Etape 06: De Einsiedeln à Brunnen

Au pied des mythiques Mythen

Aujourd’hui, votre périple vous guide à travers les méandres des montagnes vers le sublime Lac des Quatre Cantons, joyau niché au cœur de la Suisse originelle. Ses eaux, telles des veines nourricières, s’étirent entre les cantons d’Uri, de Schwyz, d’Unterwald et de Lucerne, formant des bras qui rappellent les majestueux fjords. C’est ici, dans ce berceau de la nation suisse, que s’ancrent les racines de son histoire, tissée de récits légendaires et de héros emblématiques tels que Guillaume Tell et Arnold Winkelried, figures légendaires qui, qu’ils fussent réels ou imaginaires, ont traversé ces terres imprégnées de mythes. L’écho du serment du Grütli de 1291 résonne encore dans les vallées, témoignage immuable d’une époque où des hommes bravant l’incertitude s’engagèrent pour l’avenir de leur patrie naissante. Malgré les vents changeants de l’histoire qui parfois soufflent sur ces récits, l’âme de la Suisse centrale demeure le phare historique et touristique de la confédération helvétique, avec le Lac des Quatre Cantons comme épicentre, miroir des siècles écoulés.

Ici, les contours de l’histoire se dessinent au fil des eaux tranquilles ou au détour des sentiers abrupts des montagnes qui surplombent le lac. Avant d’admirer les élégants vapeurs glissant sur ses flots, il faut traverser les sommets escarpés des Mythen, sentinelles majestueuses dressées depuis Einsiedeln. Pour le voyageur, novice ou habitué, chaque pas révèle un paysage enchanteur, pétri de charme et de patrimoine, où chaque bosquet cache des trésors et chaque bourgade raconte une histoire.

Nous avons divisé l’itinéraire en plusieurs sections, pour faciliter la visibilité. Pour chaque tronçon, les cartes donnent l’itinéraire, les pentes trouvées sur l’itinéraire et l’état du parcours (routes ou chemins). Les itinéraires ont été conçus sur la plateforme “Wikilocs”. Aujourd’hui, il n’est plus nécessaire d’avoir des cartes détaillées dans votre poche ou votre sac. Si vous avez un téléphone mobile ou une tablette, vous pouvez facilement suivre l’itinéraire en direct.

Pour ce chemin, voici le lien :

https://fr.wikiloc.com/itineraires-randonnee/de-einsiedeln-a-brunnen-par-la-via-jacobi-4-32021330

Difficulté du parcours : Le périple s’annonce comme une danse avec les dénivelés, avec des descentes vertigineuses et des montées ardentes (+595 mètres/-1031 mètres), révélant toute la splendeur des reliefs du canton de Schwyz. Si le début du parcours semble être une douce promenade le long de la vallée où murmure l’Alp, l’ascension exigeante à travers la forêt jusqu’aux alpages de Hagenegg, aux pieds des deux Mythen, impose son rythme. Puis, la descente, abrupte et interminable, conduit d’abord à Schwyz, capitale cantonale, avant de rejoindre sans encombre Brunnen, havre de paix aux rives du Lac des Quatre Cantons.

État de la Via Jacobi : Dans cette étape, la majeure partie du trajet se déroule sur des sentiers forestiers, où chaque pas résonne comme une invitation à découvrir la nature dans toute sa splendeur.

  • Goudron : 9.0 km
  • Chemins : 14.8 km

Ce n’est évidemment pas le cas pour tous les pèlerins d’être à l’aise avec la lecture des GPS et des cheminements sur un portable, et il y a encore de nombreux endroits sans connexion Internet. De ce fait, vous trouverez sur Amazon un livre qui traite de ce parcours.

 

 

 

  

 

Si vous ne voulez que consulter les logements de l’étape, allez directement au bas de la page.

