En passant par la délicieuse montagne du Hörnli
Au fil des siècles, la carte géographique de la Thurgovie s’est métamorphosée sous l’impulsion des seigneurs de Zähringen, ducs de Fribourg et des comtes de Kyburg, dont les empreintes territoriales ont façonné le paysage au Moyen Âge. Il est difficile d’imaginer aujourd’hui que Zurich ait jadis été enclavée dans le canton de Thurgovie. Mais tel est le récit captivant de cette région. Au crépuscule du XIIIe siècle, le déclin de la dynastie de Kyburg ouvrit les portes aux Habsbourg, qui s’étaient déjà accaparés d’une grande partie de la Suisse actuelle. Cet épisode historique, juste avant l’aube de 1291, marque les prémices de la Confédération des cantons suisses. Le XVème siècle a vu la Thurgovie devenir un fief partagé entre les cantons de Zurich, Lucerne, Uri, Schwyz, Unterwald, Zoug et Glaris. Un temps où la région ne cessait d’être ballotée entre des intérêts divers, à n’en voir que des larmes versées. Puis vint l’ère de la Réforme, où les monastères furent pillés avant que la vague protestante ne submerge la région. En 1798, la Thurgovie devint officiellement un canton de la République helvétique, pour ensuite s’intégrer pleinement à la Confédération suisse en 1803, suite à l' »Acte de Médiation »dicté par la France. Ah, ces Français, animés par leur inlassable volonté de s’ingérer dans les affaires du monde !
Ce récit émaillé d’événements historiques tumultueux souligne les nombreuses rivalités entre la Thurgovie et Zurich au fil des siècles. Ainsi, lorsque vous atteindrez le sommet majestueux du Hörnli, perché dans le canton de Zurich mais étreignant jadis des terres thurgoviennes, que de réflexions à méditer ! Le Hörnli, altier pic de 1 132 mètres, trône sur les terres de la commune de Fischenthal, canton de Zurich, mais l’ascension ardue depuis Fischenthal vous plonge dans les méandres du canton de Thurgovie. À quelques pas seulement du Hôrnli, le canton de Thurgovie culmine au Hofgrat, à 991 mètres d’altitude. Mais le regard attentif sur la carte révélerait également les prétentions de Saint-Gall sur ces territoires. Les collines boisées des trois cantons, malgré leur modestie altimétrique, défient les grimpeurs avec leurs pentes escarpées, offrant une expérience tantôt exaltante, tantôt éprouvante, selon le tempo de vos articulations. Au sommet, par temps clément, un panorama époustouflant se dévoile. Au Moyen Âge, le Schwabenweg, le Chemin de Suabe, chemin des pèlerins menant à Saint-Jacques-de-Compostelle, serpentait à travers ces terres. Depuis 2008, il s’est fondu dans le tracé de la Via Jacobi 4, ajoutant ainsi une nouvelle dimension à ce paysage chargé d’histoire.
Pour ce chemin, voici le lien :
Difficulté du parcours : Le parcours du jour propose des dénivelés sérieux (+729 mètres/-545 mètres). La première partie du trajet se présente sans anicroches importantes. C’est de la balade le long de la rivière. Mais dès que vous attenindrez Oberwangen les difficultés sont devant vous. Il y a d’abord une sérieuse bosse avant Fischingen. Et puis, l’ascension de la Montagne du Hörnli est une véritable épine dans le pied, avec parfois des pentes extrêmes. Mais, là-haut, votre journée est loin d’être achevée. Car la descente sur Steg im Tösstal est une pente redoutable.
État de la Via Jacobi : Dans cette étape, les parcours sont nettement à l’avantage des chemins, dès qu’on se rapproche de Fischingen :
- Goudron : 6.4 km
- Chemins : 13.3 km
Ce n’est évidemment pas le cas pour tous les pèlerins d’être à l’aise avec la lecture des GPS et des cheminements sur un portable, et il y a encore de nombreux endroits sans connexion Internet. De ce fait, vous trouverez sur Amazon un livre qui traite de ce parcours.
Si vous ne voulez que consulter les logements de l’étape, allez directement au bas de la page.
Parfois, pour des raisons de logistique ou de possibilités de logement, ces étapes mélangent des parcours opérés des jours différents, ayant passé plusieurs fois sur sur ces parcours. Dès lors, les ciels, la pluie, ou les saisons peuvent varier. Mais, généralement ce n’est pas le cas, et en fait cela ne change rien à la description du parcours.
Il est très difficile de spécifier avec certitude les pentes des itinéraires, quel que soit le système que vous utilisez.
Pour les “vrais dénivelés ”et pour les passionnés de véritables défis altimétriques, consultez attentivement les informations sur le kilométrage au début du guide.
Section 1 : Balade le long du Murg
Aperçu général des difficultés du parcours : parcours sans aucune difficulté.
Au creux de la vallée où la Murg fredonne sa mélodie aquatique, s’élance la Via Jacobi, quittant Münchwilen avec une promesse de découvertes à l’horizon. À une marche réfléchie de deux heures et quinze minutes, se dresse Fischingen, son cloître ancien témoignant des siècles passés, veillant sur le chemin comme un gardien de pierre et de foi.
Le voyageur suit alors le cours sinueux de la rivière, où l’eau chante contre les pierres, passant à l’ombre du temple protestant. Ce lieu, ancré dans l’histoire, évoque un passé où la division religieuse imprégnait jusqu’aux pierres des édifices sacrés. Jusqu’en 1933, un étrange ballet spirituel s’y jouait, où catholiques et protestants partageaient le même lieu de culte dans une cohabitation empreinte de tension et de foi partagée. Cette époque révolue vit alors les catholiques de Münchwilen ériger leur propre sanctuaire, suivi de près par les protestants, marquant le paysage de leur volonté d’indépendance spirituelle. Ainsi, dans ce coin de la Suisse, l’architecture sacrée porte les stigmates récents de ces séparations.
Le périple se poursuit, longeant un quartier où se dressent des villas au design moderne, témoins des évolutions récentes de l’habitat, jusqu’à ce que le parcours croise un carrefour, symbole des choix et des directions que la région vous propose.
Peu après, la Via Jacobi s’aventure dans un écrin de verdure où la rivière continue de jouer sa symphonie.
Ce parc, espace de respiration et de vie, semble être un lieu privilégié par les habitants. Ici, des places aménagées invitent au repos et à la contemplation, offrant une pause bienvenue au pèlerin ou au promeneur en quête de sérénité.
Finalement, le parcours révèle une route, symbole de la continuation du voyage, entre ombre et lumière.
Au cœur d’un écrin de verdure, le parc se déploie, tel un tableau vivant où chaque touche de pinceau révèle une harmonie de couleurs et de textures. Au centre, un lac paisible, semblable à un miroir d’argent sous les caresses douces du soleil, se trouve orné d’une myriade de nénuphars. Ces fleurs aquatiques, véritables joyaux flottants, dessinent des motifs éphémères sur l’eau, invitant au calme et à la contemplation. En périphérie, des aires de jeux bourgeonnent de vie, éclatantes aux rires cristallins des enfants qui y dansent, tandis qu’une piscine, éclaboussée de lumière et de reflets, promet une oasis rafraîchissante sous le ciel d’azur.
Non loin de cette tranquillité, l’autoroute trace sa route, telle une artère d’acier pulsant au rythme incessant du monde moderne, une ligne d’horizon chantant l’appel de l’aventure urbaine. À ses côtés, presque dans un murmure, la Via Jacobi se faufile discrètement sous un tunnel, embrassant l’ombre et la fraîcheur, longeant la rivière avec la tendresse d’un secret partagé, comme une une veine silencieuse.
