Etape 02: De Märstetten à Münchwilen

Dans les campagnes du canton de Thurgovie

Le canton de Thurgovie en Suisse n’est pas généralement considéré comme faisant partie de la liste des cantons suisses les plus prestigieux ou haut de gamme. Avec une population d’environ 270’000 habitants et sa capitale Frauenfeld comptant environ 25’000 habitants, le canton présente une taille modeste en comparaison avec d’autres régions suisses plus peuplées ou économiquement prospères. En ce qui concerne la religion, le canton de Thurgovie est historiquement majoritairement protestant, bien qu’il y ait également une minorité catholique assez importante. La répartition entre les deux confessions varie selon les régions et les localités du canton. Traditionnellement, les régions rurales ont tendance à être plus protestantes, tandis que les zones urbaines peuvent avoir une population plus diversifiée sur le plan religieux.

La campagne pittoresque de Thurgovie s’étend comme une toile vivante, où la nature règne en maître et où le paysage est sculpté de vallons verdoyants et de collines ondulantes, en passant par les champs dorés et les rivières scintillantes. Sur le plan économique, Thurgovie se distingue par son tissu industriel dynamique. Les entreprises innovantes, véritables piliers de l’économie locale, excellent dans des domaines variés tels que la technologie de pointe, l’agroalimentaire et la fabrication de machines. Leurs contributions inestimables ont permis de hisser la région au rang de moteur économique, créant ainsi des emplois et stimulant la prospérité régionale. Les villes emblématiques de Frauenfeld et Kreuzlingen, bien que moins étincelantes que les métropoles suisses, abritent des centres industriels modernes et des zones d’activités florissantes. Ces oasis de dynamisme économique témoignent de la vitalité de la région et de sa capacité à s’adapter aux défis du monde moderne. Pourtant, ce n’est pas dans cette partie industrialisée du canton que vos pas vous conduiront aujourd’hui. Au contraire, vous traverserez une grande campagne parsemée de petits villages pittoresques, où le temps semble s’être arrêté. Ici, la vie est rythmée par le cycle des saisons et les traditions séculaires des habitants, principalement des paysans qui cultivent la terre avec amour et dévotion. Cette région, quelque peu éloignée des grands centres urbains et des grands cantons voisins, développe son propre charme rustique et authentique. C’est un véritable havre de paix où la simplicité de la vie quotidienne côtoie la sérénité de la nature environnante.

Nous avons divisé l’itinéraire en plusieurs sections, pour faciliter la visibilité. Pour chaque tronçon, les cartes donnent l’itinéraire, les pentes trouvées sur l’itinéraire et l’état du parcours (routes ou chemins). Les itinéraires ont été conçus sur la plateforme “Wikilocs”. Aujourd’hui, il n’est plus nécessaire d’avoir des cartes détaillées dans votre poche ou votre sac. Si vous avez un téléphone mobile ou une tablette, vous pouvez facilement suivre l’itinéraire en direct.

Pour ce chemin, voici le lien :

https://fr.wikiloc.com/itineraires-randonnee/de-marstetten-gare-a-munchwilen-par-la-via-jacobi-4-152999720

Difficulté du parcours : Le trajet se déroule sur dénivelés faibles (+223 mètres/-116 mètres). Il n’y a aucune difficulté notoire sur tout le parcours.

État de la Via Jacobi : Dans cette étape, les parcours sur le goudron rivalisent avec les parcours sur les chemins :

  • Goudron : 9.1. km
  • Chemins : 9.2 km

Ce n’est évidemment pas le cas pour tous les pèlerins d’être à l’aise avec la lecture des GPS et des cheminements sur un portable, et il y a encore de nombreux endroits sans connexion Internet. De ce fait, vous trouverez sur Amazon un livre qui traite de ce parcours.

 

 

 

 

 

 

 

Si vous ne voulez que consulter les logements de l’étape, allez directement au bas de la page.

Parfois, pour des raisons de logistique ou de possibilités de logement, ces étapes mélangent des parcours opérés des jours différents, ayant passé plusieurs fois sur sur ces parcours. Dès lors, les ciels, la pluie, ou les saisons peuvent varier. Mais, généralement ce n’est pas le cas, et en fait cela ne change rien à la description du parcours.

Il est très difficile de spécifier avec certitude les pentes des itinéraires, quel que soit le système que vous utilisez.

Pour les “vrais dénivelés ”et pour les passionnés de véritables défis altimétriques, consultez attentivement les informations sur le kilométrage au début du guide.

Section 1: La traversée de la Thur, une belle et grande rivière

Aperçu général des difficultés du parcours : parcours sans aucune difficulté.

Si vous avez passé la nuit dans le village, alors il est temps de reprendre votre chemin en direction de la gare de Märstetten, symbole de départ vers l’étape du jour.