Parfois, pour des raisons de logistique ou de possibilités de logement, ces étapes mélangent des parcours opérés des jours différents, ayant passé plusieurs fois sur sur ces parcours. Dès lors, les ciels, la pluie, ou les saisons peuvent varier. Mais, généralement ce n’est pas le cas, et en fait cela ne change rien à la description du parcours.

Il est très difficile de spécifier avec certitude les pentes des itinéraires, quel que soit le système que vous utilisez.

Pour les “vrais dénivelés ”et pour les passionnés de véritables défis altimétriques, consultez attentivement les informations sur le kilométrage au début du guide.

Section 1 : En remontant l’Alp, qui coule doucement dans la vallée

Aperçu général des difficultés du parcours : parcours sans aucune difficulté.

Sur la Via Jacobi, le périple débute à Einsiedeln, où se dresse majestueusement le monastère, couronnant les hauteurs de la cité. Tel un sentier tracé par les mains de l’histoire, le parcours se déroule devant vous, tantôt sur le lisse goudron des chemins modernes, tantôt sur la terre battue, caressée par le pas des pèlerins.

Par-delà les premiers pas, elle s’enfonce gracieusement dans un parc paisible, longeant en toute élégance les demeures opulentes qui témoignent du passé fastueux de la région, telle une noble dame traversant les allées d’un jardin à l’aube.

Plus avant, elle s’échappe vers les confins périphériques de la cité, s’immergeant dans l’intimité paisible des quartiers résidentiels.

Puis, telle une partition parfaitement orchestrée, elle épouse la route de l’Alpthal, suivant fidèlement son tracé jusqu’à la bifurcation marquant le chemin vers le cloître d’Au.

Une étroite route, suivant le cours sinueux de la rivière, conduit jusqu’au sanctuaire de Au. C’est là, au creux de vallons verdoyants, que se dresse le vénérable cloître d’Au, joyau d’architecture bénie par les siècles. Fondé aux temps révolus du XIVe siècle, il a vu fleurir la spiritualité des bénédictins dès le commencement du XVIIe siècle, pour revêtir au fil du temps les parures changeantes de l’Histoire. Aujourd’hui, une poignée de sœurs, gardiennes de la tradition, veillent sur ces pierres chargées d’éternité.

De là, une modeste route de terre rustique s’étire langoureusement à travers champs, en suivant le murmure rassurant du ruisseau Aubach et les majestueuses montagnes en arrière-plan., compagnon fidèle des voyageurs solitaires.

Les pâturages, vastes étendues où paissent les robustes bovins de la Suisse orientale, principalement de l’éminente race brune, offrent leurs vastes espaces à ces nobles créatures. Seuls quelques exemplaires de Simmental parsèment çà et là ce paysage, tandis que les Holstein, emblèmes tachetés, luttent pour un lopin d’herbe. Pourtant, la générosité de la terre est telle que l’herbe verdoie à profusion. Sur le chemin de terre, se dressent çà et là des édicules de dévotion, tel un oratoire modestement pieux, ou encore une croix, humble symbole de foi.

Plus loin, au détour d’un virage, l’itinéraire dévoile une invitation à l’élévation, offrant aux audacieux la possibilité de gravir les hauteurs de Haggenegg en passant par le village de Trachslau. Mais la Via Jacobi, fidèle à sa destinée, poursuit son chemin, droit devant. 

Peu après, le sentier rejoint la gravière de Trachslau, baignée par les eaux douces de l’Alp, où se mêlent le chant des oiseaux et le clapotis apaisant de la rivière. Ici, dans ce sanctuaire de la nature, les signes sacrés, qu’ils soient croix ou chapelles, jalonnent le chemin, rappelant la présence bienveillante de l’Invisible.

Section 2 : On va bientôt quitter la plaine de l’Alp

Aperçu général des difficultés du parcours : parcours sans aucune difficulté.

