14. Visite de la Vieille Ville de Fribourg

Dans la cité médiévale de Fribourg

 

DIDIER HEUMANN, ANDREAS PAPASAVVAS

 

Fribourg mérite bien une journée de visite, si on veut faire une petite halte et profiter de la beauté des vestiges d’une ville qui remonte au Moyen-âge. Dans son caractère complexe et étendu, c’est une des plus belles villes avec de  beaux restes  moyenâgeux d’Europe. Évidemment, les siècles ont passé, de nombreuses transformations ont été effectuées, mais l’esprit est resté. Voici alors un exemple de parcours qui illustre les points les plus significatifs des sites, dans une balade qui explore la vielle ville et les méandres de la Sarine.

Vous en connaissez déjà une partie, étant arrivé la veille par la Tour Rose et la Porte de Berne vers la Basse Ville. Nous ne décrirons donc pas cette partie que vous connaissez déjà. Le mieux est de partir de la cathédrale, le centre de la vieille ville et d’aller de la cathédrale au Pont de Berne.

 

Vous descendez la Rue des Chanoines qui jouxte la cathédrale, puis la rue des Bouchers jusqu’à atteindre le pont piétonnier des Zähringen, qui surplombe la Sarine.

Du pont, on voit au nord le nouveau Pont de la Poya qui a été construit pour remplacer le pont de Zähringen engorgé autrefois.

De l’autre côté, le regard plonge sur le Quartier de l’Auge dans la Basse Ville, sur le pont du Gottéron, les tours du Chat et de la Tour Rose sur la rive droite de la Sarine, la Tour de Dürrenbühl au-dessus des falaises, et en dessous sur l’église des Augustins.

Au début du pont, descendez les escaliers du Pont de Zähringen.

Vous gagnerez les Chemin des Archives, la rue de Lenda au niveau du couvent des Augustins.

L’église des Augustins/St Maurice, important témoin de l’architecture des ordres mendiants au XIIIe siècle, est, depuis 1916, un bâtiment D’État, mais l’église Saint-Maurice est paroissiale depuis 1872. Les vitraux et le mobilier liturgique sont remarquables, pour peu que la porte de l’église soit ouverte.

Dans le quartier, les maisons médiévales, autrefois sombres, ont été restaurées avec charme et grand soin.
La rue des Augustins jouxte le couvent, passe près du Tribunal cantonal sis dans le bâtiment, descend vers la Rue d’Or dans le quartier de l’Auge.
Au bas de la rue d’Or, vous pouvez vous diriger sur la droite vers la Place du Petit St Jean, où vous avez passé la veille sur le Chemin de Compostelle et continuer tout droit sur le Pont du Milieu. Le pont permet de rejoindre un autre quartier de la Basse ville, celui de Neuveville.
Mais aujourd’hui, nous allons suivre un autre itinéraire. Revenez à la rue d’Or et traversez le pont de Berne. Vous vous retrouvez à la rue de Palme, devant la fontaine de la Fidélité, au bas de La Rue des Forgerons, là où vous êtes passé la veille sur le Chemin de Compostelle.
Devant vous s’ouvre la porte du Gottéron, qui faisait partie de la première fortification du XIIIème siècle. Son état actuel remonte au XVème siècle. Les crues dévastatrices de la Sarine et du Gottéron ont poussé les bourgeois de la ville à régulariser le débit de leurs eaux et à creuser des digues et des canaux. Grâce à ce système, plus de 30 moulins ont fonctionné ici du XIIIème au XIXème siècle. C’est dans ce quartier de moulins, de ferronneries et de laminoirs que battait le cœur préindustriel de la ville. Au-dessus de la porte se dresse la petite chapelle de St Béat.
Si vous franchissez la porte, vous allez remonter le Gottéron sous le pont du même nom.

 

Mais, notre parcours aujourd’hui ne prend pas cette direction. Au niveau de la Fontaine de la Fidélité, le petit chemin du Dürrenbühl s’engage sur le haut de la Rue de la Palme, sous la falaise et la chapelle St Béat, direction Bourguillon.