Quittant la gare surdimensionnée, vos pas vous guideront sur la même route que la veille, mais dans une direction opposée, en vous enfonçant à nouveau dans une atmosphère industrielle.




Rapidement, l’air est empreint du bourdonnement des multiples industries qui peuplent ce petit coin de pays agricole. Mais, les usines ne sont pas légion. Cela ressemble plus à un tissu industriel de grosses entreprises de services.


C’est au lieu-dit Muggenwinggel que vous croiserez l’arrêt de bus, qui sans doute contribue à l’essor de cette région.


Après avoir quitté le peu d’agitation des usines, la Via Jacobi prend un tournant singulier et se dirige vers la route cantonale. Il semble y avoir une certaine effervescence par ici, ce qui témoigne probablement d’une activité économique locale assez dynamique.


Ici, la Via Jacobi s’offre un petit plaisir, une sorte de gymkhana improvisé, en passant par un tunnel pour éviter la route cantonale et la voie ferrée.




Émergeant de cette parenthèse souterraine, elle gravit doucement une petite butte, pour contourner l’obstacle comme pour reprendre son souffle…


… avant de se perdre dans les confins mystérieux d’un dense sous-bois C’est là que vous vous retrouvez, contemplant l’immensité du parcours qui vous reste à parcourir. À quelque 2’335 kilomètres de Saint-Jacques-de-Compostelle, l’objectif semble lointain, peu accessible, comme une invitation irrésistible à poursuivre cette aventure sans fin.


Un vaste chemin s’étire, semblant s’enfoncer en toute quiétude dans une forêt ombragée, où la majesté des arbres feuillus règne en maître. Il n’y a que peu de de place ici pour la timidité des arbustes modestes ; au contraire, des hêtres imposants s’élèvent avec une prestance remarquable, accompagnés de leurs compagnons érables champêtres et de charmilles enchevêtrées dans un ballet naturel.


Chaque pas emmène le promeneur plus profondément dans cette symphonie de verdure, où les rayons du soleil peinent à percer à travers le feuillage dense, créant une douce atmosphère.


À mesure que l’on avance, la densité des arbres s’amenuise peu à peu, laissant place à une clairière baignée par une lumière plus douce.


Peu après, le parcours, tel un explorateur déterminé, se fraye un chemin à travers une étendue herbeuse, serpentant avec peu d’envie entre les hautes rangées de maïs, presque toujours indignes et insipides.


Bientôt, le chemin se dévoile au-delà des frontières de la forêt et des champs, rejoignant la route empruntée par les voyageurs en direction de Märstetten-Amikon. Sur une étroite bande de terre, il trace sa route avec une assurance tranquille, bordant la route comme un fidèle compagnon de voyage. 


Le regard attentif embrasse alors le panorama qui se déploie devant lui. Amikon, assise paisiblement au pied de la colline, se dessine à l’horizon tel un mirage bienveillant. Les contours du village se mêlent harmonieusement à la silhouette ondoyante des collines environnantes.


Poursuivant sa course, la route prend un tournant, guidant le marcheur vers un ouvrage d’ingénierie remarquable : le grand pont qui enjambe majestueusement les eaux calmes de la Thur.




Cette rivière, véritable cours d’eau imposant, tire sa source des hauteurs du massif de Säntis, dans le canton de St Gall. Tel un fil d’argent, elle sillonne les contrées du canton de Thurgovie, dont elle porte fièrement le nom, avant de poursuivre son périple à travers le canton de Zurich, jusqu’à son embrasement dans les eaux tumultueuses du Rhin.


Dans le paisible village, serpente le délicat cours d’eau de Hünikerbach, glissant comme un doux murmure à travers le petit vallon que vous vous apprêtez à gravir à la sortie de ce havre de tranquillité.


Ici, se dressent les fières maisons typiques du canton, témoins silencieux d’une architecture sophistiquée propre à chaque région de la Suisse orientale. Car dans ces contrées, la construction n’est pas laissée au hasard ; en terre suisse allemande, les règles sont strictes. En Thurgovie, ce sont les colombages qui règnent en maîtres, mais les bardeaux ne sont pas en reste, imprégnant de leur charme pittoresque toute la région orientale du pays. L’épicerie du village, véritable institution locale, y trouve sa place, offrant un service indispensable à la communauté, une épicerie sans doute utilisée aussi par les hameaux voisins.


Au cœur même du village, la Via Jacobi, fidèle sentinelle des pèlerins, prend un nouvel élan, se dirigeant désormais vers Holzhäusern, à une cinquantaine de minutes d’ici, plus haut dans le vallon. 