Le Murg, avec ses caprices et ses ressauts, égrène son chant liquide à travers le paysage, guide naturel vers des contrées où le commerce et l’industrie esquissent leur propre ballet mécanique. Le chemin de gravier, tel un fil d’Ariane, tisse sa voie à travers la mosaïque urbaine de la banlieue, où la vie bat son plein, loin de l’idée reçue d’une région désertée. Dans le canton de Thurgovie, le cœur de quelque 270’000 âmes palpite, faisant de cette terre le douzième écrin démographique de la Suisse.
Votre voyage se poursuit, flirtant avec les frontières de la zone industrielle, où les mains et les esprits des hommes et des femmes façonnent l’avenir dans l’éclat et le bruit, entre les murs de leurs ateliers. Ce paysage, marqué par le sceau du progrès, se dessine en contraste vibrant avec le calme des paysages naturels…
…avant de s’évanouir sous une route, où le chemin retrouve la sérénité au bord de la rivière, dans un dialogue intime entre la pierre et l’eau. Ce passage, tel un souffle de vie, symbolise la rencontre entre le monde naturel et l’empreinte de l’homme, une harmonie fragile et précieuse.
Vous atteignez alors les portes de Sirnach, une commune prospère et animée, où résonnent les échos de la vie quotidienne de ses 7’900 habitants. Au cœur du district de Münchwilen, cette bourgade s’anime comme un centre névralgique où convergent les aspirations et les rêves. Bien que votre chemin, fidèle à sa discrétion, préfère éviter le cœur palpitant du centre-ville, les contours de Sirnach s’étendent de part et d’autre du Murg, cette rivière complice qui façonne son paysage. Des ponts de bois, semblables à des bras ouverts, enjambent le cours d’eau, invitant les voyageurs à franchir ses eaux, à explorer les secrets de chaque rive.
Plus loin, un grand pont permet de passer d’un côté à l’autre de la ville.
Un panneau directionnel vous indique ici qu’il y a apparemment deux parcours pour rejoindre Fischingen. C’est soit 1h50, soit 2h15. On ne vous ménagera pas la suspense. Pour vous, ce sera 2h15. Seule la Via Jacobi 4 fait foi et loi.
Poursuivant son périple, le chemin se love toujours le long de la rivière, égrenant les banlieues de Sirnach, souvent camouflées derrière les tristes haies de thuyas.
Bientôt, les silhouettes des usines se dressent à l’horizon, gardiennes du progrès et de l’innovation. Le paysage se transforme, évolue, révélant les multiples facettes de la vie moderne, des quartiers résidentiels aux zones industrielles, des champs fertiles aux infrastructures en acier et en béton.
Dans cet environnement en mutation, le paysage se transforme peu à peu et le chemin serpente entre les prés verdoyants et les champs cultivés, dévoilant progressivement les contours de Büfelden.
Et c’est dans ce décor en constante évolution que la Via Jacobi pénètre dans le village, s’insinuant parmi les quartiers résidentiels récents. Ici, les maisons ont perdu leur beau colombage et se contentent de bardeaux en plastique. Mais, le soin règne en tout lieu.
A près de deux heures de marche de Ficshingen, votre destination reste encore lointaine, une promesse et ses mystères.
Peu après, le chemin glisse sous la route cantonale au bord de la rivière.
À peine avez-vous laissé derrière vous l’ombre protectrice de la route cantonale que le paysage se métamorphose, se dépouillant de l’agitation humaine pour révéler sa véritable essence sauvage. C’est un canyon sculpté par le temps, où la rivière s’engouffre avec fougue, créant des tourbillons tumultueux dans les eaux cristallines. Les frondaisons des arbres s’entrelacent au-dessus de vous, formant une voûte d’émeraude sous laquelle vous avancez, bercés par le chant mélodieux des feuilles bruissant au gré de la brise. La rivière, compagne fidèle de votre voyage, se joue des obstacles, dansant entre les rochers avec la grâce d’une nymphe des bois, tandis que le sous-bois sombre exhale une senteur enivrante de terre humide et de vieilles mousses.
La rivière, semblable à une artiste capricieuse, esquisse des arabesques sur le lit de galets polis. Toute proche, se dessine une butte, silhouette émergeant des flots de verdure. Des escaliers de bois ravinés par les intempéries vous emmènent au-dessus, près d’un pont qui permet de franchit la rivière. Mais il n’est pas pour vous. Vous aurez encore et toujours la rivière à votre gauche.
Le chemin serpente alors à travers une contrée plus sereine, où les prés s’étirent. Pourtant, inexorablement, il vous conduit de l’autre côté de la rivière.
Là, à l’horizon, se déploie un spectacle empreint de quiétude et de charme. Les eaux de la rivière, taquines, dansent dans les méandres d’un canyon majestueux, créant une symphonie sauvage captivante. De l’autre côté, un lac enchanteur invite à la contemplation. La Via Jacobi, fidèle à son chemin, suit les contours accueillants du petit lac. À observer l’agencement des lieux, il est aisé d’imaginer que la pisciculture trouve ici sa place privilégiée. Dans ce paysage où la nature semble avoir orchestré chaque détail avec une précision exquise, le voyageur ne peut que s’émerveiller devant l’harmonie qui se dégage de cet écrin de verdure, où se mêlent harmonieusement l’ombre et la lumière, le calme et le tumulte.
Sur l’autre rive du lac se profile Wiezikon bei Sarnach, un hameau ignoré par la Via Jacobi.
Section 2 : D’une forêt à l’autre
Aperçu général des difficultés du parcours : montagnes russes souvent conséquentes.
A Wiezikon, vous êtes à 1h 20 de Fischingen. La via Jacobi va retrouver la rive du Murg, ce cours d’eau imperturbable et majestueux qui murmure et rythme les secrets de la région.
Dans cette portion de votre voyage, la terre ferme cède la place à la route, symbole de civilisation et de progrès. La route, telle une veine d’asphalte, serpente à vos pieds, tandis que le Murg, fidèle compagnon de votre périple, persiste à flâner à votre gauche, dissimulé derrière les haies de feuillus, gardien silencieux de la tranquillité environnante.
Votre regard se perd dans un tableau charmant où les prairies s’étirent à perte de vue, caressées par la brise légère et le murmure du temps. Au loin, les champs de maïs ondulent avec grâce, se mirant dans les eaux calmes du Murg, offrant une symphonie de nuances et de contrastes. Les maïs, quand ils ne couvrent pas des hectares sans fin, restent reposants à la vue.
Alors que vous avancez, le chemin se fait à nouveau complice de vos pas, vous rapprochant imperceptiblement de la rivière qui scande le rythme de votre progression.
Mais bientôt, comme pour mieux vous surprendre, le Murg vous abandonne et s’éclipse derrière les collines qui jalonnent l’horizon. Vous quittez son murmure apaisant, mais vous vous empruntez le sillage de son cours, voguant sur les eaux invisibles qui irriguent ce vallon.
Un large chemin de gravier serpente avec assurance à travers les collines verdoyantes jusqu’au village de Wies. C’est là, au creux de cette vallée, que l’âme rustique de la terre se dévoile dans toute sa vraie nature. Dans le village paysan, le temps semble s’écouler au rythme des saisons, en harmonie avec la terre nourricière qui les entoure.
Depuis le village, la Via Jacobi suit sur quelques centaines de mètres la grande route qui trace son chemin vers Fischingen. Tout au long de ce périple, les fermes ancestrales ponctuent le paysage, témoignant du labeur de la terre.
Mais bientôt, comme pour mieux se fondre dans la toile vivante de la nature, la Via Jacobi s’écarte de la route principale pour emprunter une route plus humble, où les prés verdoyants et les champs de maïs ondulent doucement.
