En route pour une belle ville médiévale
DIDIER HEUMANN, ANDREAS PAPASAVVAS

Nous avons divisé l’itinéraire en plusieurs sections, pour faciliter la visibilité. Pour chaque tronçon, les cartes donnent l’itinéraire, les pentes trouvées sur l’itinéraire et l’état du GR65. Les itinéraires ont été conçus sur la plateforme “Wikilocs”. Aujourd’hui, il n’est plus nécessaire d’avoir des cartes détaillées dans votre poche ou votre sac. Si vous avez un téléphone mobile ou une tablette, vous pouvez facilement suivre l’itinéraire en direct. Pour ce chemin, voici le lien :
https://fr.wikiloc.com/itineraires-randonnee/de-schwarzenberg-a-fribourg-cathedrale-par-la-via-jacobi4-32243847
Ce n’est évidemment pas le cas pour tous les pèlerins d’être à l’aise avec la lecture des GPS et des cheminements sur un portable, et il y a encore de nombreux endroits sans connexion Internet. De ce fait, vous pouvez trouver sur Amazon un livre qui traite de ce parcours. Cliquez sur le titre du livre pour ouvrir Amazon.
Si vous ne voulez que consulter les logements de l’étape, allez directement au bas de la page.
Aujourd’hui, le parcours quitte le canton de Berne, que nous avons traversé de part en part pour le canton de Fribourg. Mais ces deux cantons ont eu leur destin lié pendant des siècles, depuis l’époque héroïque et des Habsbourg à Berne et des Zähringen à Fribourg. Il en demeure encore quelques relents, dans un canton qui parle deux langues.
Nous sommes autour de l’an 1200 et la région fait partie de la Bourgogne. Alors, la légende se crée. Fribourg n’existe pas encore. Seul un château, celui des ducs de Zähringen, est perché sur la colline au-dessus de la Sarine. Des charbonniers, des bûcherons et des pêcheurs vivent dans des chaumières le long d’une rivière couverte de broussailles. Le duc Berthold IV s’en alla un jour en chasse dans la forêt voisine et fut surpris seul dans l’orage. Habillé de manière simple, sans qu’on puisse imaginer en lui un prince, il se perdit seul, séparé de ses hommes, dans la nuit sous l’orage. Il repéra une lumière vacillante. Il alla frapper à l’huis et le maître des logis, un charbonnier lui offrit le gîte et le couvert. A son réveil, il constata que ses habits étaient couverts de suie d’un côté et enfarinés de l’autre. Diable ! Le charbonnier n’avait rien trouvé de mieux pour composer le lit de l’étranger que d’arranger deux sacs de charbon et de les recouvrir d’un sac à farine. Alors il se jura qu’il fallait construire une ville, donner des libertés aux charbonniers et que la couleur du drapeau serait celle du lit du charbonnier, noir e blanc, ce qu’est encore le drapeau du canton de nos jours.
Au XIIIème siècle, la ville passe aux mains de Habsbourg bernois, puis à la fin du XVème siècle sous la férule des ducs de Savoie. Après la bataille de Morat, qui vit la victoire des confédérés et des bernois sur Charles le Téméraire, Fribourg demanda son admission dans la confédération helvétique naissante. Elle entra comme premier canton semi-romand en 1481. Puis, ce fut la Réforme et son concert de conflits incessants. Les 13 cantons suisses choisirent leur camp. Mais, dans de nombreuses régions, la cohabitation des deux confessions resta la plupart du temps difficile. Nous traversons donc aujourd’hui un de ces microcosmes entre catholicisme fribourgeois et protestantisme bernois. Et ici, la situation se complique encore plus par la langue. Cette partie du canton de Fribourg parle allemand et va à la messe.
Difficulté du parcours : L’étape du jour (+337 mètres/-505 mètres) présente des dénivelés très raisonnables. Les pentes ne dépassent guère les 10% d’inclinaison, si ce ne sont la remontée sur le haut plateau après avoir passé la Sense, et surtout le flip flop sur la Sarine à souvent plus de 25% de pente en ville de Fribourg, en fin d’étape.

Aujourd’hui, les routes sont encore un peu plus nombreuses que les chemins :
- Goudron : 11.4 km
- Chemins : 8.6 km
Parfois, pour des raisons de logistique ou de possibilités de logement, ces étapes mélangent des parcours opérés des jours différents, ayant passé plusieurs fois sur sur ces parcours. Dès lors, les ciels, la pluie, ou les saisons peuvent varier. Mais, généralement ce n’est pas le cas, et en fait cela ne change rien à la description du parcours.
Il est très difficile de spécifier avec certitude les pentes des itinéraires, quel que soit le système que vous utilisez.

Pour les “vrais dénivelés”, relisez la notice sur le kilométrage en début de site.
Section 1 : Entre campagne, falaises et rivière, du canton de Berne au canton de Fribourg.

Aperçu général des difficultés du parcours : parcours sans difficulté, si ce n’est la descente sur la Sense.

A Schwarzenburg, ce ne sont pas les chemins qui manquent sur les panneaux indicateurs près de la gare. Mais depuis le lac de Constance, nous sommes toujours sur la Via Jacobi 4.

