur de la cité, où les ruelles s’enchevêtrent dans un dédale urbain, tandis que Spiez s’étire langoureusement sur une pente douce. Vous avez sûrement remarqué cette topographie la veille, alors que le paysage s’offrait à vos yeux. Ainsi, il convient de descendre jusqu’au port pour poursuivre votre périple.
Ce matin, les sinistres présages météorologiques annoncent un ciel plombé sur le port. Cependant, pour l’heure, les gouttes de pluie se font rares et le soleil, telle une sentinelle bienveillante, éclaire votre parcours. La Via Jacobi s’échappe de Spiez par la porte haute du château, que vous avez peut-être eu l’occasion de visiter la veille, du moins dans la mesure où il était accessible.
Une route émerge du château et s’élève le long de la Schlossstrasse. Là, un panneau indicateur vous invite à suivre la direction du Musée de la Patrie et de la Vigne (Heimat und Rebbaummuseum).
Virant sur la droite, le parcours emprunte ensuite le Rebbergweg, bien que vous ayez également la possibilité de gravir une ruelle plus étroite jusqu’à la Spiezbergstrasse, où se dresse majestueusement la somptueuse demeure du musée. Peu importe l’itinéraire choisi, il est impératif de suivre le chemin menant au sommet du Spiezberg, et surtout ne pas rebrousser chemin vers la gare. Le Rebbergweg, dès ses débuts, se révèle être une petite voie serpentant à travers les vignes.
Bien vite, un chemin remplace la route. En grimpant, le panorama s’ouvre sur la ville de Spiez, dominée par son imposant château et bordée par sa rade tranquille.
Plus loin, la Via Jacobi grimpe par de modestes escaliers jusqu’aux confins des vignobles, à la lisière de la forêt du Spiezberg.
Une fois là-haut, une piste de terre battue longe d’abord le périmètre forestier avant de s’enfoncer dans les bois de hêtres. Çà et là, se dévoilent quelques chênes épars, des frênes solitaires et même des châtaigniers vaillants. L’atmosphère est empreinte de la fraîcheur boisée, tandis que le chemin se pare de teintes rougeoyantes, conséquence du dépôt abondant de feuilles mortes, vestiges de la saison écoulée.
De l’autre versant de la colline, se déploie le lac de Thoune, tandis que la renommée vallée du Justistal se dessine au-dessus de Merlingen. Cette vallée est célèbre pour son « Chästeilet », une tradition inchangée depuis près de trois siècles. Chaque fin d’été, le fromage y est équitablement réparti entre les fermiers, perpétuant un rituel immuable observé depuis des temps immémoriaux. Mais parmi les présents, pointent également des centaines d’amateurs de fromages, avides de s’approprier ces précieux trophées.
Le chemin se glisse en pente assez prononcée à travers la forêt, jusqu’à presque toucher du doigt le sommet de cette montagne, ou plutôt, devrions-nous dire, cette colline. Les arbres se dressent comme des sentinelles silencieuses, offrant un abri rassurant aux marcheurs dans cette nature généreuse, dans cette haute futaie.
À cet endroit, votre ascension depuis le lac ne totalise qu’une centaine de mètres. Mais, ce n’est pas négligeable pour un si court parcours.
D’ici, la route amorçant sa descente en douceur se fraie un chemin à travers le bois. Le vert profond des jeunes feuilles de hêtre contraste vivement avec le tapis de feuilles mortes rougeoyantes, créant ainsi un spectacle saisissant de la nature en transition.
À la sortie de cette végétation touffue, une minuscule route traverse les quartiers périphériques sur les hauteurs de Spiez.
De ce promontoire, le lac s’étend à perte de vue, et même Interlaken se dessine dans le lointain, tel un mirage envoûtant.
Un sentier étroit vous guide ensuite vers un tunnel, creusé sous la Thunstrasse.
Juste à proximité, la Via Jacobi s’éloigne de la cité de Spiez, enjambant la voie ferrée au lieu-dit Spiezmoos Nord. Il vous aura fallu près de quatre kilomètres pour traverser la ville perchée sur les hauteurs.
La Via Jacobi s’évanouit alors sur une étroite route menant à Einingen, avant de s’enfoncer rapidement dans les méandres de la forêt.