Et alors que la route se déroule devant vous telle une invitation à l’aventure, vous arrivez rapidement à Anwil, un autre village rustique niché au cœur de ces terres fertiles. Ici, l’air embaume les senteurs de la terre fraîchement labourée, tandis que les croix, témoins silencieux d’une foi ancrée dans le sol, ponctuent le paysage avec une solennité touchante. Les croix se font plus présentes dans un canton où le protestantisme n’a pas toute la priorité.
La route se rapproche de la forêt, et plus loin, un petit chemin monte dans les bois, comme une invitation irrésistible à explorer l’inconnu.
À mesure que vous pénétrez dans ce sous-bois dense et mystérieux, une ambiance feutrée s’installe, enveloppant vos sens d’une douce obscurité. Les arbres se dressent comme des sentinelles muettes, gardiens de leurs mystères millénaires.
Pourtant, vous n’avez guère le temps de vous attarder dans cette obscurité envoûtante. À peine avez-vous posé le pied dans ce bois touffu que déjà, il vous rejette, vous repoussant vers la lisière où les lotissements du hameau de Bürglen s’étendent comme des oasis de lumière et de civilisation.
Ici, vous ne manquerez pas une rencontre des plus insolites : l’apparition fantaisiste d’un hippopotame, s’affichant avec une nonchalance surréaliste dans le jardin d’une maison au caractère déjanté de la région. C’est là, dans ce coin singulier de la contrée, que la folie créative des habitants s’épanouit dans toute sa splendeur, défiant les conventions et les attentes.
À la sortie de Bürglen, l’asphalte étire son ruban noir, invitant les voyageurs à s’aventurer encore plus loin dans les mystères de la campagne. C’est là que commence la danse entre le monde façonné par l’homme et la nature qui le borde, une symphonie harmonieuse de labeur et de vitalité. Dans cette contrée, comme souvent dans les collines suisses, les forêts ne sont pas des sanctuaires oubliés, mais des écosystèmes dynamiques, où chaque arbre est un acteur dans le grand théâtre de la vie humaine et sauvage.
Plus loin, la Via Jacobi rompt avec le goudron monotone pour s’élever gracieusement à travers les prairies, ses pas de pierre laissant une empreinte éphémère dans l’herbe ondoyante. Les bois accueillent le marcheur avec leurs bras tendus, offrant un refuge rassurant contre l’agitation du monde.
En Suisse alémanique, les prés s’étendent à perte de vue, une toile verte éblouissante qui ferait presque rougir de jalousie les vaches paisibles qui paissent leur bonheur sur ces terres fertiles. Chaque brin d’herbe semble imprégné de la richesse de la terre, tandis que les collines ondulantes témoignent du passage du temps, gardiennes silencieuses de siècles de labeur et d’amour pour la terre.
Dans le sous-bois dense, où les hêtres et les érables se dressent en majesté, les épicéas se pressent les uns contre les autres, créant un monde secret où la lumière lutte pour percer les ténèbres. Telles des âmes en quête de liberté, certains arbres peinent sous le poids de leurs voisins, tandis que d’autres s’élancent vers le ciel dans une jubilation silencieuse.
Peu après, une lueur d’espoir perce l’épaisseur du bois, où quelques chanceux épicéas respirent enfin l’air pur de la liberté. C’est là, dans ce contraste saisissant entre l’oppression et la liberté, que réside la poésie de la nature, un hymne à la résilience et à la beauté de la vie.
Et puis, comme le murmure d’un conteur qui raconte ses derniers secrets, le chemin poursuit sa descente, s’enfonçant dans un bois où l’ombre et la lumière dansent leur éternelle valse.
À la sortie du bois, une route sinueuse se déroule tel un ruban jusqu’au village pittoresque d’Oberwangen, où se dresse fièrement la silhouette de sa chapelle, évoquant davantage un sanctuaire de quiétude qu’un simple édifice religieux. Oberwangen, intimement lié administrativement à Fischingen, respire l’authenticité d’une terre où le bétail et les arbres sont depuis toujours les compagnons fidèles des habitants, autrefois épaulés par l’art délicat de la broderie. L’histoire se lit dans les pierres, les rues, et surtout dans la chapelle Saint-Martin, érigée au Xe siècle puis embellie par l’ajout d’un dôme majestueux au XVIIIe siècle, témoignage immuable d’une foi ancrée dans le temps.
À cinquante minutes de Fischingen, ce village paisible est également un havre pour les amoureux de la glisse, comme en témoigne peut-être la direction indiquant un ski lift à proximité.
À peine sortie du village, la Via Jacobi croise les eaux vives d’un affluent du Murg, s’étonnant presque de se trouver si proche de ce cours d’eau.
La route, telle une montagne russe, serpente sous les arches de la chapelle, avant de s’élever abruptement au-dessus du village dans une ascension significative. Chaque virage, chaque lacet, raconte l’effort, offrant en contrebas une vue imprenable sur les toits et les prairies verdoyantes.
Plus haut, là où la route laisse place à un étroit sentier, l’aventure se poursuit à travers les bois qui surplombent le village, offrant bientôt aux intrépides explorateurs un chemin tracé dans la forêt.
Dans cet écrin de verdure, où le temps s’est arrêté, la pénombre règne en maître, tandis que la pente abrupte sous les majestueux hêtres et les épicéas serrés les uns contre les autres rappelle le spectacle d’une foule compacte retenant son souffle, tels des spectateurs captivés par la magie d’un spectacle.
À chaque pas, l’étreinte de la forêt se resserre, ses murmures secrets guidant les pas des voyageurs sur des rampes d’escalier rustiques, témoignages de la lutte de l’homme contre la nature indomptée. Peu après, le sentier débouche sur une bifurcation, offrant aux marcheurs deux choix menant à Fischingen. Notre itinéraire suit la direction de Chilberg, promesse de découvertes d’altitude.
Mais là où la lumière peine à percer le feuillage dense, les arbres dépouillés lèvent leurs branches vers le ciel, leurs silhouettes évoquant parfois les arêtes délicates d’un poisson. C’est dans ce décor saisissant, où chaque arbre semble réclamer grâce dans sa quête de lumière, que se dessine la fragilité et la grandeur de la nature.
Section 3 : Un beau monastère avant la montagne
Aperçu général des difficultés du parcours : parcours avant souvent des pentes marquées, en montée et en descente.
Plus loin, au fil des pas, la densité de la forêt semble céder peu à peu, laissant filtrer timidement les premiers rayons du soleil à travers le feuillage.
Comme une promesse de clarté après l’obscurité, le sentier semble sur le point de quitter le bois alors qu’il contourne une curieuse collection de morceaux de bois disposés comme des trésors, témoignant du travail des bûcherons de ces contrées sauvages.
Peu après, le chemin s’élargit subitement, troquant l’étroitesse du sentier pour la générosité d’un large chemin de terre qui amorce sa descente depuis les hauteurs de la colline. Sous les pas des marcheurs, la terre meuble exhale un parfum riche de terre et de vie, tandis que la pente douce invite à une progression plus aisée vers la vallée en contrebas.
Et puis, comme surgissant de l’écrin de verdure, apparaît soudainement Fischingen, avec son cloître dominant l’horizon comme un phare de sérénité au cœur de la nature sauvage. Dans ce paysage bucolique, où la civilisation semble avoir trouvé refuge au sein des forêts ancestrales, le cloître se dresse tel un symbole de paix et de recueillement, offrant aux âmes égarées un havre de quiétude au milieu de l’agitation du monde.
Une route goudronnée, serpentant avec grâce à travers les collines, amorce sa descente en pente douce vers le village endormi, offrant aux voyageurs une perspective unique sur la quiétude qui règne dans ces vallées reculées. Sur son chemin, elle croise une école spécialisée, dévouée à l’enseignement et au soutien des jeunes affrontant des défis d’apprentissage et de comportement, une oasis d’espoir au cœur de la communauté.