Dans la sereine vallée de l’Alp, le chemin se déploie avec une subtile inclinaison, presque imperceptible. À Trachslau, il se fond fugacement avec la route de la vallée, ayant longé avec bienveillance la carrière où s’affairent les artistes du bois et les artisans ébénistes, bâtisseurs de rêves.

Néanmoins, la Via Jacobi délaisse le cœur du bourg, préférant l’élégance discrète d’un chemin serpentant les méandres de l’Alp, en parallèle de l’artère carrossable.

Plus loin, le chemin s’accompagne de la route, l’Alp caressant son flanc gauche, tandis que les majestueux Mythen émergent à l’horizon, devenant des sommets à conquérir au gré des kilomètres.

La circulation demeure rare sur cette voie sans issue, qui pourtant, accueille quelques rares véhicules locaux et randonneurs se dirigeant vers les alpages durant le week-end, offrant ainsi un modeste ballet de passages. Plus loin, le sentier traverse l’autre rive de la rivière.

Tel un compagnon fidèle, le chemin épouse le cours sinueux de la rivière, effleurant des bosquets de hêtres et d’érables où la nature est moins flamboyante, Ici, la nature se révèle plus sauvage, plus impénétrable.

Plus en avant, il se lance à travers les prairies, offrant une perspective claire des deux majestueux Mythen.

Au lieu-dit Kleinschnülimatt, il franchit avec aisance deux ruisseaux débordants de vie.

Aux confins du village d’Alpthal, cœur vibrant de la vallée, le chemin rejoint le lit de la rivière, où dansent de modestes cascades et des pierres imposantes, témoignant des caprices de la montagne. C’est une sauvagerie qui évoque presque un canyon véritable.

Poursuivant son périple, le chemin longe la rive, s’enfonçant dans une végétation dense, jusqu’à atteindre le village. Le parcours vous a guidé sur près de huit kilomètres, pour une ascension modeste de seulement cent mètres. Étonnant, n’est-ce pas, cette plénitude alpestre ?

À présent en périphérie du village, le parcours se dessine le long de la rivière, offrant un tableau oscillant entre la quiétude des prairies et la force apaisante du cours d’eau.

Pourtant, le regard, happé par l’horizon, se porte inexorablement vers les Mythen, destination inéluctable.

Section 3 : En route pour les alpages

Aperçu général des difficultés du parcours : à 15%, et souvent bien au-dessus, avec quelques replats pour reprendre son souffle. Parcours très exigeant.

Le périple s’entrelace encore harmonieusement avec le cours de la rivière, glissant d’une rive à l’autre avant de se fondre dans l’horizon, tout là-bas vers Brunni, un village cul-de-sac à mi-pente dans le vallon, que la Via Jacobi dédaigne, car elle a un autre programme tout aussi affriolant pour vous.

Émergeant désormais au lieu-dit Malosen, les vacances s’effacent, laissant place à l’ardente symphonie du labeur qui s’apprête à débuter.

Tel un joyau ciselé par le temps, le Chemin de Compostelle en Suisse se pare de la plus exquise des éminences. Un chemin rocailleux s’élève, défiant par moments des pentes vertigineuses de plus de 30%. Sur plus d’un kilomètre, il escalade les hauteurs boisées, amorçant son envol avec une vigueur saisissante, enveloppée par l’ombre furtive des conifères.

Les pierres anguleuses malmènent vos pieds, tandis que les épicéas, les hêtres et les sapins, offrant une ombre avare, accompagnent le sentier qui s’étend largement devant vous.

Aux confins de la forêt, la déclivité se réduit légèrement, demeurant toutefois abrupte, inflexible. Par intermittence, les fourrés tentent de s’approprier l’espace, mais en Suisse, les sentiers sont soignés, parfois tels des fairways de golf.

L’étreinte de la forêt se relâche alors, laissant émerger une clairière ceinte de barrières, réservée aux pas des hommes, interdisant l’accès au bétail. 