Un chemin capricieux serpente à présent à travers les bois. Ici, le hêtre règne en maître, accompagné çà et là de quelques érables et sapins vaillants. Les écureuils jouent à cache-cache parmi les branches.
Cette piste forestière, se transformant progressivement en une modeste route de terre battue, ondule de manière sinueuse à travers les bois, s’aventurant tantôt dans des fourrés denses, tantôt dans des clairières accueillantes. Le parfum boisé enveloppe vos sens, tandis que la lumière filtrée par les frondaisons crée un doux spectacle.
À l’orée de la forêt, la silhouette du lac se dessine à nouveau, tandis que le Justistal se profile encore à l’horizon, de l’autre côté du lac. À deux pas de là, la voie ferrée poursuit son chemin, indifférente au passage du temps.
Au sortir de ce bois coquet, la Via Jacobi retrouve le bitume au hameau de Riederen.
Section 2 : Près du lac de Thoune et de la Kander
Aperçu général des difficultés du parcours : parcours sans difficulté, sauf un peu raide au passage de la Kander.
Riederen, tel un joyau lové sur la colline, dévoile ses maisons splendides, dont émerge majestueusement une maison en harmonie parfaite avec la pierre et le bois, une ode à l’artisanat traditionnel. Les pierres éloquentes, les boiseries semblent avoir été sculptées par la main bienveillante de la nature elle-même, leur charme captivant reflétant l’âme de ce petit hameau.
La Via Jacobi, fidèle compagne des pèlerins, dévie de la route, plongeant avec grâce à travers champs vers les rails de fer, offrant à ceux qui l’empruntent un tableau changeant de la nature, où les champs se mêlent aux lignes infinies du paysage.
Elle franchit ensuite les voies près du paisible hameau de Chumm, ouvrant sur l’horizon le lac de Thoune et le Justistal, étendues d’une grande beauté. Descendant vers la Thunstrasse, l’artère principale qui ourle ce côté du lac, la Via Jacobi guide les pas des voyageurs vers le retour à la civilisation.
Au bas de la descente, elle suit alors, à plat, la route jusqu’à l’entrée du village de Einingen et alors entre dans la partie-lac du village.
À l’entrée du village se dresse un bar-restaurant, harmonieusement marié à une boutique raffinée, où se côtoient avec élégance une multitude de trésors à découvrir. Les produits variés qui y sont présentés sont autant de joyaux qui invitent les sens à un voyage inédit et artisanal.
Poursuivant son périple, la route traverse le village jusqu’à frôler l’antique église Saint-Michel, dont les murs racontent l’histoire d’une foi séculaire. C’est ici que jaillissait autrefois une source miraculeuse, symbole de guérison et de réconfort pour les âmes en peine. Témoin immuable des siècles passés, cette église, née au VIIe siècle, mère de douze autres églises dans la région de Thoune, arbore désormais, depuis la Réforme, les traits d’un temple, sobre et empreint de solennité.
Mais voici que le ciel se voile soudain de mille larmes, et nous voilà contraints de marcher jusqu’à Wattenwil sous les assauts d’une pluie impitoyable. Alors revenons, dès lors, à un temps plus clément pour poursuivre notre périple.
La Via Jacobi, reprenant son cours, escalade à nouveau la Thunstrasse, traversant la route pour s’élever dans la partie haute du village, où elle franchit les rails ferroviaires, prête à guider les pas des pèlerins en quête de sens. Là où les panneaux se font légion, elle se dresse en sentinelle, indiquant avec assurance la voie à suivre, vers la Via Jacobi 4.
Elle serpente ensuite le long des voies ferrées, dominant de son regard vigilant les méandres du paysage.
Plus loin, une discrète route se dévoile, plongeant avec grâce vers des escaliers en quête d’aventure, dérobant habilement les promeneurs vers un bois mystérieux.
Dans cette forêt enchanteresse, où les hêtres, les chênes et les érables dansent en harmonie, la nature déploie ses fastes les plus somptueux, révélant aux aventuriers une rivière sauvage, la Kander, dans sa gorge profonde. Cette rivière, née des cimes de l’Oberland bernois, serpente son chemin jusqu’aux portes de Spiez, avant de se jeter dans les eaux calmes du lac de Thoune.