À mesure que la route poursuit sa descente, elle s’approche inexorablement de l’entrée du village, où la modeste ‘effervescence de la vie quotidienne semble s’effacer dans l’air.
La route traverse un village où la fromagerie trône en maîtresse des lieux.
Et là, perché sur une esplanade surplombant la route, se dresse le monastère, majestueux témoin d’une foi immuable. Avec son église imposante, ses bâtiments d’hôtellerie accueillants et la chapelle dédiée à Sainte Idda, le monastère se révèle comme un joyau architectural, résonnant des prières et des chants des moines qui l’habitent depuis des siècles. La présence de Sainte Idda de Toggenburg, qui vécut près du monastère au XIIe siècle et dont la chapelle funéraire repose près de l’église, ajoute une touche de sainteté et de mystère à ce lieu empreint de spiritualité.
Le monastère, témoin immuable du passage du temps et de l’évolution des croyances, trouve ses racines dans les brumes lointaines du XIIe siècle, lorsque l’évêque de Constance, Ulrich II, posa les fondations de ce sanctuaire de piété. Conçu dans la tradition des doubles monastères, il offrait un refuge spirituel aussi bien aux moines qu’aux moniales, avec en son sein une grande hôtellerie destinée à accueillir les âmes en quête de réconfort. Au cours du XIIIe siècle, le monastère connaissait son apogée, abritant une communauté florissante de 150 moines et 120 religieuses, chacun consacrant sa vie à la prière et au service de Dieu dans les murs sacrés de cette enceinte spirituelle. Pourtant, l’histoire prit un tournant abrupt au XVIe siècle, alors que les vents de la Réforme soufflèrent sur la région. En 1526, l’abbé et les quatre derniers moines restants embrassèrent la foi réformée, entraînant la fermeture temporaire du monastère et le départ des catholiques qui y résidaient. Cependant, l’abbaye bénédictine retrouva vie sous l’égide des villes catholiques, alors que les voix des moines et des moniales résonnèrent à nouveau dans les couloirs silencieux du cloître. Malgré ces bouleversements, le monastère restera un phare de spiritualité, bien que maintenant sous la tutelle du canton et de la Confédération, témoignant ainsi de la persistance de la foi à travers les vicissitudes de l’histoire.
Au cours des XVIIe et XVIIIe siècles, le monastère de Fischingen connut une renaissance architecturale sous l’influence du style baroque et rococo, reflétant les tendances artistiques en vogue en Allemagne et en Suisse orientale. Toutefois, cette entreprise de reconstruction ne se fit pas sans heurts, car de nombreuses discussions et disputes éclatèrent autour du projet, notamment en ce qui concerne les financements, qui demeurèrent un sujet de discorde jusqu’à la fin du XVIIIe siècle. À cette époque, le monastère était principalement peuplé de moines-prêtres, c’est-à-dire des membres de l’ordre bénédictin ordonnés prêtres, parmi lesquels on comptait jusqu’à 134 individus, la majorité étant des prêtres. Après le décès du dernier abbé bénédictin en 1848, le monastère de Fischingen fut aboli, et ses bâtiments furent cédés à une industrie textile qui se lança dans la fabrication de tissus en coton et de dessus de chaussures. Plus tard, les lieux furent transformés en une école de commerce internationale, puis en un orphelinat à partir de 1943, sous la direction de prêtres bénédictins. Ce n’est qu’après l’abrogation en 1973 de l’article dit d’exception de la Constitution fédérale suisse, interdisant la construction de nouveaux monastères et la restauration de ceux abolis, que le monastère de Fischingen fut rénové en prieuré bénédictin, un processus qui dura jusqu’à la fin du siècle dernier.
Aujourd’hui, c’est l’association St. Iddazell qui est propriétaire des lieux, et en plus de l’école spécialisée, elle gère un hôtel de séminaires, une auberge de pèlerinage pour le Chemin suisse de Compostelle, ainsi qu’une brasserie monastique produisant la bière Pilgrim, une boisson d’abbaye, à l’égal des bières belges, prisée dans le pays.
Dans cet environnement empreint d’histoire et de renouveau, les panneaux indiquent la proximité de la montagne du Hörnli à environ 2 heures de marche et de Steg à 3 heures, offrant aux voyageurs des perspectives d’aventures plus sportives. Mais, il faudra marcher vite pour rentrer dans le temps de ce parcours difficile, autant en montée qu’en descente.
Rapidement, la Via Jacobi croise à nouveau le cours du Murg, quittant l’axe principal pour suivre une petite route goudronnée qui serpente derrière les dernières maisons du village.
La route traverse ensuite le murmure discret du ruisseau de l’Aubach, puis s’élève avec détermination à travers des prés verdoyants, frôlant les lisières du sous-bois. Ici, les paysans exposent leurs produits artisanaux, fruits d’un savoir-faire rural, offrant aux passants un avant-goût de la vie locale.
Au sommet de cette rude ascension, la pente se stabilise en approchant Neuschür, où quelques fermes isolées et des granges de bois patiné par le temps témoignent de la vie frugale que mènent les paysans en ces terres.
Sur la difficile montée vers la montagne du Hörnli, la Via Jacobi offre alors un répit bienvenu ; la route goudronnée s’aplanit, voire descend légèrement, serpentant à travers une forêt riche en conifères – un tableau de sapins blancs et d’épicéas. Les feuillus, bien que moins nombreux, se manifestent par des noisetiers, des érables modestes et des charmes délicats.
Plus loin, au cœur du bois, la terre battue remplace l’asphalte, accentuant l’impression d’un retour à la nature.
Dans ces bois où les hêtres majestueux et les érables ont pris le dessus, le sentier dévoile un lieu de pique-nique accueillant, une pause douce pour les randonneurs. Comme c’est toujours le cas en Suisse allemande, du bois est gracieusement mis à disposition, témoignage d’une hospitalité chaleureuse au sein de cette nature paisible.
La balade se fait avec douceur, bercée par une atmosphère paisible sous la canopée généreuse des grands feuillus. Le chemin, certes un peu caillouteux, n’en demeure pas moins agréable, offrant à chaque pas la sensation réconfortante de marcher à l’abri du soleil ardent. L’ombre des arbres forme un voile bienfaisant, filtrant la lumière et créant des jeux d’ombre et de lumière qui dansent sur le sol rocailleux. L’air y est frais, presque humide, imprégné des senteurs vivifiantes de la forêt environnante.
Mais, au fil de la promenade, le chemin semble vouloir changer de caractère, comme s’il cherchait à révéler une autre facette de lui-même. Il abandonne alors la route de terre battue, rassurante et familière, pour s’enfoncer dans un sentier plus intime, plus secret, qui serpente au cœur des frondaisons épaisses. Ici, la nature semble se refermer sur le promeneur, l’enveloppant dans un écrin de verdure où chaque bruissement de feuille, chaque craquement de branche raconte une histoire oubliée.
Le sentier, après avoir joué à flirter avec la route qui s’élève en direction du Hörnli, se dérobe soudain, comme pris d’une impulsion capricieuse. Il bifurque à gauche, délaissant la pente évidente pour traverser en toute discrétion le ruisseau tranquille de Bleikebächli. Ce filet d’eau, modeste et serein, murmure à peine sous le couvert des arbres, ajoutant une note apaisante à cette symphonie végétale.
À partir du ruisseau, la pente se fait plus abrupte, la forêt change de ton. Les feuillus laissent progressivement la place aux conifères, leurs silhouettes élancées se dressant comme des sentinelles silencieuses sur les flancs escarpés.
