Presque au bout du canton de Berne
Aujourd’hui, le périple s’engage par les derniers hameaux du district de Thoune, avant de s’enfoncer à travers les campagnes et les pittoresques villages du district de Schwarzenburg, enserré entre les flots sinueux de la Scharzwasser à l’est et les méandres de la Sengine à l’ouest. Cette contrée porte en son sein une histoire singulière, façonnée par la vente, au XVe siècle, de ses terres en parts égales aux cantons de Fribourg et de Berne par les ducs de Savoie. Ainsi débuta l’ère austère du double règne, une période qui perdura jusqu’en 1798, marquant de son empreinte le destin de ce petit territoire isolé, souvent plongé dans la misère, car ni Berne ni Fribourg ne furent enclines à investir substantiellement dans son développement. Ce n’est qu’avec l’avènement de la constitution helvétique de 1798 que Berne se vit octroyer l’annexion totale de la région de Schwarzenburg, scellant ainsi son destin en tant que district bernois.
Forts de notre expérience multiple sur les chemins de Compostelle, nous avons généralement favorisé les itinéraires par temps clair. Cependant, il est indéniable que la pluie possède son propre attrait et transforme les paysages. Tel le dicton le proclame : « Pluie du matin n’arrête pas le pèlerin ». Lors de notre passage ici, les cieux versaient leurs larmes de manière abondante, voilant presque le sentier de notre regard. Capturer des images dans de telles conditions relevait du défi, lorsque notre objectif se transformait en une simple perle d’eau. Ainsi, avons-nous revisité certains tronçons lors de journées moins sombres, offrant ainsi une perspective singulière, un même paysage sous des climats divers, sans altérer pour autant le message essentiel : celui de narrer et d’illustrer le périple. Car après tout, pourquoi ne pas entonner un chant sous la pluie ?
Nous avons divisé l’itinéraire en plusieurs sections, pour faciliter la visibilité. Pour chaque tronçon, les cartes donnent l’itinéraire, les pentes trouvées sur l’itinéraire et l’état du parcours (routes ou chemins). Les itinéraires ont été conçus sur la plateforme “Wikilocs”. Aujourd’hui, il n’est plus nécessaire d’avoir des cartes détaillées dans votre poche ou votre sac. Si vous avez un téléphone mobile ou une tablette, vous pouvez facilement suivre l’itinéraire en direct.
Pour ce chemin, voici le lien :
Degré de difficulté : Les dénivelés (+588 mètres/-392 mètres) sont assez importants pour une étape relativement courte. Mais les pentes les plus exigeantes sont réparties tout au long de la journée. Il y a d’abord la montée initiale au-dessus de Wattenwil, la plus pénible d’entre elles. Moins exigeante est la longue montée de Riggisberg à Rüeggisberg. Et puis, le chemin se tord beaucoup en montée dans les sous-bois après avoir traversé la Schwarzwasser, et juste avant d’arriver au terme de l’étape. Les descentes ne posent pas de difficulté particulière.
État du parcours : Les routes, à leur habitude, dominent encore les chemins dans la nature :
- Goudron : 12.8 km
- Chemins : 7.7 km
Ce n’est évidemment pas le cas pour tous les pèlerins d’être à l’aise avec la lecture des GPS et des cheminements sur un portable, et il y a encore de nombreux endroits sans connexion Internet. De ce fait, vous trouve sur Amazon un livre qui traite de ce parcours.
Si vous ne voulez que consulter les logements de l’étape, allez directement au bas de la page.
Parfois, pour des raisons de logistique ou de possibilités de logement, ces étapes mélangent des parcours opérés des jours différents, ayant passé plusieurs fois sur sur ces parcours. Dès lors, les ciels, la pluie, ou les saisons peuvent varier. Mais, généralement ce n’est pas le cas, et en fait cela ne change rien à la description du parcours.
Il est très difficile de spécifier avec certitude les pentes des itinéraires, quel que soit le système que vous utilisez.
Pour les “vrais dénivelés ”et pour les passionnés de véritables défis altimétriques, consultez attentivement les informations sur le kilométrage au début du guide.
Section 1 : Sur les hauteurs de Wattenwil
Aperçu général des difficultés du parcours : montée sévère sur la colline.
La Via Jacobi quitte Wattenwil sur les hauts du village au niveau du temple. La nouvelle construction date de la fin du XVIIe siècle, avec des fonts baptismaux et des cloches repris de l’ancien édifice. Le presbytère est logé dans une ancienne maison de maître, en style baroque.
Une petite route part au-dessus du temple, croise le ruisseau de Oeligraben, un affluent de la Gürbe, et monte sérieusement dans les prés et les arbres fruitiers. Le murmure cristallin de l’eau qui dévale sur les pierres polies accompagne les pas des pèlerins.