La pente est rude pour descendre à la rivière. Le pont suspendu est moins intimidant, moins effrayant que son homologue rencontré dans les canyons de Brienz.
De là, le chemin s’élève avec détermination dans l’obscurité boisée, tandis que la voie ferrée, fidèle compagne de route, franchit les eaux tumultueuses.
Parfois, des escaliers s’érigent en sentinelles bienveillantes, offrant un répit aux marcheurs, tandis que le sentier s’extrait bientôt du bois sombre pour épouser une route plus paisible.
Cependant, la Via Jacobi, fidèle à sa nature, délaisse la route pour s’élever fièrement sur un large chemin de terre, gravissant les hauteurs jusqu’au lieu-dit Stattligturm, à l’ombre des demeures dispersées de la grande commune de Gwatt.
Un adorable petit sentier s’offre alors, serpentant gracieusement à travers les prairies. Ao loin se profile la ville de Thoune et son château, perle majestueuse nichée au bout du lac, offrant au regard un spectacle de grâce et de douceur.
Ici poussent de grands charmes, si rares en ces contrées helvètes où les hêtres règnent en maîtres. Le sentier chemine sur la crête, surplombant Gwatt, l’une des banlieues de Thoune, tel un fil vert tissé par les mains de la nature elle-même.
À gauche du sentier, les contreforts des Alpes bernoises s’érigent fièrement, dressant leurs cimes altières vers le ciel. Bientôt, le chemin atteint le bout de la crête, s’apprêtant à plonger vers le bas de la colline.
Et ainsi, dans un ballet gracieux, Il descend alors de la crête pour passer au lieudit Gwategg, à deux pas de Gwatt.
Section 3 : Par monts et par vaux dans la campagne bernoise
Aperçu général des difficultés du parcours : quelques passages en pente avant de trouver un parcours plus aisé.
Un large chemin de terre descend alors vers un sous-bois où il n’y a presque que des hêtres fins et élancés. L’atmosphère se pare d’une douce tranquillité sous les hêtres qui se dressent telles des sentinelles immuables, témoins silencieux du passage du temps et des saisons. Chaque pas résonne comme une symphonie de feuilles bruissant sous vos pieds, rythmant votre progression.
Derrière le sous-bois, la Via Jacobi traverse l’autoroute qui relie Interlaken et Berne. Tel un fil d’argent étiré entre les deux mondes, la Via Jacobi franchit avec grâce l’artère vitale de l’autoroute, symbolisant ainsi le mariage entre la modernité et la tradition, entre le tumulte urbain et la quiétude des sentiers ancestraux. Les frênes se dressent çà et là, espèce plutôt discrète en Suisse.
Juste après, la Via Jacobi passe au lieudit Alti Schlyffi, où elle croise le ruisseau du Glütschbach. Ici, nous sommes à une bonne heure de marche de Amsoldingen, le village le plus important de la région, le bastion de la vie locale. L’eau murmure doucement son chant cristallin tandis que la Via Jacobi s’incline humblement devant la beauté immuable de la nature.
Alors la Via Jacobi musarde très peu de temps sur la route. Puis, tel un vagabond contemplatif, elle délaisse rapidement le bitume pour s’aventurer sur un sentier de terre sinueux, s’élevant gracieusement à travers les frondaisons feuillues.
La route de terre passe plus haut près des premières fermes de Bodmatt. Les fermes semblent surgir du paysage telles des reliques d’un passé révolu dans le paysage vallonné. La lumière caresse les façades de bois, révélant ainsi leur âme authentique. Vous pourriez aisément croire que le temps, subjugué par la magie de ces lieux, s’est figé dans une étreinte éternelle, capturant l’essence même de la ruralité pittoresque. Mais ce serait méconnaître la véritable essence de l’architecture rurale bernoise : elle transcende l’immobilisme muséal pour insuffler une vie palpable à chaque pierre, à chaque poutre centenaire. Ces vieilles demeures, témoins silencieux du passé, battent encore du rythme de l’activité quotidienne, vibrant au gré des saisons et des labeurs agricoles qui façonnent l’âme de ces contrées.