La montée devient plus exigeante, et pour surmonter cette difficulté, quelques escaliers sommaires ont été taillés dans des rondins de bois, offrant un appui précaire mais bienvenu aux randonneurs. Ces marches, rudimentaires mais efficaces, soulignent la rudesse du terrain, tout en témoignant d’un passage humain dans cette nature sauvage.
La descente qui suit n’en est pas moins marquée. Elle s’enfonce à nouveau dans une forêt dense, où les racines tortueuses des arbres s’entremêlent au sentier, rendant chaque pas incertain, comme une invitation à la prudence. Le sentier, audacieux, finit par franchir le ruisseau au nom aussi énigmatique qu’imprononçable pour qui ne maîtrise pas l’allemand : le Chappegghöllibächli. Ce ruisseau, dont le débit est si faible qu’il semble à peine s’écouler, ajoute à l’étrangeté du lieu, comme un secret chuchoté à l’oreille des arbres.
Peu après, comme s’il voulait enfin libérer le marcheur de cette étreinte sylvestre, le sentier s’éclaircit. Il quitte les bois, retrouvant l’ouverture du ciel, pour déboucher sur Au, un lieu où la lumière reprend ses droits, où l’horizon s’élargit soudainement, offrant un souffle nouveau au randonneur.
Le hameau de Au se dévoile, petit bijou niché sur la route menant au Hörnli. C’est un lieu charmant, presque hors du temps, où les traditions semblent encore bien vivantes. L’église, avec son clocheton modeste, se dresse comme le cœur battant de ce village pittoresque, offrant un refuge spirituel aux âmes de passage. Ici, le voyageur peut se restaurer, se ressourcer avant de poursuivre son périple vers les hauteurs.
Cependant, il n’existe aucune route directe menant au Hörnli, cette impasse perchée en haute altitude. Le Hörnli semble presque inatteignable, perché tel un gardien veillant sur la vallée. Mais la région alentour compense par une richesse gastronomique, avec de nombreux restaurants d’altitude, prisés par les habitants qui connaissent bien ces lieux. La route s’étire alors en multiples lacets, épousant les contours du paysage, serpentant à travers collines et forêts pour atteindre des hameaux voisins comme Schwendi ou Allenwinden, chaque virage offrant de nouvelles perspectives.
À Au, vous vous trouvez déjà à une altitude de 690 mètres. Le sommet du Hörnli, avec ses 1133 mètres, semble presque inaccessible depuis ce point, mais n’en est pas moins votre prochaine étape. Il vous faudra puiser dans vos réserves d’énergie pour atteindre cette rude colline, qui n’est pas une vraie montagne. Avant cela, Allenwinden, à 45 minutes de marche, sera votre premier objectif, tandis que le Hörnli lui-même se profile à environ une heure et demie de marche. Chaque pas vous rapproche de ce sommet tant convoité, mais le parcours reste encore long et exigeant.
À la sortie du hameau, des panneaux annoncent la présence d’auberges. Cependant, toutes ne se trouvent pas sur votre parcours, et certaines, en raison des saisons ou du temps, ne sont plus ouvertes en permanence, voire ont définitivement fermé leurs portes. Ce constat ajoute une touche de mélancolie au paysage, rappelant que même les lieux les plus pittoresques ne sont pas à l’abri du passage du temps.
Derrière les dernières maisons de Au, où les étals exposent des colifichets artisanaux témoignant du savoir-faire local, la route reprend de la vigueur. Elle s’élève brusquement, se montrant plus sévère, presque intransigeante, comme un défi lancé au marcheur. Chaque pas devient plus ardu, chaque respiration plus profonde, mais la promesse de la montagne, là-haut, continue d’attirer irrésistiblement.
Section 4 : Tout là-haut au Hörnli
Aperçu général des difficultés du parcours : parcours difficile avec des pentes très marquées.
La pente se révèle impitoyable, avec une inclinaison redoutable frôlant les 20%. Cette route, qui semble vouloir conquérir les hauteurs avec une détermination farouche, se hisse sur une colline ronde et verdoyante, traversant des prés comme un serpent infatigable. C’est l’un de ces paysages d’alpages élevés, où la nature, bien que dépouillée et austère, possède une beauté brute qui captive l’âme. On ne s’en lasse que sous l’effort, la sueur perlant sur le front, dans ce décor à la fois rude et divin.
Après avoir franchi les virages serrés qui dessinent la route avec la précision d’un pinceau sur une toile, vous apercevrez, nichées plus haut, les fermes de Vorder-Aderwil. Ces bâtisses, semblant suspendues entre ciel et terre, dominent la vue comme des sentinelles silencieuses de ce monde rural.
Dans ce tableau digne d’une carte postale exaltant les alpages suisses, ce ne sont que des fermes éparpillées, telles des perles rares sur un écrin de verdure. Ici, les paysans ne vivent pas dans l’opulence ; au contraire, leur existence semble rythmée par les saisons et marquée par une simplicité austère.
Pourtant, tout ici respire la beauté et l’harmonie. Les chalets de bois, patinés par les ans et les intempéries, se fondent dans le paysage, témoignant d’un dialogue intime avec le temps et les éléments.
Une des singularités de la vie quotidienne en Thurgovie, héritée de la Réforme, est le « simultaneum », cette coexistence équilibrée entre les deux grandes confessions chrétiennes. Ainsi, les symboles religieux, en particulier les croix catholiques, parsèment le paysage, comme des témoins silencieux d’une histoire partagée.
Depuis ce hameau paisible, la route poursuit son ascension implacable, jusqu’à ce qu’elle cède la place à un chemin de terre battue. À l’ombre des hêtres majestueux, des érables et des conifères imposants, cette voie semble s’effacer doucement dans la fraîcheur des sous-bois.
Lorsque l’on arpente de tels paysages, à la fois rudes et sublimes, une question se pose inévitablement : comment ces paysans, accrochés à leurs collines comme des oiseaux à leurs nids, parviennent-ils à survivre dans cette nature presque vierge, où tout semble à la fois hostile et enchanteur ?
La route de terre monte, inexorablement, jusqu’à ce qu’elle se mue en un sentier plus étroit, qui s’aventure sans bruit dans la profondeur de la forêt, comme une invitation à découvrir des secrets encore enfouis.
Vous voici devant une montée qui promet d’être un véritable défi, une rampe d’escaliers s’élançant fièrement avec une pente vertigineuse flirtant avec les 50%. La distance à parcourir est courte, mais ne vous y trompez pas : chaque pas est une épreuve, une lutte contre la gravité. Heureusement, des barrières de sécurité, telles des sentinelles bienveillantes, vous guident et vous soutiennent dans cet effort intense. Vous n’avez qu’une centaine de marches à franchir, mais leur ascension exige de vous une force et une détermination sans faille.
Au sommet de cette rampe, la pente, implacable, persiste. Le sentier, loin de s’apaiser, se hérisse de racines et de cailloux, obstacles naturels qui semblent vouloir tester votre endurance.
Dans cette forêt mixte, où règne une bataille silencieuse pour la lumière et l’espace, les pins et les érables dominent avec une hauteur insolente les autres conifères. Ici, une particularité notable des Chemins de Compostelle se révèle : les sapins blancs, d’ordinaire plus rares, surpassent en nombre les épicéas. Ce n’est point une question d’altitude, car ces deux espèces, telles des voisines réticentes, coexistent même en haute montagne. Les raisons en sont multiples : caprices climatiques ou peut-être l’œuvre des hommes d’antan, qui, en plantant ces arbres, ont transformé ce paysage.
À nouveau, une rampe d’escaliers s’offre à vous, moins sévère que la précédente, vous permettant de reprendre votre souffle. Ici, à la hauteur des troncs que les bûcherons ont abandonnés, la forêt semble retenir son souffle en même temps que vous.