On a rapidement une belle perspective sur le village en-dessous. Les toits de tuiles rouges se détachent sur le fond verdoyant de la vallée, tandis que le clocher du temple veille silencieusement sur le village.
La pente rapidement s’accentue, à près de 10 à 15%, sous les frênes. Sur la pente sévère, des maisons, dont on ne sait dire ce sont des fermes ou des résidences principales. Wattenwil est aussi devenue avec le temps un village de pendulaires. Les flancs de la colline sont tapissés d’une mosaïque de prés verdoyants et de bosquets ombragés, où se dissimulent de pittoresques maisons aux volets colorés.
Peu après, la Via Jacobi emprunte une route plus étroite. Les arbres se resserrent autour du chemin, formant une voûte de verdure où les rayons du soleil jouent à cache-cache avec les feuilles.
Alors la pente se fait encore plus rude, à près de 20% d’inclinaison. Les marcheurs luttent contre la gravité, leurs souffles courts ponctuant le silence de la montagne.
C’est encore plus pénible quand la pluie coule de votre front sur la pèlerine et que les gouttes perlent sur les visages.
On se dit qu’il vaut mieux avoir une voiture 4X4 pour habiter ici en hiver. Les habitations semblent se cramponner à flanc de montagne, comme pour défier les rigueurs de l’hiver qui s’abat sur ces contrées reculées.
Plus haut, vous arrivez au bout de l’effort majeur de la journée et vous poussez un grand soupir. Le sommet dévoile un panorama à couper le souffle, récompense bien méritée pour ceux qui osent gravir ces chemins escarpés.
Dans cette étape, faites très attention aux panneaux de signalisation ! Il y a de faux amis qui peuvent vous égarer en chemin. Il n’y a qu’une bonne direction, celle indiquée par la Via Jacobi 4, encadrée de bleu, dans le sens de la marche en avant. Ici, part aussi le chemin qui mène au B&B de Stauffenbühl, très bienvenu pour les gens qui n’ont pas trouvé à se loger à Wattenwil.
Ici, en vous retournant vers la vallée, vous aurez le privilège de voir devant vous se dessiner les géants des Alpes bernoises, l’Eiger, le Mönch, la Jungfrau et le Finsteraarhorn. Les sommets enneigés se dressent majestueusement à l’horizon, telles des sentinelles veillant sur les vallées endormies. Par beau temps ou par léger brouillard fantomatique, c’est juste du vrai bonheur.
La Via Jacobi part alors dans l’herbe à flanc de coteau. Le sentier serpente entre les touffes d’herbes folles, offrant aux marcheurs une intimité avec la nature sauvage qui borde le chemin.
Peu après, la terre battue prend la place de l’herbe au milieu des prés et des arbres fruitiers. Le sol craque sous les pas, libérant un parfum terreux qui embaume l’air alpin.
Devant vous, de l’autre côté du vallon, se dresse le château de Burgistein, sous lequel passe la Via Jacobi. La-bas, les murs de pierre se dressent fièrement, témoins silencieux d’une histoire ancestrale inscrite dans les pierres.
Peu de temps après, le chemin commence à descendre légèrement. Ici est notée la direction du Stauffenbühl B&B, à deux pas. Les sentiers s’ouvrent sur de vastes étendues verdoyantes, calmes, reposantes, sans mystère.
Tout le coteau ici est couvert de belles maisons soignées, fleuries pour la plupart. La direction est toujours celle de Burgistein Dorf. On se rapproche progressivement du château. Les habitations, telles des joyaux incrustés dans le paysage, semblent veiller sur ces contrées bénies des Dieux.
La Via Jacobi descend alors le long des maisons pour rejoindre la grande route dite Bugisteinstrasse au lieudit Burgistein Bir Linde, où se trouve un restaurant sous les tilleuls, comme l’indique le nom. Ici, les demeures évoquent davantage des demeures citadines que des fermes, mais leur essence respire toujours l’âge vénérable à travers le bois sombre et patiné par les ans. Elles se dressent avec élégance, leurs façades dépeignant des récits oubliés, leurs fenêtres, aux volets usés, semblant garder jalousement les secrets du passé, avec une dignité intemporelle.
Ici, la Via Jacobi va emprunter un large chemin de terre qui monte en pente assez prononcée en direction du château et de Burgistein Dorf. C’est un sentier qui serpente à travers les prés, s’élançant avec grâce entre les étendues verdoyantes, tandis que quelques bosquets épars se dressent çà et là, comme des gardiens discrets de la nature environnante.