La route, en son périple, effleure les hauteurs du village, s’arrêtant brièvement devant la fontaine communale, dont les eaux claires murmurent peut-être des histoires anciennes et des légendes oubliées.


Puis, elle s’engage résolument dans une ascension plus soutenue, épousant la pente escarpée du ruisseau de Hünikerbach, dont le doux clapotis accompagne chaque pas des marcheurs.


Section 2 : Dans les prés, le long des fermes de Thurgovie

Aperçu général des difficultés du parcours : parcours en montée, mais les ascensions ne sont pas très exigeantes.

À travers les prés, qui sont de véritables pâturages, se nichent de charmants bosquets de feuillus, créant une toile naturelle où se mêlent harmonieusement les tons verts des prairies et le feuillage chatoyant des arbres. Plus haut, la route franchit gracieusement le ruisseau de Hünikerbach, offrant aux voyageurs une pause poétique au bord de ses eaux murmureuses.


Cette voie, discrète et paisible, se laisse arpenter avec une aisance déconcertante, comme si elle s’offrait au voyageur avec une hospitalité bienveillante et chaleureuse le long des denses haies de feuillus. 


Plus loin, la route traverse le village pittoresque de Hürnikon, où les fermes colorées se dressent fièrement, telles des joyaux ruraux nichés au creux des collines verdoyantes, ployant sous leurs toits pentus, recouverts de bardeaux vieillis par le temps.


La Via Jacobi, fidèle à son itinéraire, croise ici une route plus imposante, poursuivant son périple à travers les contrées pittoresques de la campagne. Elle guide alors le voyageur vers un hameau voisin, telle une étoile polaire indiquant la voie à suivre vers de nouveaux horizons.


La route retrouve bientôt le ruisseau, fidèle compagnon de route qui serpente avec une grâce infinie à travers les collines boisées. Ses eaux claires et limpides réfléchissent la lumière du jour, créant des jeux de reflets envoûtants et captivants au regard.


Puis, la route se dirige plus loin vers le hameau de Hampfacker, où l’on ne peut que remarquer le charme indéniable qui émane de ces modestes maisons, toutes revêtues de la même parure, sous leurs lambris de couleur, comme si elles avaient été conçues par un même esprit créatif. En déambulant le long de ces chemins d’Europe, rares sont les contrées qui rivalisent avec la Suisse en termes de propreté et de soin apporté aux fermes. Presque aucun outil ne traîne, ou on pressent que l’on passe presque l’aspirateur devant les portes. Il n’y a guère que l’Autriche qui puisse prétendre à un tel niveau d’attention, où chaque parcelle de terre semble être bichonnée avec une minutie méticuleuse, témoignant de l’attachement profond des paysans à leurs terres.




Puis la route s’élève gracieusement à flanc de colline à travers les vastes prés, offrant aux voyageurs une vue imprenable sur les environs.


Plus loin, tel un artisan délicat façonnant un chef-d’œuvre, le goudron laisse place à un large chemin, pavé de cailloux, qui s’enfonce avec une élégance rustique dans les terres environnantes.


C’est comme entrer dans un tableau vivant, une scène d’alpages où les prés d’un vert sombre s’étendent à perte de vue. Un banc se dresse là, invitant le passant à faire halte, à s’asseoir, à contempler la beauté intemporelle de la nature qui se déploie sous ses yeux.


Et c’est là, sur cette crête altière, que le miracle se perpétue, dans un décor qui émerveille et enchante les âmes des pèlerins. Le silence règne en maître, un silence pur et profond, seulement interrompu par le murmure du vent dans les branches et le doux tintement des cloches des vaches, paisiblement occupées à vaquer à leurs tâches aux abords des bois.




Bien que vous ne soyez pas très haut en altitude, à près de 600 mètres, les épicéas se dressent fièrement, ajoutant leur majesté à ce tableau de sérénité et de splendeur.


Plus loin, le chemin entame sa descente de la colline, et les arbres semblent s’incliner gracieusement pour vous saluer à votre passage, leurs feuilles bruissant doucement comme un applaudissement chaleureux. 


Descendant de la colline, vous ne tarderez pas à apercevoir le hameau de Holzhäusern, lové dans les bras protecteurs des arbres environnants. Tel un joyau caché dans un écrin de verdure, le hameau se dévoile doucement, offrant aux regards une vision d’une beauté simple et authentique.


Holzhäusern se compose de quelques fermes solides, alignées le long de la route, témoins silencieux de la vie tranquille qui s’écoule dans ces contrées reculées.


Pourtant, malgré son apparente quiétude, le village semble animé par une certaine activité. Ici, une école trône fièrement, symbole de savoir et de communauté, rassemblant sans doute les enfants venus des hameaux alentour pour apprendre et grandir ensemble.


Vous êtes ici à un peu plus d’une heure de marche de Tobel, signalé toujours comme la direction principale du parcours.