 

Dans les temps anciens, on disait qu’au fond de ces gorges encaissées vivait un redoutable dragon. Sur le chemin se dresse la charmante petite chapelle St-Béat, autrefois lieu de pèlerinage des habitants de la Basse Ville pour demander protection contre les animaux et les maladies. Elle s’encastre dans le rempart en s’appuyant contre la falaise. Il y avait au Moyen-âge une autre chapelle près de la Porte du Gottéron, aujourd’hui disparue. La nouvelle date du XVII-XVIIIème siècle. Béat est un saint ermite bernois, qui aurait fait fuir un monstre hantant le lac de Thoune. Le culte de St Béat fut très répandu en Suisse. Le Chemin de Compostelle passe près de chez lui, le Beatenberg en face de Spiez. Vous y êtes passé.
Le sentier de Dürrenbühl, magnifique, n’est cependant pas qu’une partie de plaisir. Au départ, des escaliers ont été taillés dans la molasse de la falaise.
Le sentier monte dans la forêt pour trouver la Route de Bourguillon qui sort du Pont du Gottéron.
Ici, vous êtes à la hauteur de la Tour de Dürrenbühl. Elle date du milieu du XIIIème siècle et fut surélevée après 1400. Le rempart adjacent fut démoli en 1840 pour permettre la construction du pont du Gottéron.
Après avoir rendu visite à la tour, continuez de monter sur la route. A un moment, vous trouverez sur votre droite un embranchement, celui du Beau Chemin qui mène plus rapidement à la Porte de Bourguillon. Ce parcours part à plat dans une zone de petites villas au-dessus de la falaise. Si vous n’êtes pas pressé, vous pouvez aussi continuer sur la route jusqu’à Bourguilllon.
A la sortie du village de Bourguillon, continuez à droite sur la Route de Bourguillon jusqu’à un parking.
Là s’amorce une jolie balade sur la crête, parfois en sous-bois, le long de la Promenade Madeleine Eggendorffer.
Le chemin tourne bientôt à angle droit, et descend direction Planche Supérieure en suivant le Chemin du Breitfeld, jusqu’à rejoindre l’extrémité du Beau Chemin.
Là, vous êtes au sommet du Chemin de Lorette, au-dessus de la Porte du Bourguillon.
La Porte de Bourguillon fut érigée au milieu du XIVème siècle, puis exhaussée au XVIème siècle. On y trouve encore un fossé et des lambeaux de remparts, de même qu’une maison adossée à la porte.
De la porte, une route pavée, en forte pente, descend le Chemin de Lorette vers la Basse Ville. En face, vous apercevez le funiculaire qui remonte de la Basse Ville.
En descendant la route, se dresse sur la droite la petite et curieuse chapelle de Lorette, datant du XVIIème siècle.
En face s’étend le Monastère de Montorge, fondé en 1621, habité par des franciscaines qui se livrent au travail et à la contemplation. On peut y faire des retraites.
Le chemin de Lorette descend encore…
…jusqu’à rejoindre la grande place pavée de Planche Supérieure.
Sur la place du Petit St Jean se dresse, entre autres, la Fontaine St Jean et une des brasseries célèbres de La Basse. Ces brasseries, autrefois si typiques, ont été, on dira avec un certain parti pris, pas très bien restaurées à l’intérieur.

 

Un peu d’histoire maintenant. L’ordre de Saint-Jean de Jérusalem remonterait à la fin du XIème siècle, créé par des marchands de Jérusalem, qui créèrent d’abord des hôpitaux, d’où leur nom d’Hospitaliers. Ils vont bientôt posséder des établissements, des prieurés et des commanderies dans toute l’Europe catholique. À l’instar des Templiers, ils assument rapidement une fonction militaire pour défendre les pèlerins et combattre les sarrasins. Cet ordre sera très important jusqu’à sa dissolution au XIXème siècle. Une commanderie était donc un établissement à la fois religieux et militaire. Placées sous la responsabilité de commandeurs, elles étaient le lieu de vie et de formation de communautés de frères et de chevaliers.