Le chemin, presque parallèle à la route, évite le château. Les contours du château se fondent dans le paysage, comme un mirage émergeant de la brume matinale, invitant les voyageurs à percer ses mystères.
La montée est brève et le chemin descend pour rejoindre la route à l’entrée de Burginstein Dorf, appelé aussi Weier, sur les cartes.
Au cœur de cette vallée tranquille, le village est posé délicatement au bord d’un étang d’une beauté trouble, ses eaux reflètent la quiétude ambiante, créant une toile de fond enchanteresse pour ce petit hameau. Les ruelles étroites invitent à la flânerie, révélant à chaque détour de nouveaux trésors architecturaux. Les demeures de bois, au cachet ancestral, se dressent fièrement, leurs façades ornées de détails délicats évoquant une époque révolue. Chaque maison semble raconter son propre récit, avec ses volets aux couleurs passées, ses portes ciselées par le temps, et ses fenêtres figées. Pourtant, au milieu de ce décor d’antan, émergent également des constructions plus récentes, témoins d’une évolution constante. Leurs lignes épurées et leurs matériaux contemporains apportent une touche de modernité tout en respectant l’harmonie architecturale de ce lieu préservé.
La Via Jacobi sort du village, emprunte une centaine de mètres un talus pierreux et retrouve la Burgisteinstrasse, la route qui va vers Riggisberg au niveau du poste des pompiers. Mais, la Via Jacobi ne suit pas la route. Elle descend sur une petite route de campagne parallèle à la route. Il fait toujours bon de s’éloigner de l’agitation de la route principale, de trouver une évasion bienvenue loin du tumulte de la civilisation moderne.
Cependant, le chemin de Il y a à nouveau de très belles fermes sur l’axe, certaines même bâties assez récemment. Il y a sans doute aussi quelques résidences qui ne sont pas habitées par des paysans locaux. Ce qui est assez étonnant dans le canton de Berne est le fait que les tas de fumiers ne sont que rarement à la vue de tous au bord de la route, comme ils le sont dans le canton de Fribourg. Les fermes, symboles de l’agriculture traditionnelle, restent toujours dans le canton de Berne le symbole de l’homme qui vit en harmonie avec la terre.
Un peu plus bas, la Via Jacobi fait faux bond à la petite route et s’en va dans l’herbe sur une petite colline. Mais vous pouvez tout aussi bien continuer sur la route. Il n’y a pas de véhicule, ou alors très rarement. Mais, ne vaut-il pas mieux s’offrir un chemin plus sauvage ?
Section 2 : Par monts et par vaux dans la campagne bernoise
Aperçu général des difficultés du parcours : montée assez rude au-dessus de Riggisberg.
Sur ce sentier gracieux, chaque pas est une caresse pour l’âme, une symphonie de sensations où la terre semble révéler ses secrets les plus intimes. Les érables, majestueux dans leur splendeur étirent leurs branches vers le ciel, tandis que les charmes et les chênes se dressent comme des gardiens vigilants, veillant sur ce paysage empreint de sérénité.
À l’orée du bois, le petit chemin qui court dans l’herbe rejoint la route au lieudit Untere Elbschen.
Depuis ici, c’est une petite demi-heure pour gagner Riggisberg. Par-delà les arbres, s’étend un panorama époustouflant qui laisse entrevoir le village endormi de Riggisberg, semblant veiller paisiblement sur ses terres fertiles. Ici, chaque construction nouvelle est un hommage aux générations passées, une promesse de pérennité et de beauté, évoquant la sagesse des ancêtres qui ont su bâtir avec harmonie.
La route descend longuement dans le petit vallon, en pente douce, au milieu des belles fermes, des arbres fruitiers et des grands.
Puis, un large chemin de terre battue remplace le goudron. Ici, où la nature règne en souveraine, les hêtres bordent avec majesté le ruisseau de Müllibach, leurs branches étirées comme des bras protecteurs surplombant les eaux claires. Le ruisseau, véritable joyau de cette campagne préservée, serpente gracieusement entre les arbres, offrant aux promeneurs le spectacle enchanteur de sa danse cristalline.
Aux confins du bois, le ruisseau se perd dans les broussailles, à proximité d’une humble maisonnette dressée telle une offrande à la nature environnante.
La vie reprend son cours paisible près du ruisseau, où la flore exubérante témoigne de la vitalité de cet écosystème préservé.
Bientôt, l’horizon s’élargit, dévoilant la silhouette familière de Riggisberg qui se dessine maintenant dans un proche horizon.
À l’approche du bourg, la route s’élève brièvement, réaffirmant sa présence alors que le goudron reprend ses droits, marquant le territoire de la civilisation dans ce paysage champêtre.