Désormais se dressent, majestueux, les deux Mythens, offrant leur splendeur à contempler. Certes, ils n’ont pas la stature du Cervin, mais leur charme presque humain est indéniable. À leurs pieds, se blottissent les modestes chalets d’alpage, jalonnant le chemin. Les Mythen, modestes géants, s’élèvent à moins de 2000 mètres d’altitude.

Plus avant, le chemin s’approche d’un humble oratoire, où quelques prières pourraient s’élever dans l’espoir d’atténuer la pente. Mais les implorations resteront vaines. L’eau fraîche jaillit de la fontaine, tandis que l’ascension implacable se poursuit au cœur des alpages.

Les épicéas, seuls ou en petits groupes, s’agrippent aux flancs escarpés de la montagne, égayés par la présence de multiples chalets. Sont-ils des refuges d’alpage ou de simples résidences secondaires ? La réponse se perd dans la brume alpine, mais le confort qui s’en dégage éloigne toute notion de disette.

Le chemin rejoint enfin un premier chalet d’alpage, près du lieudit Bruust. Celui-ci incarne à lui seul l’authenticité des pâturages helvétiques. Mais à cette saison, les vaches ont déjà regagné les vallées. L’ascension abrupte s’achève ici, laissant place à une pente plus douce, bien que non timide. Au loin, serpentent de modestes routes goudronnées, au service des éleveurs et des curieux.

De nombreux ruisseaux, souvent asséchés, dévalent les pentes, emprisonnés par les cailloux, tels de petits canyons.

À nouveau, la pente se fait plus sévère sur les éboulis, et le sentier atteint le lieu-dit Bogenfang, où l’animation est plus palpable.

En effet, une étroite route serpente depuis Brunni, tandis qu’un espace de pique-nique, semblable à tant d’autres dans la contrée, s’offre aux habitants. Un tel geste d’hospitalité nécessiterait-il une réservation préalable ? L’accès en voiture est possible, bien que la route soit cahoteuse.

Le lieu est pris d’assaut, et une pause déjeuner semble compromise. Le sentier persiste, grimpant sur les éboulis. Si près des Mythen, on pourrait presque les toucher du bout des doigts. L’apparente sauvagerie des sommets se tempère par la présence d’épicéas jusqu’à leurs plus hautes cimes. Les sommets, revêtus de leurs manteaux d’épicéas, semblent même apprivoisés par la main de l’homme.

Puis, le chemin s’apaise quelque peu dans les alpages, où les ruisseaux du Lümpenenbach chantent doucement leur mélodie cristalline.

Mais l’ascension n’est pas terminée, et les pentes abruptes des prairies reprennent leur diktat implacable.

Aux frimas de l’hiver, les pentes accueillent les skieurs, à l’ombre des Mythen.

Presque au sommet, l’ascension s’adoucit quelque peu dans l’alpage. Mais la relativité de la douceur n’est qu’illusion.

Peu après, l’horizon s’ouvre sur les alpages de Gummen et leurs petits chalets, prélude à une félicité annoncée.

Un modeste chalet se dresse ici, offrant fromages d’alpage, fromages de chèvre, yogourts et beurre à qui saura apprécier ces délices. La langue allemande devient alors le passeport pour la découverte de saveurs authentiques.

Un dernier effort, et voici le col de Hagenegg, point culminant du Chemin de Compostelle en Suisse, surpassant même le col du Brünig, unique en son genre. De 885 mètres à Einsiedeln, nous atteignons ici les 1404 mètres d’altitude. Si les pèlerins regrettent parfois la présence de véhicules, les aubergistes, eux, accueillent ce flot de visiteurs avec empressement. Une route sinueuse accueille d’ailleurs les touristes et les skieurs de l’autre côté de la vallée, animant régulièrement ce lieu prisé.

La descente s’amorce sous le regard bienveillant des clients assis sur la terrasse du restaurant du col de Hagenegg.