La route s’éloigne du village, laissant derrière elle le grondement sourd d’une gravière, témoin de l’activité humaine qui se niche même au cœur de la campagne tranquille.


Puis, tel un retour à la tradition, une large route de terre battue s’étire à nouveau devant vous, serpentant à travers la campagne avec une majesté discrète. Entre les prés verdoyants et les haies de maïs qui se dressent comme des gardiennes silencieuses, le chemin semble être honoré par leur présence, comme si chaque plante inclinait sa tête en signe de respect.




C’est là une campagne authentique, d’une beauté simple et sans artifice, où le parfum de l’herbe fraîche embaume l’air et chatouille les sens avec une délicatesse enivrante.


Bientôt, la Via Jacobi fait halte à Maltbach, où un restaurant invite les voyageurs à la pause derrière ses lambris colorés. Ici, le retour à une route plus animée se fait sentir, rappelant la proximité de la civilisation tout en préservant l’essence tranquille de la campagne environnante.


Vous voici désormais à une heure de marche de Tobel, dans un cadre villageois empreint de quiétude, où les fermes sereines semblent veiller sur le bien-être de leurs habitants, leurs balcons fleuris offrant une touche de couleur à l’ensemble.


Le parcours poursuit alors sa route en suivant la bande de terre le long de la route, sur un demi-kilomètre. Ici, les vaches Simmental semblent être les préférées, bien que cela ne soit pas toujours le cas. Les prés abritent également de nombreuses Holstein, mais la Braunvieh grise, si typique de la Suisse orientale, se fait plus discrète.


Section 3 : Dans la belle campagne et près des gros villages de Thurgovie

Aperçu général des difficultés du parcours : parcours sans grande difficulté, mais un peu plus vallonné.

Plus loin, la route serpente jusqu’à Kaltenbrunnen, plongée dans l’immensité de la campagne, parsemée de bétail paisible.


Au bord de cette route, comme surgie d’un autre temps, se dresse la minuscule Chapelle St Jacobus, édifice de la fin du XVIIIe siècle. Cette petite merveille architecturale, avec son banc accueillant à l’extérieur, invite les passants à une pause méditative, un moment suspendu dans le temps. 

Ici, la Via Jacobi s’écarte de l’animation de la route principale pour emprunter une petite route latérale, promesse d’une tranquillité retrouvée.


C’est une route droite, tracée avec une précision quasi mathématique à travers les prés, qui conduit les voyageurs jusqu’à Schulhaus.


Schulhaus, comme son nom allemand l’indique, est une école située à côté d’un grand parc, un lieu d’apprentissage et de jeu où résonnent les rires des enfants, ajoutant vie et joie à ce paysage doux et tranquille.


Face à un carrefour dépourvu de toute indication, où les chemins divergent sans révéler leur destination, vous voilà plongé dans une situation épineuse. Les directions possibles se dressent devant vous, muettes, et dans un geste aussi ancestral que le voyage lui-même, vous en appelez au hasard : un jeu de pile ou face. Votre choix se porte sur une route qui s’enfonce dans un sous-bois apparemment plus accueillant. Cependant, après une progression incertaine et dénuée de tout signe directeur, vous ne croisez ni guide, ni âme qui puisse éclairer votre route. La solitude de ce lieu ne fait qu’accroître votre perplexité. Dans un mouvement de recul stratégique, vous décidez de revenir sur vos pas vers l’école, espérant naïvement y trouver quelqu’un capable de dissiper le voile d’incertitude qui pèse sur votre parcours. L’attente jusqu’à la récréation paraît interminable, mais elle vous offre enfin l’occasion de solliciter l’aide de l’institutrice. Malheureusement, celle-ci se révèle tout aussi étrangère que vous à la direction à prendre. Que faire ? La détermination vous pousse à revenir à Kaltenbrunnen, avec l’espoir ténu mais tenace de trouver une âme bien informée. Et là, comme par miracle, un habitant du village vous oriente enfin : il faut prendre la route de gauche près de l’école. Ce petit épisode souligne l’importance d’une connaissance élémentaire de l’allemand dans ces contrées suisses germanophones, où les langues étrangères sont des perles rares. Cette aventure met en lumière une lacune étonnante dans le balisage du chemin, laissant place à l’interrogation : ne serait-il pas judicieux de placer une coquille de Compostelle ou un panneau signalétique jaune ? Il semble y avoir là un champ d’action évident pour les cartographes des Amis du Chemin de Compostelle ou de Schweizmobil afin d’éviter de telles déconvenues aux pèlerins. Cette expérience nous incite à une réflexion sur l’importance de la planification, de l’usage de cartes ou de guides avant d’embrasser les chemins de l’aventure. Bien que la Suisse soit ponctuée de fléchages, parfois superflus, il arrive que dans les moments cruciaux, l’indication nécessaire fasse défaut. C’est la deuxième fois depuis notre départ de Konstanz que nous nous égarons, une mésaventure qui ne nous est jamais arrivée ni en France ni en Espagne. Finalement éclairé, vous suivez la Via Jacobi qui s’élance à gauche, descendant vers la plaine… 


… jusqu’à ce que vous découvriez un chemin de terre familier, orné des précieuses marques du chemin. Un soupir de soulagement s’échappe de vos lèvres, tandis que vous vous engagez avec confiance sur cette voie balisée.