Toute la traversée de ces fermes est en forte pente, au milieu des prés et de quelques arbres fruitiers. Chaque pas est une ascension vers l’horizon, chaque souffle une ode à la vie qui palpite au cœur de la belle nature.
Un peu plus haut, la terre battue cède la place au goudron près des belles maisons à la sortie de Bodmatt. Les maisons semblent veiller silencieusement sur ce paysage enchanteur. Plus haut, le goudron repend vie.
Là, la petite route rejoint l’artère principale menant vers Amsoldingen, se fondant harmonieusement dans le paysage rural où les maisons, témoins du labeur paysan, ponctuent le chemin de leurs façades accueillantes.
La Via Jacobi suit alors la route en pente douce au milieu des maisons, traversant un tableau vivant où les maisons, symboles de l’activité humaine, se fondent dans le paysage comme autant de pièces d’un puzzle rural. La circulation est douce sur l’axe.
Plus loin, elle quitte la route pour un chemin qui part en-dessous dans la forêt. Comme une héroïne solitaire s’aventurant dans les méandres de l’inconnu, la Via Jacobi se détourne de la civilisation pour mieux se fondre dans les mystères de la nature sauvage.
La forêt est magnifique ici, reposante. Les érables rivalisent de hauteur et d’envergure avec les vénérables hêtres. Les arbres créent un jeu de lumière et d’ombre qui danse sur le sol moussu.
Il n’y a pas de doute. Vous marchez sur le bon chemin, bien que la présence de la coquille soit très rare sur les chemins de Compostelle en Suisse. Tel un signe divin, la coquille Saint-Jacques se dévoile timidement sur le sentier, offrant aux voyageurs égarés une lueur d’espoir dans l’obscurité de l’inconnu. Sa présence éphémère témoigne de la longue histoire des pèlerins qui ont foulé ces terres.
Plus loin, le chemin sort des bois dans les prés et avance le long des arbres, où on note de nombreux noisetiers au milieu des épicéas, des feuillus et de la charmille.
Vous entendrez peut-être des coups de fusil dans la région. Non, ce ne sont pas des chasseurs, ce sont les militaires de la grande place forte de Thoune qui s’entraînent au tir dans la forêt en dessous. Cela fait du bruit, on dirait la guerre.
Plus loin, la Via Jacobi quitte les bois et passe au hameau de Tannacher au milieu des Simmental. Ces vaches n’ont pas toujours la même couleur, et la robe peut varier du blanc au brun. Les gens d’ici sont sans doute de vrais patriotes, et il est très courant de voir un grand drapeau suisse planté devant la ferme. Tel un tableau vivant, les maisons de bois s’accrochant aux flancs de la colline comme autant de joyaux précieux.
Ici, vous êtes à deux pas de Amsoldingen et le goudron remplace la terre battue, au hameau de Aarbach.
Ce coin de pays est de la campagne, de la vraie campagne. Bientôt pointe le clocher de Amsoldingen dans le proche horizon.
Section 4 : Des prés, des vaches et des lacs, voilà le programme
Aperçu général des difficultés du parcours : parcours sans difficulté.
La route s’engage résolument, tel un serpent d’asphalte, à travers les méandres des lotissements de Amsoldingen, village paisible de quelque huit cents âmes. Ces quartiers périphériques, encore imprégnés de la fraîcheur de leur jeunesse, témoignent de la métamorphose opérée par l’arrivée massive de pendulaires, dérobant à la commune son héritage ancestral, entre terres agricoles et savoir-faire artisanal.
Au cœur de ce village, des demeures en bois se dressent fièrement, témoins silencieux d’un passé immémorial. Leur aura mystérieuse défie le temps, défiant toute tentative de datation précise. Pour qui prend le temps de s’attarder, le restaurant du village offre une parenthèse de délice, où la fondue, véritable institution, ravit les palais les plus exigeants. Quant à la fromagerie, elle exalte les sens avec ses trésors lactés, rappelant avec éclat que l’âme paysanne vibre encore ici.