La Via Jacobi se fond bientôt dans le tissu urbain du bourg, où les rues pavées résonnent du bourdonnement joyeux de la vie quotidienne. Elle traverse un bourg (2’500 habitants), qui est un centre régional d’importance, où on trouve tous les commerces, même un petit hôpital et un musée de textiles tissés. Le château est à l’écart du village et le parcours n’y passe pas. C’est la porte touristique de la région de Gantrisch.
Des escaliers de pierre serpentent avec grâce jusqu’au sommet de la colline, où le temple se dresse comme un phare spirituel dans la quiétude du paysage.
L’église remonte au XIIe siècle et son clocher est de style roman tardif. A la Réforme, l’église fut fermée et ne fut rouverte qu’au XVIe siècle, où elle est devenue temple. Elle fut rénovée au cours des siècles et la dernière transformation est de la fin du siècle dernier.
Du parvis de l’église, le regard embrasse l’étendue infinie de la campagne, où les collines verdoyantes se fondent avec les sommets enneigés des montagnes lointainesn jouant un peu avec le zoom, vous avez par beau temps devant vous les monstres des Alpes bernoises. Mieux qu’une simple carte postale !
Une route escarpée mène au sommet, où l’hôpital déploie ses ailes protectrices, offrant un havre de paix aux âmes en peine.
La Via Jacobi s’éloigne alors des hauts du bourg, se frayant un chemin à travers les quartiers élégants où de vielles maisons de maître, toutes de bois vieilli par les ans, rivalisent de beauté. Au début, la pente est sévère. Au loin, les champs s’étendent à perte de vue, leurs prés verdoyants se fondant dans l’horizon.
Alors changeons un peu pour montrer une autre réalité du chemin et progressons un peu sous la pluie battante. Tout cela relativise bien les paysages.
Au-delà des limites du village, la route se transforme en chemin, serpentant à travers les prés ondulants où les herbes hautes dansent au gré du vent. La campagne, dans toute sa splendeur, dévoile ses charmes cachés à ceux qui prennent le temps de s’y attarder.
Puis, comme une promesse de réconfort, le goudron réapparaît, offrant un chemin plus sûr par mauvais temps vers les hauteurs, là où se dresse le ranch majestueux de Haselmatt, telle une oasis de paix au cœur des prés verts.
Plus loin, la route s’élève encore, défiant presque les lois de la gravité dans une ascension ardente vers le village endormi de Tromwil, où le temps semble s’être arrêté dans une étreinte éternelle.
Section 3 : A travers les belles fermes et maisons du canton de Berne
Aperçu général des difficultés du parcours : parcours aisé avant une plus difficile descente dans le vallon.
La route se déroule jusqu’à Tromwil, traversant des fermes qui, même sous la pluie, arborent une grandeur et une élégance sans pareil. Un tableau vivant où l’opulence agricole rivalise avec les cieux tourmentés. Jamais les paysages suisses n’ont paru aussi resplendissants que dans ces terres bernoises. Le charme des fermes qui étreignent les collines s’étend comme une toile impressionniste, où chaque goutte de pluie révèle une histoire.
La pluie s’intensifie, peignant les alentours d’une aura mystique tandis que le brouillard s’attarde sur les vallées. Mais au-delà de ces caprices du ciel, l’essence même de la beauté de ces terres réside dans leur dualité. Allez ! On va quitter le mauvais temps pour revenir ici par beau temps sous le soleil. Le contraste est alors saisissant. Les mêmes maisons sont sorties du cauchemar.
Aux confins du village, la modeste route s’élève avec détermination, serpentant entre les collines jusqu’à rejoindre une artère plus imposante, reliant Riggisberg à Rüeggisberg, en direction de Mättiwil, à deux pas.
Le tableau qui se dessine à l’envers est d’une majesté incommensurable. Le lac de Thoune s’étend en contrebas, reflétant les cimes vertigineuses des Alpes bernoises où trônent les titans, l’Eiger, le Mönch et la Jungfrau. Un spectacle en perpétuel mouvement, telle une symphonie visuelle dont chaque note est une invitation à l’émerveillement.
L’arrivée à Mättiwil marque le point de convergence entre la Via Jacobi 4 et sa variante qui revient de Berne. On traitera aussi sur ce site ce parcours.
Mättiwil offre une vitrine époustouflante de l’architecture rurale bernoise. Ici, les fermes se dressent telles des colosses, majestueuses et imposantes, leur prestance ne laissant aucun doute sur leur grandeur. Chaque détail est soigneusement pensé, des façades coquettes aux jardins fleuris qui ornent les balcons, sans l’ombre d’un tas de fumier pour ternir cette perfection.