Le chemin, large et rocailleux, descend avec détermination à travers les champs, flirtant avec l’orée d’un bois touffu qui se dessine à l’horizon.


Au terme de cette descente, le chemin rejoint finalement la route cantonale, point de convergence des chemins et des destins.


La route vous mène ensuite au bas du grand bourg d’Affeltrangen, peuplé de quelque 2’800 âmes, et à proximité du bourg de Tobel, qui abrite environ 1’600 habitants. Ces localités s’étirent en longueur le long de la route cantonale, leur tissu urbain s’élevant progressivement sur les flancs de la colline qui domine la région.


La Via Jacobi traverse le ruisseau de Lauche, mais refuse de s’engager sur la route cantonale qui traverse le village, poursuivant ainsi discrètement son propre cheminement.


Une étroite route s’échappe à angle droit, épousant le cours sinueux du ruisseau sur une centaine de mètres, délimitant ainsi la périphérie du village et longeant les lotissements plus récents.


Puis, avec la détermination d’un géomètre, elle bifurque brusquement pour suivre les contours des maisons périphériques du bourg.


À votre droite s’étend la campagne, nue et paisible, tandis qu’à votre gauche se profile le bourg, avec en son centre le clocher élancé de son église.


Plus loin, une intersection se dessine avec une autre route. La Via Jacobi persiste dans sa ligne droite, une constante ici dans ce parcours initiatique.

Désormais, c’est le chemin de terre qui prend le relais de l’asphalte, tandis que la pente se fait plus prononcée, comme pour tester la ténacité des marcheurs.


Maintenant, l’église se détache nettement dans le paysage, et à une nouvelle intersection avec une route, le chemin prend de l’altitude, grimpant vers un vaste ensemble de fermes qui semblent égarées au milieu des champs de maïs.


Plus haut, le chemin débouche sur le hameau paysan de Chrüzegg, où flotte dans l’air un parfum envoûtant de terre nourricière et de campagne authentique.


Au cœur du hameau se dresse un imposant panneau directionnel. De là, il est possible de rejoindre Tobel, bien que les incitations à le faire soient rares. Les logements se font rares, tout comme les possibilités de restauration. Les panneaux indiquant la direction de Tobel cèdent maintenant la place à ceux qui pointent vers Münchwilen/Fischingen, vers votre destination du jour.

Derrière un jardin fleuri, un sentier serpentant à travers l’herbe s’élance vaillamment vers le sommet de la colline, prenant son départ directement depuis une ferme. Ici, paissent les vaches grises de la race Braunvieh, véritables joyaux de la Suisse orientale, symboles vivants de la richesse et de la beauté de ces contrées.


Un sentier peu marqué s’élève courageusement à travers les herbes hautes, escaladant la pente de la colline. Durant la saison de fauche, la tâche devient ardue, le chemin se camouflant parmi les gerbes d’herbe coupée. Mais là, au sommet, tel un phare dans la tempête, vous apercevrez un panneau directionnel, votre seul repère dans ces moments de confusion.


Au sommet des prairies, une petite route goudronnée s’étire paresseusement, offrant un havre de repos sous les châtaigniers où se dresse un banc, salvateur pour les voyageurs en quête de repos.


De là-haut, un large chemin de gravier amorçant sa descente dans les prés, vous offre un spectacle harmonieux de la vie rurale, où le bétail évolue avec grâce et majesté. Sur votre gauche, se dessine le bourg de Tobel, comme un mirage dans la campagne verdoyante.


Plus loin, après une nouvelle bifurcation vers Tobel que vous évitez discrètement, le chemin se poursuit en ligne droite, gravissant les pentes pour rejoindre les fermes de Flegenegg.




Flegenegg, lieu empreint de charme et de poésie, accueille ses visiteurs avec un magnifique corps de ferme, ombragé par de majestueux tilleuls. Votre nouvelle direction générale est désormais Fischingen, une étape de plus dans votre périple de 2315 kilomètres jusqu’à Santiago. N’est-ce pas une avancée significative ? 