L’imposante collégiale Saint-Maurice, gardienne séculaire de secrets enfouis, dévoile à qui sait regarder les vestiges d’une église millénaire, née au souffle du VIIe siècle. Témoin d’une époque révolue, elle trône majestueusement, ancrée dans son histoire, au sein d’un ensemble harmonieux où se mêlent château et bâtiments agricoles. L’intérieur, empreint de mystère, révèle les stigmates d’une longue métamorphose, pérennité d’un passé glorieux.
Poursuivant son périple, la Via Jacobi se fond dans le paysage, effleurant du regard les vieilles demeures de bois, telles des sentinelles du passé, gardiennes des secrets enfouis dans leurs poutres centenaires. Les lattes noircies, patinées par le temps, témoignent du labeur incessant des générations passées, tandis que les fleurs aux balcons, éclatantes de couleurs, offrent un contraste saisissant avec la sobriété des planches de bois. À travers les fenêtres étroites, à peine assez larges pour laisser filtrer la lumière du jour, semblent épier les âmes curieuses, captivées par les histoires murmurées par les murs centenaires. Chaque volet, chaque planche, porte les cicatrices du temps, comme autant de témoins silencieux des joies et des peines qui ont marqué la vie de ces demeures Et pourtant, malgré les outrages du temps, elles conservent une beauté indomptable, une aura mystérieuse qui attire irrésistiblement le regard des passants émerveillés. C’est de la magie à l’état pur. Chaque maison semble murmurer l’histoire de ces terres, témoins silencieux du labeur acharné des hommes qui les ont bâties. Même les plus récentes, empreintes d’une modernité discrète, se parent déjà des oripeaux du passé, dans une étonnante alchimie entre tradition et innovation.
A la sortie du village, au détour d’un virage, le lac d’Amsoldingen se devine à peine, miroir discret niché au creux de vallons immuables, gardien fidèle des secrets enfouis dans ses eaux tranquilles. Parfois, quelques parcelles de blé égayent la monotonie des prés, offrant une palette de couleurs éphémère à cette toile paysagère intemporelle.
Et la route se déroule entre les prés verdoyants et les fermes opulentes qui parsèment la campagne. Les maisons en bois, joyaux de l’artisanat local, émergent de la verdure telles des fées endormies dans la forêt. Leurs façades richement sculptées sont comme des pages d’un livre ouvert sur le passé, invitant le voyageur à plonger dans les méandres de l’histoire. Chaque fenêtre semble une invitation au rêve, chaque poutre une caresse pour l’âme en quête de beauté authentique. Chaque ferme, tel un sanctuaire de l’agriculture, semble veiller sur son territoire avec une bienveillance séculaire, symbole vivant d’un patrimoine ancestral qui refuse de s’éteindre.
Ici, sous l’ombre tutélaire d’un tilleul ancestral, le temps semble suspendu, comme figé dans l’étreinte douce de la nature.
Les fermes, aux auvents caractéristiques, évoquent un passé glorieux, où l’homme et la terre ne faisaient qu’un, dans une harmonie parfaite. Chaque détail, chaque pierre, raconte une histoire, perpétuant ainsi le charme envoûtant de ce patrimoine vernaculaire, mais encore d’actualité.
Bientôt, la Via Jacobi s’approche de Uebeschi, et la route longe les rives du lac éponyme, miroir tranquille reflétant la quiétude des alentours.
Là, sur cette terre généreuse, où seuls les prés semblent avoir droit de cité, les vaches paissent paisiblement, dans une communion parfaite avec leur environnement. Les vaches doivent avant tout manger de l’herbe ici, et non du maïs.
Et c’est ainsi que le paysage s’ouvre, tel un tableau grandiose déployant ses couleurs chatoyantes, sur un plateau infini où seuls les prés ondulent, sous la caresse du vent. Uebeschi, modeste village aux airs de bout du monde, se profile à l’horizon, mêlant avec harmonie traditions séculaires et modernité discrète.
C’est un village plus petit qu’Asmoldingen, plus compact, avec d’anciennes fermes, mais aussi des maisons neuves. Ici, aussi certains habitants doivent travailler à Thoune, voire à Berne.
À présent, la route s’élève, telle une offrande à la colline qui l’enserre, grimpant avec bravoure sur des pentes abruptes à la sortie du village.