La Via Jacobi quitte donc le bourg près de la gare. |
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Elle part sur la Bernstrasse, où demeurent encore de belles vielles fermes. A Schwarzenburg, on trouve un mélange étonnant de fermes et de maisons patriciennes, à l’intérieur même du bourg. |
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Près de la Place du Marché, la Via Jacobi quitte l’axe. On annonce Fribourg à près de 5 heures de marche. |
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Une route de campagne se dirige alors vers Wart à la sortie du bourg. |
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Entre prés et maïs, la petite route goudronnée arrive à Wart. Il y a bien un changement progressif dans le paysage. A partir d’ici, les maïs, presque absents du chemin en Suisse allemande, se font de plus en plus visibles. |
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Wart est un petit hameau à vocation avant tout agricole. |
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Ici, on est très sympathique de rappeler au pèlerin qu’il marche sur le Chemin de Compostelle et que 1’700 kilomètres le séparent de Santiago.

Depuis le village, la route descend alors en direction de Torhalten. |
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La route oscille en pente dans la campagne. |
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La campagne est bucolique à souhait, avec ses fermes dispersées dans les prés.

Plus bas, la Via Jacobi trouve un chemin qui va descendre dans un vallon en sous-bois. |
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Le vallon est très encaissé avec de nombreux filets d’eau qui ruissèlent. |
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Un chemin pavé de pierres, très pentu et souvent glissant, descend sous les falaises abruptes de marne recouvertes de mousse dans le bassin de la Sense. La Sense s’appelle Sengine, en français. |
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Un large chemin de terre se dirige alors dans les feuillus vers le lit de la rivière. La Sense n’est pas une très grande rivière, mais elle est sauvage et les cailloux en nombre. |
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Parfois en clairière, souvent en sous-bois, une route de terre battue va longer la rivière. Ici, c’est un paysage similaire à celui trouvé auparavant près de la Schwarzwasser. La rivière a creusé comme un canyon sauvage dans les falaises de marne. Au bout du chemin de terre, le chemin arrive près d’un pont de bois. |
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Le parcours rejoint la route cantonale et traverse la Sense sur un vieux pont de bois, le Sodachbrücke, un pont construit vers la fin du XIXème siècle, devenu aujourd’hui piétonnier, un pont neuf traversant la rivière à côté. |
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Ici, nous quittons le canton de Berne pour la partie germanique du canton de Fribourg.

Après le pont, un petit chemin longe le ruisseau de Sodbach. |
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Puis le chemin quitte le ruisseau et remonte vers la route cantonale. Juste en contre-bas un café restaurant est disponible. |
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Après avoir traversé la route, un chemin monte en pente très soutenue dans le sous-bois. Les pierres sont nombreuses sur le chemin. Ce sont toujours le feuillus que l’on rencontre, ceux des forêts suisses où abondent les hêtres, avec peu d’érables, de frênes, ou de chênes. Le châtaignier est rare en Suisse. |
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Il traverse le sous-bois pour arriver dans une clairière. |
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La pente alors s’adoucit sur une route de terre battue qui monte vers Heitenried, passant parfois dans les prés ou en sous-bois. |
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Sur le chemin un bel oratoire se dresse au bord du chemin. Le canton de Fribourg est un canton très catholique.

Section 2 : Dans la campagne fribourgeoise.

Aperçu général des difficultés du parcours : parcours sans aucune difficulté.

Le chemin se rapproche alors en pente douce de Heitenreid avant de gagner la route à l’entrée du village. |
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La Via Jacobi traverse alors la partie relativement récente du village (1’400 habitants). |
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Puis, elle le quitte, en passant sous le village. |
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Les croix réapparaissent. Fribourg est un canton catholique, ce qui n’est pas le cas d’une grande partie de la Suisse alémanique, en majorité de confession protestante. |
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Rapidement, un chemin herbeux se profile dans la campagne, le long des haies. Il coupe peu après le petit ruisseau de Lettiswilbach et se dirige vers un petit sous-bois où se mêlent les feuillus et les épicéas. |
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Ici, la pente est douce sur un chemin caillouteux. A la sortie du sous-bois, la Via Jacobi rejoint le hameau de Winterlingen et ses quelques maisons. |
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Le chemin ondule alors en douceur dans les prés, le long de petits bosquets ou d’arbres isolés, surtout des épicéas et des grands chênes. |
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Il arrive bientôt sur les hauts de Niedermonten. Ici, c’est la vie paysanne omniprésente, avec de grandes prairies et des vaches noires et blanches disséminées où que le regard se porte. On aime ou on n’aime pas, c’est selon. Mais, les pèlerins, pour la grande majorité goûtent avec délice aux plaisirs de la vraie campagne. |
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On voit tout de suite quand on arrive dans le canton de Fribourg que les fermes sont souvent moins cossues (mais pas toutes !) que dans le canton de Berne et que le fumier est souvent devant la porte du domaine.

Un chemin herbeux descend en pente douce dans l’herbe pour trouver le goudron et la Via Jacobi rejoint la route cantonale à Niedermonten et ses gigantesques fermes. |
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Loin de nous l’idée de dévaloriser le canton de Fribourg, mais on dira qu’il y a peut-être un peu moins d’argent que dans le canton de Berne. Ici une belle croix de bois croix marque le carrefour, et pour nous faire mentir une extraordinaire vielle ferme, comme on n’en rencontre plus guère. |
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Près d’une autre grande et magnifique ferme, la Via Jacobi quitte la route nationale pour une plus petite route. |
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Que dire de plus de cette petite merveille qui sert aujourd’hui de maison d’hôtes ?