À la sortie du hameau, un sentier se déroule paisiblement à travers les terres cultivées, offrant une vision épurée de la campagne, ponctuée çà et là par des cultures éparses.
Le chemin arrive assez rapidement sous la partie récente du village de Rüeggisberg.
Rüeggisberg, avec ses 1’800 âmes, s’érige tel un joyau paisible, un havre de quiétude bordé de splendides demeures. Ce village, véritable ode au patrimoine rural, se métamorphose en un musée vivant à ciel ouvert, où chaque rue est une galerie d’art à part entière. Imaginez des dizaines de maisons, pyramides de pierres et de bois, aux façades ornées de fleurs aux couleurs éclatantes, alignées avec une grâce infinie le long de la route. Ces bourgeoises résidences, aux multiples étages, semblent rivaliser d’élégance dans une danse harmonieuse avec les montagnes environnantes.
Après un incendie en 1532, l’église du village fut reconstruite. Les ruines du prieuré servirent de carrière pour la reconstruction du village et de son église. L’intérieur fut rénové au siècle dernier. Il est très lumineux.
Le parcours passe devant l’église, traverse le cimetière…
…se dirigeant vers l’ancien prieuré.
Ce prieuré servait autrefois d’étape importante sur le chemin de Compostelle, actuellement moins. Les ruines ont été entretenues et restaurées. Au plan suisse, ce site revêt une nette importance historique, démontrant l’extension de Cluny dans les régions les plus reculées d’Europe.
L’église Saint-Martin remonte à la fin du XIe siècle quant à sa fondation. A cette époque, le baron Lütold von Rümligen fit don de cette église à l’Abbaye de Cluny, pour y fonder un couvent. Ce fut le premier prieuré important clunisien en terre germanophone suisse et aussi le plus ancien établi en terre bernoise. L’église et les dépendances (notamment le cloître) furent édifiées selon le type architectural de Cluny II. Le complexe conventuel était imposant et l’église à 3 nefs et transept se terminait avec un étagement de 5 absides romanes, probablement très belles. Les droits de seigneurie foncière, de justice et aussi ecclésiastiques s’étendaient loin à la ronde. Le domaine comprenait aussi des alpages. Il reste d0ailleurs une ferme dans le site. La ville de Berne augmenta son influence et incorpora finalement le prieuré clunisien au chapitre de Saint-Vincent de Berne. Après la Réforme, en 1541, les bâtiments conventuels furent démantelés avec persistance toutefois des restes du transept Nord et le site servit longtemps de carrière.
Le parcours quitte alors le cloître, à l’angle de la ferme.
Dès lors que l’on quitte ces vestiges, la nature s’éveille dans toute sa splendeur, se faisant tour à tour sauvage et enchanteresse. Le sentier s’engage dans les bois foisonnants, serpentant entre les arbres centenaires et les buissons touffus et anarchiques.
Plus bas, le chemin trouve le ruisseau tempétueux du Grüenibach.
Au bas de la descente, sur des rondins de bois disgracieux, le chemin rejoint la route cantonale qui descend de Rüeggisberg.
Cette portion du trajet est bien moins trépidante, sur la route. Mais, la pénitence est brève, et rapidement la Via Jacobi retrouve un sentier qui repart dans les profondeurs sauvages, pour éviter une épingle de la route.
La descente s’annonce abrupte, entre les hautes herbes qui tissent un dôme sombre au-dessus du chemin.
Au creux du vallon, le sentier traverse le ruisseau du Grüenibach avant de retrouver la quiétude de la route.
La Via Jacobi reprend son cours le long de la route jusqu’à Helgisried, où les vastes fermes se dressent fièrement, témoins silencieux d’une tradition ancestrale. Ici, chaque détail raconte l’histoire d’une communauté attachée à ses racines., avec parfois le palmarès des concours gagnés par son propriétaire.
Vous vous trouvez ici à 30 minutes de Wislisau, là où vous trouverez la rivière de la Schwarwasser.
À Hegelsried, au détour d’une ferme majestueuse, la Via Jacobi emprunte une petite route qui serpente à travers la campagne en direction du hameau isolé de Matten.
Section 4 : Un petit passage près de la Schwarzwasser
Aperçu général des difficultés du parcours : descente marquée puis répit avant de remonter sévèrement sur le haut plateau après la rivière.
Au détour d’une paisible route serpentant à travers les vertes prairies, se dévoile un véritable tableau bucolique de la campagne de Matten.