Section 5 : Des prés, des vaches et des ruisseaux, voilà le nouveau programme
Aperçu général des difficultés du parcours : parcours sans difficulté.
À la sortie de Uebeschi, une mince route s’échappe vers la campagne. Allez un peu de statistiques pour le plaisir d’être à la campagne. Le canton de Berne possède à lui seul près d’un quart des exploitations agricoles (11.000/55.000) et des vaches laitières (123.000/587.000 du pays. Par comparaison, Genève c’est moins de 1’000 vaches.
La route, timide sous le regard, se courbe avec douceur à travers les terres fertiles, où les Simmental paissent paisiblement et où les fermes se dressent majestueusement, telles des sentinelles de la tradition. Les collines verdoyantes invitent au voyage. Des arbres fruitiers s’élancent parfois vers le ciel, ponctuant de leur présence verdoyante les collines où les fermes se fondent harmonieusement dans l’horizon lointain.
Honegg, tel un joyau dans le paysage, se dévoile bientôt, à une demi-heure de marche de Blumenstein.
Plus loin, la route s’enfonce dans le vallon, comme pour se fondre davantage dans la terre généreuse qui l’entoure.
Les fermes du lieudit Schubhus se dressent fièrement, témoignant de la prospérité et de la solidité de l’agriculture bernoise. Misère est un mot étranger dans ce canton, où même les modestes exploitations respirent l’abondance.
À mesure que la Via Jacobi se dirige vers Bühl, chemin et route se font écho, guidant les pas des pèlerins vers de nouveaux horizons. Les collines se font plus douces, les prairies s’étendent à perte de vue, tandis que les fermes dispersées dans le paysage semblent veiller sur ce coin de paradis rural.
Dans ces hameaux pittoresques, le temps semble suspendu, tandis que les fermes côtoient avec grâce les demeures bourgeoises d’antan, témoins silencieux d’une époque encore d’actualité. Les maisons traditionnelles aux volets colorés bordent les rues étroites, leurs jardins fleuris embaumant l’air de fragrances délicates. Les fermes environnantes, solides et accueillantes, témoignent du dur labeur de générations d’agriculteurs, leur architecture rustique se mariant parfaitement avec la nature environnante.
Peu après, un sentier s’enfonce alors dans une végétation luxuriante, se mêlant aux murmures du ruisseau de Fallbach qui l’accompagne fidèlement dans sa course sinueuse.
La promenade prend des airs enchanteurs le long du ruisseau, jusqu’à ce que les premières maisons de Mühle se dessinent à l’horizon, offrant leur charme bucolique aux promeneurs.
Ici aussi, la beauté se fait règle, avec une collection de maisons remarquables, ornées parfois de géraniums aux fenêtres, égayant ainsi le paysage de leur éclat coloré.
La promenade se prolonge le long du ruisseau, tour à tour sauvage et apaisé, jusqu’à atteindre Blumenstein, où l’histoire se fond dans le murmure des eaux.
À l’entrée du village, la Via Jacobi traverse le ruisseau, offrant ainsi aux voyageurs le spectacle de ses clochetons, symboles discrets d’une foi ancrée dans la tradition.
Quand vous voyez des clochetons dans le canton de Berne sont le plus souvent des édifices administratifs. Nous sommes en pays protestant et les églises sont plus rares que les temples.
La traversée du village révèle des trésors architecturaux, tandis que la Via Jacobi, fidèle compagne du ruisseau, s’émerveille devant une maison extraordinaire, témoin d’un urbanisme préservé des affres du temps. En ces contrées bernoises, l’empreinte du progrès n’a su altérer la beauté authentique des lieux, préservant ainsi l’âme paysanne malgré la proximité de la cité de Thoune.
À la sortie du village, la Via Jacobi suit un moment la route vers Wattenwil, mais au lieu-dit Blumenstein Bad, elle choisit le chemin de terre battue, offrant aux marcheurs une perspective nouvelle, entre prés et fermes, où la simplicité se mêle à la grandeur de la nature environnante.
Plus loin, l’amour de la Via Jacobi pour le ruisseau se révèle à nouveau, la guidant à traverser à nouveau le Fallbach, dont les eaux paisibles caressent la petite plaine où les frênes se dressent en sentinelles.