Section 4 : Un toboggan, ou plutôt un tremplin pour la vallée

Aperçu général des difficultés du parcours : à 15%, et souvent bien au-dessus, avec quelques replats pour reprendre son souffle. Parcours très exigeant, un des plus sévères du chemin de Compostelle en Suisse. 

 La descente du col, tant attendue après l’ascension triomphante, réserve son lot de défis. Un périple où chaque pas est un ballet entre le délice et l’étreinte, une symphonie orchestrée par les murmures des feuillages. Que d’émerveillement en perspective ! Cependant, cette descente, redoutée par bien des marcheurs, réclame davantage encore que l’ascension elle-même. Près de 1000 mètres de dénivelé jusqu’au lac, avec des pentes parfois vertigineuses, en moyenne au-dessus de 15%. Les genoux fléchissent, les chevilles soupirent, tandis que les ischio-jambiers appellent au secours !

Dès les premiers pas, le chemin se dérobe, se fondant dans l’exubérance des buissons et des herbes folles. Entre les arbres, la pénombre s’épaissit, déployant ses voiles de mystère, tandis que le sol, tapissé de mousse moelleuse, invite au recueillement. Entre les frondaisons, le sentier dévale, se faufilant avec grâce entre les feuillus, mêlant les rejets de hêtres, les épicéas et les herbes folles, de part et d’autre des imposants Mythens. Il danse avec malice aux côtés des minuscules affluents du Nietenbach, badineries aquatiques qui s’amusent à traverser le chemin, jaillissant de l’ombre pour mieux se dissoudre dans le néant.

Plus bas, le chemin se métamorphose, s’élargit, se déployant dans une forêt qui prend vie, où les arbres murmurent des secrets.

Au-dessus, les Mythens se drapent dans les brumes, gardiens silencieux des mystères de l’âme, leurs sommets effleurant les nuages dans une étreinte céleste.

La descente, véritable dégringolade vers la civilisation, s’étire sur l’horizon, sinueuse et capricieuse. Le chemin, tour à tour étroit puis plus large, s’amuse à épouser les méandres du paysage, sur plus de 4 kilomètres, caressant du regard les arbres dénudés, droits comme des soldats en parade.

Plus bas, la pente s’adoucit, le Nietenbach s’enorgueillit de plus d’eau, dansant avec élégance entre les pierres moussues. La nature, dans toute sa splendeur sauvage, dévoile ses secrets les plus intimes à ceux qui osent s’aventurer dans ses profondeurs mystérieuses.

Beaucoup plus bas, au lieudit Brändli, un oratoire se dresse, humble sentinelle, où les prières des pèlerins peuvent s’élever, soit pour implorer le ciel de suspendre la pluie ou de remercier les cieux pour le don précieux de l’éclaircie.

Peu après, la Via Jacobi hésite, entre clairières et forêts, égrenant ses doutes dans le murmure des arbres. Chaque virage révèle une nouvelle surprise, une nouvelle énigme à résoudre pour les voyageurs intrépides.

Plus bas, la civilisation réapparaît, timide et discrète, au détour du chemin. Les signes de la vie se dessinent à travers les arbres, annonçant le retour à la réalité après un voyage éprouvant dans les méandres de la nature sauvage. Alors, la forêt cède la place aux prairies, mais la pente persiste, insoumise.

À l’horizon, émerge comme un mirage dans le désert l’un des bras du Lac des Quatre Cantons, l’éclat bleuté du lac promettant un sourire de bonheur. Puis, la route s’enfonce à nouveau dans un dédale de sous-bois, avant de rejoindre le carrefour menant au paisible hameau de Stoffels.

Section 5 : Un petit coup de canif chez Victorinox, entre Schwyz et Imbach

Aperçu général des difficultés du parcours : cela descend encore, avec quelques jolies pentes, mais on en voit la fin.