Enfin, la pente s’adoucit, devenant plus clémente, avec une inclinaison plus modérée, proche des 10%, dans cette forêt où les arbres s’espacent quelque peu, laissant filtrer la lumière.
Les conifères et les feuillus, privés de lumière à leur base, se délestent de leurs branches inférieures, tandis que leur cime effleure le ciel, comme une mer de verdure où les arbres, serrés les uns contre les autres, s’élancent vers l’infini, tel un banc de sardines comprimé dans un étroit espace.
Poursuivant votre chemin, vous atteignez un plateau où la forêt semble enfin se retirer, dévoilant à l’horizon quelques fermes solitaires, éparpillées au-delà des arbres. Le paysage qui s’offre alors à vous est d’une beauté saisissante, à couper le souffle, une scène où la nature, dans toute sa splendeur, semble murmurer des secrets à ceux qui savent les entendre, vous laissant une sensation de frisson, comme si la terre elle-même vibrait sous vos pieds.
Le chemin se dévoile soudainement, quittant l’ombre dense des sous-bois pour s’épanouir dans une clairière d’une beauté saisissante.
La campagne, avec ses décors paisibles, reprend ses droits ici, vous ramenant à une simplicité qui touche à l’essence même de la vie rurale. Les moutons, tels des gardiens placides, ponctuent la scène de leur présence, comme une pause dans le flux incessant du chemin. Le chemin se met alors à plonger avec vigueur, s’inclinant de manière audacieuse, comme s’il voulait se fondre dans la terre, pour rejoindre, plus bas, une route forestière. Cette route, qui semble surgir de nulle part, trouve son origine dans le hameau de Au, serpente avec une obstination tranquille à travers les bois, avant de gravir courageusement les pentes abruptes qui mènent à Allenwinden.
La montée reprend alors, rude, implacable, comme si la route elle-même mettait les voyageurs au défi, les poussant à se dépasser pour atteindre les prés d’Allenwinden. Chaque pas devient une lutte contre la gravité, un effort récompensé par la splendeur du paysage qui se révèle peu à peu à mesure que l’on s’élève.
Il fut un temps où le restaurant Kreuz, niché à Allemwinden, était une halte incontournable pour tous les amoureux du Hörnli, ces randonneurs et excursionnistes locaux en quête de repos et de réconfort. Avec sa terrasse baignée de lumière, son espace dédié aux enfants, et cette vue plongeante sur la vallée qui s’étendait à l’infini, c’était bien plus qu’une simple pause : c’était une expérience gravée dans la mémoire de tous ceux qui y passaient. Mais aujourd’hui, les rideaux sont tirés, et depuis 2011, le Kreuz reste désespérément fermé. Personne ne sait vraiment si ce lieu, chargé de souvenirs et de convivialité, rouvrira un jour ses portes. Les défis sont nombreux pour maintenir une telle entreprise en vie, et dans ce coin reculé, les aléas du temps ne facilitent guère la tâche. Un jour de pluie, presque personne ne s’aventure jusqu’ici, si ce n’est quelques pèlerins solitaires, ombres furtives dans la brume. Par contre, lorsque le soleil resplendit, le restaurant se retrouve littéralement pris d’assaut, les clients envahissant le lieu, le rendant presque méconnaissable. Une affluence si irrégulière qu’il devient presque impossible de trouver du personnel prêt à accepter des horaires aussi imprévisibles, oscillant entre l’effervescence des jours ensoleillés et le calme pesant des jours de pluie.
Vous franchissez maintenant la frontière invisible entre deux mondes : celle qui sépare le canton de Zurich de la Thurgovie. La destination tant attendue, le Hörnli, se trouve encore à 50 minutes de marche, une perspective à la fois encourageante et intimidante, car bien que l’altitude ne soit ici que de 913 mètres, le point culminant, lui, atteint 1113 mètres, rappelant que l’effort n’est pas encore terminé.
Une route de montagne, sinueuse et contemplative, s’étire alors en direction de Kalterbrunnen, où le paysage se transforme, révélant des pratiques agricoles d’un autre temps. Ici, l’élevage de dindons domine, une activité qui trouve son écho dans la vente de la viande, où le cycle de la vie suit son cours impitoyable, sans fausse note.
La Via Jacobi, fidèle à sa tradition, continue de suivre la route goudronnée un peu plus loin, mais bientôt, elle dévie, laissant la dureté de l’asphalte pour retrouver la douceur d’un large chemin de terre. Ce chemin se faufile avec discrétion derrière la dernière ferme du hameau, comme pour s’échapper du monde moderne et renouer avec une nature plus sauvage, plus authentique.
Et on annonce ici l’auberge de montagne du Hörnli, une promesse de repos bien mérité, un havre pour les âmes fatiguées.
L’ascension reprend, rude et intransigeante, sur cette route de terre où les gravillons se dérobent sous chaque pas, émettant une plainte crissant sous la semelle des marcheurs. L’environnement qui s’étend tout autour est dépouillé, presque austère, marqué seulement par la silhouette d’un réservoir solitaire, élément incongru qui accentue encore la sensation d’effort. Le paysage, bien que magnifique, ne se laisse pas conquérir facilement. Chaque pas semble peser plus lourd que le précédent, et la route se déploie comme un défi sans fin, gravée dans la pierre.
Au terme de cette montée implacable, un banc se dresse, humble, mais providentiel, prêt à recueillir les voyageurs. Il est là, comme une promesse tenue, un havre pour les corps fatigués, un rappel que toute peine trouve son apaisement.
Depuis ce promontoire, la vue se révèle dans toute sa splendeur. Les collines de Thurgovie s’étalent à perte de vue, comme un océan de verdure infinie, couvert de vastes forêts gigantesques où le regard se perd. Çà et là, des hameaux apparaissent, perchés sur les crêtes, défiant la gravité, témoins silencieux d’une harmonie entre l’homme et la nature qui semble d’un autre temps. Le regard embrasse cette étendue et se nourrit de chaque détail, chaque nuance.
Après l’effort, vient le répit. Le chemin, enfin, se fait plus clément, s’insinuant doucement dans la forêt. Il serpente entre les arbres, jouant avec les ombres, offrant au randonneur une parenthèse de quiétude, une occasion de reprendre son souffle. C’est un moment volé à la rudesse du parcours, une respiration que la nature accorde généreusement.
Mais cette tranquillité n’est que passagère. Le chemin ne s’attarde guère sous le couvert des arbres et revient vite s’étaler sur les alpages. Là, les cloches des vaches Braunvieh résonnent doucement dans l’air, leurs tintements lents et réguliers composant une mélodie rustique. Les vaches, de leurs grands yeux placides, vous suivent du regard, comme pour jauger votre détermination, ajoutant une touche de vie à ce tableau pastoral. Leur présence est apaisante, presque méditative, ancrant le marcheur dans l’instant présent.
Depuis cette clairière ouverte, l’antenne qui coiffe le sommet du Hörnli apparaît enfin, dressée telle une balise vers le ciel. À première vue, elle semble à portée de main, si proche, si accessible, qu’on pourrait croire la marche terminée. Mais, c’est là toute la ruse des montagnes : elles trompent l’œil, elles promettent et reculent, un jeu constant de distances et de hauteurs. Le sommet, toujours, semble s’éloigner à mesure qu’on s’en approche.
Quelques pas plus loin, le chemin conduit au lieudit Silberbüel, une clairière suspendue à 980 mètres d’altitude. Le mensonge de la proximité de l’antenne se dissipe alors : il reste encore plus d’une centaine de mètres à gravir. Ce n’est qu’un rappel, une ultime épreuve, que même au seuil de la destination, la montagne n’accorde rien sans lutte. Le dernier acte de cette ascension s’annonce, et le marcheur, aguerri mais toujours humble devant la grandeur de la nature, doit se préparer à ce dernier effort.