Plus bas, telle une symphonie de la nature, la Via Jacobi se détache du ruban bitumé pour s’aventurer dans un ballet d’herbes folles vers la Schwarzenburgstrasse, trame principale de ce décor champêtre. Dans cette valse paysagère, le chemin se dirige alors vers les maisons de Bühlstutz. Le murmure de la route cantonale en contrebas accompagne leur silhouette. Voici quelques images d’automne nappées de brouillard fantasmagorique.
Les maisons de Bühlstutz, semblables à des perles éparpillées au bord de ce ruban de civilisation, se dessinent avec une simplicité touchante contre le fond de la nature environnante. Une école, qui doit regrouper les bambins des hameaux voisins, complète le tableau.
Puis, comme un poème en mouvement, la Via Jacobi, fidèle à son capricieux destin, s’évade à nouveau, empruntant une route moins courue, telle une danseuse virevoltant vers les hauteurs où le hameau de Rohrbach l’appelle.
La montée, ardue mais fugace, révèle l’effort et la récompense en un seul souffle.
Les premiers rayons du soleil caressent aujourd’hui les flancs de la colline. Au-dessus de la route cantonale, la montée, aussi abrupte soit-elle, révèle la beauté brute de ce paysage préservé. Les fermes, oasis de vie dans ce décor sauvage, émergent telles des sentinelles, occupant un espace qui pourtant apparaît réduit.
La route monte encore plus haut, le long des fermes, mais le parcours se décide à redescendre dans la plaine, d’abord sur le goudron.
Puis, à travers les prés, un chemin se faufile, franchissant avec grâce les barrières qui ponctuent son chemin, tels des portails vers l’inconnu, des barrières destinées à contenir le tumulte du bétail.
À Sagi, le chemin retrouve la route cantonale, laissant les voyageurs contempler le charme rustique de la Schwartenburgstrasse, près de laquelle se dresse un bijou de ferme patricienne.
Le Grüenibach murmure encore ses secrets, mélodie naturelle dans cette vallée encaissée vibrant de vie et de mystère.
La route arrive alors rapidement à Wislisau. C’est alors que se révèle un véritable joyau caché dans cette vallée encaissée : un restaurant où se pressent les habitants, véritable havre de convivialité au cœur de la nature. La douce mélodie de la rivière accompagne les conversations et les fourchettes.
C’est ici que coule la Schwarzwasser, rivière sévère qui danse sur les pierres. Le murmure de la rivière sauvage résonne dans le canyon de molasse, dans la beauté de la nature.
Poursuivant son périple, la Via Jacobi traverse le Wislisaubrücke, qui enjambe la Schwarzwasser et s’en va gambader dans la nature sauvage, le long de la rivière.
Depuis ce pont, un chemin se fond dans un sous-bois, mélange de feuillus et de conifères, comme pour célébrer la douceur du monde.
Puis, comme par magie, le sentier abandonne la rivière pour retrouver la route cantonale, offrant au voyageur une vue imprenable sur les reliefs environnants.
Dans cet écrin de verdure, la Via Jacobi se détourne de la route cantonale pour traverser le paisible ruisseau de Lindebach, comme figé dans l’éternité des paysages suisses. Faites attention ici, si vous êtes un habitué de la coquille de Compostelle des chemins de France. En Suisse, la coquille ne marque jamais la direction. Il faut suivre seulement les panneaux de signalisation de la Via Jacobi 4.
Puis, tel un funambule sur le fil de son destin, le chemin grimpe, abrupt dans ses premiers pas, un défi exaltant à travers les bosquets et les sous-bois, où chaque pas est une danse avec la nature. La montée est sévère, à près de 20% au début, souvent sur des rondins de bois pour éviter les glissades.
À mesure que l’ascension se poursuit, les arbres s’ouvrent sur une clairière baignée de lumière, comme une récompense pour l’effort consenti. Là-haut, presque au sommet de la colline, la vie semble suspendue dans un équilibre parfait, où l’ombre et la lumière se disputent le privilège de caresser les paysages enchanteurs.
Tel un appel irrésistible, la Via Jacobi repart alors à l’assaut de la colline, défiant les pentes abruptes avec une détermination sans faille.
Au fil des saisons, le paysage se métamorphose, passant de l’ombre à la lumière avec une grâce infinie. Dans les profondeurs du canyon, la pénombre règne en maître, tandis qu’au sommet, le soleil embrase aujourd’hui le ciel de ses rayons éclatants.
Arrivée au sommet de la colline, la Via Jacobi offre un spectacle à couper le souffle. À perte de vue, les prairies s’étendent, baignées dans une lumière dorée. Au loin, le lieudit Granegg, où on n’élève pas que des vaches, se dessine, véritable oasis au cœur de cette nature sauvage.