La route s’engage alors sur une déclivité douce, contournant les secrets d’un sous-bois où murmure le Nietenbach, devenu ruisseau alerte dans ce vallon enjôleur. Telle une chorégraphie naturelle, l’eau s’égare en arabesques, esquissant des lignes aussi fines que les dents d’un peigne.

Dans cette fraîcheur enchanteresse, la cascade déploie ses charmes, un tableau vivant où chaque gouttelette compose une mélodie éphémère. 

La route, fière de sa raideur, conduit inlassablement vers la plaine, refusant de s’apaiser malgré une pente qui défie les lois de l’apesanteur, oscillant à plus de 15%. Et là, telle une scène peinte par les mains d’un artiste céleste, se dessine le panorama, Brunnen, gemme scintillante posée au bord du lac.

Au détour de cette route impétueuse, se profile le village de Ried, un souffle de vie éphémère dans le ballet incessant des paysages.

Si l’on ose lever les yeux, on devine les Mythen, ces sentinelles immémoriales veillant sur la vallée, leur silhouette majestueuse se découpant sur la toile azurée du ciel.

Puis, dans un ultime soubresaut, la route caresse une dernière fois le Nietenbach, ce compagnon de descente avec qui s’amusaient les jeux innocents du cache-cache, avant de s’évanouir dans les hauteurs de Schwyz.

Une citadelle imposante se dresse, témoin du temps qui s’étire, où se niche un vénérable établissement éducatif, érigé par les Jésuites au crépuscule du XIXème siècle. Aujourd’hui, l’école et les couloirs de l’administration cantonale y murmurent leurs secrets. Les Jésuites, on les a vite oubliés en Suisse. Présents depuis le XVIème siècle, où ils ont œuvré pour l’éducation dans les cantons catholiques, ils furent longtemps pourchassés, puis bannis suite à la guerre du Sonderbund en 1847, une interdiction inscrite dans la constitution. On élimina le texte en 1970, à une faible majorité (56% des votants). Aujourd’hui, ils sont une centaine dans le pays.

Là, la Via Jacobi, comme mue par un souffle divin, s’arrime au cœur même de la cité. Schwyz, berceau de 14’500 âmes, bat au rythme du canton qui lui prête son nom.

Une statue, fière sentinelle, trône en son centre, éveillant les âmes à la gloire passée, tandis que les méandres des agences touristiques exaltent la grandeur de la place, cœur vibrant de Schwyz. Illusion éphémère, car en vérité, la place n’est qu’un îlot enserré par le flot incessant des voitures.

Cependant, l’hôtel de ville baroque, joyau du XVIIème siècle, brûla jadis sous les flammes du chaos, pour renaître tel un phénix, paré de fresques contant la guerre de Morgarten. Témoignage des temps anciens, abritant les secrets des débats, l’équité pesée sur ses balances, et les ombres des fauteurs de trouble dans ses geôles. Hélas, son écrin s’assombrit par la laideur environnante, balafre d’un temps révolu.

Les passionnés d’histoire, tels des pèlerins suisses avides de connaissances, arpentent la Banhofstrasse jusqu’au musée des chartes fédérales, ultime sanctuaire du pacte de 1291, qui vit éclore la confédération helvétique. Tout près, se dresse le Hofstatt Ital Reding, édifice du XVIIème siècle, véritable ode à la poésie architecturale, éclatant d’une beauté intemporelle. L’église St-Martin, témoin des siècles écoulés, émerge des cendres du passé, parée de ses atours baroques, symbole de résilience et de foi. 

Puis, la Via Jacobi s’éloigne de Schwyz, telle une vagabonde suivant les méandres de la RN8. Chapelles et églises essaiment ici, énigmes de piété dissimulées derrière des façades austères. Car Schwyz, terre de tradition catholique, voit fleurir ses lieux de culte, témoins silencieux d’une foi ancestrale, alors que seuls 10% osent se tourner vers la réforme.