Section 4 : Des prés, du maïs et des sous-bois dans la belle campagne de Thurgovie

Aperçu général des difficultés du parcours : parcours sans aucune difficulté.

Le chemin se fraie un passage à travers les immenses champs de maïs qui s’étendent presque à perte de vue sur la colline, ne laissant que de modestes portions de prairies émerger çà et là.


Plus bas, la Via Jacobi retrouve une route sinueuse qui semble se diriger inexorablement vers un village à proximité. Cependant, cette partie du voyage semble délibérément éviter les villages, préférant le silence réconfortant de la campagne.


Elle suit le cours de la route, et bien que le paysage conserve son aspect immuable, on remarque davantage de cultures que de pâturages. Le maïs règne en maître par ici, et l’on ne saurait dire si d’autres cultures se déploient à d’autres saisons.


Au loin, à l’horizon, se dressent d’imposants silos, marquant le passage de la route cantonale, dont la fonction demeure mystérieuse.


Arrivé au bas de la descente, un banc vous accueille près d’une imposante croix de fer forgé, surmontée d’un Christ doré empreint de compassion.

Près du Christ en croix, un panneau de signalisation trône majestueusement, annonçant Münchwilen comme terme de votre étape du jour, à 1h45 de marche, ainsi que votre prochain objectif, Thürm, situé à seulement 25 minutes d’ici.


Depuis cet emplacement sacré, le regard embrasse un doux panorama, où les collines verdoyantes se fondent dans le ciel infini. La route s’étire comme une colonne vertébrale à travers la campagne fertile, semblant percer le tissu du paysage bucolique.


Elle avance avec assurance en direction de la majestueuse ferme de Waldhof, dont les imposantes étables et écuries alignées témoignent de la vie prolifique qui anime ces lieux.


Depuis cette ferme imposante, c’est un chemin de gravier qui prend le relais, s’enfonçant avec détermination au cœur des prairies verdoyantes, son tracé irrégulier offrant un contraste saisissant avec la symétrie des prés environnants.


Ce large sentier progresse inexorablement vers les haies de feuillus du sous-bois, comme pour s’engouffrer dans les mystères de la nature environnante.


Le raccourci qui se profile traverse un sous-bois obscur, où le tapis de feuilles mortes crisse sous vos pas, et où les épicéas, serrés les uns contre les autres, luttent pour atteindre la lumière filtrant à travers les branches des hêtres majestueux qui dominent la canopée.


Après quelques sinuosités à travers ce bois peu accueillant, le sentier retrouve enfin le large chemin de gravier, comme pour retrouver un souffle d’air frais après une immersion passagère dans les mystères de la forêt.


Alors que le chemin reprend sa trajectoire familière, il s’enfonce à nouveau dans la quiétude boisée, où les hêtres majestueux déploient leurs branches touffues, les épicéas élancés se dressent fièrement, et les charmilles tissent leur toile d’ombre bienveillante, créant ainsi un tableau d’une beauté intemporelle qui émerveille les sens à chaque pas.


Il serpente avec une grâce infinie, offrant d’un côté la magie envoûtante du sous-bois, où le murmure du vent dans les frondaisons et le chant des oiseaux créent une symphonie naturelle, tandis que de l’autre s’étend la campagne, vaste et sereine, parsemée de prairies verdoyantes et de champs dorés. Au loin, les silos se dressent comme des sentinelles silencieuses, ajoutant une touche de mystère.


Par moments, le paysage se transforme en un tableau d’une rare splendeur lorsque les prés et les forêts s’entrelacent dans une étreinte harmonieuse, formant un patchwork de verdure aux nuances infinies. L’œil émerveillé se délecte de ces verts luxuriants qui se mêlent et se fondent dans une palette de couleurs irrésistibles, captivant l’âme.


Plus loin, le chemin se tourne de nouveau vers les silos imposants, attirant inexorablement le regard curieux du marcheur. Leur présence dominante intrigue et suscite des questions : que renferment-ils ? Quel est leur rôle dans ce paysage paisible ? À chaque tournant du chemin, leur silhouette imposante domine l’horizon, alimentant la curiosité qui ne demande qu’à être assouvie.


Alors, tel un théâtre changeant ses décors, le paysage se métamorphose progressivement tandis que le chemin se rapproche du village de Thürn.


À ce stade, vous vous trouvez à un peu plus d’une heure de Münchwilen, voguant en direction de Fischingen sur la route cantonale qui revient de Tobel. 

À l’intersection, une petite route goudronnée s’élève abruptement vers une nouvelle colline. Le spectacle qui se dévoile alors semble tout droit sorti d’une carte postale, un véritable panorama idyllique tel qu’on en trouve tant en Suisse allemande : des prairies d’un vert éclatant s’étendent à perte de vue, ponctuées de fermes isolées qui se dessinent à l’horizon, conférant à ce paysage une aura de tranquillité et de beauté intemporelle.