Sur la petite route qui traverse le plateau, la vie s’épanouit dans toute sa splendeur. Entre les rares champs de maïs et les prés verdoyants, les fermes se dressent telles des gardiennes du temps, témoins silencieux de la vie qui s’écoule. Les fermes ne se comptent plus, tant elles sont nombreuses.
Et puis, comme surgies de nulle part, les fermes d’Henzischwand se dressent fièrement, comme des joyaux dans l’écrin de la campagne. Entourées de fleurs et de verdure, elles célèbrent la beauté simple de la vie à la campagne, où le bétail est roi et la nature reine.
Section 5 : Presque au bout du canton de Berne
Aperçu général des difficultés du parcours : parcours sans difficulté, si ce n’est près de Schönnentannen.
Au gré des sentiers battus par les pas des pèlerins, se dessine une symphonie bucolique où la nature entrelace ses notes avec la vie paisible des fermes disséminées le long de la route. La danse gracieuse des vaches et des chèvres, telles des divinités espiègles, semble orchestrer un ballet enchanteur sur les hauteurs de Kühmoos, tandis que les fermes, comme des joyaux sertis dans le tissu verdoyant de la campagne, offrent leur sérénité aux marcheurs.
À chaque pas, les paysages se dévoilent avec une clarté cristalline, où les fermes se tiennent en rangées bien ordonnées, témoignant de l’harmonie entre l’homme et la terre qui les nourrit. Là, aucune disgrâce ne souille l’horizon, où même les crottes de chiens sont effacées, laissant place à une pureté immaculée qui caresse les sens et enchante l’âme errante.
Loin des artifices du monde moderne, la campagne s’étire dans toute sa splendeur, déroulant un tapis de verdure et ses champs de maïs. La terre battue, témoin des pas de ceux qui ont foulé ces terres depuis des siècles, accueille le voyageur avec une chaleur toute bienfaisante, avant que le goudron ne réclame ses droits.
Peu après, une route de terre battue va passer assez longtemps entre prairies et maïs.
A l’horizon se dessinent les alpes fribourgeoises. On se rapproche peu à peu de la Suisse romande.
Le cheminement se poursuit, serpentant à travers les méandres du paysage, jusqu’à ce que la route se trouve à l’entrée d’Elisried. Ici, vous êtes à 45 minutes de marche de Schwarzenburg.
Là, un appel à la simplicité résonne, tandis qu’un généreux propriétaire ouvre les portes de sa demeure aux voyageurs, leur offrant le gîte dans un lit de paille douillet. C’est là que réside le charme authentique de l’hospitalité suisse, enveloppant le voyageur dans une étreinte chaleureuse, loin des tumultes du monde moderne.
Dans ce tableau champêtre, où chaque élément semble avoir été peint par la main d’un artiste inspiré, les tas de bois coupés se dressent comme des sculptures vivantes, témoins silencieux du labeur quotidien des habitants.
La route continue jusqu’à atteindre Schönnentannen, où on trouvait jadis à se restaurer au bord de la route. Le restaurant semble aujourd’hui fermé. Qui sait ?
Et pourtant, le chemin de Compostelle révèle son caractère capricieux, invitant le pèlerin à quitter les sentiers battus pour explorer des contrées inconnues. C’est là que réside la magie du voyage, dans la possibilité de s’égarer pour mieux se retrouver, de se perdre pour mieux se découvrir. Bien évidemment, la route cantonale continue jusqu’à Schwarzenburg, à deux pas. Mais, le Chemin de Compostelle aime faire passer le pèlerin hors des routes faciles. Alors, il invente une petite partie dans l’herbe, et en pente. Si vous ne voulez pas vous frotter aux hautes herbes, vous pouvez, à la hauteur du restaurant, prendre le large chemin de terre qui part en dessous de la route. Ce chemin vous conduira sans effort jusqu’au bourg.
Pour les autres, ceux qui croient naïvement que le chemin de Compostelle est immuable et qu’il est bon de ne jamais faire un détour ou prendre un raccourci, engagez-vous sur le mauvais petit escalier.
C’est un sentier qui monte rudement dans les prés au sommet de la colline.
Au sommet de la crête, le monde semble s’étendre à perte de vue, dévoilant Schwarzenburg dans toute sa splendeur, lovée au creux de douces collines comme un joyau précieux dans l’écrin de la nature.
Le chemin se fait alors confident, traversant un petit sous-bois, invitant le marcheur à plonger au cœur de la nature pour mieux se retrouver.
Dans la clairière, le chemin se métamorphose, se fondant dans l’herbe tendre comme une promesse d’éternité.
Et lorsque la crête s’achève, la route se dévoile à nouveau, serpentant à travers champs pour mieux conduire le voyageur vers sa destination finale. À chaque pas, le paysage se transforme, offrant un spectacle toujours renouvelé.