Plus bas, Ibach s’étend, patrie du couteau suisse Victorinox, symbole d’une ingéniosité helvète façonnée dans le monde entier. Ici, les flots de la prospérité se mêlent aux bâtiments modernes, témoins d’une industrie florissante, où chaque jour, 25 000 outils rouges prennent vie.

Il y a de l‘argent ici à voir le centre commercial qui borde la nationale.

Pourtant, Victorinox, dans l’ombre de son succès, s’entoure de bâtisses moins flamboyantes, témoins discrets de son labeur quotidien, là où la Via Jacobi délaisse la RN8.

Derrière les murailles de l’entreprise, elle poursuit sa quête, croisant le Tolbach, effleurant les murs d’une chapelle modeste, avant de suivre le chant doux du ruisseau.

Peu après, elle effleure l’église de St Anton, avant de se fondre dans le cœur d’Imbach. Chapelles et églises, piliers de la piété locale, se fondent dans le paysage, échos d’une foi enracinée.

Là, la Via Jacobi croise la Muota, cours d’eau majestueux, fidèle complice de la nature, se jetant dans le lac, là où Brunnen attend, paisible et accueillant.

Une petite route s’échappe d’Ibach près d’une chapelle rénovée, fière gardienne des siècles passés.

Puis, un étroit chemin serpente délicatement au cœur des prairies, offrant le spectacle des fermes, véritables havres d’ordre et de propreté.

Ici, la vie respire dans chaque recoin, jamais une parcelle de terre ne dépasse, témoignant de l’harmonie entre l’homme et la nature. Il n’y a jamais un tas de fumier qui dépasse. 

Un oratoire, tel un joyau oublié, se dresse au milieu des prés, offrande humble à la grâce divine, perdu dans l’immensité des champs verdoyants. Les églises et les chapelles ne se comptent plus dans la région.

Section 6 : La Via Jacobi arrive au Lac des 4 Cantons

Aperçu général des difficultés du parcours : parcours sans aucune difficulté.

 

Le chemin s’élève gracieusement sur la colline, serpentant à travers les fermes qui parsèment le paysage. Au-delà, les cerisiers émaillent le chemin, témoignant de la renommée du canton en tant que producteur de kirch. Dans l’ensemble, les demeures agricoles revêtent une modestie nouvelle, contrastant avec l’opulence d’antan dans le canton de St. Gall. Longtemps négligé, Schwyz tente de se refaire une beauté.

Plus loin, la Via Jacobi converge avec une route, offrant passage au charmant hameau d’Unterschönenbuch, où se dresse majestueusement la chapelle baroque de Katrinakapelle. Érigée au XVIe siècle, elle a traversé les âges, restaurée avec soin au siècle précédent.

Une petite route dévale alors vers Brunnen, s’arrêtant devant un amas de bois qui incarne à lui seul l’essence du pays : l’ordre et un raffinement que l’on pourrait qualifier de baroque.

Le chemin longe bientôt une modeste zone industrielle, passe sous l’ombre de l’autoroute.

Par la suite, la Via Jacobi entame une ascension, d’abord par un sentier sinueux, puis le long de la route qui mène aux hauteurs de Brunnen.

Le périple conduit à Ingelbohl, sur la colline de Brunnen, où se dresse fièrement un vaste cloître. Fondé au XIXe siècle par les capucins, cet édifice sacré abrite désormais l’ordre des Sœurs de Charité de la Croix, avec 3’200 sœurs réparties dans 17 pays. On y trouve également une école privée ainsi qu’un internat pour jeunes filles, le Theresianum, une véritable institution dans le pays.

Du cloître, un escalier dévale vers la plaine, à proximité d’une ferme offrant gîte dans sa paille. De là, la gare ou le lac sont aisément accessibles. 