Ici, dans cette terre où les prés et les vaches règnent en maîtres, le maïs se fait rare, signe d’une tradition préservée malgré les évolutions du monde moderne. Les fermes, parfois empreintes de modernité, conservent néanmoins leur caractère ancestral, symboles vivants d’une histoire ancrée dans la terre bernoise.
Section 6 : Balade le long de la rivière
Aperçu général des difficultés du parcours : parcours sans difficulté.
Le chemin de terre se rapproche alors progressivement d’un sous-bois. Chaque pas semble une invitation à pénétrer un monde à part, empreint de mystère et de promesses. Les arbres se pressent autour de ce sentier, comme des spectateurs curieux assistant à une scène ancienne et intemporelle. Le murmure du Fallbach, perdu dans les méandres verdoyants des buissons, accompagne le voyageur dans cette danse féérique. Tout ici respire la sérénité, la grandeur tranquille des hêtres majestueux, des érables généreux, des chênes protecteurs et parfois des épicéas qui se dressent comme des sentinelles.
Dès l’entrée du sous-bois, le chemin traverse pour une dernière fois le Fallbach, avant de se perdre dans les méandres de la Gürbe, une rivière plus imposante, qui semble avoir sculpté le paysage au fil des siècles. Ses eaux tumultueuses résonnent ai loin comme un écho des temps anciens, un rappel de la puissance de la nature indomptée.
La forêt se déploie alors dans toute sa splendeur, offrant un spectacle à couper le souffle. Chaque feuille semble raconter une histoire, chaque branche murmure un secret ancestral. Les rayons du soleil filtrent à travers les frondaisons, créant un jeu d’ombres et de lumières d’une beauté envoûtante. Chaque pas résonne comme un hommage à cette nature généreuse, à cette symphonie de verts et de bruns qui compose le tableau vivant qui s’étend à perte de vue.
Alors on entend s’amplifier le bruit sourd d’une rivière et le chemin va frôler la Gürbe. C’est comme si le cours d’eau exhalait un chant envoûtant, invitant le voyageur à plonger dans ses eaux tumultueuses. Chaque éclat de lumière sur les vagues semble une invitation à l’aventure, à la découverte de ce qui se cache au-delà de l’horizon.
A la sortie du sous-bois, le chemin arrive à la Sägerei (La Scierie), là où un pont de bois semble suspendu entre ciel et terre. C’est un ouvrage à la fois ancien et moderne, témoignage d’un savoir-faire ancestral allié aux techniques les plus récentes. Le cours paisible de la rivière contraste avec la vigueur de son histoire, rappelant au voyageur la fragilité et la force du temps qui passe.
Ici, dans ce havre de quiétude, la Gürbe se présente sous un jour différent. Si elle n’est qu’une modeste chute d’eau à cet endroit, elle révèle toute sa puissance dans les hauteurs du Gantrisch, où elle se jette avec fracas du sommet des montagnes. Son parcours sinueux, ponctué de nombreux barrages, témoigne de sa force indomptable, de sa capacité à façonner le paysage selon ses caprices. En amont, les randonneurs affluent pour contempler sa majesté, pour se perdre dans ses méandres fascinants.
Ici, vous vous trouvez à deux pas de Wattenwil, à moins de 30 minutes. Alors, un joli et agréable chemin s’en va à plat le long de la rivière dans le sous-bois de feuillus. Parfois, on voit la rivière cascader sur les pierres. Chaque pas révèle un nouveau panorama, une nouvelle facette de cette nature sauvage et préservée.
Le chemin passe devant le club de platzgen, où les joueurs s’adonnent à un sport ancestral, un sport bernois qui consiste à lancer de grosses étoiles de plomb dans une cible de terre humide, un sport inscrit au patrimoine immatériel de l’UNESCO, symbole de la richesse culturelle de la région. Au loin, les contours de Wattenwil se dessinent peu à peu, évoquant un village à la fois proche et lointain, familier et mystérieux.
Le chemin se rapproche alors progressivement du village. Chaque pas semble un pas de plus vers la découverte, vers l’inconnu qui se dessine à l’horizon.