Juste au-dessus, le sentier serpente jusqu’au lieu-dit Dreiländerstein, ce nom singulier évoquant la rencontre de trois mondes distincts : les cantons de Thurgovie, Saint-Gall et Zurich. Une frontière invisible y trace ses lignes, délimitant des territoires qui, pourtant, semblent se fondre harmonieusement dans le paysage. La butte de Hörnli s’élève, témoin immuable de cette triade, ancrée fièrement dans le canton de Zurich. À l’orée des bois, un modeste chalet d’alpage se dresse, comme une sentinelle des saisons, ouvrant ses portes aux rares occasions, murmure de traditions ancestrales.
À peine le temps de reprendre son souffle que la pente redouble d’ardeur, incitant le promeneur à suivre un chemin sinueux, tracé au cœur de la forêt. L’effort se fait pressant, chaque pas un défi, mais la forêt, telle une enchanteresse, déploie ses charmes. Dans ce sanctuaire de nature vierge, la fatigue devient une illusion fugace, effacée par la beauté envoûtante de l’instant.
Plus haut, un panneau indicateur s’impose, solitaire et quelque peu superflu. La direction est évidente, unique, pointant droit vers le Hörnli, ce sommet qui semble soudain si proche, à portée de main.
Mais la nature est farceuse, et la pente, sous l’abri des arbres, se fait encore plus rude, défiant la volonté du marcheur. Les arbres, ces géants séculaires, se dressent comme des gardiens bienveillants, offrant une ombre bienvenue, une protection contre l’assaut du soleil.
Sur le bord du chemin, le sol se fait plus capricieux, entravé de racines tortueuses et de petits cailloux qui roulent sous les pas. Une nouvelle signalisation confirme que l’on foule désormais le sol du canton de Zurich, une étape marquée par la terre elle-même.
Plus haut encore, le chemin rencontre une route, une ouverture inattendue vers la civilisation. C’est la route qui monte de l’autre côté de la butte, menant tout droit à l’antenne du Hörnli, ce sommet en apparence si isolé. Depuis la Thurgovie, l’accès est impossible, il faut contourner la montagne pour atteindre son faîte.
L’espoir de toucher au but se dessine, mais le sommet se mérite, tout comme chaque pas qui le précède. Ce n’est pas l’Everest, certes, mais chaque montagne a son propre défi, sa propre majesté. Un sentier étroit, presque timide, s’enfonce dans les hautes herbes, une invitation à poursuivre. Puis viennent les rampes d’escaliers, étroites et raides, promettant autant de bonheur que de malheur, selon l’endurance du marcheur.
Les rampes se succèdent, implacables, une série infinie de marches gravissant la pente sauvage, dépassant parfois les 30%. La nature semble vouloir tester la détermination de ceux qui osent s’aventurer en ces lieux.
Enfin, la dernière rampe cède sous le pas, donnant accès à l’antenne qui se dresse fièrement au sommet de la montagne, symbole de la conquête achevée. Ici, il y a possibilité de séjourner à l’auberge de montagne pendue sur la colline.
Le Hörnli, culminant à 1 132 mètres d’altitude, domine le paysage de Fischenthal, au cœur de l’Oberland zurichois. De son sommet, la vue panoramique se déploie, embrassant d’un regard le Säntis à l’est et les Alpes de la Suisse centrale au sud. Au nord, la Thurgovie déroule ses plaines, tandis qu’à l’ouest, se niche le Tösstal. Ce lieu, empreint d’histoire, était autrefois traversé par le Schwabenweg, l’un des chemins de Compostelle, un passage vénéré depuis le Moyen-Âge.
Depuis l’esplanade de l’auberge de montagne, où on peut se restaurer ou passer la nuit dans le gîte, le regard s’étire vers Steg im Tösstal, une vision lointaine, nichée au fond de la vallée. Ce qui semble être un voisinage immédiat n’est en réalité qu’une illusion, car près de 4 kilomètres de sentiers vous séparent encore de ce petit havre.
En contrebas, le chemin serpente à travers les prés, un fil de vie qui défie la gravité. Si raide est la pente que l’on s’attend à une véritable bataille avec les forces naturelles, un duel inégal où chaque pas est une victoire.
C’est un sentier étroit, où chaque pierre semble glisser sous le pied, une danse dangereuse sur une pente vertigineuse qui dépasse parfois les 40%. Que le ciel soit clément, car par temps de pluie, ce chemin se transformerait en un véritable champ de bataille.
Section 3 : Une descente dans le Tösstal : un véritable concert pour les genoux et les articulations
Aperçu général des difficultés du parcours : parcours difficile avec des pentes très marquées.
Les hêtres et les conifères veillent en silence sur les talus, enveloppant de leur ombre le chemin qui se faufile entre eux, tel un serpent docile, répondant à la moindre inflexion du terrain. La pente, toutefois, commence à fléchir au fur et à mesure que l’on descend, mais demeure implacable avec un déclin toujours supérieur à 30% sur plusieurs centaines de mètres. L’effort se fait sentir, et le souffle se raccourcit, la descente se mue en une épreuve que seuls les plus aguerris peuvent entreprendre sans faillir.
Plus bas, à l’orée d’un virage, se dévoile soudain la route qui serpente vers l’antenne, enroulée autour des prés comme un ruban d’asphalte noir. Steg im Tösstal, village endormi au creux de la vallée, semble pourtant s’éloigner à mesure que vous vous en approchez, comme un mirage inaccessible au regard de celui qui marche.
Poursuivre un tel chemin, dépourvu de bâtons pour se soutenir, relève du véritable calvaire. Chaque pas est une lutte, chaque mouvement calculé pour éviter la chute. Les piquets des barrières de bétail deviennent des alliés inattendus, et parfois, c’est la force d’un tronc rugueux qui vous empêche de basculer dans l’abîme. Les articulations crient leur souffrance dans un frisson de plaisir amer, tandis que les pierres glissantes menacent de faire basculer tout l’équilibre précaire dans le chaos de la descente.
Un peu plus bas, une pause inespérée permet de reprendre son souffle avant que ne recommence l’aventure périlleuse. En Suisse, lorsque vous apercevez les signes rouge et blanc, ce ne sont pas des marques de chemins de grande randonnée GR. Ces marques, à la fois discrètes et redoutables, vous préviennent que vous êtes sur un sentier difficile, réservé à ceux qui n’ont pas froid aux yeux. Mais. Il n’y a rien de dangereux par ici.
Vous voilà projeté, tel un intrépide funambule, sur un sentier sinueux qui plonge au cœur d’une forêt épaisse, où les jeunes pousses de hêtres et d’érables rachitiques se battent pour un peu de lumière. Parfois, ce sont les anciens, les majestueux hêtres, les pins et les épicéas, qui se dressent, puissants et stoïques, offrant leur soutien à ceux qui osent les effleurer. Et toujours cette pente vertigineuse, défiant l’équilibre avec ses 20% d’inclinaison !
Le chemin devient alors un jeu d’adresse, où il faut déjouer les pièges que tendent les racines noueuses et les pierres traîtresses pour progresser sans dommage. Cette marche aurait pu durer des heures, tant la nature enveloppante semblait vouloir vous retenir dans son écrin de verdure. Pourtant, à un moment, le sous-bois relâche son emprise, et la pente se fait plus douce, comme si la forêt, magnanime, vous offrait un répit.
Le chemin s’épanouit alors dans l’air libre, baigné de lumière, et devant vous s’ouvre un paysage chantant, où les collines boisées déploient leur majesté sous le ciel éclatant. La nature elle-même semble célébrer la fin de votre périple, gazouillant en harmonie avec les frémissements des feuilles.