Un peu plus bas, vous vous retrouverez au-dessus de Schwarzenburg, sans aucune trace du parcours. Continuez sans trembler dans les prés ou descendez dans la forêt. Si vous ne trouvez pas le chemin, prenez aussi la route. Schwarzenburg est juste au-dessous.
Schwarzenburg est une petite ville avec près de 7’000 habitants, avec tous les commerces. Le train passe aussi ici. Le bourg est truffé de belles maisons patriciennes.
Dans le cœur même de la ville, le Dorfbach, telle une veine vitale, serpente à travers certaines parties du centre, offrant son murmure apaisant aux passants. Au bord de ses rives, se dressent de belles maisons de bois, témoins authentiques d’un charme intemporel.
L’activité se regroupe surtout autour des petites rues commerçantes près de la gare. Le château, construit à la fin du XVIe siècle est situé au calme, dans un parc à l’extérieur de la ville.
Logements sur la Via Jacobi
- B&B Staufenbühl, Stauffenbühl 140, Stauffenbühl; 033 557 83 83/ 077 413 62 36; Chambre d’hôte, repas, petit déj.
- Camping Elbschen, Burgistein ; 033 356 36 51 ; Camping, petit déj.
- B&B Aeschenbacher, Breiten 45, Burgistein ; 033 356 36 69/079 462 73 62 ; Chambre d’hôte, petit déj.
- B&B Ernst Bäckerei, Vordere Gasse 9, Riggisberg; 031 809 36 36/079 416 36 71 ; Chambre d’hôte, petit déj.
- B&B Schlossgarten, Schlossweg 5, Riggisberg; 031 808 81 11 ; Chambre d’hôte, petit déj.
- Restaurant Brunne, Schlossweg 5, Riggisberg; 031 808 81 43 ; Chambre d’hôte, repas, petit déj.
- Andi et Doris Steller, Dorfstasse 12, Rüeggisberg ; 031 809 18 22/079 718 25 27 ; Gîte, petit déj.
- Elisabeth et Jürg Wilen, Unter der Eichen 6, Rüeggisberg ; 031 331 67 22 ; Gîte, petit déj.
- Elsbeth et Alfred Buri-Berger, Haslistrasse 16, Rüeggisberg ; 031 809 08 30 ; Gîte, petit déj.
- Cottage Holiday Stöckli, Dorfstrasse 22, Rüeggisberg ; 031 809 40 80 ; Gîte, petit déj.
- Bettina Zwahlen, Bodmattweg 7, Rüeggisberg ; 078 683 92 50 ; Gîte, petit déj.
- Gasthaus Bären, Rüeggisberg ; 031 808 03 05 ; Hôtel, repas, petit déj.
- Pfadiheim Pöschen, Freiburgstrasse 98, Schwarzenburg; 031 731 20 64 ; Auberge de jeunesse, petit déj.
- Mehrzweckanlage, Schwarzenburg; 031 732 01 00 ; Gîte communal, petit déj.
- B&B Mäder, Katzenstyg 48, Schwarzenburg; 031 731 28 78 ; Chambre d’hôte, repas, petit déj.
- B&B Salzmann, Wartgässli 44, Schwarzenburg; 031 731 28 76/079 627 47 48 ; Chambre d’hôte, petit déj.
- B&B Nydegger, Bernstrasse 14, Schwarzenburg; 031 731 15 77 ; Chambre d’hôte, petit déj.
- B&B Christen, Zelgweg 34, Schwarzenburg; 031 731 16 45 ; Chambre d’hôte, petit déj.
- B&B Schmied, Steinhausstrasse 21, Schwarzenburg; 031 731 05 47 ; Chambre d’hôte, petit déj.
- B&B Rebetez, Unters Aebnit 9, Schwarzenburg ; 031 731 26 83/079 624 43 34 ; Chambre d’hôte, petit déj.
- B&B Leuenberger, Torhalten 1, Schwarzenburg; 031 731 29 75/079 829 95 91 ; Chambre d’hôte, petit déj.
- Ausbildingzentrum, Kirchermatt 2, Schwarzenburg; 058 469 38 11 ; Hôtel, repas, petit déj.
- Gasthof Bühl, Thunstrasse 1, Schwarzenburg; 031 731 01 38 ; Hôtel**, repas, petit déj.
- Hôtel Restaurant Sonne, Dorfplatz 3, Schwarzenburg; 031 731 21 21 ; Hôtel***, repas, petit déj.
Il n’y a pas de grandes difficultés de trouver un logement sur cette étape. Vous êtes en fin d’étape en ville, avec tous les commerces. Réservez tout de même par sécurité.