On va abandonner le doux murmure de la rivière lorsque le chemin de terre rejoint la route à l’entrée du village. C’est comme si le voyageur abandonnait un ami cher, promettant de revenir bientôt pour retrouver sa voix familière.
Quelques belles maisons patriciennes sont présentes dans le village (2’850 habitants). Mais, il n’y a pas grand-chose à voir ou à faire ici. Le village est moins élégant que ceux que nous avons traversés plus avant. Il est juste plus fonctionnel, avec des commerces. La seule difficulté est relative aux logements disponibles. Il n’y a plus de logement à l’hôtel, qui n’est plus qu’un restaurant. Il n’y a que deux maisons d’hôtes dans le village, et une autre 1 kilomètre plus loin, après une sérieuse montée. Alors, prenez vos dispositions à l’avance, si vous ne voulez pas dormir à la belle étoile. Heureusement, que peu de pèlerins traversent la Suisse. Mais si le Chemin de Compostelle en Suisse était appelé à se développer plus, il y a encore beaucoup de travail pour fournir aux marcheurs des logements.
Logements sur la Via Jacobi
- Rosmarie et Walter Loosli, Höhenstrasse 75, Einigen; 033 654 34 73/079 659 44 73 ; Chambre d’hôte, repas, petit déj.
- B&B Andreas Habegger, Bühl 59, Zwieselberg ; 033 657 25 29/ 079 257 68 02 ; Chambre d’hôte, petit déj.
- Sonja Allenspach, Unerre Gasse 55, Zwieselberg ; 079 526 37 38 ; Chambre d’hôte, repas, petit déj.
- B&B Dora Keller, Dorfstrasse 20, Amsoldingen; 033 341 17 64/079 227 36 64 ; Chambre d’hôte, petit déj.
- Rosmarie Hirschi, Waldeweg 3, Amsoldingen; 033 341 12 77/079 762 50 43 ; Chambre d’hôte, repas, petit déj.
- Erich und Marianne Liechti, Steghalten 22, Amsoldingen; 033 841 16 24 ; Chambre d’hôte, repas, petit déj.
- Gasthof Kreuz, Amsoldingen; 033 341 11 60 ; Hôtel, repas, petit déj.
- Mathilda Abegglen, Untermosi 96, Uebeschi; 033 345 63 28/079 516 57 11 ; Chambre d’hôte, petit déj.
- B&B Berger, Lidenbühl 164, Uebeschi; 033 345 77 85/077 418 64 90 ; Ch.ambre d’hôte, repas, petit déj.
- Camping Platz, Badstrasse 26, Blumenstein; 033 356 21 54 ; Camping, petit déj.
- B&B Jozefina Trachsel, Wäsemligasse 3, Blumenstein; 033 356 05 83 ; Chambre d’hôte, petit déj.
- B&B Casa Sotero, Riedbachstrasse 1, Blumenstein; 033 356 29 29 ; Chambre d’hôte, petit déj.
- Evelin Winzenreid, Allmedstrasse 16, Blumenstein; 078 744 01 85 ; Chambre d’hôte, petit déj.
- B&B Zbinden-Bähler, Wäsemligasse 7, Blumenstein; 033 356 16 09 ; Chambre d’hôte, petit déj.
- Gasthof Bären, Bärenstutz 5, Blumenstein; 033 356 46 36 ; Chambre d’hôte, petit déj.
- B&B Künzi, Hofmattweg 2, Wattenwil; 033 356 19 09/079 660 11 27 ; Chambre d’hôte, repas, petit déj.
- B&B Gerber, Gmeissstrasse 4, Wattenwil; 033 356 17 15 ; Chambre d’hôte, petit déj.
- Brigitte Liechti, Burgisteinstrasse 5a, Wattenwil; 033 356 12 34/079 734 58 60 ; Chambre d’hôte, petit déj.
Il n’y a pas de grandes difficultés de trouver un logement sur le parcours avant Wattenwil. Par contre, la situation à Wattenwil est épineuse. C’est l’étape la plus difficile pour trouver un logement sur la Via Jacobi 4. Il est mandatoire de réserver, ou alors de s’arrêter avant, voire après.