Bien que juridiquement rattachée à la commune d’Ingelbohl, Brunnen attire les foules en raison de son port pittoresque et de ses rives lacustres. Vous êtes aux abords du Lac des Quatre Cantons, où les cantons d’Uri, de Schwyz, d’Unterwald et de Lucerne se mirent. Le spectacle est tout simplement magistral, avec les montagnes qui se reflètent dans les eaux paisibles du lac et les embarcations qui glissent le long de ses berges.

Non loin du port, un discret canal murmure paisiblement. Les restaurants et hôtels alentour débordent de charme et d’authenticité.

Brunnen, scellant ainsi leur destin commun face aux oppresseurs étrangers. La chapelle de Brunnen, également appelée chapelle confédérale, se dresse sur le lieu présumé de ce serment historique.

À mesure que le crépuscule enveloppe le Lac des Quatre Cantons, son charme s’intensifie. Magique, n’est-ce pas ?

Logements sur la Via Jacobi

  • Martin Kälin, Tracslauertrasse 4a, Trachslau; 055 412 10 44 ; Chambre d’hôte, petit déj.
  • B&B Schuler-Marty, Dorfstrasse 54, Alpthal ; 055 412 15 61 ; Chambre d’hôte, petit déj.
  • B&B Mythenstube, Dorfstrasse 50, Alpthal ; 055 556 83 89 ; Chambre d’hôte, petit déj.
  • Gasthaus Alpschloss zum Pfauen, Dorfstrasse 33, Alpthal ; 055 412 28 18/079 505 51 58 ; Chambre d’hôte, petit déj.
  • Berggasthaus Hagenegg, Hagenegg; 041 811 17 74 ; Hôtel, repas, petit déj.
  • Steinstöckli, Rickenbachstrasse 33, Schwyz; 041 810 10 51 ; Chambre d’hôte, cuisine
  • Hirschen Backpacker Hotel, Hinterdorfstrasse 14, Schwyz; 041 811 12 76 ; Hôtel**, repas, petit déj.
  • Wysses Rössli, Am Hauptplatz, Schwyz ; 041 811 19 22 ; Hôtel****, repas, petit déj.
  • Cheng Chuan Hotel Post, Schmiedgasse 92, Ibach ; 041 811 16 53 ; Hôtel, repas, petit déj.
  • Diti Nisi Restaurant, Schmiedgasse 92, Ibach; 041 810 18 41 ; Hôtel, repas, petit déj.
  • Kloster Ingebohl, Schönenbuchstrasse 2, Ingebohl, Brunnen ; 041 825 24 50 ; Chambre d’hôte, petit déj.
  • Schlafen im Stroh, Famile Bucheli, Schulstrasse 26, Brunnen ; 041 820 06 70 ; Chambre d’hôte (paille), repas, petit déj.
  • Gasthaus Rosengarten, Bahnhofstrasse 33, Brunnen ; 041 820 17 23 ; Hôtel, repas, petit déj.
  • Gasthaus Ochsen, Bahnhofstrasse 18, Brunnen ; 041 820 55 66 ; Hôtel***, repas, petit déj.
  • Brunnerhof, Gersauerstrasse 3, Brunnen; 041 820 17 56 ; Hôtel***, repas, petit déj.
  • Weisses Rössli, Bahnhofstrasse 8, Brunnen; 041 825 13 00 ; Hôtel***, repas, petit déj.
  • City-Hotel, Gersauerstrasse 21, Brunnen; 041 825 10 10 ; Hôtel****, repas, petit déj.
  • Seehotel Waldstätterhof, Waldstätterquai 6, Brunnen; 041 825 06 06 ; Hôtel****, repas, petit déj.

Trouver un logement lors de cette étape ne pose guère de grandes difficultés. En chemin, vous aurez l’occasion de vous restaurer à Alpthal, au col de Hagenegg, à Schwyz ou à Ibach. En fin d’étape, vous arriverez en ville, où tous les commerces seront à votre disposition. Malgré cette relative facilité, il est toujours prudent de réserver par sécurité.

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