La route se faufile plus loin le long de la crête, offrant des panoramas à couper le souffle près des fermes pittoresques d’Auenhof, dans des prés qui semblent peints d’un vert plus éclatant que celui de l’Irlande elle-même.




Puis, elle entame une descente en pente douce vers Stocken, offrant une vue à couper le souffle, tant la campagne qui s’étend sous vos yeux semble hors du commun, et l’herbe d’un vert si vif qu’elle semble presque éclater de vie.


Au bas de cette descente, là où le Tobelbach se faufile discrètement entre les hautes herbes, on ressent une connexion profonde avec la nature environnante. Le murmure apaisant de l’eau qui coule et le calme absolu qui règne ici créent une ambiance empreinte de sérénité et de mystère.


À Stocken, alors que la Via Jacobi se rapproche des centres urbains, on constate avec étonnement l’émergence de constructions neuves, témoignant du développement progressif de cette région. Malgré cette proximité avec la civilisation, l’atmosphère demeure empreinte de quiétude, préservant l’authenticité de ces lieux préservés.


Pourtant, le calme règne encore, et la route se déploie majestueusement à travers les prés verdoyants et les champs de maïs, offrant des vues magnifiques depuis la crête, avant de retrouver brièvement le contact avec un chemin de terre. .


À l’horizon, la civilisation se profile, annonçant la présence imminente de centres urbains plus imposants dans la plaine. Le revêtement de la route se transforme alors, la terre battue cédant la place à un mauvais goudron, tandis que la route entame sa descente depuis la colline.


C’est alors une véritable compétition visuelle qui se joue entre les prés peuplés de vaches grises et les champs de maïs, la beauté éclatant de toutes parts dans ce paysage d’une douceur envoûtante.


Section 5 : Retour vers la civilisation

Aperçu général des difficultés du parcours : parcours sans aucune difficulté.

Bientôt, la route débouche sur les hauteurs de St. Magarethen, offrant une vue surprenante entre les anciennes fermes au charme rustique et les nouveaux lotissements qui ont poussé ici comme des champignons après la pluie.


Au sommet du bourg, les maisons neuves se dressent fièrement, témoignant de la croissance rapide de la région. Cependant, comme c’est souvent le cas dans toute la Suisse allemande, ces nouvelles constructions cohabitent harmonieusement avec les maisons et les fermes anciennes, formant un paysage où passé et présent s’entremêlent avec élégance.


La route longe ensuite la Chapelle Ste. Marguerite, un édifice chargé d’histoire datant de la fin du XVIIe siècle, où le gothique et le baroque se mêlent dans une symbiose architecturale. Autrefois très fréquentée par les pèlerins, cette chapelle témoigne du riche passé spirituel de la régionn des bois.


Depuis la chapelle, le chemin se transforme en Pilgerweg, témoignant ainsi de la présence persistante de quelques pèlerins dans la région, avant de rejoindre le centre du bourg pittoresque de St. Margarethen, où se niche une communauté chaleureuse de 1 000 habitants, le long de la route cantonale.


Dans le vieux village, on découvre encore de magnifiques exemples de l’architecture traditionnelle de la Suisse orientale. Certaines maisons sont revêtues de bardeaux, rappelant les traditions d’Appenzell ou du canton de St. Gall. Cependant, la plupart des habitations arborent le style typique de Thurgovie, avec leurs façades à colombages, témoignant ainsi de l’héritage architectural de la région. Au XIXe siècle, environ 75% des bâtiments en Thurgovie étaient des maisons à colombages. Bien que nombre d’entre elles aient été démolies ou rénovées au fil du temps, certaines ont été restaurées pour retrouver leur caractère d’antan. De tous temps, les plus aisés ont opté pour des constructions en pierre, par crainte des incendies, tandis que les moins fortunés ont préféré les maisons à ossature bois, ce qui est l’apanages des maisons dites à colombage. Celles-ci sont caractérisées par des espaces entre les poutres remplis de plâtre ou de torchis, une technique ancienne héritée de l’Antiquité romaine et maintenue en Europe centrale depuis le haut Moyen Âge, notamment en Alsace.


La Via Jacobi suit alors la Ringstrasse, littéralement la « rue circulaire », comme son nom allemand l’indique, contournant ainsi le bourg de manière élégante, offrant aux pèlerins une vue panoramique sur les environs. Elle traverse peu après le paisible ruisseau de Chräbsbach, ajoutant une touche de sérénité au voyage.


Peu après, la route rencontre une autre rivière, plus imposante cette fois-ci : le Murg, la rivière majeure qui sillonne la vallée de sa présence majestueuse. Ce cours d’eau symbolise à la fois la force et la constance, dans ce pysage tout en douceur.