L’Ordre est présent à Fribourg depuis le début du XIIIème siècle à la place du Petit St Jean, à la Planche supérieure et va grandir au cours des années pour investir une grande partie de l’espace de la place et de ses alentours. La commanderie prend son aspect définitif à la fin du XVIIème siècle. C’est aussi à cette époque qu’on construisit ici un grand magasin à grains à proximité de l’église Saint-Jean, grenier qui devient en 1821 une caserne.

S’ensuivirent alors diverses péripéties politiques. Les bâtiments de l’Ordre disparu devinrent successivement une maison de correction, un internat pour élèves, une caserne, un mess pour officiers. En 2011-2012, le complexe entier fut restauré et, aujourd’hui, il abrite le Service des Biens culturels du canton. L’ensemble est complété par l’église toute proche de St Jean.
En descendant de Planche Supérieure vers la rivière, le chemin enjambe le Pont de St Jean, près duquel se trouve le café de la Clef, encore un haut lieu de la vie nocturne de La Basse des temps jadis.

 

Quand on passe le Pont St Jean, on peut encore explorer un dernier tronçon de la ville médiévale outre Sarine.

 

A la sortie du pont, on suit à gauche le Chemin de Motta le long de la Sarine, direction L’Abbaye de la Maigrauge.
La route va jusqu’au Pont de la Motta, là où la Sarine a dessiné une grande boucle en creusant la molasse.
Un peu plus loin, la route arrive à l’Abbaye de la Maigrauge. L’abbaye, fondée en 1255, est le premier monastère féminin de Fribourg. Depuis plus de sept siècles et demi, elle abrite des sœurs moniales de l’ordre cistercien.
Tout à côté, un barrage sur la Sarine et une petite usine électrique.
Le Chemin de l’Abbaye remonte près du mur du couvent. C’est un chemin très pentu, mais très court. Il vous permet de découvrir la dernière porte médiévale de ce côté de la ville. C’est la porte de la Maigrauge, édifiée vers 1350.
De la porte, le retour emprunte le Chemin de Sonnenberg et redescend sur Planche Supérieure.

 

Dans la Basse Ville, le quartier de la Neuveville est de l’autre côté de la Sarine, du Pont St Jean.

 

Sitôt après le pont, vous trouvez la Rue de la Neuveville. Cette dernière n’est pas pentue, et elle se dirige vers le funiculaire.
C’est l’une des curiosités de la ville. La ligne a été ouverte en 1899 et relie le Centre-Ville à la Basse Ville. Classé monument historique, il est unique en Europe, car il marche grâce aux eaux usées de la ville, dont il se sert grâce à un système de contrepoids.
Si vous vous décidez pour la marche à pied, montez la Rue de la Grande Fontaine. Cette rue, bien évidemment en pente, vous permet d’accéder à la ville supérieure. Sur le chemin, vous verrez une maison troglodyte accrochée dans les marnes.

La rue s’achève près de la cathédrale, au niveau de l’Hôtel de Ville qui plonge dans la falaise.

 

Pour faire un tour plus ou moins complet de la ville médiévale, il reste à explorer les remparts au nord de la ville.

 

Au bout d’une dizaine de minutes sur le trottoir, on gagne la porte de Morat en suivant la rue du même nom. La porte de Morat fut construite dans les années 1400. Dans les siècles derniers, on perça la muraille pour permettre un accès plus élargi de la route. C’est aujourd’hui une entrée assez importante de la circulation venant du nord.

Ici, des deux côtés de la porte, les remparts sont conséquents et bien conservés. Ils descendent vers la rivière où on voit en face le Pont de la Poya.
De l’autre côté de la tour, les remparts montent vers la colline en direction de la Tour des Rasoirs.
Les remparts sont interrompus au sommet de la colline, au niveau de l’école professionnelle. Mais des restes de murailles demeurent de l’autre côté de l‘école, où même une maison est incorporée dans le rempart.

Avez-vous apprécié la balade?

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