Au bas de cette descente qui vous marquera sans doute, le paysage se dévoile en une vaste ouverture, où la route s’enroule en lacets vers le Hörnli. Sur la pente, comme blotti dans les bras de la montagne, se niche le lieudit Tanzplatz, un lieu qui, à première vue, semble bien plus qu’une simple piste de danse pour les soirées festives, portant en lui l’écho d’anciennes traditions et de mystères jamais révélés.
Ici, la large route de terre battue se dessine en une courbe douce, plongeant vers la vaste plaine qui s’étend à perte de vue. Mais le Chemin de Compostelle, avec cette fidélité presque capricieuse aux sentiers les moins évidents, dédaigne les grands axes. Il préfère la modestie d’un petit chemin à peine tracé, serpentant discrètement sur la crête, comme une invitation à s’élever au-dessus du quotidien. Ce chemin, qu’on dirait dessiné par les doigts de la nature elle-même, semble flotter à la frontière entre ciel et terre, offrant au pèlerin une vue sans égale.
Le sentier se maintient sur la crête, suivant la ligne des cimes comme un fil d’Ariane dans un labyrinthe céleste. C’est l’un de ces paysages alpestres où l’âme trouve un écho, où l’on se sent lié à une nature dépouillée de tout artifice, mais qui, dans cette simplicité, touche au divin. Chaque tournant, chaque avancée, révèle une harmonie parfaite entre ciel, montagne et vallée. Ici et là, des bancs solitaires offrent un refuge temporaire, un lieu où l’on peut s’asseoir, laisser errer le regard et le cœur, admirant la splendeur des hauteurs qui semblent n’avoir pas de fin.
Puis, inévitablement, le chemin s’incline, et la pente se fait plus marquée. Le sentier plonge dans les prés, avec une détermination douce mais implacable, tandis que le hameau de Steg im Tösstal, jusque-là caché par les plis du relief, commence à grandir, à s’imposer peu à peu à la vue du randonneur.
Arrivé en bas, le chemin retrouve la large route de terre battue, comme un vieil ami rencontré après une longue absence. Il s’y attarde, la suivant sur une centaine de mètres, comme pour renouer les liens avant de reprendre sa route solitaire.
Mais à nouveau, il s’échappe, quittant la route pour se faufiler dans l’herbe, se glissant vers un sous-bois discret, à peine visible à l’œil non averti. Là, sous l’ombre bienveillante des feuillus, il semble hésiter, hésitant entre le confort de la route et la sérénité du bois. Mais bientôt, il retrouve la dite route, comme un fil rouge qui guide inexorablement le pèlerin.
Cependant, fidèle à son caractère capricieux, le chemin ne tarde pas à délaisser la route une fois encore. Le couvert des arbres l’attire irrésistiblement, offrant une ombre fraîche et accueillante. Là, il préfère la tranquillité d’un petit sentier qui serpente sous les ramures, dérobé aux regards, comme un secret partagé seulement avec ceux qui osent le suivre.
Pourtant, cette fois encore, le chemin se lasse de cette solitude ombragée. Il revient sur ses pas pour rejoindre la route principale, une dernière fois. Dans un virage, le paysage s’ouvre enfin, dévoilant sans retenue le village de Töss im Tal, niché dans la vallée, comme une promesse d’arrivée, de repos.
La Via Jacobi s’engage alors dans une série de lacets, épousant les courbes de la route de terre qui serpente à travers la forêt. Cette descente sinueuse, entre ombre et lumière, donne au marcheur l’impression d’être aspiré par les profondeurs de la vallée, où chaque virage dévoile un nouveau fragment de ce paysage mystérieux et verdoyant.
Plus bas, vous émergez de cette étreinte sylvestre pour arriver au village, où la route, désormais goudronnée, vous ramène doucement à la civilisation. Le contraste entre la quiétude des bois et l’apparition tranquille des premières habitations renforce l’impression d’un retour progressif au monde moderne.
Cependant, fidèle à son habitude de contourner les chemins trop évidents, la Via Jacobi vous propose un détour. Un petit chemin parallèle s’offre à vous, invitant à un dernier écart avant d’entrer pleinement dans le village. Ce détour vous mène à traverser le Töss sur un petit pont, un passage délicat et charmant, où l’eau chante sous vos pas, comme pour accompagner votre voyage de ses murmures apaisants.
La commune de Fischenthal, dont vous foulez désormais le sol, est un écrin de nature, englobant les trois villages de Steg im Tösstal, Fischenthal et Gibswil. Ici, la vie semble s’écouler plus lentement, à l’abri du tumulte des grandes villes. Avec seulement 2 700 habitants, la commune est peu peuplée, et la sérénité qui y règne est presque palpable. Les chalets, disséminés çà et là, témoignent de cette harmonie entre l’homme et la nature, où chaque demeure semble avoir trouvé sa place idéale dans le paysage.
Pourtant, cette tranquillité n’est pas synonyme d’isolement. La région, bien que rurale, reste connectée au monde extérieur. Le train, fidèle compagnon des habitants, permet de rejoindre la vallée en douceur, puis aller jusqu’à Winterthur, avant d’atteindre Zurich. Ainsi, même dans ce havre de paix, le lien avec les grandes villes demeure intact, offrant le meilleur des deux mondes.
Logements sur la Via Jacobi
- Pension Räubergasse, Flurstrasse 3, Sirnach; 077 478 79 88/079 713 34 17 ; Chambre d’hôte, petit déj.
- B&B Sirnach, Im Brüel 13, Sirnach ; 071 966 30 89/076 572 94 01 ; Chambre d’hôte, repas, petit déj.
- Haus zur Orchidee, Untermattstrasse 29, Sirnach ; 071 960 02 92/079 677 69 74 ; Chambre d’hôte, petit déj.
- Hotel Happiness, Brüelhalde 1, Sirnach ; 071 966 46 01/079 832 34 95 ; Hôtel, petit déj.
- B&B Carole Moser, Fischingerstrasse 30, Oberwangen ; 071 977 22 22/ 079 865 19 29 ; Chambre d’hôte, repas, petit déj.
- B&B Ester Amsler, Sägestrasse 5, Oberwangen ; 079 677 69 74 ; Chambre d’hôte, petit déj.
- Schwendi-Stübli Richard & Ursula Egg, Hinter Schwendi 42, Fischingen ; 071 977 12 38 ; Chambre d’hôte, repas, petit déj.
- Kloster Fischingen, Hauptstrasse, Fischingen ; 071 978 72 20 ; Hôtel, repas, petit déj.
- Berggasthaus Hörnli ; Hörnli; 055 245 12 02 ; Gîte, repas, petit déj
- Pilgerherberge Fischbach (paille), Fischbach 1, Steg in Tösstal; 055 245 15 25/079 522 68 29 ; Gîte, repas, petit déj.
- Famile Kägi, Aeaschgasse 17, Steg im Tösstal; 079 688 73 36 ; Chambre d’hôte, petit déj.
Il y a un peu plus de possibilités de trouver un logement sur cette étape, même en cours de parcours. À Fischingen, le cloître dispose de nombreuses places disponibles. En revanche, les options sont moins nombreuses à Steg. Vous pouvez aussi loger au Hörnli, à condition que le restaurant soir ouvert. Vous trouverez des commerces le long du parcours, notamment à Sirnach et à Fischingen et à Steg. Vous pourrez vous restaurer à Fischingen et plus haut, à Au en montant vers le col du Hôrnli, où se trouve également un restaurant. Quelle que soit votre destination, que ce soit au Hörnli ou en descendant sur Steg, il est essentiel de réserver votre logement à tout prix. L’alternative est de continuer plus loin, à Gibswil où se trouve un bel hôtel-restaurant.