À cet endroit, vous vous trouvez à seulement quelques pas de Münchwilen, situé entre la ville et la campagne, où vous ferez halte aujourd’hui.

Un large chemin serpente le long des haies qui bordent la rivière d’un côté, offrant une vue sur les terres cultivées des maraîchers, à proximité de la zone industrielle de Münchwilen. Cette juxtaposition de la nature et de l’activité humaine témoigne de la diversité des paysages que l’on rencontre le long de la Via Jacobi, où la ruralité paisible côtoie l’effervescence urbaine.


Il est recommandé de porter une attention particulière aux arbres qui jalonnent ce chemin, car vous passerez bientôt devant une allée majestueuse d’arbres, offrant l’opportunité de parfaire vos connaissances sur les espèces végétales de la région. Parmi ces arbres, on peut découvrir des espèces moins communes telles que les trembles graciles ou les robiniers massifs, qui, bien que moins répandus dans les forêts locales, trouvent souvent leur place près des cours d’eau. 


Les hêtres majestueux et les érables sycomores abondent également le long de ce chemin, accompagnés parfois par la présence imposante des ormes augustes, une espèce quasiment éteinte en Europe en raison des ravages causés par les champignons. Ainsi, même les pèlerins moins versés en botanique pourront bénéficier de cette véritable leçon d’histoire naturelle, permettant d’identifier les arbres rencontrés tout au long du chemin Cette balade prend alors des airs de véritable parc botanique, offrant une expérience enrichissante qui va au-delà de la simple contemplation du paysage.


Dans les haies, la charmille se joue à cache-cache avec les aubépines, les pruneliers sauvages et les cornouillers sanguinaires, créant ainsi un tableau végétal aux nuances changeantes et surprenantes.


La promenade le long de la Via Jacobi se révèle belle et agréable, offrant aux pèlerins une parenthèse enchantée au cœur de la nature. Plus loin, le chemin pénètre dans le parc privé Alfred Sutter, où les arbres bordent paisiblement les rives de la rivière, offrant un havre de tranquillité et de sérénité.


À la sortie du parc, vous atteignez Münchwilen, bourg peuplé de 5’900 habitants, où la présence imposante du Murg, la rivière locale, divise la ville tandis que la voie ferrée traverse également son territoire.




Au cœur de la place centrale se dresse un édifice intrigant : le curieux Palais de Justice. Imposant et remarquable, ce bâtiment, érigé en 1906 par l’architecte Albert Brenner, ne passe pas inaperçu. Récemment, une extension lui a été ajoutée, suscitant des opinions mitigées. Cette nouvelle structure, composée d’une sorte d’ouvrage en céramique tressée, cherche à instaurer un dialogue direct avec le bâtiment original. Toutefois, cette addition, qui établit des références géométriques, spatiales et structurelles, divise les avis : certains y voient une tentative audacieuse de modernisation, tandis que d’autres la perçoivent comme une intrusion discordante dans le paysage urbain. A vous de voir ! Nous, nous n’apprécions guère.

Logements sur la Via Jacobi

  • B&B Alte Post, Bergli 4, Amlikon; 071 651 15 56/076 535 14 80 ; Chambre d’hôte, petit déj.
  • B&B Keller Lorentz, Oberfeldstrasse 6, Amlikon ; 071 650 02 60/078 687 39 99 ; Chambre  d’hôte, petit déj.
  • B&B Andrea Rupp, Mühle 2, Tobel-Tägerschen ; 076 595 41 49/079 745 71 56 ; Chambre d’hôte, petit déj.
  • Homestay Thürm 8, Tobel-Tägerschen ; 076 443 48 53 ; Chambre d’hôte, repas, petit déj.
  • B&B Susi Legrand, Münchwilerstasse 21, Tägerschen ; 078 805 78 07 ; Chambre d’hôte, petit déj.
  • B&B Claudia Vogt, Rebenstrasse 30, St Margarethen ; 078 638 67 57 ; Chambre d’hôte, repas, petit déj.
  • Pension zur Elfe, Wilerstasse 35, Münchwilen ; 071 966 30 33 ; Chambre d’hôte, petit déj.
  • Hôtel Münchwilen, Schmiedstrasse 5, Münchwilen ; 071 969 31 31 ; Hôtel, petit déj.

Sur cette étape, les possibilités de trouver un logement sont légèrement plus abondantes que lors de la précédente, même en cours de route. Un supermarché est accessible à Amlikon, et bien que le chemin ne passe pas par Tobel, on y trouve également des commodités. À Münchwilen, tous les commerces nécessaires sont à disposition. Cependant, même avec ces alternatives, il est sage de réserver votre logement à l’avance.



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